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pax<br />
tannlitdlmùzag<br />
ووفاق سالم<br />
concordia<br />
Revue de l’Eglise catholique d’Algérie<br />
regard :<br />
Quoi de neuf dans <strong>la</strong> littérature algérienne <br />
dialogue :<br />
Gospel Encounters in a Muslim Land<br />
dossier :<br />
Prêtres pour l’Algérie<br />
troisième trimestre 2010 - n°3
SOMMAIRE<br />
03 Editorial et mot de <strong>la</strong> rédaction<br />
05 Eglise universelle<br />
Mkombozi Bank, Afrique monothéiste, Synode<br />
Moyen-Orient, Chrétiens expulsés du Maroc ,<br />
Universités catholiques en Afrique<br />
07 Regard sur l’Algérie<br />
Panorama sur <strong>la</strong> littérature contemporaine<br />
10 Dialogue<br />
Gospel Encounters in a Muslim Land<br />
13 Dossier<br />
Prêtres pour l’Algérie<br />
21 Dialogue (suite)<br />
Dialogue interreligieux en Suisse<br />
23 Actualité des diocèses<br />
Pélé au désert, à Tibhirine et à Santa Cruz,<br />
journées diocésaines<br />
26 Des livres à lire<br />
B. Janicot, G. Piroird, J. Keryell, M. Bey<br />
28 Trois mois en bref<br />
29 Méditation<br />
30 Informations<br />
Et le cardinal Duval Et les<br />
années noires <br />
Plusieurs personnes ont réagi,<br />
oralement ou par écrit, au dossier<br />
du n°1. Par exemple, Madame<br />
Mahfouf, d’Alger, écrit : Le dossier témoigne d’une<br />
remarquable puissance de synthèse. Résumer des siècles en<br />
peu de pages n’est pas évident. Mais à qui s’adresse ce travail<br />
impersonnel (…) N’aurait-il pas fallu évoquer le cardinal<br />
Duval et son action lucide et courageuse (pendant <strong>la</strong> lutte<br />
pour l’indépendance) <br />
Dans le même sens, d’autres ont regretté qu’il soit fait<br />
mention si rapidement des années noires (ou rouges !),<br />
où les<br />
pax<br />
liens avec le peuple algérien se sont renforcés<br />
dans une solidarité vécue concordia intensément, parfois jusqu’à <strong>la</strong><br />
mort pour dix-neuf d’entre nous !<br />
Et les juifs <br />
De son côté, Laurent Bercher, d’Annaba, regrette que le<br />
dossier du n°1 ait passé sous silence <strong>la</strong> présence attestée<br />
d’une communauté juive enracinée dans cette Berbérie -qui<br />
deviendra l’Algérie- depuis le XIe siècle av. J.-C., dès <strong>la</strong> fondation<br />
des comptoirs phéniciens. Cette présence s’est renforcée avec<br />
l’arrivée d’une diaspora juive fuyant le despotisme de Sisac<br />
1 er (empereur égyptien 950 av. J.-C.) et à <strong>la</strong> destruction de<br />
Jérusalem et du Temple par Titus en 70.<br />
L’histoire atteste l’existence de tribus berbères judaïsées dont<br />
l’une, dirigée par une femme des Aurès, <strong>la</strong> Kahina, s’oppose<br />
les armes à <strong>la</strong> main à <strong>la</strong> conquête arabe en fin du VIIe siècle.<br />
Avec les conquérants arabes arrivent aussi des juifs yéménites,<br />
syriens, irakiens. La conversion des berbères à l’is<strong>la</strong>m a diminué<br />
l’influence du judaïsme, sans <strong>la</strong> supprimer. Les communautés<br />
juives traversent cinq siècles d’is<strong>la</strong>misation sans disparaître<br />
puis vont accueillir des juifs d’Espagne expulsés, comme<br />
les Maures andalous, après <strong>la</strong> chute de Grenade en 1492.<br />
Durant <strong>la</strong> Régence turque, des juifs livournais (Italie) encore<br />
appelés «Juifs Francs» (francisés, bénéficiant de <strong>la</strong> protection<br />
du Consul de France) s’installent dans les villes du littoral<br />
pour participer aux échanges commerciaux entre l’Afrique<br />
et l’Europe. L’existence de cette communauté profondément<br />
enracinée dans le pays, de <strong>la</strong>ngue arabe mais aux traditions<br />
cultuelles conservées dans le domaine familial et privé, va<br />
être bouleversée par <strong>la</strong> colonisation française. En 1830, les<br />
juifs d’Algérie sont 25000 dans tout le pays (…). La plupart<br />
très pauvres. Par contre les «Juifs Francs» jouissent de toutes<br />
les prérogatives des Européens et, avec les descendants de<br />
<strong>la</strong> grande bourgeoisie andalouse, sont concentrés dans les<br />
grands centres urbains de <strong>la</strong> côte, comme Alger et Oran.<br />
L. Bercher nous signale à ce propos le récent livre de<br />
Benjamin Stora, Les trois exils : Juifs d’Algérie (Fayard/<br />
Pluriel, 2008), d’où il reprend un certain nombre<br />
d’informations.<br />
Engagé !<br />
Dans le numéro 2, le dossier sur les migrants a été<br />
très apprécié. D’autres réagissent plus globalement<br />
comme Damien de Préville d’Alger : Merci. Je viens de<br />
lire intégralement ce numéro, ce qui ne m’arrive jamais. Je<br />
suis touché par <strong>la</strong> dimension engagée de cette publication :<br />
Bravo !
«Marie Oranie»<br />
ÉDITO<br />
Mgr Alphonse<br />
Georger<br />
Evêque d’Oran<br />
ourquoi ce titre de l’éditorial du troisième numéro de <strong>la</strong> nouvelle<br />
<strong>revue</strong> Pax et Concordia C’est <strong>la</strong> question qu’on peut se<br />
P<br />
poser !<br />
Le sanctuaire marial de Notre-Dame du Salut de Santa Cruz domine<br />
<strong>la</strong> ville d’Oran. De partout et de très loin, on le voit. Qu’on<br />
arrive par route, par bateau ou par avion, il se présente à nos<br />
regards sauf si les nuages de <strong>la</strong> mer couvrent le sommet de <strong>la</strong> montagne du<br />
Murjajo. Toutes les cartes postales qui veulent montrer l’ensemble de <strong>la</strong> ville<br />
d’Oran sont prises de là haut, avec en premier p<strong>la</strong>n <strong>la</strong> tour en pierre surmontée<br />
de <strong>la</strong> statue de Marie.<br />
Le diocèse de Constantine est fier de présenter <strong>la</strong> basilique de Saint Augustin,<br />
celui d’Alger <strong>la</strong> basilique de Notre Dame d’ Afrique.<br />
Le sanctuaire marial d’Oran est plus modeste. L’histoire de sa construction, en<br />
reconnaissance du « miracle de <strong>la</strong> pluie » qui arrêta le fléau du choléra en 1849,<br />
a été racontée dans plusieurs numéros du Lien. Ce sanctuaire a le privilège<br />
d’avoir été béni en 1850 par Mgr Pavy, évêque d’Alger, le même qui entreprit<br />
quelques années plus tard <strong>la</strong> construction de Notre Dame d’Afrique, inaugurée<br />
en 1872 par son successeur Mgr Lavigerie, premier archevêque d’Alger.<br />
Quant au premier évêque d’Oran Mgr Callot, nommé en 1866, il rêvait de remp<strong>la</strong>cer<br />
le petit sanctuaire par une grande basilique. Faute de moyens (<strong>la</strong> guerre<br />
de 1870), il ne put construire que <strong>la</strong> tour en belles pierres de taille qui existe<br />
encore. Cent ans plus tard, tout le site fut réaménagé pour accueillir les dizaines<br />
de milliers de pèlerins, et une église remp<strong>la</strong>ça <strong>la</strong> chapelle.<br />
