Journal de Saclay n° 39 - CEA Saclay
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1 e TRIMESTRE 2008 > N°<strong>39</strong><br />
Centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong><br />
LE JOURNAL<br />
DOSSIER<br />
Plateau <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong> :<br />
vers un écosystème <strong>de</strong> l’innovation p.3<br />
■ Prix Nobel : climatologues <strong>de</strong> la paix p.22<br />
■ Albert Fert, prix Nobel <strong>de</strong> physique p.25<br />
Conférence Cyclope : mardi 18 mars<br />
Mais où sont les atomes disparus p.28
Éditorial<br />
Éditeur<br />
<strong>CEA</strong> (Commissariat<br />
à l’énergie atomique)<br />
Centre <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong><br />
91191 Gif-sur-Yvette Ce<strong>de</strong>x<br />
Directeur<br />
Yves Caristan<br />
Directrice <strong>de</strong> la publication<br />
Danièle Imbault<br />
Rédacteur en chef<br />
Christophe Perrin<br />
Rédactrice en chef adjointe<br />
Sophie Astorg<br />
Iconographie<br />
Chantal Fuseau<br />
Avec la participation <strong>de</strong><br />
Clau<strong>de</strong> Reyraud<br />
Conception graphique<br />
Mazarine<br />
2, square Villaret <strong>de</strong> Joyeuse<br />
75017 Paris<br />
Tél. : 01 58 05 49 25<br />
Photos <strong>de</strong> couverture :<br />
En haut à gauche : carotte glaciaire ;<br />
en bas à gauche : Stata Center<br />
(MIT) ; à droite : projet pour<br />
le bâtiment Digiteo.<br />
Crédits photos<br />
Collection EP/ DR<br />
Collection EP/ Ph Lavialle<br />
Collection EP/ JL Daniel<br />
CNRS / IPN<br />
CNRS/ S Equilbey<br />
CNRS/ C Lebedinsky<br />
CNRS/ THALES/ H Raguet<br />
Photothèque-Université Paris XI<br />
<strong>CEA</strong>/ L Godart<br />
<strong>CEA</strong>/ V Masson-Delmotte<br />
<strong>CEA</strong>/ L Medard<br />
<strong>CEA</strong>-IPEV<br />
<strong>CEA</strong>/ C Reyraud<br />
<strong>CEA</strong>/ P Stroppa<br />
<strong>CEA</strong>/ D Marchand<br />
<strong>CEA</strong>/ C Perrin<br />
<strong>CEA</strong>/ C Fuseau<br />
OIN<br />
<strong>CEA</strong>/ STL/ STGP<br />
N° ISSN 1276-2776<br />
Centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong><br />
Droits <strong>de</strong> reproduction,<br />
texte et illustrations<br />
réservés pour tous pays<br />
Sommaire <strong>n°</strong> <strong>39</strong><br />
Éditorial . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.2<br />
Dossier : Plateau <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong> . . . . . . . . . . . . . p.3<br />
Actualités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p.20<br />
Prix Nobel <strong>de</strong> la Paix 2007 . . . . . . . . . . . . . p.22<br />
Prix Nobel <strong>de</strong> Physique 2007 . . . . . . . . . . . p.25<br />
Conférence Cyclope . . . . . . . . . . . . . . . . . p.28<br />
L<br />
’année 2007<br />
s’est achevée<br />
avec <strong>de</strong>ux excellentes<br />
nouvelles qui<br />
ont réjoui l’ensemble<br />
<strong>de</strong>s communautés<br />
scientifiques du<br />
Plateau <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>. Le prix Nobel <strong>de</strong><br />
physique a été décerné à Albert Fert,<br />
professeur à l’Université Paris-Sud 11,<br />
directeur scientifique du laboratoire<br />
mixte CNRS/Thales et à Peter Grünberg,<br />
du centre <strong>de</strong> recherche allemand <strong>de</strong><br />
Jülich. Le prix Nobel <strong>de</strong> la paix a été<br />
remis collectivement aux scientifiques du<br />
Groupe d’experts intergouvernemental<br />
sur l’évolution du climat (GIEC) et à Al Gore.<br />
C’est une reconnaissance très forte du<br />
travail exceptionnel accompli par la<br />
communauté mondiale <strong>de</strong>s climatologues,<br />
auquel une dizaine <strong>de</strong> chercheurs du<br />
LSCE 1 a pris une part éminente.<br />
Ces succès résonnent comme un formidable<br />
encouragement à poursuivre la<br />
construction d’un grand pôle scientifique<br />
à l’échelle du Plateau <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>. Avec nos<br />
partenaires, nous partageons une vision<br />
commune d’un « écosystème » mêlant<br />
l’enseignement supérieur, la recherche et<br />
l’innovation (triangle <strong>de</strong> la connaissance),<br />
capable <strong>de</strong> produire les emplois pérennes<br />
<strong>de</strong> <strong>de</strong>main. Pour cela, nous sommes engagés<br />
dans une dynamique <strong>de</strong> partenariats<br />
sans précé<strong>de</strong>nt, dont ce dossier du journal<br />
vous donnera un aperçu. Cette œuvre<br />
collective s’inscrit dans un contexte<br />
mondialisé où il faut pouvoir recruter les<br />
meilleurs chercheurs. L’attractivité du territoire<br />
est donc un enjeu majeur, bien<br />
compris <strong>de</strong>s pouvoirs publics. Instrument<br />
d’un « chantier prési<strong>de</strong>ntiel », l’Opération<br />
d’intérêt national en cours s’inscrit complètement<br />
dans cette logique, avec un impératif<br />
: l’excellence environnementale, sans<br />
laquelle l’objectif ne saurait être atteint.<br />
Yves Caristan,<br />
Directeur du centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong><br />
1- LSCE : Laboratoire <strong>de</strong>s sciences du climat et <strong>de</strong><br />
l’environnement, entité mixte <strong>CEA</strong>, CNRS, université<br />
Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines.<br />
TROIS JEUNES CHERCHEURS DE SACLAY<br />
DISTINGUÉS PAR L’UNION EUROPÉENNE<br />
Sacha Brun<br />
Dimitrios<br />
Sakellariou<br />
Géraldine<br />
Servant<br />
2<br />
Au terme d’une compétition très serrée 1 ,<br />
trois chercheurs du centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong><br />
<strong>Saclay</strong> vont se voir attribuer par le<br />
Conseil européen <strong>de</strong> la recherche (ERC)<br />
une subvention pouvant aller jusqu’à<br />
400 000 € par an sur 5 ans. L’objectif<br />
<strong>de</strong> ce nouveau programme européen<br />
est <strong>de</strong> promouvoir l’excellence et <strong>de</strong><br />
faire émerger <strong>de</strong>s projets <strong>de</strong> très haut<br />
niveau.<br />
Le projet <strong>de</strong> Sacha Brun consiste à<br />
modéliser <strong>de</strong>s phénomènes <strong>de</strong> turbulences<br />
solaires à l’origine, entre autres,<br />
d’événements magnétiques sensibles<br />
sur Terre.<br />
Dimitrios Sakellariou développe un<br />
concept d’appareillage <strong>de</strong> résonance<br />
magnétique nucléaire innovant et à très<br />
haute résolution, qui ouvre <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s<br />
perspectives en mé<strong>de</strong>cine et en biochimie.<br />
Le domaine d’activités <strong>de</strong> Géraldine<br />
Servant, qui est mise à disposition du<br />
CERN, concerne, au sein du LHC<br />
(Large Hadron Colli<strong>de</strong>r, collisionneur <strong>de</strong><br />
protons), la cosmologie et la physique<br />
<strong>de</strong>s particules, et plus particulièrement,<br />
la matière noire <strong>de</strong> l’univers.<br />
1 - Seulement 6% <strong>de</strong>s 9 167 dossiers reçus par le Conseil<br />
européen <strong>de</strong> la recherche ont été sélectionnés dans un<br />
premier temps, puis environ 300 dans un <strong>de</strong>uxième temps.
PLATEAU DE SACLAY<br />
VERS UN ÉCOSYSTÈME<br />
DE L’INNOVATION<br />
Le territoire centré sur le Plateau <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong> possè<strong>de</strong> un formidable potentiel scientifique<br />
et technologique mais ne crée pas autant d’emplois qu’il le <strong>de</strong>vrait. De<br />
nombreuses initiatives, mobilisant tous les acteurs publics et privés, les collectivités<br />
territoriales et l’État, convergent pour relever le défi <strong>de</strong> l’innovation.<br />
Plateau <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong><br />
Vers un écosystème <strong>de</strong> l’innovation<br />
PANORAMA D’UNE COMPÉTITION<br />
MONDIALE<br />
Quels sont les grands centres scientifiques susceptibles d’inspirer les partenaires du Plateau <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong> Certaines<br />
gran<strong>de</strong>s lignes se dégagent <strong>de</strong> ces exemples mais inutile cependant d’espérer y trouver une formule miracle :<br />
chaque expérience s’enracine dans une culture et un paysage économique particuliers.<br />
Pas plus que les entreprises, la recherche et l’enseignement<br />
supérieur n’échappent à la compétition mondiale. Il<br />
ne s’agit certes pas <strong>de</strong> vendre <strong>de</strong>s produits mais d’attirer<br />
les cerveaux les plus brillants. L’excellence scientifique, la<br />
présence d’un bassin d’emplois high tech, la qualité <strong>de</strong><br />
l’environnement sont autant <strong>de</strong> critères qui motivent le<br />
choix du lieu <strong>de</strong> travail <strong>de</strong>s chercheurs. L’enjeu <strong>de</strong>s politiques<br />
en faveur <strong>de</strong> l’innovation consiste à enclencher un<br />
cercle vertueux, dans lequel l’excellence scientifique attire<br />
financements et entreprises.<br />
La Silicon Valley, un écosystème prospère<br />
Unanimement saluée comme un modèle, la Silicon Valley,<br />
en Californie, fonctionne à la manière d’un écosystème<br />
prospère, doté <strong>de</strong> soli<strong>de</strong>s capacités d’adaptation. Les<br />
échanges y sont d’une remarquable fluidité.<br />
On peut y être à la fois consultant et investisseur, ou<br />
dirigeant d'une start-up et universitaire. Il est courant<br />
qu’un professeur crée <strong>de</strong>s start-up et amasse une fortune<br />
personnelle. L’Université <strong>de</strong> Stanford est ainsi à l’origine<br />
<strong>de</strong> près <strong>de</strong> 1 200 entreprises.<br />
L’échec est admis et plutôt considéré comme un stimulant.<br />
Le phénomène <strong>de</strong>s « spin-off » est également éclairant<br />
: plutôt que <strong>de</strong> rester lettre morte, une idée doit<br />
pouvoir être développée, même si cela ne profite pas à<br />
l'entreprise qui en est à l’origine. Intel, AMD ou Apple ont<br />
été créés suivant cette logique, qui privilégie l'écosystème<br />
et non l'entreprise.<br />
Les informations circulent facilement, <strong>de</strong> manière informelle.<br />
Le "mobile monday" en est une illustration : le<br />
premier lundi <strong>de</strong> chaque mois, quelques centaines <strong>de</strong><br />
personnes qui travaillent dans les technologies du télé-<br />
1 2<br />
3<br />
3
Vers un écosystème <strong>de</strong> l’innovation<br />
4<br />
niveau concourent à attirer les entreprises. Le développement<br />
d’infrastructures, en relation avec la croissance<br />
économique <strong>de</strong> la zone, n’est pas non plus négligé (5<br />
voies express, 44 km <strong>de</strong> tramway, etc.).<br />
En retour, le parc, le plus grand du pays, contribue à<br />
hauteur <strong>de</strong> 60% à la croissance <strong>de</strong>s revenus industriels<br />
<strong>de</strong> Pékin. Encore un cercle vertueux efficace !<br />
phone mobile se réunissent<br />
pour échanger <strong>de</strong>s informations.<br />
A San Diego, autour <strong>de</strong>s biotechnologies, il existe<br />
également une vie <strong>de</strong> réseau très intense. Chaque<br />
semaine, un cocktail dans un grand hôtel rassemble tous<br />
les acteurs universitaires ou industriels du domaine, qui<br />
savent qu’ils y rencontreront leurs interlocuteurs.<br />
Dans la Silicon Valley, le cercle vertueux fonctionne à plein.<br />
Les étudiants étrangers affluent (ils sont près <strong>de</strong> 25 000).<br />
La région, qui a vu naître le capital-risque, concentre le<br />
tiers du potentiel américain. Le financement <strong>de</strong> la recherche<br />
dépasse 5% du PIB <strong>de</strong> la région, un record seulement<br />
atteint par la Suè<strong>de</strong> et Israël. 29 000 start-up ont vu le jour<br />
dans les années 90, 250 000 emplois high tech y ont été<br />
créés après 1990…<br />
Près <strong>de</strong> Pékin, un gigantesque<br />
« parc industriel 1 <strong>de</strong> haute technologie »<br />
Sorti <strong>de</strong> terre en 1988 près <strong>de</strong> Pékin, le « parc industriel <strong>de</strong><br />
haute technologie » <strong>de</strong> Zhongguancun est à la mesure du<br />
pays. Géré par la municipalité <strong>de</strong> Pékin, il regroupe autour<br />
<strong>de</strong> cinq thématiques : 56 universités (dont les « Harvard et<br />
MIT » chinois), 213 instituts <strong>de</strong> recherche, 19 000 entreprises<br />
(dont 10 000 <strong>de</strong> haute technologie), 170 000 étudiants,<br />
21 incubateurs d’entreprises,<br />
etc. Près <strong>de</strong> 1 500 industriels<br />
étrangers (France Telecom,<br />
HP, IBM, Nokia, Nortel, Oracle,<br />
Sony, Toshiba, Samsung,<br />
Sun, etc.) y ont implanté un<br />
centre <strong>de</strong> R&D.<br />
Une politique fiscale avantageuse,<br />
<strong>de</strong>s mesures<br />
5<br />
protectrices en matière <strong>de</strong> propriété intellectuelle, <strong>de</strong>s<br />
formalités d’installation simplifiées pour les entreprises étrangères<br />
et la disponibilité d’un vivier <strong>de</strong> scientifiques <strong>de</strong> haut<br />
Un « RER » jusqu’à Garching<br />
Comme à <strong>Saclay</strong>, l’histoire <strong>de</strong> Garching commence<br />
avec un réacteur nucléaire, le premier <strong>de</strong> la République<br />
fédérale d’Allemagne, en 1957. Aujourd’hui, le campus<br />
héberge l’Université technique <strong>de</strong> Münich (TUM 2 ),<br />
l’Observatoire austral européen (ESO 3 ), quatre instituts<br />
Max-Planck, dont le principal contributeur allemand au<br />
projet ITER 4 , etc. Forte <strong>de</strong> quatre prix Nobel et d’un 56 ème<br />
rang au classement <strong>de</strong> Shanghai, la TUM a été distinguée<br />
comme « Université d’élite 5 » par le ministère <strong>de</strong> la<br />
recherche fédéral.<br />
L’Université exerce un grand pouvoir d’attraction vis-àvis<br />
<strong>de</strong>s entreprises. En témoigne l’implantation sur le<br />
campus du centre <strong>de</strong> recherche européen <strong>de</strong> General<br />
Electric, en une sorte <strong>de</strong> clin d’œil à son rival local<br />
Siemens. La TUM tire près <strong>de</strong> 53 % <strong>de</strong> son budget <strong>de</strong><br />
revenus propres ou <strong>de</strong> ses partenariats <strong>de</strong> R&D, un<br />
record ! L’Allemagne bénéficie en effet d’un taux<br />
d’industrialisation (25 % <strong>de</strong> son PIB) bien supérieur à<br />
celui <strong>de</strong> la France (16 %). Pour survivre, les nombreuses<br />
PME alleman<strong>de</strong>s sont obligées d’investir dans la<br />
R&D, contribuant significativement au financement<br />
privé <strong>de</strong> la recherche.<br />
Garching profite en outre du dynamisme du Land <strong>de</strong><br />
6<br />
Bavière, qui a notamment soutenu, malgré un contexte<br />
fédéral défavorable, la construction d’un nouveau réacteur<br />
nucléaire <strong>de</strong> recherche, inauguré en 2004. Le Land<br />
4
consacre aujourd’hui 3 % <strong>de</strong> son PIB à la R&D et ambitionne<br />
<strong>de</strong> porter ce taux à 3,6 % d’ici 2020. Dernier point,<br />
essentiel pour le développement du site : en octobre 2006, a<br />
été inauguré le tronçon prolongeant le « RER » local jusqu’au<br />
cœur du campus, reliant Garching et Münich, distants<br />
d’une vingtaine <strong>de</strong> kilomètres. Un coup <strong>de</strong> pouce qui va<br />
dans le bon sens !<br />
7<br />
Barcelone ou le volontarisme catalan<br />
Un peu comme en Bavière, l’autonomie <strong>de</strong> la Catalogne,<br />
construite sur un fort sentiment i<strong>de</strong>ntitaire, joue un rôle<br />
primordial en matière <strong>de</strong> recherche et d’innovation. Dans<br />
les années 1990, le gouvernement catalan a décidé la<br />
création ex nihilo <strong>de</strong> 36 « instituts <strong>de</strong> recherche catalans »,<br />
s’ajoutant aux 12 universités <strong>de</strong> la région et aux laboratoires<br />
du « CNRS » espagnol (CSIC 6 ). Ces instituts <strong>de</strong> droit<br />
privé recrutent avec une seule exigence : l’excellence.<br />
Cette politique élitiste, assumée par l’ensemble <strong>de</strong> la<br />
classe politique catalane, porte aujourd’hui ses fruits. Ainsi<br />
par exemple, l’Institut <strong>de</strong> photonique, qui compte 120<br />
personnes et prévoit <strong>de</strong> porter son effectif à 300 dans 5<br />
ans, met en avant ses publications dans les meilleures<br />
revues scientifiques (7 ou 8 « Nature » et une quinzaine <strong>de</strong><br />
« Physical Review » par an). Non sans rappeler les instituts<br />
Max-Planck allemands, les instituts catalans séduisent <strong>de</strong><br />
Le saviez-vous <br />
Un « cluster » est une gran<strong>de</strong> concentration d’entreprises, localisée<br />
à proximité <strong>de</strong> centres scientifiques importants. Il dispose<br />
d’infrastructures <strong>de</strong> transports, <strong>de</strong> communications et <strong>de</strong> services<br />
financiers. Ses caractéristiques environnementales en font un lieu<br />
agréable à habiter.<br />
Un « parc technologique » ou « Science Park » offre un hébergement<br />
<strong>de</strong> qualité et <strong>de</strong>s services commerciaux à <strong>de</strong>s entreprises <strong>de</strong><br />
haute technologie dans le but <strong>de</strong> créer <strong>de</strong> la richesse et <strong>de</strong>s<br />
emplois. Le plus souvent, il entretient <strong>de</strong>s liens avec une<br />
Université proche et abrite un incubateur.<br />
Un incubateur est une structure chargée d’accompagner le<br />
démarrage <strong>de</strong> start-up, par l’offre <strong>de</strong> locaux, d’équipements, <strong>de</strong><br />
formation, <strong>de</strong> conseil. Les start-up s’installent ensuite fréquemment<br />
dans un parc technologique.<br />
plus en plus les meilleurs chercheurs d’Europe <strong>de</strong> l’Est.<br />
Par ailleurs, l’expérience du « parc technologique » <strong>de</strong><br />
biotechnologies 7 , initié par l’Université <strong>de</strong> Barcelone, se<br />
détache du lot. Les laboratoires privés se côtoient dans<br />
<strong>de</strong>s locaux communs, partagent <strong>de</strong>s appareillages lourds.<br />
Les échanges informels font jaillir <strong>de</strong>s opportunités. La<br />
direction du parc, assurée par un universitaire, et le flux <strong>de</strong><br />
doctorants et <strong>de</strong> post-doc témoignent d’un lien fort entre<br />
l’Université et les industriels.<br />
1 - Parc technologique à l’échelle chinoise, qui pourrait aussi être qualifié<br />
<strong>de</strong> « cluster ». Voir ci-<strong>de</strong>ssus.<br />
2 - Technische Universität München.<br />
3 - European Southern Observatory.<br />
4 - International Thermonuclear Experimental Reactor : démonstrateur<br />
<strong>de</strong> fusion nucléaire à confinement magnétique, en construction à<br />
Cadarache.<br />
5 - Ce label ouvre droit à une dotation financière supplémentaire pendant<br />
cinq ans, portée à hauteur <strong>de</strong> 75% par le gouvernement fédéral.<br />
6 - Consejo Superior <strong>de</strong> Investigaciones Científicas.<br />
Vers un écosystème <strong>de</strong> l’innovation<br />
1 La « Silicon Valley » est considérée comme un modèle. 2 L’université <strong>de</strong><br />
Stanford est à l’origine <strong>de</strong> la réussite <strong>de</strong> la Silicon Valley. 3 Stata Center au<br />
MIT (Massachussetts Institute of Technology), à Boston : placé sous le signe <strong>de</strong><br />
la convivialité, ce bâtiment signé Frank Gehry abrite <strong>de</strong>s laboratoires d’intelligence<br />
artificielle, un département <strong>de</strong> linguistique et <strong>de</strong> philosophie, <strong>de</strong>s cours d’informatique,<br />
une cafétéria ouverte au public, etc. 4 Le campus <strong>de</strong> Garching est à une<br />
<strong>de</strong>mi-heure du centre <strong>de</strong> Münich grâce à la liaison « Transrapid ». 5 Le parc<br />
Zhongguancun, près <strong>de</strong> Pékin. 6 Une entreprise high tech du parc Zhongguancun.<br />
7 Barcelona Biomedical Research Park : ce bâtiment recouvert <strong>de</strong> bois, abrite<br />
plusieurs laboratoires. Situé sur la plage, il symbolise la qualité du cadre <strong>de</strong> vie<br />
offert aux chercheurs.<br />
L’aménagement d’un grand polygone <strong>de</strong> recherche à Grenoble<br />
Le projet Giant (Grenoble Isère Alpes NanoTechnologies), présenté par le Conseil général <strong>de</strong> l’Isère, doit rivaliser avec les grands<br />
pôles technologiques mondiaux. Cela passe notamment par une requalification urbaine majeure (architecte Clau<strong>de</strong> Vasconi) du<br />
« polygone scientifique » <strong>de</strong> Grenoble, qui regroupe <strong>de</strong> grands centres <strong>de</strong> recherche (<strong>CEA</strong>, synchrotron, Institut Laue-Langevin,<br />
Institut <strong>de</strong> biologie structurale), <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s écoles et le pôle Minatec (micro et nanotechnologies). Reconnecté au centre-ville<br />
grâce à la création d’un boulevard souterrain, d’une nouvelle ligne <strong>de</strong> tramway et d’une roca<strong>de</strong> Nord, le polygone accueillera <strong>de</strong>s<br />
logements, <strong>de</strong>s commerces, <strong>de</strong>s parcs et <strong>de</strong>s espaces <strong>de</strong> sport. Ce projet, dont le symbole pourrait être une faça<strong>de</strong> photovoltaïque<br />
géante, visible <strong>de</strong>puis l’autoroute, s’étalera sur une quinzaine d’années.<br />
5Plateau <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>
LE PAYSAGE<br />
DE LA RECHERCHE<br />
A CHANGÉ<br />
Les mutations en cours sur le Plateau <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong> s’opèrent<br />
dans le nouveau cadre législatif et réglementaire en<br />
vigueur en France.<br />
CHIFFRES CLÉS<br />
sur le territoire <strong>de</strong> l’Opération<br />
d’intérêt national (OIN, voir p.18)<br />
49 communes<br />
680 000 habitants<br />
350 000 emplois<br />
25 000 étudiants<br />
Les nouveaux outils <strong>de</strong> gouvernance <strong>de</strong> la recherche, créés en<br />
France <strong>de</strong>puis 3 ans, visent à favoriser les coopérations entre<br />
les secteurs public et privé, à accroître le pilotage par projets<br />
et à rendre les carrières scientifiques plus attractives. Ils ont<br />
pour noms ANR 1 , pôles <strong>de</strong> compétitivité, RTRA, instituts<br />
Carnot, PRES, GIS, etc.<br />
Les nouvelles « règles du jeu » incitent les équipes <strong>de</strong> recherche<br />
à sortir <strong>de</strong> leurs laboratoires, à nouer <strong>de</strong>s partenariats avec leurs<br />
pairs les plus proches et <strong>de</strong>s industriels. Apprendre à monter<br />
<strong>de</strong>s projets avec d’autres leur permettra aussi <strong>de</strong> mieux répondre<br />
aux appels d’offres européens, d’augmenter leur visibilité, et<br />
finalement d’attirer <strong>de</strong>s chercheurs brillants.<br />
De très nombreuses structures ont d’ores et déjà été créées.<br />
Certaines d’entre elles vont prospérer, lever <strong>de</strong>s fonds, créer in<br />
fine <strong>de</strong>s emplois. D’autres, moins performantes, finiront par<br />
disparaître. Certaines fédérations <strong>de</strong> laboratoires auront peutêtre<br />
vocation à fusionner leurs équipes. La situation, aujourd’hui<br />
extraordinairement complexe, <strong>de</strong>vrait s’épurer au fil du temps.<br />
Cette recomposition du paysage français <strong>de</strong> la recherche<br />
s’inscrit également dans l’espace européen <strong>de</strong> la recherche.<br />
Il existe en effet <strong>de</strong>s liens <strong>de</strong> filiation entre les réseaux <strong>de</strong><br />
proximité, les réseaux d’excellence européens et le futur<br />
Institut européen <strong>de</strong> technologie (EIT, en anglais).<br />
COIGNERES<br />
N 12<br />
MAUREPAS<br />
Université<br />
ST QUENTIN<br />
N 10<br />
Délimitation <strong>de</strong> l’OIN<br />
Gran<strong>de</strong> école scientifique<br />
Gran<strong>de</strong> école <strong>de</strong> commerce<br />
TRAPPES<br />
Gran<strong>de</strong> installation <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong> niveau européen<br />
Organisme <strong>de</strong> recherche scientifique<br />
A 12<br />
Centre <strong>de</strong> R&D (recherche et développement) privé<br />
Aéroport<br />
Colas<br />
UVSQ<br />
Ai<br />
Renault<br />
Technocentre<br />
MAGNY LES HAM<br />
6<br />
1 - Les mots en vert sont expliqués dans le glossaire p.20.<br />
0<br />
Gare TGV<br />
5 km
UN TERRITOIRE SCIENTIFIQUE D’EXCEPTION<br />
Le Plateau <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>, compris <strong>de</strong> manière extensive, constitue le premier gisement <strong>de</strong> matière grise en France.<br />
Une chance exceptionnelle à saisir pour créer <strong>de</strong>s emplois durables high tech !<br />
Le territoire s’étendant <strong>de</strong> Clamart à Bruyères-le-Châtel et De très nombreuses structures fédératives <strong>de</strong> recherche<br />
<strong>de</strong> St-Quentin-en-Yvelines à Massy accueille <strong>de</strong>s établissements<br />
prestigieux comme l’université Paris-Sud 11, trois <strong>de</strong>rnières années, certaines sont encore en gestation.<br />
ou <strong>de</strong> R&D ont été créées sur ce territoire au cours <strong>de</strong>s<br />
l’école polytechnique, le centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>, HEC, ainsi Elles seront présentées tout au long du dossier dans <strong>de</strong>s<br />
que <strong>de</strong>s centres <strong>de</strong> recherche privés comme Thales, encadrés.<br />
Danone, Renault, Peugeot, etc. Il compte un incubateur, L’une <strong>de</strong>s premières d’entre elles, le pôle <strong>de</strong> compétitivité<br />
plusieurs pépinières d’entreprises, et <strong>de</strong>s bassins d’emplois mondial SYSTEM@TIC PARIS-REGION, créé en 2005,<br />
importants à Vélizy et aux Ulis notamment.<br />
joue un rôle structurant <strong>de</strong> premier plan sur ce territoire.<br />
Plateau <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong><br />
Vers un écosystème <strong>de</strong> l’innovation<br />
CEPr : Centre d’essais <strong>de</strong>s propulseurs<br />
VERSAILLES<br />
r Liqui<strong>de</strong><br />
INRA<br />
A 86<br />
A 13<br />
N 118<br />
VELIZY VILLACOUBLAY<br />
Thales<br />
Electron Device<br />
INRA<br />
HEC<br />
JOUY-<br />
EN-JOSAS<br />
AREVA<br />
Peugeot-<br />
Citroën<br />
Pharmacie<br />
Paris 11<br />
<strong>CEA</strong><br />
PARIS<br />
FONTENAY-AUX-ROSES<br />
ECP<br />
ENS<br />
Cachan<br />
CGG : Compagnie générale <strong>de</strong> géophysique<br />
ECP : École centrale <strong>de</strong> Paris<br />
ENS : École normale supérieure<br />
ENSTA : École nationale supérieure <strong>de</strong>s techniques avancées<br />
EP : École polytechnique, appelée aussi «X»<br />
HEC : École <strong>de</strong>s hautes étu<strong>de</strong>s commerciales<br />
IHES : Institut <strong>de</strong>s hautes étu<strong>de</strong>s scientifiques<br />
INRIA : Institut national <strong>de</strong> recherche en informatique et automatique<br />
INRA : Institut national <strong>de</strong> recherche agronomique<br />
IOGS : Institut d’optique Graduate School<br />
LPN : Laboratoire <strong>de</strong> photonique et <strong>de</strong> nanostructures<br />
ONERA : Office national d’étu<strong>de</strong>s et <strong>de</strong> recherches aérospatiales<br />
UVSQ : Université Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines<br />
3%<br />
Le saviez-vous <br />
MEAUX<br />
CEPr<br />
2%<br />
2,59<br />
GIF<br />
SACLAY<br />
Cis bio<br />
<strong>CEA</strong><br />
1<br />
Danone<br />
Vitapole<br />
PALAISEAU<br />
2 INRIA 6<br />
Supelec<br />
CNRS<br />
3 Université 5<br />
IHES Paris 11<br />
INRA<br />
BURES<br />
A 10<br />
LES ULIS<br />
ORSAY<br />
<strong>CEA</strong><br />
MARCOUSSIS<br />
4<br />
EP<br />
ENSTA – IOGS<br />
Thales – ONERA - Microsoft<br />
CNRS LPN<br />
Alcatel Lucent<br />
BRUYERES-<br />
LE-CHATEL<br />
N 20<br />
MASSY<br />
Alcatel-Lucent,<br />
CGG, Areva T&D<br />
N 104<br />
ORLY<br />
1<br />
2<br />
3<br />
4<br />
5<br />
6<br />
1%<br />
0,85<br />
1,1<br />
FRANCE<br />
0,79<br />
1,67<br />
ALLEMAGNE<br />
0,82<br />
1,71<br />
ÉTATS-UNIS<br />
■ Financement public <strong>de</strong> la R&D en 2003, en % <strong>de</strong> PIB<br />
■ Financement <strong>de</strong> la R&D par les entreprises en 2003, en % <strong>de</strong> PIB<br />
0,93<br />
SUÈDE<br />
NeuroSpin : centre <strong>de</strong> neuroimagerie en champ intense<br />
<strong>de</strong>stiné à l’étu<strong>de</strong> du cerveau<br />
SOLEIL-LLB : plateforme <strong>de</strong> caractérisation <strong>de</strong>s matériaux<br />
par son<strong>de</strong> photonique et neutronique<br />
IDRIS : centre <strong>de</strong> calcul du CNRS pour la simulation numérique<br />
CCRT : centre <strong>de</strong> calcul du <strong>CEA</strong> pour la recherche et la technologie<br />
Laser lab : plateforme laser <strong>de</strong> l’école polytechnique et du <strong>CEA</strong> <strong>Saclay</strong><br />
pour l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s conditions extrêmes <strong>de</strong> la matière<br />
Plateforme Thales TRT pour l’optique, l’optronique, la photonique<br />
7
Vers un écosystème <strong>de</strong> l’innovation<br />
FONDATION « DIGITEO – TRIANGLE DE LA PHYSIQUE »<br />
REPRÉSENTER LA COMMUNAUTÉ<br />
SCIENTIFIQUE<br />
De nombreux centres <strong>de</strong> recherche industriels sont implantés<br />
sur le territoire, il faut en attirer d’autres. La proximité<br />
<strong>de</strong>s étudiants, <strong>de</strong>s professeurs et <strong>de</strong>s chercheurs sont<br />
autant <strong>de</strong> facteurs favorables à la création d’activité. Mais<br />
<strong>de</strong> l’idée à l’entreprise, le chemin est long : il nous faudra<br />
accompagner chaque étape. En particulier, je suis<br />
convaincu que le manque <strong>de</strong> transports en commun<br />
dissua<strong>de</strong> <strong>de</strong>s financeurs d’investir sur le Plateau <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>.<br />
Interview <strong>de</strong> Philippe Lagayette,<br />
Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la fondation « Digiteo - Triangle<br />
<strong>de</strong> la physique ».<br />
<strong>Journal</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong> : Vous êtes l’auteur d’un rapport<br />
commandé par Dominique <strong>de</strong> Villepin, alors Premier<br />
Ministre, sur l’avenir du territoire Massy-<strong>Saclay</strong>-Saint-<br />
Quentin-en-Yvelines. Comment analysez-vous la<br />
situation actuelle <br />
Ph.L. : Ce territoire a vocation à <strong>de</strong>venir un pôle d’excellence<br />
scientifique et technologique, sur le modèle <strong>de</strong>s<br />
« clusters » américains, japonais ou d’Europe du Nord. La<br />
question est <strong>de</strong> savoir comment faire fonctionner ce territoire<br />
<strong>de</strong> manière plus dynamique, comment stimuler la<br />
création d’activités, comment conduire les laboratoires à<br />
travailler davantage ensemble. Les idées proposées dans<br />
mon rapport ont été accueillies très favorablement par les<br />
différents acteurs. J’observe sur le terrain une gran<strong>de</strong><br />
transformation d’état d’esprit. En <strong>de</strong>ux ans, un travail<br />
remarquable a été accompli tant au niveau <strong>de</strong>s RTRA que<br />
<strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong> compétitivité ou <strong>de</strong>s PRES.<br />