Mgr Callot aimait beaucoup Marie, et avait même prévu de construire une<br />
grande église en l’honneur de <strong>la</strong> Vierge, dans le nouveau quartier de Saint-Eugène.<br />
Là aussi, faute de moyens, seul le presbytère fut réalisé et servira d’église<br />
paroissiale pendant plus de cent ans. Et maintenant, <strong>la</strong> petite cathédrale qui se<br />
trouve au même emp<strong>la</strong>cement fait peau neuve. Elle est toujours consacrée à<br />
« Sainte Marie » <strong>la</strong> mère de Jésus. Il y a donc continuité dans <strong>la</strong> vénération de<br />
Marie dans le diocèse d’Oran que ses premiers pasteurs lui ont consacré. Et<br />
ce<strong>la</strong> est très bien ainsi.<br />
Dans l’Évangile et dans le Coran de très belles pages, de très beaux versets lui<br />
sont consacrés. Marie est vénérée dans l’Is<strong>la</strong>m et dans le Christianisme : elle est<br />
une passerelle sur le chemin du dialogue dans le rapprochement d’une connaissance<br />
et d’une estime réciproques, une passerelle dans le rapprochement des<br />
cœurs au-delà des divergences et des conflits souvent exploités pour semer <strong>la</strong><br />
discorde. Le gouvernement libanais a eu l’heureuse initiative d’instaurer une<br />
fête nationale chômée, commune is<strong>la</strong>mo-chrétienne, le 25 mars, fête de l’Annonciation.<br />
Des personnalités musulmanes sont à l’origine de cette initiative,<br />
3
ÉDITO<br />
elles ont eu le soutien de personnalités étrangères<br />
dont certaines de <strong>la</strong> prestigieuse université d’Al-<br />
Azhar.<br />
Je me mets à rêver : nos sanctuaires dédiés à Marie<br />
ne continuent-ils pas à créer et à développer ce<br />
climat de respect réciproque dans nos différences<br />
légitimes Les bougies qui s’y consument souvent<br />
ne sont-elles pas le symbole de <strong>la</strong> foi confiante<br />
dans les prières qui montent vers le Dieu des miséricordes,<br />
vers le Dieu d’Amour Pour le chrétien,<br />
Marie n’est-elle pas celle qui a réalisé totalement<br />
<strong>la</strong> volonté de Dieu, celle qui s’est livrée<br />
entièrement à son Amour Dans le Coran et ses<br />
commentaires on trouve une admiration sans bornes<br />
pour <strong>la</strong> figure de Marie, mère de Jésus et toujours<br />
vierge.<br />
Le premier numéro de « Pax et Concordia », sorti<br />
au temps de Noël, a fait le parallèle entre <strong>la</strong> naissance<br />
de Jésus et <strong>la</strong> parution du bulletin interdiocésain.<br />
Le deuxième numéro a chanté l’Amour de<br />
Dieu dans le cœur d’un grand chrétien de l’Algérie<br />
du quatrième siècle, saint Augustin, qui a de très<br />
belles pages sur <strong>la</strong> figure et le rôle de Marie ; à son<br />
époque, on <strong>la</strong> vénérait déjà dans l’Église universelle.<br />
Les bas-reliefs de Carthage, représentant Marie<br />
avec l’Enfant dans ses bras, en font foi.<br />
Ce troisième numéro voudrait souligner l’Amour<br />
de Dieu pour Marie, l’amour de Marie pour Dieu<br />
et pour tous les hommes. Ne porte-t-elle pas le<br />
titre de « mère du Bel Amour » <br />
Un cantique plus que sécu<strong>la</strong>ire chante <strong>la</strong> beauté de<br />
l’Oranie. Les anciens oranais quand ils reviennent<br />
au sanctuaire de Santa Cruz, prier pour <strong>la</strong> paix dans<br />
le monde, pour les ma<strong>la</strong>des, pour les vivants et les<br />
morts chantent à tue-tête le cantique en versant<br />
parfois des <strong>la</strong>rmes de piété. Les nombreuses strophes<br />
sont entrecoupées par ce refrain :<br />
« Oh Vierge Immaculée<br />
ton Oranie aimée<br />
vers <strong>la</strong> voûte étoilée<br />
jusqu’au sein de ta cour<br />
jette ce cri du cœur :<br />
Amour, amour, amour… »<br />
+ Alphonse Georger<br />
4<br />
Mot de <strong>la</strong> rédaction<br />
Voici le n°3 ! Après deux premiers numéros de<br />
<strong>la</strong>ncement, venait le temps des abonnements.<br />
Votre première réponse est encourageante puisque<br />
plus de cinq cent d’entre vous ont déjà souscrit un<br />
abonnement. Merci de votre confiance. N’hésitez<br />
pas à nous communiquer les coordonnées d’amis<br />
susceptibles d’être intéressés.<br />
Ce numéro comporte deux nouveautés : une<br />
nouvelle rubrique et une nouvelle <strong>la</strong>ngue !<br />
L’article de notre ami Martin McGee, publié dans<br />
sa version originale, outre son intérêt propre, est<br />
une occasion de saluer une partie de nos lecteurs<br />
qui ne lit pas facilement le français, ni l’arabe ni<br />
le berbère. L’auteur observe ce que vit l’Eglise<br />
d’Algérie malgré les diverses épreuves qu’elle<br />
a traversées. En particulier, il a été frappé à <strong>la</strong><br />
lecture des bulletins diocésains par l’écho qui y est<br />
donné de quelques rencontres. L’Eglise d’Algérie<br />
parle de « sacrement de <strong>la</strong> rencontre » pour rendre<br />
compte de l’expérience de Dieu faite au cœur de<br />
certaines rencontres entre chrétiens et musulmans.<br />
Cette dénomination, réfléchie avec le théologien<br />
Christoph Theobald, fait écho aux rencontres dans<br />
les évangiles, particulièrement en Galilée, où se<br />
manifestent <strong>la</strong> présence et l’amour sauveur de<br />
Dieu à des juifs et à des païens qui ne deviendront<br />
pas nécessairement les disciples de Jésus, mais<br />
seront pourtant profondément transformés par<br />
cette rencontre. L’auteur appuie son propos sur un<br />
témoignage donné lors de <strong>la</strong> messe d’ordination<br />
épiscopale de Mgr Desfarges, une rencontre<br />
autour d’un gâteau d’anniversaire à Oran, et les<br />
événements vécus autour du décès du Frère Xavier<br />
à Béni Abbès. Pour lui qui vit en Angleterre, ces<br />
témoignages stimulent tous ceux qui sont engagés<br />
dans <strong>la</strong> rencontre interreligieuse, notamment en<br />
Europe où se développe <strong>la</strong> présence musulmane.<br />
La rubrique « Trois mois en bref », suggérée<br />
par quelques lecteurs, et pour <strong>la</strong>quelle nous<br />
remercions les amis d’Annaba, cherche à retenir<br />
quelques faits qui ne font pas nécessairement<br />
<strong>la</strong> « Une » des journaux, mais nous semblent<br />
significatifs ou heureux. Elle ne prétend pas<br />
recenser tous les événements importants, au<br />
contraire de <strong>la</strong> Nouvelle Revue de Presse dont nous<br />
saluons <strong>la</strong> parution (cf pp 30-31). Peut-être l’un ou<br />
l’autre d’entre vous aidera-t-il à é<strong>la</strong>rgir les sources<br />
de cette rubrique. Merci d’avance.<br />
Nous espérons que l’article sur <strong>la</strong> littérature<br />
algérienne contemporaine donnera quelques<br />
bonnes idées de lecture pour l’été, et que <strong>la</strong><br />
méditation de notre ami Paolo provoquera votre<br />
réflexion et surtout votre ardeur pour vivre <strong>la</strong><br />
rencontre ! Bon été à tous !