Au niveau <strong>de</strong>s infrastructures en revanche, beaucoup<br />
reste à faire : transports, accueil <strong>de</strong> visiteurs étrangers,<br />
centres <strong>de</strong> vie, équipements communs pour <strong>de</strong>s séminaires,<br />
restauration, animation culturelle, etc.<br />
JdS : Vous êtes <strong>de</strong>puis octobre 2007 prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la fondation<br />
<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux RTRA. Quel rôle cette fondation va-t-elle jouer <br />
Ph.L. : La fondation est d'abord l'incarnation juridique <strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong>ux RTRA, et donc leur instrument. C'est elle qui opère<br />
quand il s'agit <strong>de</strong> mettre en œuvre les décisions <strong>de</strong>s<br />
RTRA, pour créer une nouvelle chaire, accueillir <strong>de</strong>s visiteurs<br />
étrangers, lancer une nouvelle action commune à<br />
plusieurs laboratoires...<br />
La fondation ai<strong>de</strong>ra à faire naître <strong>de</strong> nouveaux projets,<br />
sans se substituer aux établissements membres mais en<br />
s'efforçant d'associer <strong>de</strong> nouveaux participants, apporteurs<br />
d'idées, d'hommes et <strong>de</strong> ressources.<br />
La fondation a un autre rôle qui est <strong>de</strong> représenter la<br />
communauté scientifique vis-à-vis <strong>de</strong>s pouvoirs publics,<br />
ce qui est particulièrement important au moment où une<br />
1<br />
8
2<br />
Carte d’i<strong>de</strong>ntité<br />
DIGITEO<br />
Statut : RTRA<br />
Membres : <strong>CEA</strong>, CNRS, EP, INRIA, Supélec, Paris-Sud 11<br />
Thèmes : conception et développement <strong>de</strong> systèmes à forte<br />
composante logicielle, <strong>de</strong>puis le système sur puce jusqu’au<br />
calcul haute performance et aux gran<strong>de</strong>s infrastructures<br />
logicielles, en passant par les systèmes embarqués et les<br />
robots.<br />
Projets financés : 12 dont 7 concernent <strong>de</strong>s équipes <strong>CEA</strong><br />
Digiteo est partenaire du pôle SYSTEM@TIC PARIS-REGION.<br />
Opération d'intérêt national (OIN) est lancée pour servir les<br />
ambitions <strong>de</strong> ce territoire. Elle va également s'employer à<br />
combler un certain déficit d'image du territoire, à<br />
professionnaliser le marketing lié à cette image, par une<br />
communication commune notamment. Il faudra créer une<br />
"bannière" collective sans pour autant gommer les i<strong>de</strong>ntités<br />
<strong>de</strong>s partenaires.<br />
Elle sera aussi l'interlocutrice <strong>de</strong>s pouvoirs publics pour<br />
exprimer les besoins en infrastructures, équipements<br />
publics, transports, tels que les voit la communauté scientifique,<br />
et ai<strong>de</strong>r à formuler <strong>de</strong>s réponses. Si l'on veut attirer<br />
les meilleurs chercheurs, français ou étrangers, il faut<br />
leur proposer aussi un environnement <strong>de</strong> qualité ; aucun<br />
maillon <strong>de</strong> la chaîne ne doit être défaillant si l'on veut que<br />
notre objectif collectif <strong>de</strong> création d'un grand pôle d'excellence<br />
scientifique soit atteint.<br />
1 Les bâtiments <strong>de</strong> Digiteo obéiront à <strong>de</strong>s principes<br />
bioclimatiques, notamment grâce à <strong>de</strong>s circulations<br />
d’air optimisées.<br />
2 Digiteo : un atrium central dispensera lumière et chaleur.<br />
> DIGITEO, FIGURE PIONNIÈRE<br />
ET EMBLÉMATIQUE DU PLATEAU<br />
Carte d’i<strong>de</strong>ntité<br />
Vers un écosystème <strong>de</strong> l’innovation<br />
Les équipes <strong>de</strong> Digiteo seront rassemblées d’ici 2010 sur trois sites : <strong>Saclay</strong><br />
(en zone ouverte du centre <strong>CEA</strong>), le Moulon (Paris-Sud 11, près <strong>de</strong> Supélec)<br />
et l’EP. La progression <strong>de</strong>s effectifs est planifiée : 1 200 en 2010, 1 800 en<br />
2012, puis 2 500 à l’horizon 2013 avec le renfort d’équipes <strong>de</strong> l’ECP, <strong>de</strong><br />
l’ENS <strong>de</strong> Cachan et <strong>de</strong> l’UVSQ. L’augmentation <strong>de</strong> la surface <strong>de</strong>s locaux<br />
l’est également : il est prévu <strong>de</strong> la porter <strong>de</strong> 22 900 m 2 à 45 000 m 2 .<br />
Les bâtiments, conçus par l’architecte Behnish, obéiront aux exigences<br />
bioclimatiques, <strong>de</strong>puis le chantier jusqu’à l’exploitation. Ils se distinguent par<br />
un atrium central laissant entrer généreusement la lumière et <strong>de</strong>s circulations<br />
d’air astucieuses. Pas besoin <strong>de</strong> climatisation <strong>de</strong>rrière les parois vitrées :<br />
en faça<strong>de</strong>, <strong>de</strong>s lamelles horizontales orientables et <strong>de</strong>s montants verticaux<br />
mobiles en translation seront pilotés grâce à <strong>de</strong>s son<strong>de</strong>s <strong>de</strong> température.<br />
Actuellement en phase <strong>de</strong> définition détaillée, les bâtiments seront livrés en 2010.<br />
Plus <strong>de</strong> 4 000 m 2 seront consacrés à l’accueil <strong>de</strong>s activités <strong>de</strong> valorisation<br />
et <strong>de</strong> projets communs avec les industriels.<br />
Le site <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong> abritera la direction du RTRA, l’équipe dédiée à la valorisation<br />
industrielle et la Maison <strong>de</strong>s technologies numériques, avec son laboratoire d’idées.<br />
SYSTEM@TIC PARIS-REGION<br />
Statut : pôle <strong>de</strong> compétitivité mondial créé en 2005<br />
Membres : 350 établissements dont 80 gran<strong>de</strong>s entreprises,<br />
100 PME, 140 établissements <strong>de</strong> recherche ou d’enseignement<br />
supérieur, 15 collectivités territoriales, soit 320 000 emplois<br />
privés et 11 000 emplois <strong>de</strong> R&D publics<br />
Thèmes : systèmes complexes pour les télécoms, l’automobile<br />
et les transports, la sécurité et la Défense, les outils <strong>de</strong><br />
conception et <strong>de</strong> développement <strong>de</strong> systèmes industriels.<br />
Projets financés : 78 <strong>de</strong>puis 2005, dont 48 concernent <strong>de</strong>s<br />
équipes <strong>CEA</strong><br />
Pour son prési<strong>de</strong>nt, Dominique Vernay (Thales), le pôle vise à<br />
« consoli<strong>de</strong>r le lea<strong>de</strong>rship <strong>de</strong>s grands intégrateurs pour ancrer<br />
durablement leurs activités <strong>de</strong> R&D en Île-<strong>de</strong>-France, susciter<br />
la création <strong>de</strong> nouvelles entreprises et attirer les centres <strong>de</strong><br />
R&D d’entreprises internationales, renforcer l’attractivité <strong>de</strong><br />
l’Île-<strong>de</strong>-France en la dotant d’une image technologique visible<br />
mondialement. »<br />
9Plateau <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>
Vers un écosystème <strong>de</strong> l’innovation<br />
ÉCOLE POLYTECHNIQUE<br />
UN CAMPUS EN PLEINE EXPANSION<br />
Interview du Général Xavier Michel,<br />
Directeur général <strong>de</strong> l’École polytechnique.<br />
<strong>Journal</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong> : Quelles sont les perspectives <strong>de</strong><br />
développement du campus <strong>de</strong> l’École polytechnique <br />
G al X.M. : Notre campus est aujourd’hui en pleine expansion,<br />
autour <strong>de</strong> quelques thématiques fortes, qui s’appuient<br />
sur nos compétences en modélisation mathématique<br />
et en simulation. Très interdisciplinaires, celles-ci<br />
enrichissent aussi bien la biologie, les nanosciences que<br />
l’économie… Depuis plusieurs années, nous sommes<br />
engagés dans une dynamique d’ouverture et <strong>de</strong> construction<br />
<strong>de</strong> partenariats. En 2012, le campus hébergera <strong>de</strong>ux<br />
fois plus d’enseignants-chercheurs qu’en 2005 ! Après<br />
l’IOGS, nous accueillerons un <strong>de</strong>s trois sites du RTRA<br />
Digiteo et l’ENSAE 1 en 2009, l’ENSTA en 2011. D’autres<br />
établissements ont également manifesté leur souhait <strong>de</strong><br />
nous rejoindre. Nous disposons ici réellement d’une belle<br />
« base scientifique », attractive pour les étudiants, comme<br />
en témoigne la présence <strong>de</strong> près <strong>de</strong> 700 étrangers sur les<br />
2 000 étudiants que compte aujourd’hui le campus (1 000<br />
sont élèves <strong>de</strong> l’EP).<br />
Le campus attire également les entreprises, Danone et<br />
Thales y ont installé un centre <strong>de</strong> recherche. Nous avons<br />
créé 15 chaires d’entreprises, avec le soutien d’EDF,<br />
Thales, Arcelor, Dassault, Renault, Lafarge, Samsung, etc.<br />
Nous recevons <strong>de</strong>s visites d’industriels américains et japonais<br />
<strong>de</strong> l’informatique et <strong>de</strong> la téléphonie mobile, intéressés<br />
par nos travaux. Séduits par notre offre <strong>de</strong> partage <strong>de</strong><br />
plateformes technologiques et d’équipes, plusieurs d’entre<br />
eux sont tentés par une implantation sur place. Nous<br />
sentons clairement un fort potentiel <strong>de</strong> partenariat.<br />
Comment analysez-vous ces évolutions dans le<br />
contexte <strong>de</strong>s mutations à l’échelle du Plateau <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong> <br />
G al X.M. : Tous les acteurs du Plateau <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong> partagent<br />
une même ambition, celle d’un grand centre à visibilité<br />
mondiale, articulé autour du triptyque : enseignement<br />
supérieur, recherche et innovation. Nous avons tout ce<br />
qu’il faut pour en faire rapi<strong>de</strong>ment une réalité. J’observe<br />
une dynamique extraordinaire <strong>de</strong> développement, qui se<br />
concrétise notamment dans les pôles <strong>de</strong> compétitivité, les<br />
PRES, les RTRA, etc. En particulier, avec le centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong><br />
<strong>Saclay</strong>, nous avons <strong>de</strong> nombreux domaines <strong>de</strong> collaboration,<br />
qui sont appelés à se développer encore. L’EP est par<br />
ailleurs engagée dans le PRES Paris Tech, qui regroupe les<br />
gran<strong>de</strong>s écoles parisiennes les plus prestigieuses.<br />
Ce PRES est lui-même inclus dans un réseau européen<br />
d’excellence, IDEA League, qui pourrait constituer une<br />
réponse à l’EIT.<br />
1<br />
Quels besoins suscite l’expansion du campus <br />
G al<br />
X.M. : Le nombre <strong>de</strong> start-up issues du campus<br />
explose par rapport à nos capacités d’accueil ! Elles<br />
peuvent compter jusqu’à une cinquantaine <strong>de</strong> salariés et<br />
ont besoin, le plus souvent, <strong>de</strong> grandir à proximité <strong>de</strong> leur<br />
10
Carte d’i<strong>de</strong>ntité<br />
PARIS TECH<br />
Statut : PRES créé en janvier 2007<br />
Membres : École nationale <strong>de</strong>s ponts et chaussées, ENSAE,<br />
École nationale supérieure <strong>de</strong>s arts et métiers, École nationale<br />
supérieure <strong>de</strong> chimie <strong>de</strong> Paris, École nationale supérieure <strong>de</strong>s<br />
mines <strong>de</strong> Paris, École nationale supérieure <strong>de</strong>s télécommunications,<br />
ENSTA, EP, soit 130 laboratoires.<br />
Thèmes : mathématiques et leurs applications ; sciences et<br />
technologies <strong>de</strong> l’information et <strong>de</strong> la communication ;<br />
physique, optique ; sciences <strong>de</strong>s matériaux, mécanique, génie<br />
mécanique ; mécanique <strong>de</strong>s flui<strong>de</strong>s et énergétique ; chimie,<br />
physico-chimie et génie chimique ; sciences <strong>de</strong> la vie et ingénierie<br />
du vivant ; sciences <strong>de</strong> la terre et génie <strong>de</strong> l’environnement<br />
; sciences <strong>de</strong> l’économie, <strong>de</strong> la gestion et <strong>de</strong> la société.<br />
laboratoire d’origine. Il <strong>de</strong>vient urgent <strong>de</strong> concrétiser le<br />
projet d’agrandissement <strong>de</strong> l’incubateur Incuballiance et<br />
<strong>de</strong> création d’un hôtel d’entreprises, sur notre campus.<br />
Nous avons d’autres besoins immédiats comme <strong>de</strong><br />
nouvelles surfaces <strong>de</strong> laboratoires, pour <strong>de</strong>s extensions en<br />
biologie et en nanosciences notamment, <strong>de</strong>s logements<br />
pour les étudiants et pour les chercheurs étrangers, et<br />
également à terme, <strong>de</strong>s hôtels, <strong>de</strong>s restaurants. Nous<br />
recevons par exemple une centaine <strong>de</strong> « visiting professors<br />
» chaque année, pour lesquels il est difficile <strong>de</strong> trouver<br />
un logement temporaire agréable.<br />
Il faut également renforcer les infrastructures routières et<br />
les transports en commun. Je salue à ce propos l’avancée<br />
<strong>de</strong> la 1 ère tranche du chantier <strong>de</strong> transport collectif en site<br />
propre (voie réservée aux bus) qui <strong>de</strong>sservira en 2009 le<br />
campus <strong>de</strong>puis Massy.<br />
3<br />
Plateau <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong><br />
Vers un écosystème <strong>de</strong> l’innovation<br />
> QUELLES SONT LES STRUCTURES<br />
COMMUNES AU CENTRE <strong>CEA</strong> DE SACLAY<br />
ET À L’ÉCOLE POLYTECHNIQUE <br />
> RTRA Digiteo<br />
> RTRA « Triangle <strong>de</strong> la physique »<br />
> GIS « Climat, environnement et société »<br />
> GIS « Physique <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux infinis »<br />
> Laboratoire <strong>de</strong>s soli<strong>de</strong>s irradiés (implanté sur le campus <strong>de</strong> l’X)<br />
> Masters cohabilités avec l’INSTN (Institut national <strong>de</strong>s sciences et techniques<br />
nucléaires) : Economie du développement durable, <strong>de</strong> l’environnement et<br />
<strong>de</strong> l’énergie ; Ingénierie structurale et fonctionnelle <strong>de</strong>s biomolécules ;<br />
Matériaux pour les structures et l’énergie ; Sciences <strong>de</strong> la fusion ; Nuclear<br />
Engineering (2008) ; Ingénierie <strong>de</strong>s systèmes industriels complexes<br />
1 - ENSAE : École nationale <strong>de</strong> la statistique et <strong>de</strong> l’administration<br />
économique.<br />
Carte d’i<strong>de</strong>ntité<br />
TRIANGLE DE LA PHYSIQUE<br />
Statut : RTRA créé en mars 2007<br />
Membres : CNRS, Paris-Sud 11, <strong>CEA</strong>, EP, IOGS, Supélec,<br />
ENSTA, ONERA, soit 35 laboratoires<br />
Thèmes : nanophysique, optique-lasers, physique statistique,<br />
physique <strong>de</strong> la matière con<strong>de</strong>nsée, physique <strong>de</strong> la matière<br />
diluée, physique <strong>de</strong> la matière complexe<br />
Projets financés : 70, avec 2 ou 3 partenaires par projets<br />
Le RTRA « Triangle <strong>de</strong> la physique » est représenté juridiquement<br />
par la fondation « Digiteo – Triangle <strong>de</strong> la physique ».<br />
Le terme triangle renvoie à trois localisations principales <strong>de</strong>s<br />
membres fondateurs : Palaiseau, Orsay, <strong>Saclay</strong>. Le RTRA<br />
s’appuie notamment sur <strong>de</strong> très grands instruments :<br />
synchrotron SOLEIL, Laboratoire Léon Brillouin (analyse <strong>de</strong> la<br />
matière par les neutrons du réacteur ORPHÉE), lasers <strong>de</strong> puissance.<br />
1<br />
2<br />
3<br />
Amphithéâtre <strong>de</strong> l’École polytechnique.<br />
Vue aérienne du campus <strong>de</strong> l’École polytechnique.<br />
Laboratoire <strong>de</strong> biochimie <strong>de</strong> l’École polytechnique.<br />
2<br />
11
Vers un écosystème <strong>de</strong> l’innovation<br />
UNIVERSITÉ PARIS-SUD 11<br />
RAPPROCHER LES MONDES<br />
DE LA RECHERCHE ET DE L’ENTREPRISE<br />
Carte d’i<strong>de</strong>ntité<br />
ÉCOLE DES NEUROSCIENCES DE PARIS<br />
Statut : RTRA créé en 2007<br />
Membres : <strong>CEA</strong>, CNRS, INSERM, Paris 11, Paris 6<br />
Thèmes : neurosciences moléculaires et cellulaires,<br />
neurosciences cognitives, maladies neurologiques<br />
et psychiatriques.<br />
Interview d’Anita Bersellini,<br />
Prési<strong>de</strong>nte <strong>de</strong> l’Université Paris-Sud 11.<br />
<strong>Journal</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong> : Quelle place occupe l’Université que<br />
vous prési<strong>de</strong>z, en France et à l’international <br />
A.B. : Avec 27 000 étudiants, 5 000 personnels permanents,<br />
270 hectares et <strong>de</strong> nombreux sites, Paris-Sud 11<br />
constitue le plus grand campus <strong>de</strong> France et avec 450<br />
millions d’euros, il est doté du budget universitaire le plus<br />
important.<br />
La recherche occupe la 1 ère place au sein <strong>de</strong> notre<br />
Université, comme en témoignent les trois médailles Fields<br />
consécutives et récemment le prix Nobel <strong>de</strong> physique<br />
décerné à Albert Fert.<br />
Paris-Sud 11 est une Université d’excellence. Si on<br />
applique les critères du classement <strong>de</strong> Shanghai aux<br />
seules mathématiques, l’Université est au 2 ème rang<br />
mondial et si on y ajoute la physique et la chimie, elle est au<br />
24 ème rang.<br />
Si la moitié <strong>de</strong> ses activités <strong>de</strong> recherche relève <strong>de</strong>s sciences<br />
<strong>de</strong> la vie et <strong>de</strong> la santé, la pluridisciplinarité <strong>de</strong> l’Université<br />
fait également sa force. L’association <strong>de</strong> la physique <strong>de</strong>s<br />
particules et <strong>de</strong> la mé<strong>de</strong>cine produit <strong>de</strong>s merveilles en<br />
imagerie. De même, la biologie et l’informatique se conjuguent<br />
en bioinformatique. Droit et mé<strong>de</strong>cine font avancer<br />
ensemble le droit <strong>de</strong> la santé et la bioéthique.<br />
Carte d’i<strong>de</strong>ntité<br />
MEDICEN PARIS RÉGION<br />
Statut : pôle <strong>de</strong> compétitivité mondial créé en 2005<br />
Membres : Sanofi-Aventis, Servier, Ipsen, GlaxoSmithKline,<br />
Laboratoire français du fractionnement et <strong>de</strong>s biotechnologies,<br />
General Electric Healthcare, Guerbet, Siemens, 150 PME, 78<br />
universités ou hôpitaux, collectivités territoriales<br />
Thèmes : maladies du système nerveux, cancérologie,<br />
maladies infectieuses, thérapies moléculaires et cellulaires,<br />
imagerie biomédicale, sciences et techniques du médicament.<br />
Projets financés : 22 <strong>de</strong>puis 2005, dont 5 concernent <strong>de</strong>s<br />
équipes <strong>CEA</strong>.<br />
L’Université Paris-Sud 11 est notamment impliquée dans<br />
le pôle <strong>de</strong> compétitivité à travers la création <strong>de</strong> l’Institut<br />
du Médicament et <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> Neurovalley, <strong>de</strong>ux fédérations<br />
<strong>de</strong> laboratoires qui relèvent à la fois <strong>de</strong> Medicen Paris Région<br />
et du PRES Universud.<br />
1<br />
Quel rôle l’Université peut-elle jouer en matière d’innovation<br />
industrielle <br />
A.B. : Sa recherche d’excellence et sa pluridisciplinarité<br />
font naturellement <strong>de</strong> l’Université un acteur majeur <strong>de</strong><br />
l’innovation. Or, là où une douzaine <strong>de</strong> start-up sont<br />
créées, il en faudrait une cinquantaine. Diverses mesures<br />
répon<strong>de</strong>nt à cette préoccupation.<br />
12
2<br />
Après le prix <strong>de</strong> la valorisation créé il y a 6 ans, nous avons<br />
en projet le lancement d’un prix <strong>de</strong> la création d’entreprises.<br />
Pour faciliter l’insertion professionnelle <strong>de</strong>s doctorants,<br />
nous avons introduit un enseignement d’entreprenariat<br />
dans nos écoles doctorales. Le ministère a créé le statut<br />
<strong>de</strong> « moniteur consultant d’entreprise » : les doctorants ont<br />
la possibilité d’exercer une fonction <strong>de</strong> consultant en<br />
entreprise 32 jours par an, qui leur apporte aussi un<br />
complément <strong>de</strong> revenu. Ils étaient 17 en 2007, ils seront<br />
30 en 2008.<br />
La mission universitaire en faveur <strong>de</strong> la valorisation <strong>de</strong> la<br />
recherche est désormais déléguée au PRES Universud.<br />
Comment analysez-vous les mutations <strong>de</strong> l’Université<br />
en relation avec le nouveau paysage <strong>de</strong> la recherche <br />
A.B. : La création du PRES Universud représente une<br />
gran<strong>de</strong> étape <strong>de</strong> structuration du Plateau <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>.<br />
Présidé par Xavier Chapuisat, le PRES assure la coordination<br />
<strong>de</strong>s thématiques importantes, afin <strong>de</strong> rendre plus visible<br />
la recherche menée dans le sud <strong>de</strong> Paris. On assiste à<br />
une montée générale <strong>de</strong>s partenariats comme en témoignent<br />
les pôles <strong>de</strong> compétitivité, les trois RTRA et le GIS<br />
« Physique <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux infinis ». Une dizaine d’instituts<br />
communes, <strong>de</strong> nombreux masters et écoles doctorales<br />
font l’objet <strong>de</strong> cohabilitations. Nous sommes également<br />
associés au développement du synchrotron SOLEIL,<br />
notamment à travers le projet <strong>de</strong> Centre <strong>de</strong> pharmacologie<br />
moléculaire et structurale, qui sera implanté sur place.<br />
Autre point important : les nouvelles fondations universitaires,<br />
avec ou sans partenaire industriel, permettent <strong>de</strong> recueillir<br />
et <strong>de</strong> gérer <strong>de</strong>s fonds privés. Ainsi par exemple, Sanofi<br />
Aventis et L’Oréal soutiennent l’Institut du médicament, à<br />
Châtenay-Malabry, et Total finance une chaire <strong>de</strong> chimie.<br />
Désormais, grâce aux récentes lois sur la recherche,<br />
nous avons en main tous les instruments, il ne reste qu’à<br />
s’en servir !<br />
> QUELLES SONT LES STRUCTURES<br />
COMMUNES AU CENTRE <strong>CEA</strong><br />
DE SACLAY ET À L’UNIVERSITÉ<br />
PARIS-SUD 11 <br />
> RTRA Digiteo<br />
> RTRA « Triangle <strong>de</strong> la physique »<br />
> RTRA « Ecole <strong>de</strong>s neurosciences <strong>de</strong> Paris »<br />
> GIS « Physique <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux infinis »<br />
> Masters cohabilités avec l’INSTN : Imagerie médicale ; Radiophysique<br />
médicale ; Molecular Imaging (2008); radiochimie et physico-chimie <strong>de</strong>s<br />
milieux complexes ; Rayonnement et énergie ; Noyaux, particules,<br />
astroparticules et cosmologie ; Systèmes électroniques embarqués et<br />
informatique industrielle ; Ingénierie structurale et fonctionnelle <strong>de</strong>s<br />
biomolécules ; Matériaux pour les structures et l’énergie ; Sciences <strong>de</strong> la<br />
fusion ; Nuclear Engineering (2008) ; Ingénierie <strong>de</strong>s systèmes industriels<br />
complexes<br />
Plateau <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong><br />
Vers un écosystème <strong>de</strong> l’innovation<br />
fédératifs ont émergé autour <strong>de</strong> plateformes techniques 1 L’université Paris-Sud 11<br />
forme quelque<br />
Carte d’i<strong>de</strong>ntité<br />
UNIVERSUD<br />
Statut : PRES créé en mars 2007<br />
Membres : Paris 11, UVSQ, Ecole normale supérieure <strong>de</strong><br />
Cachan, soit 50 000 étudiants, 160 laboratoires <strong>de</strong> recherche<br />
dont 130 associés à <strong>de</strong>s organismes <strong>de</strong> recherche, notamment<br />
CNRS, INSERM, INRA, INRIA et <strong>CEA</strong>.<br />
Associés : Paris Tech, HEC, INRA<br />
Thèmes : biomédical-santé ; molécules et matériaux pour<br />
l’énergie, l’environnement et la santé ; nanomon<strong>de</strong> ; climat,<br />
environnement, développement durable ; sciences humaines<br />
et sociales ; transport électrique et systèmes embarqués ;<br />
mathématiques pour les nouveaux enjeux <strong>de</strong> la société ; pôle<br />
vert ; planétologie ; ingénierie <strong>de</strong> l’information.<br />
Le <strong>CEA</strong> siège au comité d’orientation stratégique d’Universud.<br />
2<br />
3<br />
27 000 étudiants.<br />
La faculté <strong>de</strong> pharmacie<br />
<strong>de</strong> Châtenay-Malabry<br />
fait partie <strong>de</strong> l’université<br />
Paris-Sud 11.<br />
Elément d’accélérateur<br />
<strong>de</strong> particules, à l’Institut<br />
<strong>de</strong> physique nucléaire<br />
d’Orsay, unité mixte<br />
Paris-Sud 11 – CNRS.<br />
3<br />
13
Vers un écosystème <strong>de</strong> l’innovation<br />
CNRS<br />
BÂTIR DES PARTENARIATS<br />
Carte d’i<strong>de</strong>ntité<br />
PHYSIQUE DES DEUX INFINIS<br />
Statut : GIS créé en mars 2007<br />
Membres : <strong>CEA</strong>, CNRS, EP, Paris 6, Paris 7, Paris-Sud 11,<br />
Observatoire <strong>de</strong> Paris, soit 19 laboratoires franciliens<br />
Thèmes : physique subatomique et cosmologie.<br />
Interview <strong>de</strong> Maurice Gross,<br />
responsable <strong>de</strong> la Direction <strong>de</strong>s partenariats<br />
du CNRS.<br />
<strong>Journal</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong> : En quoi consistent les actions <strong>de</strong><br />
partenariat du CNRS sur le Plateau <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong> <br />
M.G. : Les <strong>de</strong>ux RTRA « Triangle <strong>de</strong> la physique » et<br />
Digiteo sont <strong>de</strong>s outils essentiels pour construire <strong>de</strong>s<br />
partenariats. Ils sont complétés par <strong>de</strong>s actions financées<br />
sur contrats <strong>de</strong> projet État-région (CPER). Ces actions<br />
collaboratives concernent tous les acteurs du Plateau.<br />
Nous avons lancé une consultation nationale et reçu un<br />
peu plus <strong>de</strong> 300 projets détaillés. Une expertise indépendante,<br />
portant sur leur intérêt scientifique et leur faisabilité,<br />
a ensuite permis d’en sélectionner 170. Les collectivités<br />
territoriales concernées, en premier lieu les régions, en ont<br />
retenu presque la totalité : 164. Quinze <strong>de</strong> ces projets sont<br />
localisés en Île-<strong>de</strong>-France, et en particulier, sur le plateau<br />
<strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>, où la <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong> production scientifique est<br />
largement supérieure à la moyenne nationale. Cette abondance<br />
indique <strong>de</strong> plus que les chercheurs du territoire<br />
travaillent avec un bon niveau <strong>de</strong> collaborations. Nous<br />
avons là tout ce qu’il faut pour construire un pôle majeur<br />
<strong>de</strong> la recherche en France. Par ailleurs, l’implantation <strong>de</strong><br />
grands équipements internationaux tels que le synchrotron<br />
SOLEIL ou le centre <strong>de</strong> neuro-imagerie NeuroSpin ne<br />
pourra que conforter cette position déjà éminente.<br />
Carte d’i<strong>de</strong>ntité<br />
1<br />
CENTRALE-SUPÉLEC SCIENCES DES SYSTÈMES (C3S)<br />
Statut : GIS labellisé Carnot, créé en 2006<br />
Membres : Supélec, ECP, CNRS, soit 16 laboratoires.<br />
Thèmes : sciences <strong>de</strong>s systèmes, fondées sur un socle technologique<br />
dans les domaines <strong>de</strong> l’information, <strong>de</strong>s communications,<br />
<strong>de</strong>s énergies et <strong>de</strong>s procédés.<br />
Projets financés : 300 contrats signés avec 80 entreprises.<br />
Comment appréciez-vous la mondialisation <strong>de</strong>s enjeux <br />
M.G. : La compétition est mondiale tant il est vrai que les<br />
scientifiques ne peuvent se mesurer qu’à leurs pairs, où<br />
qu’ils soient. En sens inverse, il est nécessaire d’attirer<br />
chez nous les meilleurs chercheurs. Sur le millier <strong>de</strong> collaborateurs<br />
recrutés chaque année par le CNRS, 24 % viennent<br />
<strong>de</strong> l’extérieur <strong>de</strong> nos frontières. Tous les acteurs <strong>de</strong> ce<br />
territoire ont adopté cette stratégie mondialisée.<br />
Pouvez-vous nous faire partager une « expérience <strong>de</strong><br />
terrain », en matière <strong>de</strong> partenariat <br />
M.G. : Il y a douze ans, j’étais chargé <strong>de</strong> mettre en place<br />
<strong>de</strong>s contrats quadriennaux liant le CNRS à <strong>de</strong>s établisse-<br />
14
2<br />
ments d’enseignement supérieur et <strong>de</strong> recherche.<br />
L’accueil <strong>de</strong> cette proposition a été mitigé dans <strong>de</strong> nombreux<br />
cas, mais pas sur le Plateau <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>. Dès la<br />
première rencontre avec le directeur général <strong>de</strong> l’EP, nous<br />
sommes parvenus à un accord sur un contrat. Le second<br />
exemple concerne la création <strong>de</strong> l’Institut <strong>de</strong> la lumière<br />
extrême, sur ce même campus. La direction <strong>de</strong> l’EP s’est<br />
montrée si active et si efficace, par exemple pour trouver<br />
un terrain, que tout le mon<strong>de</strong> est aujourd’hui convaincu <strong>de</strong><br />
la réussite <strong>de</strong> ce projet. Et l’enjeu est <strong>de</strong> taille car cet institut<br />
favorisera en 2009 la candidature <strong>de</strong> la France pour accueillir<br />
un futur très grand équipement européen sur ce thème.<br />
1 Synchrotron SOLEIL.<br />
2 Elaboration <strong>de</strong> multicouches optiques pour le domaine<br />
X UV au Laboratoire Charles Fabry (CNRS), du Triangle <strong>de</strong> la<br />
physique.<br />
3 L’infiniment grand (vue d’artiste d’un trou noir, à droite) et<br />
l’infiniment petit (vue d’artiste <strong>de</strong>s particules composant un<br />
proton, à gauche) se rejoignent notamment dans le domaine<br />
<strong>de</strong>s astroparticules. Dans ce cas, les particules étudiées sont<br />
produites dans l’univers, dans <strong>de</strong>s sortes d’« accélérateurs »<br />
naturels, qui peuvent être très éloignés et très grands.<br />
> QUELLES SONT LES STRUCTURES<br />
COMMUNES AU CENTRE <strong>CEA</strong><br />
DE SACLAY ET AU CNRS <br />
> RTRA Digiteo<br />
> RTRA « Triangle <strong>de</strong> la physique »<br />
> RTRA « École <strong>de</strong>s neurosciences <strong>de</strong> Paris »<br />
> GIS « Physique <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux infinis »<br />
> GIS « Climat, environnement, société »<br />
> Unités mixtes <strong>de</strong> recherche :<br />
– Astrophysique interactions multi-échelles (AIM),<br />
à <strong>Saclay</strong> (avec Paris 7)<br />
– Centre d'Imagerie - Neuroscience, et d'Applications<br />
aux Pathologies (CI-NAPS), à Caen (avec l’Université<br />
<strong>de</strong> basse Normandie et Paris 5)<br />
– Centre Interdisciplinaire <strong>de</strong> Recherche Ions Lasers (CIRIL),<br />
à Caen (avec l’ENSICAEN)<br />
– Laboratoire Pierre Süe, à <strong>Saclay</strong><br />
– Laboratoire <strong>de</strong>s sciences du climat et <strong>de</strong> l’environnement,<br />
à St-Aubin (l’Orme <strong>de</strong>s Merisiers) et Gif/Yvette (avec l’UVSQ)<br />
– Laboratoire <strong>de</strong>s soli<strong>de</strong>s irradiés, à Palaiseau (avec l’EP)<br />
– Laboratoire souterrain <strong>de</strong> Modane, dans les Alpes<br />
> Unités <strong>de</strong> recherche associées :<br />
– Institut <strong>de</strong> physique théorique, à <strong>Saclay</strong><br />
– Laboratoire Clau<strong>de</strong> Fréjacques, à <strong>Saclay</strong><br />