« Mkombozi Bank », première<br />
banque commerciale catholique de<br />
Tanzanie<br />
Publicité de <strong>la</strong> « Mkombozi Bank »<br />
« L’Église croit que si elle<br />
doit vraiment bien servir<br />
<strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion, alors ce<br />
genre d’initiatives est indispensable<br />
», a affirmé le<br />
Cardinal Polycarpe Pengo,<br />
Archevêque de Dar es<br />
Sa<strong>la</strong>am, durant <strong>la</strong> cérémonie<br />
d’inauguration de<br />
<strong>la</strong> première banque commerciale<br />
catholique de<br />
Tanzanie, <strong>la</strong> « Mkombozi<br />
Bank » (Mkombozi veut dire « Rédempteur » en swahili). Le<br />
Cardinal Pengo a souligné que <strong>la</strong> banque n’est qu’un parmi les<br />
nombreux projets - universités, écoles, hôpitaux, exploitations<br />
agricoles - que l’Église gère dans le pays, et qui sont ouverts à<br />
tous les Tanzaniens sans discrimination fondée sur <strong>la</strong> religion.<br />
A <strong>la</strong> cérémonie était présent l’ex-Président de <strong>la</strong> Tanzanie , Ali<br />
Hassan Mwinyi, qui a exprimé sa satisfaction pour l’initiative<br />
de l’Église catholique et a encouragé les autres religions du<br />
pays à suivre son exemple, en soulignant que plus on ouvrira<br />
de banques commerciales, plus il y aura d’opportunités de<br />
travail et de développement pour le pays. « Ce qui m’a le<br />
plus marqué, c’est que cette banque a été créée en utilisant<br />
les ressources des Tanzaniens, sans aides étrangères » a affirmé<br />
l’ancien chef de l’État, qui a ouvert un compte dans le<br />
nouvel institut. La directrice de <strong>la</strong> banque, Edwina Lupembe,<br />
a souligné le rôle social de <strong>la</strong> « Mkombozi Bank ». En effet,<br />
en plus des services bancaires habituels, elle offre des formations<br />
à ses clients qui souhaitent créer des petites sociétés. La<br />
banque entend enfin offrir des prêts aux petits agriculteurs,<br />
pour soutenir <strong>la</strong> politique gouvernementale de réduction de<br />
<strong>la</strong> pauvreté dans les régions rurales. (d’après l’Agence Fides<br />
27/3/2010)<br />
L’Afrique, plus monothéiste que<br />
jamais<br />
L’Afrique est l’une des parties du monde les plus religieuses.<br />
90 % de ses habitants déc<strong>la</strong>rent appartenir à l’is<strong>la</strong>m ou au<br />
christianisme et le pratiquer assidûment. C’est ce que révèle<br />
un rapport, présenté le 15 avril à Washington par le Pew<br />
Research Center, fruit d’un sondage réalisé entre décembre<br />
2008 et avril 2009 auquel ont participé 25 000 africains, dans<br />
60 <strong>la</strong>ngues et 19 pays (Botswana, Cameroun, Tchad, République<br />
Démocratique du Congo, Éthiopie, Ghana, Djibouti, Guinée<br />
Bissau, Kenya, Liberia, Mali, Mozambique, Nigéria, Rwanda,<br />
Afrique du Sud, Sénégal, Tanzanie, Ouganda et Zambie).<br />
Le nombre de musulmans comme de chrétiens s’est multiplié<br />
par plus de 20 au cours du XXe siècle. En Afrique subsaharienne,<br />
le nombre de musulmans est ainsi passé de 11 millions<br />
en 1900 à 234 millions en 2010 ; le nombre de chrétiens,<br />
quant à lui, a progressé encore plus rapidement, passant de<br />
7 à 470 millions. Un chrétien sur cinq dans le monde et un<br />
musulman sur sept vivent dans cette région.<br />
Si on considère l’ensemble du continent africain, « les deux<br />
religions s’équilibrent », indique le rapport puisqu’on y compte<br />
entre 400 et 500 millions de chrétiens comme de musulmans.<br />
Les croyances traditionnelles africaines n’ont pas disparu pour<br />
autant, souligne l’étude. Certaines des pratiques traditionnelles<br />
telles que <strong>la</strong> sorcellerie, <strong>la</strong> croyance aux mauvais esprits,<br />
les sacrifices destinés aux ancêtres, le recours aux guérisseurs<br />
traditionnels ou encore <strong>la</strong> croyance en <strong>la</strong> réincarnation continuent<br />
même d’être adoptées par un grand nombre de musulmans<br />
et de chrétiens dans leurs vie quotidienne.<br />
Alors que ni l’is<strong>la</strong>m ni le christianisme ne peuvent être invoqués<br />
pour <strong>la</strong> justifier, l’excision des filles est <strong>la</strong>rgement pratiquée<br />
dans les pays musulmans comme le Mali, Djibouti et<br />
l’Egypte mais au Nigeria, au Ghana et en Ouganda elle est<br />
davantage pratiquée par les chrétiens que par les musulmans<br />
de ces pays.<br />
« Dans presque tous les pays, une majorité pense que <strong>la</strong> télévision,<br />
<strong>la</strong> musique et le cinéma occidentaux ont porté atteinte<br />
à <strong>la</strong> moralité de leur nation », dit le rapport. Toutefois,<br />
une majorité reconnaît également aimer les divertissements<br />
occidentaux.<br />
La tolérance religieuse ébranlée par des tensions<br />
Alors que le<br />
nord de l’Afrique<br />
est majoritairement<br />
musulman<br />
et le sud massivement<br />
chrétien,<br />
« <strong>la</strong> zone<br />
de rencontre se<br />
situe au milieu<br />
du continent, sur<br />
une ligne qui va<br />
de <strong>la</strong> Somalie au<br />
Sénégal ».<br />
« Aux yeux de<br />
certains experts,<br />
cette zone est<br />
une faille religieuse<br />
sensible,<br />
où sont interve-<br />
Cathédrale St-Paul d’Abidjan<br />
ÉGLISE UNIVERSELLE<br />
5
ÉGLISE UNIVERSELLE<br />
6<br />
Mosquée au Burkina Faso<br />
nues les premières attaques<br />
d’Al-Qaïda comme l’explosion des ambassades américaines<br />
au Kenya et en Tanzanie, en 1998, et plus récemment les<br />
conflits ethniques du Nigeria », note Pew Research Center.<br />
Cependant, une majorité des 25 000 Africains interrogés pense<br />
que <strong>la</strong> religion ne justifie pas les violences contre des civils.<br />
Contrairement aux idées reçues, « de nombreux musulmans<br />
et chrétiens ont une opinion favorable les uns à l’égard des<br />
autres. » Les chrétiens décrivent leurs concitoyens musulmans<br />
comme « tolérants, honnêtes et respectueux envers<br />
les femmes » et vice-versa.<br />
Les Africains désignent généralement le chômage, <strong>la</strong> criminalité<br />
et <strong>la</strong> corruption comme des problèmes plus graves que les<br />
conflits interreligieux. Toutefois, 28 % des personnes interrogées<br />
− et 6 Nigérians, 6 Rwandais sur 10 − estiment que ces<br />
derniers constituent un grave problème pour leur pays. 20 %<br />
soutiennent que les actes de violence commis pour défendre<br />
une religion sont parfois, voire souvent justifiés.<br />
Enfin, l’extrémisme religieux, qu’il soit chrétien ou musulman,<br />
préoccupe plus de 40 % des personnes interrogées, y compris<br />
celui qui s’exprime au sein de leur propre communauté.<br />
Synode pour le Moyen Orient<br />
10-24 octobre 2010<br />
Le Synode pour le Moyen Orient se tiendra à Rome du 10<br />
au 24 octobre 2010. Seront présents tous les évêques de<br />
cette région, des représentants des différents continents, ainsi<br />
qu’un évêque de chaque pays du Maghreb.<br />
Le thème de ce Synode est le suivant : « L’Eglise catholique au<br />
Moyen-Orient : communion et témoignage. La multitude des<br />
croyants n’avait qu’un cœur et qu’une âme (Ac 4, 32) ».<br />
Cette assemblée a pour but de confirmer les catholiques de<br />
<strong>la</strong> région (5 millions de catholiques, pour 17 millions de chrétiens)<br />
dans leur identité et de raviver <strong>la</strong> communion ecclésiale<br />
entre des Eglises divisées, dispersées et minoritaires. Cette<br />
diversité d’Eglises orientales catholiques peut-elle<br />
devenir davantage une richesse pour tous les chrétiens<br />
d’Orient, et pour toute l’Eglise catholique <br />
Par ailleurs il s’agira de réaffirmer qu’un avenir<br />
de paix est possible au Moyen-Orient, malgré les<br />
difficultés actuelles, les conflits et l’instabilité qui<br />
poussent de nombreux chrétiens à l’exode.<br />
Cet avenir passe par <strong>la</strong> col<strong>la</strong>boration entre juifs,<br />
chrétiens et musulmans pour le bien de tous. Les<br />
chrétiens sont donc appelés à travailler, avec un<br />
esprit d’amour et de loyauté, à établir une égalité<br />
entière entre les citoyens à tous les niveaux : politique,<br />
économique, social, culturel et religieux, et<br />
à prôner tout moyen pacifique qui peut conduire<br />
à une paix dans <strong>la</strong> justice. (Zenit)<br />
Benjamin Le Bouquin<br />
Des chrétiens expulsés du Maroc<br />
Au cours des derniers mois, plusieurs dizaines de chrétiens<br />
ont été expulsés du Maroc. Ces événements sont un sérieux<br />
motif d’inquiétude pour toutes les églises du Maghreb.<br />
Nouvelles universités catholiques au<br />
Cameroun et au Soudan<br />
Au Cameroun, après l’Université catholique d´Afrique centrale<br />
à Yaoundé, s’ouvre une seconde université à Bamenda,<br />
chef-lieu de <strong>la</strong> région nord-ouest qui est anglophone. Elle<br />
ouvrira ses portes à <strong>la</strong> prochaine rentrée académique, fonctionnera<br />
sur le modèle anglo-saxon, et aura sept facultés :<br />
sciences des affaires et de gestion, humaines et sociales, de<br />
l’éducation, du génie civil, de l’agriculture et des ressources naturelles.<br />
D’autres facultés sont prévues pour l’avenir, comme<br />
les facultés de technologie, des communications, des sciences<br />
médicales et de <strong>la</strong> santé. Celles-ci seront imp<strong>la</strong>ntées à Kumbo<br />
puis seront complétées par une faculté de droit qui sera<br />
construite dans <strong>la</strong> ville de Buea. Les chefs traditionnels ont offert<br />
gracieusement un lopin de terre pour <strong>la</strong> construction de<br />
ces facultés. « Cette université est notre nouvel instrument<br />
de proc<strong>la</strong>mation de <strong>la</strong> justice et de l’espoir », a déc<strong>la</strong>ré Mgr<br />
George Nkuo, évêque du diocèse de Kumbo.<br />
Une nouvelle université catholique a été ouverte dans le diocèse<br />
de Wau, à environ 150 km de Rumbek, au Sud-Soudan,<br />
à l’initiative de <strong>la</strong> Compagnie de Jésus et avec l’accord, signé<br />
en septembre 2008, du ministre de <strong>la</strong> science, de l’éducation<br />
et de <strong>la</strong> technologie, du gouvernement du Sud-Soudan.<br />
L’agronomie, les programmes de recherche en vue de l’amélioration<br />
de <strong>la</strong> productivité agricole et du développement des<br />
communautés rurales, y auront toute leur p<strong>la</strong>ce.<br />
(Fides)
Créativité et interrogations dans <strong>la</strong><br />
littérature algérienne contemporaine<br />
ous pouvons difficilement faire un panorama<br />
Nexhaustif de <strong>la</strong> littérature algérienne<br />
aujourd’hui car celle-ci se caractérise par<br />
une grande vitalité et une grande variété. Les<br />
maisons d’édition dont le rôle est important<br />
sont aujourd’hui re<strong>la</strong>tivement nombreuses et couvrent<br />
de nombreux domaines d’intérêt qui permettent aux<br />
lecteurs d’accéder à <strong>la</strong> littérature sous ses différentes<br />
formes : romans, poésies, récits, témoignages, récits de<br />
reconstitution historique.<br />
L’importance de l’Histoire<br />
L’Algérie est un pays neuf et jeune. Il a encore de<br />
apparaît aussi bien au niveau des fictions construites<br />
que des moyens narratifs qui sont mis au service de<br />
ce déploiement créatif : travail sur l’énonciation du<br />
« JE » féminin comme chez Maïssa Bey, travail sur les<br />
catégories de l’Histoire récente, qu’elle soit algérienne<br />
ou arabe chez Yasmina Khadra, dialogue et contestation<br />
de l’Histoire algérienne officielle par l’intermédiaire<br />
d’une intrigue aux allures policières comme chez<br />
Boudjedra, Abdelkader Djemai et Habib Tengour qui<br />
est aussi et surtout poète. Nous constatons que les<br />
auteurs algériens interrogent l’art qu’ils pratiquent et<br />
essayent de mettre en p<strong>la</strong>ce des formes romanesques<br />
adaptées au renouveau social, économique et culturel<br />
qui p<strong>la</strong>ce l’Algérie comme une nation au carrefour de<br />
plusieurs civilisations et sensibilités qu’elle tente de<br />
faire apparaître et fructifier.<br />
REGARD SUR L’ALGÉRIE<br />
nombreuses choses à établir, à revoir, à consulter<br />
et à construire du côté de l’Histoire, que ce soit<br />
celle, re<strong>la</strong>tivement récente, qui lui a permis l’accès à<br />
l’indépendance ou à <strong>la</strong> modernité ; ou celle, plus proche<br />
encore et particulièrement sang<strong>la</strong>nte, qui lui a permis<br />
de sortir du terrorisme dans ses formes les plus<br />
exacerbées. Les auteurs les plus marquants traitent de<br />
manière originale et personnelle de l’Histoire. Assia<br />
Djebbar, Boualem Sansal, Rachid Boudjedra, Maïssa<br />
Bey, Malika Mokaddem, Yasmina Khadra réinvestissent<br />
par <strong>la</strong> fiction les faits historiques et établissent à<br />
partir de cette matière première une inventivité qui<br />
L’écriture des femmes<br />
Les femmes ne sont pas en reste dans cette ouverture<br />
vers l’avenir et dans l’art romanesque ; là aussi, si des<br />
grands noms tiennent le devant de <strong>la</strong> scène médiatique<br />
en Algérie, en<br />
France et ailleurs<br />
en Europe ou<br />
aux Etats-Unis,<br />
il existe aussi<br />
une production<br />
littéraire plus<br />
locale qui permet<br />
de décliner une<br />
sensibilité et une<br />
conscience aigüe<br />
de <strong>la</strong> condition<br />
féminine et de<br />
l’expérience du Hawa Djabbali<br />
quotidien qui lui est<br />
afférente. Ainsi des écrivaines comme Hawa Djabbali,<br />
Ghania Hamadou, Salima Ghezali, Hafsa Zinai Koudil,<br />
Latifa Benmansour, Malika Mokadem, Malika Ryane,<br />
Djouher Aftiss, Hassein-Daouadji Dali<strong>la</strong>, Fatima Bekhai,<br />
7
REGARD SUR L’ALGÉRIE<br />
8<br />
Aïcha Kassoul ou encore Lunyl tracent chacune à leur<br />
manière leur être confronté aux problèmes d’un pays<br />
qui se fait, mais qui n’accorde pas nécessairement <strong>la</strong><br />
p<strong>la</strong>ce que <strong>la</strong> femme mérite par son travail et sa présence<br />
ambitieuse et constructive dans tous les domaines de<br />
<strong>la</strong> vie de <strong>la</strong> nation. Les poétesses également contribuent<br />
à <strong>la</strong> constitution essentielle et active de <strong>la</strong> parole et<br />
de l’être féminin parmi lesquelles nous retiendrons des<br />
voix comme celle de Samira Negrouche et de Halima<br />
Lamine.<br />
Les voix montantes<br />
Un courant d’auteurs exigeants et originaux, qui<br />
continuent par là même l’œuvre des fondateurs et des<br />
prédécesseurs que nous avons nommés plus haut sont<br />
à l’origine de factures narratives innovantes où <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue<br />
utilisée s’enrichit de <strong>la</strong> diglossie, voire même dans<br />
certains cas de <strong>la</strong> polyglossie des auteurs ou alors tout<br />
simplement de celle du monde ouvert aujourd’hui sur <strong>la</strong><br />
multiplicité des « <strong>la</strong>ngues en re<strong>la</strong>tion » pour reprendre<br />
un terme emprunté<br />
Nourredine Saadi<br />
au grand poète<br />
martiniquais Edouard<br />
Glissant. On citera,<br />
pour illustrer cette<br />
mouvance essentielle,<br />
des noms comme<br />
ceux de Kamal Daoud,<br />
Djamal Mati, Djaoudet<br />
Guessouma, Habib<br />
Ayyoub, Mohammed<br />
Magani, Amara<br />
Lakhouss, Amine Zaoui,<br />
Mustapha Benfodil, Hamid Grine, Chawki Amari, Rachid<br />
Mokhtari ou encore des œuvres discrètes et nuancées<br />
comme celle de Sofiane Hadjadj, Ryad Girod (qui vient<br />
juste de publier un premier récit très prometteur), El<br />
Mahdi Acherchour, etc.<br />
Chacun de ces auteurs mériterait une étude plus<br />
spécialisée car les conceptions littéraires s’affrontent et<br />
certains d’entre eux tentent de dégager <strong>la</strong> littérature<br />
algérienne de l’emprise un peu trop puissante de l’histoire<br />
en mettant en avant <strong>la</strong> création et <strong>la</strong> redécouverte du<br />
désir du monde.<br />
Les œuvres en <strong>la</strong>ngue arabe<br />
Là aussi des noms reviennent plus<br />
souvent et cette notoriété est<br />
souvent en rapport avec le travail<br />
fourni par rapport au traitement<br />
fictionnel de l’Histoire. C’est<br />
ainsi que « Le livre de l’Emir », de<br />
Waciny Laaredj confirme à <strong>la</strong> fois<br />
le talent d’écriture mais également<br />
le travail approfondi mené par cet<br />
écrivain. Nous<br />
r e t r o u v o n s<br />
également les<br />
noms de Merzak<br />
Bagtache,<br />
Hamida Layachi,<br />
ou les plumes<br />
des auteurs<br />
iconoc<strong>la</strong>stes et<br />
révoltés tels<br />
Bachir Mefti, El<br />
Kheir Chouar,<br />