– Laboratoire Francis Perrin, à <strong>Saclay</strong><br />
– Laboratoire <strong>de</strong>s protéines transductrices d'énergie <strong>de</strong><br />
l’Institut <strong>de</strong> Biologie et Technologies <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong> (iBiTec-S)<br />
– Maladies neurodégénératives : mécanismes, thérapeutique<br />
et imagerie, au Service hospitalier Frédéric Joliot, à Orsay<br />
– Service <strong>de</strong> physique <strong>de</strong> l’état con<strong>de</strong>nsé, à <strong>Saclay</strong><br />
– Service <strong>de</strong> bioénergétique, biologie structurale et mécanismes<br />
<strong>de</strong> l’iBiTec-S<br />
> Unité mixte <strong>de</strong> service : Laboratoire <strong>de</strong> mesures du carbone 14,<br />
à <strong>Saclay</strong> (avec l’Institut <strong>de</strong> radioprotection et <strong>de</strong> sûreté<br />
nucléaire, l’Institut <strong>de</strong> recherche pour le développement,<br />
le Ministère <strong>de</strong> la culture, la Région Île-<strong>de</strong>-France)<br />
> Les grands instruments <strong>de</strong> la physique :<br />
– GANIL, Grand accélérateur national d’ions lourds<br />
(Groupement d’intérêt économique), à Caen<br />
– Synchrotron SOLEIL (Société civile), à St-Aubin<br />
– Laboratoire Léon Brillouin qui utilise les neutrons<br />
du réacteur nucléaire ORPHÉE pour son<strong>de</strong>r la matière<br />
(cofinancement <strong>CEA</strong>-CNRS), à <strong>Saclay</strong>.<br />
Plateau <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong><br />
Vers un écosystème <strong>de</strong> l’innovation<br />
> INSTITUT DE LA LUMIÈRE EXTRÊME<br />
3<br />
Porté par le Laboratoire d’optique appliquée (unité mixte EP, ENSTA, CNRS),<br />
le projet d’Institut <strong>de</strong> la lumière extrême (ILE) doit fournir, à l’horizon 2010,<br />
une source laser intense capable d’offrir aux scientifiques et aux industriels<br />
<strong>de</strong>s sources intenses et brèves <strong>de</strong> particules et <strong>de</strong> rayonnements.<br />
Les applications visées couvrent <strong>de</strong> larges champs disciplinaires<br />
en sciences fondamentales et appliquées. Deux thématiques<br />
seront privilégiées : la santé et l’environnement.<br />
Implanté à Palaiseau, sur le campus <strong>de</strong> l’EP, il a aussi pour ambition <strong>de</strong> servir<br />
<strong>de</strong> prototype au projet européen ELI (Extreme Light Infrastructure), dans<br />
le cadre du 7 ème programme-cadre <strong>de</strong> recherche et développement.<br />
15
Vers un écosystème <strong>de</strong> l’innovation<br />
CENTRE <strong>CEA</strong> DE SACLAY<br />
UNE EXIGENCE ENVIRONNEMENTALE<br />
particules et astrophysique, nanosciences, logiciels et<br />
systèmes complexes.<br />
On voit bien que les lois récentes sur la recherche et<br />
l’Université sont en train <strong>de</strong> bouleverser le paysage local,<br />
en insufflant une dynamique très riche <strong>de</strong> promesses.<br />
L’écosystème scientifique repose sur trois forces vitales :<br />
l’enseignement supérieur, la recherche, et l’innovation.<br />
Interview d’Yves Caristan,<br />
directeur du centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>.<br />
Carte d’i<strong>de</strong>ntité<br />
<strong>Journal</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong> : Comment analysez-vous la situation<br />
actuelle du Plateau <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong> <br />
Y.C. : Avec près <strong>de</strong> 30 000 chercheurs, le Plateau <strong>de</strong><br />
<strong>Saclay</strong> et les vallées avoisinantes représentent un point<br />
remarquable en Europe. Aujourd’hui, les responsables <strong>de</strong>s<br />
établissements <strong>de</strong> recherche <strong>de</strong> ce territoire réfléchissent<br />
ensemble à un positionnement commun dans le concert<br />
mondial <strong>de</strong>s grands centres <strong>de</strong> recherche. Un travail <strong>de</strong><br />
structuration <strong>de</strong> la recherche autour <strong>de</strong> thèmes communs,<br />
entrepris <strong>de</strong>puis plus <strong>de</strong> trois ans, a conduit à la création<br />
<strong>de</strong> structures fédératives (RTRA, GIS, etc.) dans les<br />
domaines suivants : climat, neurosciences, physique <strong>de</strong>s<br />
CLIMAT, ENVIRONNEMENT, SOCIÉTÉ<br />
Statut : GIS créé en mars 2007<br />
Membres fondateurs : CNRS, <strong>CEA</strong>, UVSQ, EP, Paris 6,<br />
Agence <strong>de</strong> l’environnement et <strong>de</strong> la maîtrise <strong>de</strong> l’énergie, soit<br />
13 laboratoires franciliens<br />
Thèmes : changement climatique et ses impacts sur la société<br />
En marge du GIS, le centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong> défend un projet <strong>de</strong><br />
pôle « Climat, énergies, environnement » qui associerait, en<br />
les regroupant à l’Orme <strong>de</strong>s merisiers : le LSCE, l’antenne<br />
ANR hébergée par le <strong>CEA</strong> sur ce thème, le Laboratoire<br />
d’énergétique <strong>de</strong> l’Ecole <strong>de</strong>s mines <strong>de</strong> Paris, l’institut <strong>de</strong><br />
technico-économie <strong>de</strong>s énergies du <strong>CEA</strong>, ITésé (voir p.21).<br />
Des PME travaillant dans le développement durable seraient<br />
invitées à s’implanter à proximité.<br />
1<br />
Il faut en permanence ajuster finement les échanges entre<br />
ces forces, pour que l’ensemble donne du fruit.<br />
Ainsi par exemple, la présence <strong>de</strong> l’Université et <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s<br />
écoles est primordiale pour le <strong>CEA</strong> : elle constitue un<br />
vivier <strong>de</strong> recrutement inestimable (300 personnes en<br />
2006). En sens inverse, le <strong>CEA</strong>, qui s’est toujours particulièrement<br />
mobilisé sur l’innovation, peut partager son<br />
expérience en matière d’ai<strong>de</strong> à la création d’entreprises ou<br />
<strong>de</strong> gestion <strong>de</strong> la propriété intellectuelle. Il peut également<br />
accompagner l’Université dans sa « mue » statutaire, en<br />
l’aidant à faire évoluer sa structure administrative.<br />
Quelles voies <strong>de</strong> progrès i<strong>de</strong>ntifiez-vous <br />
Y.C. : Pour attirer <strong>de</strong>s chercheurs <strong>de</strong> qualité, il faut <strong>de</strong>s<br />
conditions <strong>de</strong> travail à la hauteur <strong>de</strong> nos ambitions. Dans<br />
un contexte <strong>de</strong> concurrence mondiale, les modalités <strong>de</strong><br />
logement et <strong>de</strong> transport, l’environnement naturel et l’animation<br />
culturelle sont <strong>de</strong>s critères qui pèsent lourd dans<br />
la balance. Aujourd’hui, nous peinons à retenir les<br />
16
meilleurs thésards ou post-docs. Il faut renverser cette<br />
tendance !<br />
Nous manquons en particulier <strong>de</strong> rési<strong>de</strong>nces adaptées<br />
aux étudiants et aux visiteurs <strong>de</strong> passage, et également <strong>de</strong><br />
logement social pour nos personnels. Nous avons aussi<br />
besoin d’un centre <strong>de</strong> congrès. Il faut bien sûr mutualiser<br />
les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s différents établissements, les porter<br />
auprès <strong>de</strong>s pouvoirs publics et veiller à ce que les investissements<br />
réalisés soient <strong>de</strong> haute qualité environnementale.<br />
L’OIN en cours ne servira le projet <strong>de</strong> développement<br />
d’une gran<strong>de</strong> zone <strong>de</strong> recherche et d’innovation qu’à cette<br />
condition.<br />
2<br />
Plateau <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong><br />
Vers un écosystème <strong>de</strong> l’innovation<br />
> EXPÉRIMENTER DE NOUVELLES RÈGLES<br />
Autonomie, initiative, créativité : tels sont les nouveaux<br />
mots d’ordre. Les acteurs <strong>de</strong>s RTRA, <strong>de</strong>s PRES ou <strong>de</strong>s<br />
pôles <strong>de</strong> compétitivité ont les coudées franches pour<br />
fixer certaines règles.<br />
Ainsi Elisabeth Bouchaud, directrice adjointe du « Triangle<br />
<strong>de</strong> la physique » juge-t-elle avoir appris beaucoup au<br />
cours <strong>de</strong> la phase <strong>de</strong> démarrage du RTRA. « Nous avons<br />
par exemple décidé <strong>de</strong> ne pas réaliser d’appel d’offres<br />
pour financer les post-docs : il est en effet essentiel <strong>de</strong><br />
réagir très vite pour recruter un excellent candidat ».<br />
Des difficultés imprévues sont apparues. Exemple :<br />
les financements apportés par le RTRA ne doivent pas<br />
exonérer les établissements <strong>de</strong> recherche d’investissements<br />
« lourds », qui n’ont pas vocation à être pris en charge<br />
par une structure fédérative. Mais « les chercheurs<br />
n’hésitent plus à enfourcher leur vélo pour aller discuter<br />
avec <strong>de</strong>s collègues d’un autre organisme et monter <strong>de</strong>s<br />
projets. Ils sont ravis, enthousiastes. La vraie réussite<br />
du RTRA, elle est là ! », juge Elisabeth Bouchaud.<br />
Autre exemple d’innovation, au service <strong>de</strong>… l’innovation<br />
: Digiteo a expérimenté, pour la première fois en<br />
France, <strong>de</strong>s projets <strong>de</strong> « maturation technologique ».<br />
« Il s’agit <strong>de</strong> mettre du liant entre <strong>de</strong>s chercheurs doués<br />
et <strong>de</strong>s industriels pressés », décrypte Jean-Yves Henry,<br />
adjoint au directeur du LIST 1 .<br />
Parier sur la réussite<br />
Comment intéresser une entreprise à une innovation<br />
qui n’est encore qu’une expérience <strong>de</strong> laboratoire <br />
Il faut faire un pas supplémentaire en direction d’un<br />
prototype, notamment grâce à une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> marketing<br />
qui définit une ou <strong>de</strong>ux cibles produits. Six projets d’un<br />
an ont été sélectionnés, puis audités par l’ANR.<br />
L’expérience a montré que le transfert à l’industriel était<br />
ainsi facilité. La formule sera donc reconduite par l’ANR.<br />
A un autre niveau, la Commission européenne a lancé<br />
un appel d’offres pour réaliser un « projet pilote pour<br />
une coopération entre les instituts européens <strong>de</strong> technologie<br />
». Elle a retenu quatre projets sur 52 déposés,<br />
dont <strong>de</strong>ux, sur les thèmes « Climat, énergies » et<br />
« Complexité », impliquent le <strong>CEA</strong>. Il s’agit d’analyser<br />
la gouvernance <strong>de</strong>s structures fédératives existantes ou<br />
en rodage, qu’elles soient régionales, nationales, européennes<br />
ou internationales, et <strong>de</strong> proposer <strong>de</strong>s modèles<br />
optimisés, capables <strong>de</strong> fonctionner à l’échelle européenne.<br />
Ces travaux seront utilisés pour la mise en<br />
place <strong>de</strong>s « communautés <strong>de</strong> la connaissance et <strong>de</strong><br />
l’innovation » du futur Institut européen <strong>de</strong> technologie<br />
(EIT en anglais). Une façon <strong>de</strong> parier sur la réussite <strong>de</strong> la<br />
dynamique en cours !<br />
1 - LIST : Laboratoire d’intégration <strong>de</strong>s systèmes et <strong>de</strong>s technologies.<br />
1<br />
2<br />
3<br />
Bâtiment <strong>de</strong> direction du centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>,<br />
signé <strong>de</strong> l’architecte Auguste Perret.<br />
Mesure <strong>de</strong> la teneur atmosphérique en CO 2<br />
au Groenland.<br />
Le Laboratoire Léon Brillouin a une double mission <strong>de</strong> recherche<br />
et d’accueil <strong>de</strong> scientifiques autour <strong>de</strong>s neutrons du réacteur<br />
ORPHEE.<br />
3<br />
17
Vers un écosystème <strong>de</strong> l’innovation<br />
OPÉRATION D’INTÉRÊT NATIONAL (OIN)<br />
UN HAUT NIVEAU<br />
D’EXIGENCE ENVIRONNEMENTALE<br />
Interview <strong>de</strong> David Bérinque,<br />
directeur adjoint <strong>de</strong> la mission <strong>de</strong> préfiguration<br />
<strong>de</strong> l’OIN<br />
<strong>Journal</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong> : Vous avez organisé un concours<br />
d’idées pour l’aménagement du territoire <strong>de</strong> l’OIN<br />
(carte p.6). Pouvez-vous commenter les idées primées <br />
D.B. : Je voudrais commencer par rappeler quelques<br />
critères posés en préambule du concours : le projet<br />
concerne l’ensemble du territoire <strong>de</strong> l’OIN et pas seulement<br />
le Plateau <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>, il doit préserver au moins 2 000<br />
hectares <strong>de</strong> terres agricoles et privilégier un développement<br />
compact à partir <strong>de</strong> l’existant, dans une perspective<br />
<strong>de</strong> développement durable. Le concours était organisé en<br />
thèmes, il n’y a donc pas <strong>de</strong> lauréat majeur.<br />
Les lauréats du 1 er thème, le développement économique<br />
et scientifique, ciblent l’aménagement <strong>de</strong> la bordure méridionale<br />
du Plateau. Avec <strong>de</strong>s questions en suspens : à<br />
quoi ressemble un campus du 21 ème siècle Quelle est la<br />
place <strong>de</strong> l’entreprise dans ce campus Faut-il y intégrer<br />
l’incubateur, les entreprises Comment relier la « business<br />
school » du territoire (HEC) à ce « cœur » scientifique Ces<br />
questions ne sont pas tranchées aujourd’hui.<br />
1<br />
Pour le 2 ème thème, relatif au patrimoine, le jury a voulu<br />
affirmer l’ambition d’un haut niveau d’exigence environnementale.<br />
Outre la construction <strong>de</strong> type HQE 1 , la mise en<br />
place <strong>de</strong> « circuits courts » en est un exemple. Ainsi, la<br />
« rue filtrante » substitue au traitement <strong>de</strong>s eaux <strong>de</strong> pluie<br />
dans <strong>de</strong>s stations distantes une dépollution sur place par<br />
<strong>de</strong>s plantes, situées dans <strong>de</strong>s bassins en bordure <strong>de</strong><br />
voirie. La gestion <strong>de</strong> l’eau est pointée comme un enjeu<br />
majeur. En particulier, la réhabilitation <strong>de</strong>s rigoles, créées<br />
pour l’alimentation en eau du château <strong>de</strong> Versailles, pourrait<br />
être rentable.<br />
Les lauréats du 3 ème thème « qualité <strong>de</strong> vie et formes<br />
urbaines », proposent une extension retenue du tissu<br />
urbain, par <strong>de</strong>nsification <strong>de</strong> l’espace déjà urbanisé, notamment<br />
par la requalification d’anciennes zones industrielles,<br />
et prioritairement autour <strong>de</strong>s gares. L’extension du bâti<br />
peut être contenue en créant <strong>de</strong>s espaces horticoles, à l’interface<br />
entre les espaces urbains et agricoles. Un autre<br />
exemple <strong>de</strong> « circuit court », permettant aux citadins <strong>de</strong><br />
cueillir eux-mêmes leurs fruits et légumes. Par ailleurs, la<br />
question <strong>de</strong>s transports, jugée prioritaire, <strong>de</strong>vra être étayée<br />
par une analyse différenciée suivant les types <strong>de</strong> populations.<br />
Le jury a été déçu par les réponses proposées sur le<br />
thème « image du territoire ». Un lieu <strong>de</strong> vie emblématique,<br />
une stratégie <strong>de</strong> communication commune, <strong>de</strong>vraient<br />
conduire à une i<strong>de</strong>ntification internationale du territoire.<br />
Quel est maintenant le calendrier <strong>de</strong> l’OIN <br />
D.B. : La prochaine étape consiste à transformer la mission<br />
<strong>de</strong> préfiguration <strong>de</strong> l’OIN en GIP 2 . En pratique, sa mise en<br />
place opérationnelle ne sera possible qu’au len<strong>de</strong>main <strong>de</strong>s<br />