A b d e l k a d e r<br />
Amiche, etc.<br />
Les femmes sont<br />
également présentes avec des romans et de <strong>la</strong> poésie<br />
comme Ahlem Mosteghanemi, Zineb Laouedj, Rabea<br />
Djalti, Yasmina Sa<strong>la</strong>h, etc.<br />
En <strong>la</strong>ngue berbère<br />
Les écritures en <strong>la</strong>ngue berbère ont aussi tendance à<br />
s’affirmer de plus en plus avec des factures résolument<br />
romanesques même si le volet historique est également<br />
très présent ; on citera les écrits de Rachid Aliche,<br />
Amar Mezdad , Brahim Tazaghart dont les productions<br />
confortent l’Ungal (roman kabyle) .<br />
Dans toutes les <strong>la</strong>ngues, <strong>la</strong> poésie<br />
N’oublions pas <strong>la</strong> poésie avec des voix uniques qui<br />
ont affirmé <strong>la</strong> présence de l’Algérie avant même de<br />
passer par le roman avec Kateb Yacine, Mohammed<br />
Dib , Jean Sénac, Anna Greki et dont nous trouvons des<br />
descendants qui diversifient et enrichissent <strong>la</strong> parole<br />
première, celle donnée à l’avenir, sans comp<strong>la</strong>isance et<br />
contre toute forme d’obscurantisme : Hamid Tibouchi,<br />
Abdelmadjid Kaouah, Abderrahmane Djelfaoui,<br />
Youcef Merahi, Hamid Skif (qui est aussi un romancier<br />
talentueux) et bien d’autres voix encore.<br />
Ce panorama n’est pas exhaustif et pourtant bien<br />
des noms le peuplent : c’est dire que les écritures se<br />
cherchent et quelquefois construisent des constel<strong>la</strong>tions<br />
de sens qui convergent tout en <strong>la</strong>issant apparaître les<br />
caractères de chacune.<br />
C’est maintenant aux différentes critiques de jouer<br />
leur rôle d’écoute attentive au « murmure littéraire »<br />
d’une nation en marche, certes bien différent des voix<br />
dominantes, mais qui conduit peut-être tout aussi<br />
sûrement et tout aussi profondément aux changements<br />
fondamentaux qui tentent de s’amorcer par <strong>la</strong> force des<br />
imaginaires et le renouvellement des horizons d’attente<br />
de ce peuple et de ses lecteurs.<br />
Yamilé Ghebalou Haraoui<br />
Maître de Conférences Université d’Alger
Gospel Encounters in a Muslim Land<br />
<br />
<br />
DIALOGUE<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
Mgr Teissier, Archbishop of Algiers, 1988-2008 ,<br />
remarked in one of his books that the Catholic<br />
Church in Algeria had undergone « three deaths ».<br />
From a flourishing colonial Church of one million<br />
members before independence in 1962, she has now dwindled<br />
to a tiny remnant numbering three or four thousand<br />
faithful. The first death occurred in 1962 when at independence<br />
900 000 European settlers, along with several thousand<br />
native Christians, fled the country in disarray. A further<br />
death ensued with the nationalisation of Church run institutions,<br />
including her schools, in 1976. And finally in the 1990s<br />
the civil war<br />
and assassination<br />
of nineteen<br />
priests<br />
and religious<br />
took p<strong>la</strong>ce<br />
precipitating<br />
the departure<br />
of the vast<br />
majority of<br />
the remaining<br />
20 000 or so<br />
Christians.<br />
A Courageous<br />
Remnant<br />
One would<br />
have thought<br />
that nothing<br />
further could<br />
happen to<br />
worsen the plight<br />
of the courageous remnant. Unfortunately this expectation<br />
was to be proved wrong when on February 28th, 2006<br />
a new <strong>la</strong>w regu<strong>la</strong>ting worship by non-Muslims bodies was<br />
introduced, the « fourth death ». This <strong>la</strong>w confines Christian<br />
worship, under pain of fines and prison sentences, to<br />
officially approved p<strong>la</strong>ces of worship. Hefty fines and prison<br />
sentences of one to five years were also promised for<br />
anyone seeking to seduce a Muslim from their faith. Thus<br />
a Catholic priest of the Oran diocese, Pierre Wallez, was<br />
held for thirty hours in custody in January 2008 and given a<br />
suspended one year jail sentence (reduced to two months<br />
Didier Lucas<br />
9
10<br />
DIALOGUE<br />
on appeal) for praying in a refugee camp on St Stephens Day<br />
with Christian migrants from sub-Saharan Africa. According<br />
to this ruling the only p<strong>la</strong>ce permissible for Christian prayer<br />
would be inside an authorised Church. Catholic priests have<br />
been stopped by the police and accused of proselytism on<br />
the basis of carrying their bible and breviary and the Church<br />
has also had to struggle with an administration which is reluctant<br />
to grant visas for new religious or <strong>la</strong>y volunteers.<br />
Despite all of this harassment, the Church in Algeria hasn’t<br />
lost heart and continues to make a contribution to the well<br />
being of the country.<br />
The Sacrament of Encounter<br />
Reading recent issues of the four diocesan magazines of<br />
the Algerian Church I was struck by stories of encounters<br />
between Muslims and Christians which bring hope, hope<br />
to those involved in the encounters, hope to the Church in<br />
Algeria and also hope to those of us who may have contact<br />
with people of other faiths. The Algerian Church calls these<br />
meetings, « sacraments of encounter » (sacrements de <strong>la</strong><br />
rencontre), moments when the individuals concerned experience<br />
God’s presence and love through each other.<br />
These sacraments of encounter are seen in the Gospels on<br />
the many occasions when Jesus brings God’s healing love<br />
and presence into peoples lives, both Jews and Gentiles. In<br />
chapter 4 of St John’s Gospel, for example, Jesus tells the<br />
Samaritan woman at the well that he can give her « the gift<br />
of God », living water welling up within her which leads to<br />
eternal life. In the sacrament of encounter, Christian and<br />
Muslim offer each other just such a gift when they enable<br />
each other to make contact with God’s living presence in<br />
the other. It is such sacraments of encounter which offer<br />
hope to the Algerian Church, signs of hope and signs of<br />
God’s presence in the midst of her many trials and joys. 1<br />
You were a Stranger<br />
On February 12, 2009 a new bishop of Constantine and<br />
Hippo, Mgr Paul Desfarges sj, a successor to the great St<br />
Augustine, was consecrated in the Basilica of Notre Dame<br />
d ’Afrique in Algiers. Fr Paul, a Frenchman, has lived for over<br />
thirty years in Algeria, taken out Algerian citizenship and<br />
speaks fluent Arabic. He taught psychology at the University<br />
of Constantine for many years while at the same time<br />
acting as Vicar General of the diocese. As bishop with just<br />
fifteen priests and a small number of religious he faces many<br />
challenges in his far flung diocese which has perhaps a thousand<br />
Christians, for the most part African students studying<br />
at Algerian universities.<br />
Lokmane Benchikh, a long standing Muslim friend, welcomed<br />
Paul on behalf of the Muslims present at the ordination<br />
ceremony. Whether Lokmane realised it or not,<br />
his words strongly echoed chapter 25 of Matthew’s Gospel<br />
where Jesus reminds us that in welcoming the marginalised<br />
and forgotten people of society we are welcoming him. And<br />
in a sense the Christians in Algeria are on the edge of so-<br />
1 A fuller exp<strong>la</strong>nation of the « sacrament of e -<br />
counter » can be found in my book Christian Martyrs for a<br />
Muslim People, Paulist Press, 2008, pp. 117-127.<br />
D .L
ciety, are marginalised. Lokmane assured Fr Paul that he was<br />
welcome as someone who had embraced their culture, and<br />
become a bridge builder between two different civilisations<br />
north and south of the Mediterranean:<br />
You were a stranger and we welcomed you. You were a stranger<br />
and our people welcomed you. You were a stranger and Algeria<br />
welcomed you. She welcomed you several times. First of all when<br />
you did your military service in the aftermath of independence,<br />
then when you came to learn her <strong>la</strong>nguage and to absorb her<br />
culture and finally to live here and teach in one of her universities<br />
for thirty years. On no occasion was her door closed to you. Not<br />
only did she offer you hospitality but she adopted you and made<br />
you one of her sons, granting you citizenship, fully and entirely. And<br />
today you have become, by the grace of God, one of the bishops<br />
of her Church. 2<br />
DIALOGUE<br />
Lokmane concluded by saying that the Muslim presence<br />
at Paul’s ordination represented a reaching out in<br />
friendship to the people of the north of the Mediterranean<br />
from where Paul has come, an act of solidarity « respecting<br />
the beliefs and the convictions » of both cultures<br />
« which are complementary, springs overflowing with<br />
life, love and hope ».<br />
D .L<br />
To be the Presence of Christ<br />
The concept of the sacrament of encounter enables Algerian<br />
Christians to re<strong>la</strong>te their daily experiences to the Galilean<br />
ministry of Jesus, a ministry where for the most part<br />
he encountered Jews and Gentiles who didn’t become his<br />
disciples but who were nevertheless changed by their meeting<br />
with him. Fr Christoph Theobald, a Jesuit theologian,<br />
visited the Algerian Church on seven occasions to help her<br />
reflect on her witness in a Muslim context. In his book 3 ,<br />
Gospel Presences : Reading the Gospels and the Apocalypse in<br />
Algeria and elsewhere, he exp<strong>la</strong>ins that these meetings are<br />
healing because through words and gestures the other<br />
person is made aware of their own uniqueness. According<br />
to Fr Christoph, « To be the presence of Christ - people in a<br />
sacramental re<strong>la</strong>tionship - it is finally to release that which is<br />
more human, it is to allow the person met on the road to have<br />
access to their unique humanity, it is at <strong>la</strong>st to discover - in this<br />
admirable exchange - ones own humanity 4 ». The ability to see<br />
and understand these daily encounters with people outside<br />
the Christian faith as sacramental is vital for those in a totally<br />
Muslim society where only very few of those whom<br />
they meet will seek admission into the Christian Church.<br />
Fr Christoph encouraged the Algerian Church by telling her<br />
that « this to-ing and fro-ing between the stories of daily life<br />
and the Gospel stories is absolutely essential because it brings<br />
2 Rencontre: mars 2009, pp 69-70.<br />
3 Présences d’Évangile : Lire les Evangiles et l’Ap -<br />
calypse en Algérie et ailleurs, Les Editions de l’Atelier,<br />
Paris, 2003.<br />
4 Christians Martyrs for a Muslim People, p. 121.<br />
Ancienne mosquée à Béni Abbès<br />
forth the spiritual meaning of what you are living; it has the advantage<br />
of transforming these situations into the Word or call of<br />
God. » 5 And of course this sacramentality of everyday life is<br />
a gift of the Spirit which knows no religious or racial boundaries<br />
as Jesus showed so clearly in his encounters with<br />
Jairus, the Centurion, the woman with the haemorrhage, the<br />
Samaritan woman at the well, and many others.<br />
So very Sorry<br />
A story which illustrates what Fr Christoph is talking about<br />
was recently told by Mgr Alphonse Georger, Bishop of<br />
Oran, in his diocesan magazine, Le Lien 6 . Sr Jeanne had just<br />
celebrated her feast day and the following day Mgr Alphonse<br />
received a cake from her which he duly put in the deep<br />
freeze to await the next meeting of his Diocesan Council.<br />
That same evening he rang Sr Jeanne to thank her for her<br />
gift thinking that she had received several cakes for her feast<br />
day and had passed on one of them to him. She asked him if<br />
he had read the inscription on the cake and he said, No. Well<br />
read it, she replied, and I exp<strong>la</strong>in all to you tomorrow. The<br />
Bishop on taking the cake out of its wrapping discovered<br />
these words, So very Sorry. Mgr Alphonse eagerly awaited<br />
Sr Jeanne’s exp<strong>la</strong>nation.<br />
From time to time Sr Jeanne goes to a local cake shop to<br />
buy some croissants. On each visit the owner has a little<br />
chat with her and inquiries about her health and the wellbeing<br />
of the other sisters in the community. Sr Jeanne on<br />
this occasion began to tell him about the recent troubles<br />
which the Church in Oran was experiencing, including, no<br />
5 Ibid., p. 120.<br />
6 Le Lien, février-mars, 2008, pp. 3-4.<br />
11
DIALOGUE<br />
doubt, the suspended sentence received by Fr Pierre Wallez.<br />
As she spoke the baker’s face clouded over with surprise<br />
and sadness but he said nothing. The following day, however,<br />
a packet was delivered to the sister’s house containing the<br />
sponge cake and its expression of sorrow. Bishop Georger<br />
comments that such actions touch one’s heart and speak<br />
louder than the most eloquent discourses on fraternity.<br />
Through his actions and words the Muslim baker had very<br />
powerfully and simply conveyed God’s love to Sr Jeanne and<br />
the Christian community in Oran.<br />
An Outpouring of Love<br />
On the 24 April, 2009 the tiny Christian community in the<br />
Diocese of Laghouat-Ghardaïa in Algeria, better known as<br />
the Diocese of the Sahara, was greatly distressed by the<br />
unexpected death of Br Xavier Habig, a Little Brother of<br />
Jesus attached to the Béni Abbès hermitage. Br Xavier had<br />
been run over by a car. The bus being full, he decided to walk<br />
in the dark the final 14 km to Béni Abbès. No one will ever<br />
know why he was walking in the middle of the road at the<br />
time of the accident.<br />
Br Bernard, also a Little Brother of Jesus attached to the<br />
same hermitage, recounted in the diocesan magazine 7 the<br />
7 Lettre du diocèse, juin 2009, pp. 4-6.<br />
heart warming response of the local authorities and of the<br />
local people. The governor and the deputy governor of the<br />
region sent their condolences and the mayor and county<br />
manager came in person to offer their sympathy. In addition,<br />
the municipality made a house avai<strong>la</strong>ble to accommodate<br />
the eleven family members who had travelled from France<br />
for the funeral and gave special permission to bury Br Xavier<br />
in the courtyard of the hermitage. According to local<br />
custom Xavier’s body was wrapped in a shroud and buried<br />
without a coffin. While all of this was going on their Muslim<br />
neighbours provided meals for the crowds of sympathisers.<br />
The day after the burial the family of the driver who had<br />
killed Xavier met with his re<strong>la</strong>tions at the hermitage. Xavier’s<br />
brother, Bruno Habig, was very moved when the family<br />
of the driver asked for their forgiveness. Fortunately<br />
he had rung his elderly mother in France beforehand and<br />
was able to pass on a message from her that she had been<br />
thinking a lot about the driver and his family and had prayed<br />
for them. « A rare moment, violent emotion, the certainty<br />
that my mother had found the only words to suit the occasion.<br />
» Another powerful sacrament of encounter between<br />
Muslims and Christians had taken p<strong>la</strong>ce.<br />
Mutual Openness<br />
In my opening paragraphs I recounted some of the trials<br />
and petty harassment which the Algerian Church has been<br />
subjected to in recent times. However, the three accounts<br />
which followed of Gospel encounters between Algerian<br />
Christians and their Muslim neighbours give reasons for<br />
hope, hope for the future of the Algerian Church and more<br />
generally hope for the future of Christian-Muslim re<strong>la</strong>tions.<br />
The Church in Algeria has lost all of her wealth and institutional<br />
power and so her only wealth now lies in her re<strong>la</strong>tionships<br />
with the Algerian people. Br Xavier had drawn<br />
near to his Muslim neighbours ; he had mastered their <strong>la</strong>nguage<br />
and learned to understand their culture. And they in<br />
their turn had loved him. The same challenge of mutual understanding<br />
and friendship presents itself to the Church in<br />
the West in its re<strong>la</strong>tionship with a growing Is<strong>la</strong>mic presence.<br />
Mgr Teissier, who has spent his life among the Muslim people<br />
of Algeria, writes : « Let us think in particu<strong>la</strong>r of this beatitude,<br />
I was a stranger and you welcomed me (Matt 25:35).<br />
In the re<strong>la</strong>tionship with the other, if it is genuine, there is<br />