élections municipales, fin mars 2008. Des groupes <strong>de</strong><br />
travail sont cependant d’ores et déjà en train d’élaborer le<br />
projet <strong>de</strong> territoire, qui sera prêt début 2009. Une <strong>de</strong>s<br />
priorités du GIP sera d’établir un calendrier <strong>de</strong>s actions les<br />
plus urgentes : installation d’un réseau informatique à très<br />
haut débit, construction d’une « maison » du pôle<br />
SYSTEM@TIC PARIS-REGION, aménagement d’une salle<br />
18
Plateau <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong><br />
Vers un écosystème <strong>de</strong> l’innovation<br />
2<br />
<strong>de</strong> conférences, accueil d’entreprises dans la frange sud<br />
et les Ulis, apportent une contribution importante. L’État,<br />
du Plateau, création <strong>de</strong> logements, etc. Ces arbitrages<br />
via le Contrat <strong>de</strong> plan État-région (CPER), pourra financer<br />
<strong>de</strong>vront tenir compte <strong>de</strong>s projets <strong>de</strong>s municipalités : ZAC à<br />
<strong>de</strong>s équipements, à hauteur <strong>de</strong> 100 millions d’euros. Il<br />
Saint-Quentin-en-Yvelines, logements à côté du campus<br />
faudra également monter <strong>de</strong>s partenariats public – privé<br />
<strong>de</strong> l’X à Palaiseau, aménagement autour <strong>de</strong>s gares à<br />
pour compléter ces recettes.<br />
Massy, etc.<br />
Par la suite, l’action <strong>de</strong> l’OIN <strong>de</strong>vra être évaluée très régulièrement<br />
par rapport à la convention initiale : le développe-<br />
Qui déci<strong>de</strong> et qui finance <br />
ment <strong>de</strong>s logements en particulier pourrait être subordonné<br />
D.B. : La gouvernance du GIP est partagée entre trois<br />
à celui <strong>de</strong>s emplois par exemple. Il est également important<br />
collèges : le premier, constitué <strong>de</strong>s collectivités territoriales<br />
<strong>de</strong> pérenniser l’engagement <strong>de</strong> limiter l’urbanisation.<br />
(État, Région, Départements, communautés d’agglomérations),<br />
pèse pour les 2/3 <strong>de</strong>s voix, le <strong>de</strong>uxième est<br />
Quelles sont les orientations prévues en matière <strong>de</strong><br />
composé <strong>de</strong>s communes et le troisième, <strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong><br />
transports <br />
compétitivité, <strong>de</strong>s établissements <strong>de</strong> recherche et d’ensei-<br />
D.B. : L’approche qui prévaut aujourd’hui étant plutôt celle<br />
gnement supérieur et <strong>de</strong>s associations.<br />
<strong>de</strong> sites multipolaires, à la manière <strong>de</strong> Digiteo, il faut<br />
Un dispositif <strong>de</strong> concertation avec les populations a été<br />
décloisonner <strong>de</strong>s éléments « posés » <strong>de</strong> manière désor-<br />
mis en place, sous la surveillance <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux personnalités<br />
donnée, imaginer <strong>de</strong>s interactions inventives entre ces<br />
indépendantes : Jacques Glowinski, professeur en neuro-<br />
sites. Pourquoi pas avec <strong>de</strong>s « vélib » Le transport en<br />
pharmacologie au Collège <strong>de</strong> France et Lucien<br />
commun en site propre (TCSP) en provenance <strong>de</strong> Massy<br />
Chabasson, haut-fonctionnaire. Les groupes <strong>de</strong> travail en<br />
rentrera sur le campus <strong>de</strong> l’X début 2009. On pourrait<br />
charge du projet sont largement ouverts aux associations.<br />
imaginer que le TCSP traverse aussi le centre <strong>CEA</strong>.<br />
Il faut d’ailleurs noter que <strong>de</strong>s collectifs d’associations <strong>de</strong><br />
Par ailleurs, cette ligne rejoindra, à terme, Saint-Quentin-<br />
protection <strong>de</strong> l’environnement ont répondu au concours<br />
en-Yvelines. L’OIN a <strong>de</strong>mandé la délégation <strong>de</strong> maîtrise<br />
d’idées et qu’au fil du temps, un climat <strong>de</strong> confiance s’ins-<br />
d’ouvrage <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s correspondantes.<br />
taure. Des réunions publiques sont régulièrement organisées.<br />
Si nécessaire, un débat public pourra être ouvert sur<br />
1- HQE : norme <strong>de</strong> construction <strong>de</strong> Haute qualité environnementale.<br />
2 - GIP : Groupement d’intérêt public.<br />
certains points, d’ici un an.<br />
Les communautés d’agglomérations et les communes<br />
implantées en termes <strong>de</strong> pôles d’emplois, comme Vélizy<br />
1<br />
2<br />
Les transports, leur qualité et leur image constituent une question<br />
prioritaire <strong>de</strong> l’aménagement du territoire.<br />
La « rue filtrante » doit permettre <strong>de</strong> dépolluer les eaux <strong>de</strong><br />
pluie par <strong>de</strong>s plantes situées dans <strong>de</strong>s bassins disposés en<br />
bordure <strong>de</strong> voirie.<br />
19
GLOSSAIRE DES NOUVELLES STRUCTURES :<br />
> Agence nationale pour la recherche (ANR) : elle finance la recherche par projet, actuellement à hauteur <strong>de</strong> 10% <strong>de</strong> la dépense<br />
publique <strong>de</strong> recherche. A titre <strong>de</strong> comparaison, la part <strong>de</strong> financement sur projet dans la dépense publique <strong>de</strong> recherche atteint<br />
35% pour la moyenne européenne et 80% aux États-Unis.<br />
> Fondation <strong>de</strong> coopération scientifique : représentation juridique d’un RTRA. Son statut donne au RTRA la souplesse <strong>de</strong> recrutement<br />
et <strong>de</strong> fonctionnement <strong>de</strong> structures privées sans les priver <strong>de</strong> fonds publics.<br />
> Groupement d’intérêt scientifique (GIS) : cette entité permet aux structures candidates au statut <strong>de</strong> RTRA <strong>de</strong> s’organiser <strong>de</strong><br />
manière analogue, sans bénéficier exactement <strong>de</strong>s mêmes avantages.<br />
> Institut Carnot : le laboratoire labélisé reçoit un abon<strong>de</strong>ment proportionnel aux recettes liées aux contrats signés avec les entreprises.<br />
> Pôle <strong>de</strong> compétitivité : sur un même territoire, il regroupe <strong>de</strong>s entreprises, <strong>de</strong>s centres <strong>de</strong> formation, <strong>de</strong>s unités <strong>de</strong> recherche<br />
publiques et privées, autour <strong>de</strong> projets communs <strong>de</strong> développement et d’innovation d’ambition internationale.<br />
> Pôle <strong>de</strong> recherche et d’enseignement supérieur (PRES) : il rassemble <strong>de</strong>s établissements d’enseignement supérieur et <strong>de</strong> recherche<br />
désireux <strong>de</strong> coordonner leurs activités et leurs moyens afin <strong>de</strong> faciliter la réalisation <strong>de</strong> projets <strong>de</strong> recherche et d’enseignement<br />
d’intérêt commun.<br />
> Réseau thématique <strong>de</strong> recherche avancée (RTRA) : il fédère localement plusieurs établissements <strong>de</strong> recherche ou d’enseignement<br />
supérieur, publics et privés, français et européens, en association parfois avec <strong>de</strong>s entreprises ou <strong>de</strong>s collectivités territoriales, pour<br />
<strong>de</strong>s projets <strong>de</strong> niveau international. Les RTRA sont représentés juridiquement par une fondation <strong>de</strong> coopération scientifique.<br />
Actualités<br />
1<br />
NEUROSPIN : PREMIÈRES IMAGES AVEC L’IRM 7 T<br />
L’IRM 7 teslas 1 <strong>de</strong> NeuroSpin 2 a livré ses premières images <strong>de</strong> cerveau humain, d’une qualité remarquable.<br />
Ce système est le premier en France et le quatrième en Europe.<br />
20<br />
Les premières images chez l’homme obtenues avec l’IRM<br />
7 teslas <strong>de</strong> NeuroSpin ont permis d’observer <strong>de</strong> nouveaux<br />
contrastes invisibles à plus bas champ magnétique et <strong>de</strong><br />
révéler <strong>de</strong> nouvelles structures au sein <strong>de</strong>s fibres qui constituent<br />
la matière blanche, ensemble <strong>de</strong>s « câbles » qui<br />
relient les différentes aires cérébrales. Ces nouveaux<br />
contrastes vont faire l’objet <strong>de</strong> recherches dans les mois<br />
à venir. Celles-ci pourraient se traduire par <strong>de</strong>s avancées<br />
concernant les maladies <strong>de</strong> la substance blanche ou la<br />
connectivité cérébrale par exemple.<br />
L’augmentation du champ magnétique <strong>de</strong> 3 à 7 teslas a<br />
permis d’abaisser la résolution spatiale d’un millimètre à<br />
environ 400 microns 3 . Avec <strong>de</strong>s images <strong>de</strong> cette qualité et<br />
le démarrage <strong>de</strong> nouveaux protocoles <strong>de</strong> recherche, les<br />
équipes <strong>de</strong> NeuroSpin espèrent mieux appréhen<strong>de</strong>r le<br />
fonctionnement du cerveau humain et ses pathologies<br />
telles que les maladies neurodégénératives.<br />
1 - Le Tesla (T) est l’unité <strong>de</strong> champ magnétique. Le champ magnétique<br />
terrestre à Paris est égal à 5.10 -5 T.<br />
2 - NeuroSpin est l’une <strong>de</strong>s trois plateformes <strong>de</strong> recherche en imagerie<br />
biomédicale en Île-<strong>de</strong>-France qui composent l’Institut d’imagerie biomédicale<br />
(I 2 BM) du <strong>CEA</strong>.<br />
3 - Micron : millième <strong>de</strong> millimètre.<br />
1 Signalons également que, le 5 décembre 2007, NeuroSpin a<br />
reçu un nouvel IRM à 17T <strong>de</strong>stiné au petit animal.<br />
2 L’IRM 7T, installé <strong>de</strong>puis quelques mois, permet d’ores et<br />
déjà d’obtenir <strong>de</strong>s contrastes inaccessibles à plus bas champ.<br />
Les radiations optiques (rouge) apparaissent ainsi à 7T.<br />
2
Actualités<br />
CRÉATION D’UN INSTITUT DE TECHNICO-ÉCONOMIE DES SYSTÈMES ÉNERGÉTIQUES<br />
ANALYSER NOTRE AVENIR ÉNERGÉTIQUE<br />
Décortiquer la logique économique propre à chaque énergie,<br />
<strong>de</strong>puis la matière première qui en est à l’origine<br />
jusqu’au besoin du consommateur, sans négliger les<br />
supports matériels qui en permettent la distribution<br />
(comme l’électricité ou l’hydrogène) : telle est la mission <strong>de</strong><br />
l’Institut <strong>de</strong> technico-économie <strong>de</strong>s systèmes énergétiques<br />
(I-Tésé), inauguré en juillet 2007.<br />
Cette analyse par « système énergétique » permet <strong>de</strong><br />
comparer entre elles les performances du charbon, <strong>de</strong><br />
l’atome ou du vent.<br />
La présence d’un tel institut au <strong>CEA</strong> est d’autant plus intéressante<br />
que le <strong>CEA</strong> a développé une expertise reconnue<br />
dans <strong>de</strong> nombreuses technologies énergétiques peu<br />
émettrices en gaz à effet <strong>de</strong> serre, au premier rang<br />
<strong>de</strong>squels l’énergie nucléaire, mais aussi le solaire photovoltaïque,<br />
les piles à combustible, la production d’hydrogène<br />
et les biocarburants. Il <strong>de</strong>venait nécessaire d’harmoniser<br />
les métho<strong>de</strong>s d’évaluation <strong>de</strong> chacun <strong>de</strong> ces systèmes.<br />
Comme le souligne Jean-Paul Langlois, directeur <strong>de</strong><br />
l’I-Tésé, la seule performance économique ne suffit plus :<br />
il faut y associer l’impact environnemental, la sécurité<br />
d’approvisionnement et <strong>de</strong> manière plus qualitative, <strong>de</strong>s<br />
considérations socio-économiques ou l’analyse du jeu<br />
<strong>de</strong>s acteurs (producteur, consommateur, etc.).<br />
Rattaché à la Direction <strong>de</strong> l’énergie nucléaire, cet institut<br />
travaille en réseau avec toutes les unités du <strong>CEA</strong> et plus<br />
généralement avec tous les laboratoires publics ou privés 1<br />
s’intéressant à l’économie <strong>de</strong>s systèmes énergétiques.<br />
Cette collaboration s’impose notamment par la masse <strong>de</strong>s<br />
informations à collecter, dans <strong>de</strong>s domaines très diversifiés.<br />
D’ores et déjà, l’institut a pu apporter <strong>de</strong>s réponses aux<br />
questions suivantes. Quel crédit accor<strong>de</strong>r aux différents<br />
scénarios <strong>de</strong> prospective énergétique Comment optimiser<br />
la ressource mondiale d’uranium par un déploiement<br />
adapté <strong>de</strong>s différentes filières nucléaires Comment<br />
évaluer le coût d’une production massive d’hydrogène ou<br />
celui du stockage d’énergies renouvelables, mais intermittentes<br />
<br />
1 - Laboratoires universitaires ou du CNRS, <strong>de</strong> l’IFP, l’INRA ou encore<br />
d’EDF, AREVA, ALSTOM, PSA, Renault, etc., dont <strong>de</strong>s partenaires à<br />
l’étranger (en Suisse, EPFL ou en Finlan<strong>de</strong>, VTT, etc.).<br />
POUR EN SAVOIR PLUS :<br />
L’I-Tésé publie une lettre<br />
trimestrielle qui donne <strong>de</strong>s<br />
clés pour mieux comprendre<br />
les enjeux <strong>de</strong>s débats sur l’avenir<br />
<strong>de</strong> nos approvisionnements<br />
énergétiques. Deux numéros<br />
sont disponibles sur <strong>de</strong>man<strong>de</strong><br />
à l’adresse :<br />
patricia.thibaud@cea.fr.<br />
CATHERINE CESARSKY, ANDRÉ SENTENAC ET MICHEL DEVORET<br />
ÀL’ACADÉMIE DES SCIENCES<br />
C. Cesarsky A. Sentenac<br />
Trois personnalités proches du centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong> ont<br />
été élues le 11 décembre 2007 à l'Académie <strong>de</strong>s sciences :<br />
Catherine Cesarsky, prési<strong>de</strong>nte <strong>de</strong> l’Union Astronomique<br />
et ancienne directrice <strong>de</strong>s sciences <strong>de</strong> la matière au <strong>CEA</strong>,<br />
pour la section « Sciences <strong>de</strong> l'univers », André Sentenac,<br />
directeur <strong>de</strong> recherche émérite au <strong>CEA</strong>, ancien chef du<br />
Département <strong>de</strong> biologie Joliot-Curie (aujourd’hui iBiTec-S)<br />
<strong>de</strong> la Direction <strong>de</strong>s sciences du vivant, pour la section<br />
« Biologie moléculaire et cellulaire, génomique », et<br />
Michel Devoret, chercheur <strong>de</strong> l’Institut rayonnement<br />
matière <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong> (IRAMIS), pour la section « Physique ».<br />
21
Actualités<br />
PRIX NOBEL 2007<br />
CLIMATOLOGUES DE LA PAIX<br />
Al Gore et le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) ont reçu conjointement<br />
le prix Nobel <strong>de</strong> la paix 2007.<br />
JEAN JOUZEL, vice-prési<strong>de</strong>nt du GIEC, directeur <strong>de</strong><br />
l’Institut Pierre-Simon Laplace (IPSL), auquel appartient<br />
le Laboratoire <strong>de</strong>s sciences du climat et <strong>de</strong> l’environnement<br />
(LSCE), a reçu le <strong>Journal</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>. Le<br />
LSCE est un laboratoire mixte <strong>CEA</strong>, CNRS et université<br />
Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines.<br />
<strong>Journal</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong> : Que signifie ce prix à vos yeux <br />
Jean Jouzel : Je voudrais d’abord rappeler que, <strong>de</strong>puis sa<br />
création en 1988, le GIEC a pour mission d’apporter une<br />
expertise sur le rôle <strong>de</strong>s activités humaines dans le changement<br />
climatique. Il comporte trois volets : le premier, lié<br />
à la physique du climat, le <strong>de</strong>uxième, à ses conséquences,<br />
et le troisième, aux mesures à prendre.<br />
Ce prix est donc un prix collectif, partagé entre Al Gore et<br />
l’ensemble <strong>de</strong>s personnes qui ont contribué au GIEC. Il<br />
signifie clairement que le travail effectué par le GIEC a<br />
permis <strong>de</strong> prendre la mesure d’un problème global, qui<br />