liberation and an entry into the realm of love which is a gift<br />
from God. It is in this mutual openness [between Christian<br />
and Muslim] that God brings in his Kingdom ». 8<br />
Martin McGee, osb, Worth Abbey, Angleterre<br />
D. L<br />
12<br />
Rue de Ghardaïa<br />
8 Christian Martyrs for a Muslim People, p. 162.
Prêtres pour l’Algérie<br />
DOSSIER<br />
Dossier réalisé avec <strong>la</strong> col<strong>la</strong>boration de Bernard Tramier, Bonaventura B. Mwenda,<br />
Daniel Archambault, Jean-Marie Jehl, Jean-Paul Kaboré, Louis Lucet, Marie-Christine<br />
Rousseau, Michel Guil<strong>la</strong>ud, Paul Desfarges, Raymond Gonnet, Robert Fouquez, Théoneste<br />
Bazirikana.<br />
Photo C<strong>la</strong>ire Chapron<br />
13
DOSSIER<br />
14<br />
Divers pour une même mission<br />
A<br />
près l’Indépendance de l’Algérie, le nombre<br />
de catholiques n’a cessé de diminuer : départ<br />
de <strong>la</strong> majorité des pieds-noirs, puis des coopérants<br />
avec <strong>la</strong> nationalisation des Œuvres<br />
de l’Eglise et l’arabisation, puis exode des<br />
derniers chrétiens étrangers et locaux avec<br />
le terrorisme. Mais de nombreux prêtres et religieux(ses),<br />
derrière <strong>la</strong> figure emblématique du cardinal Duval, avaient<br />
décidé, bien que les chrétiens fussent rares et les perspectives<br />
de conversion absentes, de rester pour une présence<br />
de témoignage et de service au sein du peuple algérien.<br />
S’est donc développée en Algérie une figure mystique<br />
du prêtre comme « prêtre des non-chrétiens » 1 , prêtre<br />
sans communauté chrétienne, prêtre pour le monde<br />
musulman, vécue souvent de façon aussi admirable<br />
qu’exceptionnelle. Cette vision du ministère était en<br />
continuité avec le mode de présence des Pères B<strong>la</strong>ncs,<br />
qui étaient consacrés avant l’indépendance à <strong>la</strong> seule<br />
présence auprès des Algériens<br />
musulmans. Elle était aussi<br />
soutenue par <strong>la</strong> référence à<br />
Charles de Foucauld (dans sa<br />
dimension d’enfouissement<br />
du moins), par des<br />
écrits comme ceux de<br />
Serge de Beaurecueil et<br />
par le fait que <strong>la</strong> majorité<br />
des prêtres n’avait pas <strong>la</strong><br />
charge d’une communauté<br />
chrétienne très nombreuse.<br />
Référés à <strong>la</strong> grande Eglise<br />
pour autant qu’ils étaient<br />
Didier Lucas<br />
Etudiants sub-sahariens<br />
connus comme prêtres, ils<br />
étaient engagés dans le monde algérien à <strong>la</strong> manière<br />
des prêtres ouvriers dans <strong>la</strong> France déchristianisée<br />
des années 1950, qu’ils soient ouvriers, médecins ou<br />
enseignants. L’enjeu de leur présence était de développer<br />
des re<strong>la</strong>tions fraternelles avec le monde algérien<br />
musulman, autant que possible au service des plus<br />
pauvres ou tout au moins du développement du pays,<br />
comme des passerelles de compréhension jetées entre<br />
le monde de l’is<strong>la</strong>m et celui du christianisme, témoignant<br />
de leur foi en Dieu-Amour, sans rien chercher<br />
d’autre en retour que l’accueil souvent prodigué par<br />
les familles (par l’hospitalité et <strong>la</strong> confiance) et le pays<br />
(par l’octroi parfois de <strong>la</strong> nationalité). Cette généra-<br />
1 Cf Serge de Beaurecueil, Prêtre des non-chrétiens, Cerf,<br />
1968 (multiples rééditions depuis). Ce religieux dominicain y témoigne<br />
de son expérience mystique alors qu ’il vivait seul chrétien<br />
en milieu musulman à Kaboul en Afghanistan.<br />
tion de prêtres arrivée dans les années 1950, 1960 et<br />
1970 poursuit sur cette <strong>la</strong>ncée, engagée dans des liens<br />
souvent exceptionnels avec le peuple algérien, tout en<br />
étant aujourd’hui à <strong>la</strong> retraite au p<strong>la</strong>n professionnel.<br />
Dans les années suivantes, dans un contexte où l’Algérie<br />
n’accordait plus de contrats de travail aux étrangers<br />
venus au service de l’Eglise, les prêtres se sont<br />
insérés par des modes autres que sa<strong>la</strong>riés, dans des<br />
activités d’accueil ou de service, bibliothèques par<br />
exemple, « p<strong>la</strong>teformes de rencontre » avec le peuple<br />
algérien.<br />
Avec l’arrivée nombreuse d’étudiants africains et <strong>la</strong><br />
demande de quelques Algériens de faire chemin avec<br />
le Christ, le ministère presbytéral a pris pour certains<br />
une dimension plus pastorale. La présence de <strong>la</strong>ïcs, de<br />
familles, appelées à croître comme familles chrétiennes,<br />
à durer dans <strong>la</strong> stabilité et le respect de leur foi,<br />
à pouvoir se rassembler, marque d’une manière nouvelle<br />
le ministère des<br />
prêtres en Algérie.<br />
Ce n’est pas considérable<br />
quantitativement,<br />
mais ce<strong>la</strong> marque<br />
profondément <strong>la</strong><br />
vie des personnes et<br />
de l’Eglise.<br />
Les liens créés par<br />
l’histoire expliquent<br />
que de nombreux<br />
prêtres en Algérie<br />
soient originaires de<br />
France, mais le visage<br />
du presbyterium<br />
d’Algérie prend aussi<br />
et de plus en plus des couleurs africaines et <strong>la</strong>tinoaméricaines.<br />
Dans le dossier qui suit, des témoignages nous offrent<br />
un aperçu de cette variété de visages des prêtres et<br />
du ministère presbytéral en Algérie. Ces témoignages<br />
sont précédés par une réflexion de l’évêque de<br />
Constantine. Il a animé plusieurs rencontres de prêtres<br />
en Algérie et à l’étranger pendant cette année. On<br />
trouvera aussi des extraits d’interventions de <strong>la</strong> Session<br />
interdiocésaine des ministres ordonnés (SIMO)<br />
d’août 2008 à Alger sur l’Eucharistie, animée par le<br />
Père Rafiq Khoury, théologien du patriarcat <strong>la</strong>tin de<br />
Jérusalem.<br />
Michel Guil<strong>la</strong>ud
Prêtres pour tout un peuple<br />
DOSSIER<br />
L’<br />
année 2010, « année sacerdotale »,<br />
année de grâce ! Elle a été l’occasion<br />
pour les prêtres mais aussi pour les<br />
fidèles de réfléchir au sens du « sacerdoce<br />
», mystère qui concerne<br />
tout baptisé. Les prêtres, dans leurs<br />
différentes rencontres, se sont partagés les uns<br />
aux autres ce qu’est leur vie de prêtre en Algérie.<br />
Avec beaucoup de variété, selon les personnalités<br />
et les étapes de leur vie sacerdotale, chacun a essayé<br />
de s’approcher de sa vie de prêtre. Si chaque<br />
situation est particulière, les échanges ont fait apparaître<br />
des « invariants » :<br />
Prêtre avec <strong>la</strong> communauté chrétienne<br />
Prêtre au service du peuple algérien<br />
Saint Augustin disait à ses fidèles : « Avec vous je suis<br />
baptisé, pour vous je suis évêque ». Aujourd’hui, je<br />
dirais : Oui, pour vous fidèles, je suis évêque, je suis<br />
prêtre, mais tous ensemble, nous sommes là pour notre<br />
peuple d’Algérie, au service de sa vie, que nous<br />