nous concerne tous. Nous sommes tous dans le même<br />
bateau ! Ce problème peut être à l’origine d’une collaboration<br />
internationale sans précé<strong>de</strong>nt, autour d’un objectif<br />
vital commun. A l’inverse, il peut être source <strong>de</strong> frictions<br />
entre pays, <strong>de</strong> vagues <strong>de</strong> réfugiés « climatiques », etc.<br />
Quel rôle précis a joué le LSCE <br />
J.J. : Neuf personnes du LSCE ont participé à la rédaction<br />
du 4 ème rapport du GIEC. Neuf auteurs sur 150 : c’est une<br />
contribution importante. Le LSCE, qui va bientôt fêter ses<br />
dix ans, est en effet un <strong>de</strong>s tout premiers laboratoires sur<br />
le climat, avec près <strong>de</strong> 250 chercheurs, ingénieurs et<br />
techniciens. Issu <strong>de</strong> la fusion d’un laboratoire <strong>de</strong> géochimie<br />
isotopique et d’un autre spécialisé dans les faibles<br />
radioactivités, le LSCE possè<strong>de</strong> <strong>de</strong> soli<strong>de</strong>s compétences<br />
en matière <strong>de</strong> mesures isotopiques, qui ont permis <strong>de</strong><br />
développer la connaissance <strong>de</strong>s climats du passé, à partir<br />
d’analyses <strong>de</strong> carottes sédimentaires ou glaciaires, <strong>de</strong><br />
cernes d’arbres, etc. Il a également beaucoup contribué à<br />
l’élaboration du modèle <strong>de</strong> climat <strong>de</strong> l’IPSL. Les chercheurs<br />
du LSCE sont notamment très en avance sur le<br />
couplage entre le climat et le cycle du carbone. Ce modèle<br />
a en particulier montré qu’en 2100, l’augmentation <strong>de</strong> la<br />
température moyenne sur le globe atteindra entre 2 et<br />
4°C, voire plus.<br />
1<br />
Le 5 ème rapport du GIEC <strong>de</strong>vra approfondir les conséquences<br />
<strong>de</strong>s changements climatiques. Le LSCE doit gar<strong>de</strong>r<br />
son « âme » <strong>de</strong> recherche fondamentale sur les climats du<br />
passé, les aérosols, le cycle du carbone. Les ouvertures<br />
sur les énergies qu’apportera le Groupement d’intérêt<br />
22
Actualités<br />
scientifique « Climat, environnement, société » élargiront<br />
les réflexions sur ces questions.<br />
Quel impact pourra avoir l’obtention <strong>de</strong> ce prix <br />
J.J : Nous proposons aux hommes politiques une base<br />
pour prendre <strong>de</strong>s décisions, nous ne leur disons pas ce<br />
qu’ils doivent faire. En 1992, au sommet <strong>de</strong> la Terre à Rio,<br />
le GIEC a mis en place, à l’intention <strong>de</strong>s déci<strong>de</strong>urs, la<br />
convention climat, qui se réunit chaque année <strong>de</strong>puis. Au<br />
départ, il y avait beaucoup <strong>de</strong> scepticisme <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s<br />
politiques et <strong>de</strong> certains grands groupes industriels. La<br />
réussite du GIEC, c’est que son message a finalement été<br />
pris au sérieux et qu’il a été suivi d’effets. Le protocole <strong>de</strong><br />
Kyoto commencera à être réellement mis en œuvre cette<br />
année, jusqu’en 2012.<br />
On se situe aujourd’hui à un tournant. La convention<br />
climat a rendu un avis <strong>de</strong> bon sens : il faut stabiliser l’effet<br />
<strong>de</strong> serre. Sur les huit milliards <strong>de</strong> tonnes <strong>de</strong> CO 2<br />
émises,<br />
seulement 40 % sont actuellement absorbés par les<br />
océans et les autres puits <strong>de</strong> carbone. Si l’on veut stabiliser<br />
le taux <strong>de</strong> CO 2<br />
dans l’atmosphère, il faut que les émissions<br />
plafonnent en-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong>s capacités d’absorption<br />
<strong>de</strong>s « puits » naturels : il faut donc réduire environ d’un<br />
facteur trois nos rejets.<br />
La question est <strong>de</strong> savoir quel objectif on se fixe. L’Europe<br />
avait mis la barre très haut en visant une réduction <strong>de</strong>s<br />
émissions <strong>de</strong> CO 2<br />
permettant <strong>de</strong> limiter le réchauffement<br />
global à <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>grés en 2100. Le consensus actuel cible<br />
plutôt une élévation voisine <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>grés dès 2050.<br />
Cette ambition ne se concrétisera pas sans une division<br />
par <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>s émissions mondiales <strong>de</strong> carbone, c’est le<br />
GIEC qui le dit. C’est déjà très contraignant.<br />
3<br />
Les hommes politiques français ont compris et accepté<br />
cet objectif dès 2004 en visant une division par quatre,<br />
voire cinq, <strong>de</strong>s émissions françaises d’ici à 2050 et en<br />
l’inscrivant dans la loi. On ne peut, en effet, espérer que les<br />
émissions planétaires soient diminuées <strong>de</strong> moitié si les<br />
pays développés n’en font pas plus.<br />
L’Europe a, quant à elle, adopté un objectif intermédiaire,<br />
pour 2020 : diminuer <strong>de</strong> 20 %, voire 30 %, ses émissions<br />
<strong>de</strong> carbone et porter à au moins 20 % la part <strong>de</strong>s énergies<br />
renouvelables dans son bouquet énergétique.<br />
Cet objectif passe-t-il par un renouveau <strong>de</strong> l’industrie<br />
nucléaire <br />
J.J. : Cette industrie, non émettrice <strong>de</strong> carbone, peut en<br />
effet constituer une solution pour certains pays, à condition<br />
qu’elle soit extrêmement transparente et qu’elle<br />
entraîne l’adhésion <strong>de</strong>s populations concernées.<br />
Cependant, la part <strong>de</strong> l’électricité dans la production<br />
énergétique mondiale est <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 20% et elle restera<br />
vraisemblablement à ce niveau, ce qui laisse peu <strong>de</strong> poids<br />
au nucléaire pour influer sur le bilan <strong>de</strong> carbone.<br />
Y a-t-il un décalage entre les conclusions du GIEC et les<br />
avancées scientifiques les plus récentes <br />
J.J. : Le rapport repose sur la science d’il y a un an et<br />
<strong>de</strong>mi. A mon sens, ce n’est pas grave, au contraire, cela<br />
permet <strong>de</strong> prendre du recul.<br />
Il est vrai que les <strong>de</strong>rniers résultats scientifiques ten<strong>de</strong>nt à<br />
montrer que le <strong>de</strong>rnier rapport du GIEC sous-estime<br />
2<br />
23
Actualités<br />
4<br />
l’élévation du niveau <strong>de</strong> la mer. Celle-ci a <strong>de</strong>ux origines :<br />
la dilatation <strong>de</strong>s océans sous l’effet du réchauffement et la<br />
fonte <strong>de</strong>s calottes glaciaires.<br />
Le premier phénomène, bien cerné, aura une contribution<br />
comprise entre 20 et 40 cm sur l’élévation du niveau <strong>de</strong> la<br />
mer, sur le siècle prochain. Il se prolongera longtemps<br />
après la stabilisation <strong>de</strong> la température moyenne. Le<br />
second est bien plus problématique. Au Groenland, les<br />
glaciers « s’écoulent » dans <strong>de</strong>s vallées glaciaires qui<br />
débouchent dans l’océan. Leur vitesse a doublé entre<br />
1995 et 2005, si bien que ces glaciers ont contribué pour<br />
15% à l’élévation constatée ces <strong>de</strong>rnières années<br />
(3 mm/an). Le rapport du GIEC n’a pas tenu compte <strong>de</strong><br />
l’accélération <strong>de</strong> cet écoulement. Auparavant, les glaciers<br />
se prolongeaient par <strong>de</strong>s plateformes avançant dans la<br />
mer, qui freinaient l’écoulement glaciaire. Ce n’est plus le<br />
cas aujourd’hui : <strong>de</strong>s pans entiers <strong>de</strong>s glaciers se détachent<br />
et glissent dans la mer.<br />
5<br />
1 4 5 Les émissions <strong>de</strong> gaz à effet <strong>de</strong> serre dues aux activités<br />
humaines contribuent aux changements climatiques perceptibles<br />
aujourd’hui : réchauffement, désertification, inondations, etc.<br />
2 Véritables archives climatiques, les carottes glaciaires <strong>de</strong><br />
l’Antarctique permettent d’étudier les climats anciens, en<br />
remontant jusqu’à près <strong>de</strong> 750 000 ans.<br />
3 L’analyse détaillée <strong>de</strong>s cernes <strong>de</strong>s arbres fournit <strong>de</strong>s informations<br />
climatiques sur plusieurs centaines d’années.<br />
> NEUF CHERCHEURS ET<br />
PROFESSEURS DU LSCE ONT<br />
PARTICIPÉ COMME AUTEURS<br />
PRINCIPAUX À LA RÉDACTION<br />
DU DERNIER RAPPORT DU GIEC.<br />
Il convient d’associer à ce travail tous les ingénieurs et chercheurs qui<br />
ont contribué à la construction du modèle <strong>de</strong> climat <strong>de</strong> l’IPSL, ainsi<br />
qu’à l’analyse <strong>de</strong>s archives climatiques permettant <strong>de</strong> comprendre<br />
les évolutions passées du climat.<br />
> Pascale Braconnot (<strong>CEA</strong>), spécialiste <strong>de</strong> la modélisation globale<br />
du climat. Elle a notamment coordonné le développement du<br />
modèle <strong>de</strong> climat <strong>de</strong> l'IPSL, qui figure parmi les modèles utilisés dans<br />
le GIEC.<br />
> Philippe Ciais (<strong>CEA</strong>), spécialiste du cycle du carbone global.<br />
Directeur adjoint du LSCE, il coordonne plusieurs projets européens<br />
majeurs sur l'observation <strong>de</strong> la composition atmosphérique et <strong>de</strong>s<br />
gaz à effet <strong>de</strong> serre. Il a participé à l'analyse du rôle du cycle du<br />
carbone dans le changement climatique.<br />
> Jean-Clau<strong>de</strong> Duplessy (CNRS), spécialiste <strong>de</strong> paléoclimatologie,<br />
océanographie et géochimie, et <strong>de</strong> la reconstruction <strong>de</strong>s climats<br />
passés par l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s sédiments marins. Il a participé à la synthèse<br />
<strong>de</strong>s données paléoclimatologiques dans le GIEC.<br />
> Pierre Friedlingstein (CNRS), spécialiste du cycle du carbone, <strong>de</strong><br />
son interaction avec le climat, et <strong>de</strong> sa modélisation. Il a notamment<br />
coordonné les résultats <strong>de</strong> modélisation du GIEC sur l'interaction<br />
entre climat et cycle du carbone.<br />
> Didier Hauglustaine (CNRS), actuellement à la Fondation européenne<br />
<strong>de</strong> la science, spécialiste <strong>de</strong> chimie atmosphérique, <strong>de</strong> la<br />
modélisation <strong>de</strong>s gaz traces dans l'atmosphère et <strong>de</strong> leur lien avec le<br />
climat. Il a participé aux travaux sur le rôle <strong>de</strong> la chimie atmosphérique<br />
dans le changement climatique.<br />
> Jean Jouzel (<strong>CEA</strong>) spécialiste <strong>de</strong> la reconstruction <strong>de</strong>s climats<br />
passés par l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s glaces polaires.<br />
> Laurent Labeyrie, professeur <strong>de</strong> l’université Saint-Quentin-en-<br />
Yvelines, spécialiste <strong>de</strong> paléoclimatologie et océanographe, et <strong>de</strong> la<br />
reconstruction <strong>de</strong>s climats passés et <strong>de</strong> la circulation océanique par<br />
l'analyse <strong>de</strong>s sédiments marins. Il a participé au travail d'édition<br />
scientifique du rapport.<br />
> Valérie Masson-Delmotte (<strong>CEA</strong>), spécialiste <strong>de</strong> paléoclimatologie, et<br />
<strong>de</strong> la reconstruction <strong>de</strong>s climats passés par l'analyse <strong>de</strong>s glaces polaires.<br />
Elle a participé à la synthèse <strong>de</strong>s données paléoclimatologiques dans<br />
le GIEC.<br />
> Michael Schulz (<strong>CEA</strong>) spécialiste <strong>de</strong>s aérosols dans<br />
l’atmosphère, <strong>de</strong> leur chimie, <strong>de</strong> leur lien avec le climat et <strong>de</strong> leur<br />
modélisation. Il a participé à l'analyse du rôle <strong>de</strong>s aérosols dans le<br />
changement climatique.<br />
24
Actualités<br />
ALBERT FERT,<br />
PRIX NOBEL DE PHYSIQUE 2007<br />
Peu après l’annonce <strong>de</strong> son prix Nobel, Albert Fert a accepté <strong>de</strong> répondre à nos questions, au sortir du conseil<br />
scientifique du Service <strong>de</strong> physique <strong>de</strong> l’état con<strong>de</strong>nsé (<strong>CEA</strong>), à l’Orme <strong>de</strong>s merisiers.<br />
ALBERT FERT, professeur à l’Université Paris-Sud 11,<br />
directeur scientifique à l’unité mixte <strong>de</strong> recherche<br />
CNRS/Thales (associée à l’Université Paris-Sud 11).<br />
PETER GRÜNBERG, du centre <strong>de</strong> recherche allemand<br />
<strong>de</strong> Jülich.<br />
<strong>Journal</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong> : Qu’est-ce que la magnétorésistance<br />
géante (ou GMR, sigle anglais) <br />
Albert Fert : La GMR est observée dans <strong>de</strong>s multicouches<br />
magnétiques, films <strong>de</strong> type mille-feuilles, composés,<br />
par exemple, d’empilements <strong>de</strong> couches ultra-fines <strong>de</strong><br />
fer et <strong>de</strong> chrome. À l’état spontané, les couches <strong>de</strong> fer<br />
successives, pour certaines épaisseurs <strong>de</strong> chrome,<br />
présentent <strong>de</strong>s aimantations dans <strong>de</strong>s directions opposées.<br />
Quand un petit champ magnétique aligne les<br />
aimantations, l’effet <strong>de</strong> GMR se manifeste par la baisse<br />
très forte <strong>de</strong> résistance électrique associée à cet aligne-<br />
Effet <strong>de</strong> GMR : la résistance électrique du circuit dépend <strong>de</strong><br />
l’aimantation <strong>de</strong>s couches magnétiques. Aimantations parallèles :<br />
seuls les électrons <strong>de</strong> spin up traversent les couches avec une<br />
faible résistance. Aimantations opposées : tous les électrons<br />
rencontrent une très forte résistance.<br />
ment <strong>de</strong>s aimantations. On a appelé ce phénomène «<br />
magnétorésistance géante ». Les conséquences ont<br />
été, d’une part, <strong>de</strong>s applications, dans les têtes <strong>de</strong><br />
lecture <strong>de</strong>s disques durs par exemple, et d’autre part,<br />
l’ouverture <strong>de</strong> ce champ <strong>de</strong> recherches qui s’appelle<br />
maintenant la spintronique. C’est un type d’électronique<br />
qui utilise non seulement la charge <strong>de</strong> l’électron mais<br />
aussi son spin 1 .<br />
Pouvez-vous nous raconter la genèse <strong>de</strong> votre découverte<br />
<strong>de</strong> la GMR <br />
A.F. : En fait, la GMR est une étape sur un long chemin qui<br />
a ensuite débouché sur un domaine bien plus vaste : la<br />
spintronique. Cette longue histoire a commencé par <strong>de</strong>s<br />
recherches purement fondamentales. Vers 1970, nous<br />
avons pu montrer expérimentalement qu’on pouvait obtenir<br />
<strong>de</strong> très fortes différences <strong>de</strong> mobilité <strong>de</strong>s électrons dans<br />
un matériau magnétique, selon que leur spin était parallèle<br />
à l’aimantation ou dans la direction opposée. Sir Neville<br />
Mott 2 l’avait suggéré auparavant mais il restait à le prouver.<br />
Cette propriété est à la base <strong>de</strong> toute la spintronique,<br />
GMR comprise. Cependant, à cette époque-là, il était<br />
25
Actualités<br />
1<br />
impossible <strong>de</strong> concrétiser les idées <strong>de</strong> GMR, même si<br />
certains préconcepts existaient dans notre travail, parce que<br />
cela supposait <strong>de</strong> fabriquer <strong>de</strong>s multicouches magnétiques,<br />
avec <strong>de</strong>s couches épaisses <strong>de</strong> quelques nanomètres 3 . Ces<br />
idées ont été mises au frigidaire. Et ensuite, dans les<br />
années 80, est venue la rencontre entre ces idées et le<br />
développement <strong>de</strong> nouvelles technologies <strong>de</strong> dépôts <strong>de</strong><br />
couches très fines, issues <strong>de</strong> la micro-électronique. De<br />
cette rencontre entre physique fondamentale et progrès<br />
technologique est née la découverte <strong>de</strong> la GMR.<br />
mais je pense qu’un physicien doit<br />
connaître aussi les préoccupations<br />
<strong>de</strong> la société et celles <strong>de</strong>s industriels.<br />
Actuellement, dans mon équipe,<br />
nous sommes très intéressés par <strong>de</strong>s effets <strong>de</strong> transferts<br />
<strong>de</strong> spin dont on entrevoit <strong>de</strong> prometteuses applications à la<br />
génération d’on<strong>de</strong>s hyperfréquences, pour les télécommunications<br />
ou les métiers <strong>de</strong> défense <strong>de</strong> Thales. Dès qu’on aperçoit, dans un<br />
nouveau paysage <strong>de</strong> connaissances, un effet attractif pour <strong>de</strong>s applications,<br />
on « vole » dans cette direction-là et on dépose un brevet.<br />
À la lumière <strong>de</strong> cette formidable aventure, comment<br />
voyez-vous l’articulation entre recherche fondamentale<br />
et valorisation industrielle <br />
A.F. : Je vis cela au jour le jour puisque moi-même, je<br />
travaille dans une unité commune au CNRS et à Thales.<br />
Notre démarche est celle <strong>de</strong> la recherche fondamentale<br />
Quelles idées souhaitez-vous défendre avec la notoriété que vous<br />
confère le prix Nobel <br />
A.F. : J’ai envie <strong>de</strong> défendre mes idées sur l’organisation <strong>de</strong> la recherche<br />
et l’enseignement supérieur dans notre pays car je connais le<br />
métier, je sais aussi ce qui se passe dans les autres pays. Il faut une<br />
coordination <strong>de</strong>s recherches à l’échelle nationale et européenne.<br />
UNE COMMUNAUTÉ<br />
DE CHERCHEURS<br />
EN SPINTRONIQUE<br />
Depuis plus <strong>de</strong> dix ans, <strong>de</strong>s chercheurs du centre<br />
<strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>, <strong>de</strong> l’Institut d’électronique fondamentale<br />
(CNRS), du Laboratoire <strong>de</strong> physique <strong>de</strong>s soli<strong>de</strong>s<br />
(CNRS) et <strong>de</strong> l’unité mixte CNRS-Thales<br />
collaborent en voisins.<br />
En 1997, l’unité d’Albert Fert et <strong>de</strong>s chercheurs du<br />
<strong>CEA</strong> produisaient un record mondial : un effet <strong>de</strong><br />
magnétorésistance tunnel (TMR) dans <strong>de</strong>s matériaux<br />
<strong>de</strong>mi-métalliques 1 . D’autres travaux ont suivi…<br />
> LES « MULTIFERROÏQUES » 2<br />
Les matériaux « multiferroïques » (comme l’oxy<strong>de</strong> <strong>de</strong> bismuth et <strong>de</strong><br />
fer : BiFeO 3<br />
) se définissent par le cumul <strong>de</strong> propriétés électriques et<br />
magnétiques habituellement disjointes 3 . En couplant ces propriétés<br />
dans <strong>de</strong>s multicouches ultra-minces, il est possible <strong>de</strong> contrôler un<br />
état magnétique grâce à un champ électrique et non plus seulement<br />
grâce à un courant. C’est une avancée décisive parce qu’à la différence<br />
d’un courant, un champ électrique (en pratique, une tension<br />
électrique) ne provoque aucun échauffement. Ces matériaux pourraient<br />
être utilisés avantageusement dans <strong>de</strong>s mémoires MRAM,<br />
non volatiles et peu gourman<strong>de</strong>s en énergie.<br />
Collaborant sur <strong>de</strong>s matériaux i<strong>de</strong>ntiques, l’équipe <strong>de</strong> Dorothée<br />
Colson, Michel Viret et Delphine Lebeugle, fabrique à <strong>Saclay</strong> <strong>de</strong>s<br />
monocristaux <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 50 micromètres (millièmes <strong>de</strong> mm) tandis<br />
que celle d’Albert Fert dépose <strong>de</strong>s couches ultraminces, d’une épaisseur<br />
<strong>de</strong> 50 à 500 nanomètres (millionièmes <strong>de</strong> mm). L’étu<strong>de</strong> comparée<br />
<strong>de</strong> ces échantillons met en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s différences <strong>de</strong> comportements.<br />
Les chercheurs espèrent comprendre le basculement <strong>de</strong> ces<br />
propriétés en fonction <strong>de</strong> la dimension. L’équipe <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> Michel Viret<br />
effectue <strong>de</strong>s mesures électriques et magnétiques, et <strong>de</strong>s analyses par<br />
neutrons au Laboratoire Léon Brillouin 4 .<br />
26
Actualités<br />
Ce travail doit être confié aux organismes comme le<br />
CNRS, l’INSERM et le <strong>CEA</strong>, qui élaborent une stratégie<br />
scientifique et coordonnent les moyens, en particulier<br />
dans le domaine <strong>de</strong>s pôles <strong>de</strong> technologie et <strong>de</strong>s grands<br />
instruments. Les agences <strong>de</strong> financement sur projets <strong>de</strong><br />
court terme, comme l’ANR, ont aussi un rôle important à<br />
jouer mais différent et complémentaire <strong>de</strong> celui du CNRS.<br />
1 - Spin : le moment magnétique porté ici par l’électron.<br />
2 - Prix Nobel <strong>de</strong> physique en 1977.<br />
3 - Nanomètre : milliardième <strong>de</strong> mètre.<br />
2<br />
1<br />
L’effet <strong>de</strong> GMR est utilisé dans les têtes <strong>de</strong> lecture <strong>de</strong>s disques<br />
durs <strong>de</strong>s ordinateurs.<br />
2 L’équipement <strong>de</strong> microlithographie <strong>de</strong> l’unité mixte <strong>de</strong><br />
physique CNRS Thales permet <strong>de</strong> fabriquer un grand nombre <strong>de</strong><br />
jonctions tunnel magnétiques (croix jaunes), qui sont utilisées en<br />
électronique <strong>de</strong> spin.<br />
> LE FILTRAGE DE SPIN 5<br />
> L’ÉMISSION HYPERFRÉQUENCE<br />
PAR COURANTS FORTS 7<br />
Comment obtenir un courant dont tous les électrons ont<br />
les spins alignés Une métho<strong>de</strong> consiste à utiliser une<br />
barrière tunnel 6 magnétique pour sélectionner les électrons<br />
ayant la même orientation <strong>de</strong> spin : c’est le concept <strong>de</strong><br />
« filtrage <strong>de</strong> spin ». Etant donné le caractère magnétique<br />
<strong>de</strong> la barrière tunnel, les électrons sont transmis<br />
différemment selon leur spin. Pour mesurer l’efficacité du<br />
filtrage <strong>de</strong> spin obtenu, une métho<strong>de</strong> consiste à<br />
redéposer une couche magnétique sur la barrière tunnel<br />
magnétique et à effectuer une mesure <strong>de</strong> TMR au sein <strong>de</strong><br />
la multicouche ainsi constituée. Selon le champ magnétique<br />
appliqué, la configuration <strong>de</strong>s aimantations <strong>de</strong>s<br />
<strong>de</strong>ux couches magnétiques est modifiée, ce qui permet<br />
<strong>de</strong> choisir l’orientation <strong>de</strong>s spins sélectionnés.<br />
Une équipe du <strong>CEA</strong> (Ana Ramos, Marie-Joseph Guittet,<br />
Jean-Baptiste Moussy) est spécialisée dans la croissance<br />
<strong>de</strong> multicouches <strong>de</strong> matériaux ferromagnétiques particulièrement<br />
performants, comme les oxy<strong>de</strong>s <strong>de</strong> fer et <strong>de</strong><br />
cobalt. Les caractérisations structurale, chimique et<br />
magnétique <strong>de</strong> ces empilements sont effectuées au laboratoire,<br />
à <strong>Saclay</strong>. À partir <strong>de</strong> ces systèmes, les structures<br />
adaptées à la mesure du filtrage <strong>de</strong> spin sont fabriquées<br />
par lithographie par l’équipe d’Albert Fert. Les mesures<br />
<strong>de</strong> TMR, qui permettent la mise en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> l’effet<br />
recherché, sont également effectuées à Palaiseau, en<br />
tan<strong>de</strong>m avec <strong>de</strong>s chercheurs <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux laboratoires.<br />
Ci-contre : réacteur permettant <strong>de</strong> fabriquer <strong>de</strong>s structures<br />
magnétiques en mille-feuilles, <strong>de</strong> l’unité CNRS Thales.<br />
Si on applique un courant extrêmement fort à un « millefeuilles<br />
» <strong>de</strong> GMR, on observe un effet <strong>de</strong> rotation (ou<br />
« précession ») <strong>de</strong> l’aimantation à l’intérieur <strong>de</strong>s couches<br />
magnétiques. Il en résulte une émission d’on<strong>de</strong>s hyperfréquences<br />
<strong>de</strong> qualité remarquable : un effet découvert il y a <strong>de</strong>ux ans.<br />
Les chercheurs travaillent en réalité avec <strong>de</strong>s « piliers » <strong>de</strong><br />
petite section et non avec <strong>de</strong>s multicouches étendues. Ces<br />
piliers sont fabriqués par l’équipe d’Albert Fert, particulièrement<br />
bien équipée en matière <strong>de</strong> lithographie. C’est le microscope à<br />
force magnétique <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>, un instrument unique mis au point<br />
par Olivier Klein, qui permet <strong>de</strong> mettre en évi<strong>de</strong>nce les on<strong>de</strong>s<br />
hyperfréquences (quelques gigahertz). La son<strong>de</strong> du microscope<br />
est une sphère magnétique d’un micromètre <strong>de</strong> diamètre, sensible<br />
à la variation d’aimantation induite par le courant fort.<br />
Il est possible <strong>de</strong> produire un effet analogue en appliquant un<br />
champ magnétique, modulé par <strong>de</strong>s radiofréquences, mais le<br />
résultat est qualitativement très différent. Avec les courants<br />
forts, l’émission est d’une pureté spectrale incomparable : sa<br />
fréquence dépend du courant et <strong>de</strong> la structure. Ces émetteurs<br />
sont très prometteurs, pour les télécommunications notamment.<br />
1 - Matériaux <strong>de</strong>mi-métalliques : ils se caractérisent par une conduction<br />
électrique assurée par une seule direction <strong>de</strong> spin, ce qui optimise la<br />
magnétorésistance.<br />
2 - Projet soutenu par l’ANR.<br />
3 - Ils sont à la fois ferroélectriques et anti-ferromagnétiques.<br />
4 - Les neutrons du Laboratoire Léon Brillouin sont produits par le réacteur<br />
nucléaire expérimental ORPHÉE, du centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>.<br />
5 - Projet financé par la région Île-<strong>de</strong>-France (CNano).<br />
6 - Barrière tunnel : les électrons franchissent cette « barrière » par effet<br />
tunnel, un effet qui s’explique dans le cadre <strong>de</strong> la mécanique quantique.<br />
7 - Projet européen, financé également par l’ANR.<br />
27
INTERPRÉTER DES SIGNAUX SISMIQUES<br />
Des réseaux <strong>de</strong> capteurs sismiques, distribués à travers le<br />
mon<strong>de</strong> entier, enregistrent toutes les vibrations secouant<br />
notre planète. En France, le Département analyse,<br />
surveillance, environnement (DASE), au centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong><br />
Bruyères-le-Châtel, a une mission <strong>de</strong> surveillance 24<br />
heures sur 24 afin d’alerter les autorités gouvernementales<br />
en cas <strong>de</strong> fort séisme. Les géophysiciens doivent donc<br />
interpréter, rapi<strong>de</strong>ment et en temps réel, un ensemble <strong>de</strong><br />
signaux complexes, <strong>de</strong> diverses provenances. En cas <strong>de</strong><br />
séisme, les on<strong>de</strong>s se propagent suivant <strong>de</strong>s trajets variés,<br />
<strong>de</strong>puis la source jusqu’à la station <strong>de</strong> mesure. Chaque<br />
capteur sismique reçoit donc un signal composite<br />
comportant plusieurs « bouffées » d’énergie <strong>de</strong> durées<br />
variables, se chiffrant en secon<strong>de</strong>s ou en minutes.<br />
Le Laboratoire intelligence multi-capteurs et apprentissage<br />
du LIST 1 , à <strong>Saclay</strong>, a appliqué avec succès <strong>de</strong>s outils<br />
mathématiques d’apprentissage automatique à l’analyse<br />
<strong>de</strong> ces signaux. Il s’agit, en particulier, <strong>de</strong> reconnaître<br />
automatiquement certaines phases sismiques, dans le but<br />
<strong>de</strong> mieux contraindre le processus <strong>de</strong> localisation automatique<br />
du séisme. La métho<strong>de</strong> est en cours <strong>de</strong> validation à<br />
Bruyères-le-Châtel et <strong>de</strong>vrait être intégrée au système opérationnel<br />
<strong>de</strong> surveillance d’ici un à <strong>de</strong>ux ans. Elle offrira davantage<br />
<strong>de</strong> fiabilité dans le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> surveillance automatisé.<br />
L’expertise développée dans ce cadre est également mise<br />
au service d’autres applications. L’équipe du LIST travaille<br />
notamment sur l’analyse automatique <strong>de</strong> signaux<br />
cardiaques et cérébraux afin <strong>de</strong> développer <strong>de</strong>s outils<br />
d’ai<strong>de</strong> à la décision pour les mé<strong>de</strong>cins. Elle exploite également<br />
<strong>de</strong>s techniques d’intelligence artificielle dans le<br />
domaine <strong>de</strong> l’industrie et <strong>de</strong> la finance.<br />
1: Laboratoire d’intégration <strong>de</strong>s systèmes et <strong>de</strong>s technologies<br />
CONFÉRENCE CYCLOPE MARDI 18 MARS 2008<br />
MAIS OÙ SONT LES ATOMES DISPARUS <br />
Par Marcel Jacquemet, Directeur adjoint du Ganil, et Philippe Chomaz, physicien au Ganil (<strong>CEA</strong>-CNRS, Caen)<br />
Du Big Bang et autres chaudrons cosmiques sont nés<br />
<strong>de</strong>s milliers <strong>de</strong> sortes d’atomes. Pourquoi n’en connaîton<br />
que 291 aujourd’hui Que nous cache la matière <br />
Quelles sont les lois qui régissent l’existence <strong>de</strong>s<br />
atomes Pour répondre à ces questions, les physiciens<br />
interrogent la matière : dans <strong>de</strong> grands accélérateurs<br />
<strong>de</strong> particules, ils créent <strong>de</strong>s sortes d’atomes<br />
« exotiques » qui n’existent pas à l’état naturel sur la<br />
Terre. Ils décrivent ainsi un bestiaire nucléaire, collectionnant<br />
<strong>de</strong>s halos <strong>de</strong> neutrons et <strong>de</strong> protons, <strong>de</strong>s<br />
noyaux en forme <strong>de</strong> soucoupe volante ou d’autres<br />
aussi riches en neutrons que les étoiles à neutrons. Ils<br />
ont déjà près <strong>de</strong> 2 000 espèces à leur tableau <strong>de</strong><br />
chasse. Manipulant ces infimes composants <strong>de</strong> matière,<br />
que nous apprennent-ils sur les atomes qui nous composent<br />
Sur le creuset <strong>de</strong> leur origine Comment les<br />
noyaux, si minuscules, gouvernent-ils les astres C’est<br />
là que commence le questionnement sur l’origine <strong>de</strong><br />
l’Univers.<br />
Ces travaux sont notamment menés au Ganil, le Grand<br />
accélérateur national d’ions lourds, à Caen, qui est une<br />
antenne du centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>.<br />
Marcel Jacquemet, Directeur adjoint du Ganil, présentera<br />
cet équipement et le projet Spiral 2.<br />
Philippe Chomaz est physicien, spécialiste <strong>de</strong>s noyaux<br />
d’atomes au Ganil. Il est aussi, notamment, l’inventeur<br />
<strong>de</strong>s Bars <strong>de</strong>s sciences. Il a reçu le prix Jean Perrin <strong>de</strong> la<br />
culture scientifique en 2001 et a écrit en 2004 un<br />
roman scientifique « Des Séquoias dans les étoiles ».<br />
Renseignements pratiques :<br />
Accès : ouvert à tous, entrée gratuite<br />
Lieu : Institut national <strong>de</strong>s sciences et techniques nucléaires, <strong>Saclay</strong> (voir plan)<br />
Horaire : 20 heures<br />
Organisation/renseignements : Centre <strong>CEA</strong> <strong>de</strong> <strong>Saclay</strong>, Unité communication<br />
Tél : 01 69 08 52 10<br />
Adresse postale : 91191 Gif-sur-Yvette Ce<strong>de</strong>x