soyons enfants de ce pays ou envoyés à ce pays. Le<br />
mouvement intérieur qui nous a animés chacun, qui<br />
anime encore notre vie de prêtres ou de fidèles, c’est<br />
ce « Pour » qui rend présent le « Ma vie pour vous »<br />
du Christ.<br />
« Une église en chemin avec un peuple », telle était<br />
<strong>la</strong> conclusion du synode du diocèse de Constantine<br />
(1990-1993). Si <strong>la</strong> figure du prêtre a évolué depuis l’indépendance,<br />
elle a évolué au rythme des changements<br />
du pays lui-même.<br />
A l’indépendance, sous l’inspiration du Cardinal Duval,<br />
l’Église qui est en Algérie a refusé d’être une Église<br />
d’ambassade, consacrée exclusivement aux besoins<br />
spirituels de ses fidèles, pour s’ouvrir aux soucis du<br />
peuple algérien. Ce fut prophétique. Aujourd’hui, l’église<br />
est et demeure l’Église de tout un peuple, de tout<br />
son peuple d’Algérie, en fidélité à son Seigneur qui<br />
donne sa vie pour tous.<br />
Dans les années qui ont suivi l’indépendance, une figure<br />
de prêtre s’est imposée : prêtre en Algérie, prêtre<br />
pour des non-chrétiens. Le bienheureux Charles<br />
de Foucauld, incarnant une simple présence frater-<br />
Vitrail de l’église de Tibhirine<br />
nelle, inspirait beaucoup d’entre nous. La question de<br />
<strong>la</strong> conversion ne se posait pas. Il était donné à tous,<br />
prêtres et fidèles, d’apprendre à aimer le peuple algérien<br />
pour lui-même, de l’Amour même de Dieu pour<br />
tout son peuple. Les eucharisties, célébrées parfois par<br />
le prêtre seul ou avec une toute petite communauté<br />
étaient des « messes sur l’Algérie ». Nous célébrions<br />
et offrions <strong>la</strong> vie de tout un peuple. Le frère Christian<br />
de Chergé exprime bien le sens de cette présence<br />
mystique du prêtre et de tout baptisé: « Le Christ a<br />
tellement aimé l’Algérie qu’il a donné sa vie pour elle<br />
et les nôtres à sa suite. »<br />
Ce don fait à notre Église d’être sacrement du Cœur<br />
du Christ pour son peuple continue de nourrir <strong>la</strong> vie<br />
des prêtres aujourd’hui.<br />
« Aider, réconcilier, écouter, discerner, guider, soutenir,<br />
réconforter, encourager, appeler, fortifier <strong>la</strong> confiance<br />
et l’espérance, semer, recevoir, cueillir, comprendre,<br />
souffrir avec, prier, offrir, aimer…. », tels sont les mots<br />
qui expriment le mieux le travail du Seigneur dans<br />
nos vies de prêtres, au service de tous, musulmans ou<br />
chrétiens.<br />
Dans un monde qui change, une Eglise qui évolue<br />
Depuis les années 80, le pays a beaucoup changé, s’est<br />
développé, s’est enrichi, inégalement sans doute. Les<br />
années 90, <strong>la</strong> décennie rouge, n’ont pas épargné l’Eglise,<br />
mais ont renouvelé son mystère d’Alliance avec<br />
son peuple. Aujourd’hui, d’autres situations viennent<br />
15
DOSSIER<br />
16<br />
renouveler le visage de l’Église qui est en Algérie et<br />
l’appellent à d’autres services.<br />
La venue des étudiants subsahariens, le passage des<br />
migrants, souvent c<strong>la</strong>ndestins, <strong>la</strong> présence de travailleurs<br />
« expatriés » pour les grands chantiers du<br />
pays, tous ces apports nouveaux et <strong>la</strong> présence parmi<br />
nous de prêtres et de religieuses de tous les continents,<br />
transforment le visage de notre église et lui<br />
donnent une dimension internationale et universelle.<br />
En outre, de nouveaux disciples, enfants du pays, prennent<br />
leur p<strong>la</strong>ce dans nos communautés, les appe<strong>la</strong>nt<br />
à se renouveler. Le prêtre a toujours à cœur de soutenir<br />
et de nourrir <strong>la</strong> communauté chrétienne. Il lui<br />
faut aujourd’hui, de façon nouvelle, comme refonder<br />
son église : <strong>la</strong> présence de catholiques algériens dans<br />
nos communautés, même en petit nombre, fait signe<br />
du désir du Père de prendre visage humain avec des<br />
Pain livré pour son peuple<br />
traits algériens. Ce<strong>la</strong> nous impose des responsabilités<br />
nouvelles.<br />
Plus souvent que dans <strong>la</strong> période précédente, le prêtre<br />
est appelé à prendre soin de sa communauté : soutenir,<br />
nourrir, favoriser <strong>la</strong> communion. Notre vocation au<br />
service du peuple algérien en est comme stimulée. Le<br />
prêtre, comme tous les baptisés de sa communauté, est<br />
invité à ouvrir toujours plus grand son cœur. Les rues<br />
de nos villes sont aussi notre Eglise. Dans l’aujourd’hui<br />
d’une Algérie en quête d’elle-même, d’identité, de<br />
sens, il est donné à beaucoup d’être témoins du travail<br />
de Dieu dans les cœurs. Le ministère de l’écoute, du<br />
discernement, prend une p<strong>la</strong>ce plus importante, sinon<br />
en temps du moins en densité.<br />
Le sacerdoce du prêtre et le sacerdoce des fidèles<br />
Cette année sacerdotale redonne toute sa p<strong>la</strong>ce au<br />
sacerdoce des baptisés. Il n’y a qu’un seul prêtre, le<br />
Christ. Il n’est pas, comme ce pourrait l’être dans<br />
d’autres religions, le spécialiste des re<strong>la</strong>tions avec le<br />
divin au nom du peuple. Le Christ est « Celui qui<br />
vient » offrir à tous <strong>la</strong> communion avec Dieu, communion<br />
à l’Amour qui s’offre gratuitement.<br />
Le peuple des baptisés devient alors sacrement du don<br />
de <strong>la</strong> Vie divine, de l’amour divin pour tous « sans faire<br />
de différence entre les bons et les méchants ». Il est<br />
heureux que ce trésor soit porté, diffusé par des jeunes,<br />
étudiants subsahariens, au milieu d’autres jeunes et<br />
par des enfants du pays. L’Eglise demeure bien l’Eglise<br />
pour tous. Le sacerdoce des prêtres lui signifie qu’elle<br />
est envoyée, rassemblée, aujourd’hui, par le Christ en<br />
personne, Lui que le prêtre rend sacramentellement<br />
présent. L’Eucharistie que l’Eglise célèbre fait d’elle le<br />
« Pain livré pour son peuple ». Notre fragilité, notre<br />
précarité, nos faiblesses, notre péché même, nous rappellent<br />
sans cesse que tout est grâce.<br />
Les expressions : « Prêtre des non-chrétiens »,<br />
« Eglise pour un peuple musulman » prennent<br />
alors un sens que nous sommes toujours en train<br />
de découvrir, de recevoir. Le cœur de l’Eglise est<br />
le lieu même de <strong>la</strong> dilection de Dieu pour tout<br />
son peuple. Le prêtre qui rend présent l’Envoyé du<br />
Père, <strong>la</strong> communauté des baptisés qui rend présent<br />
le don de sa Vie livrée, participent ensemble<br />
à <strong>la</strong> préparation de <strong>la</strong> demeure de Dieu chez les<br />
siens. Nous prions l’Esprit Saint, qui voit les profondeurs<br />
de Dieu, de nous donner un regard renouvelé<br />
sur l’is<strong>la</strong>m et les musulmans. Que de fois<br />
dans nos eucharisties nous rassemblons ce qu’il<br />
nous a été donné, durant <strong>la</strong> journée, durant <strong>la</strong> semaine,<br />
de voir, d’entendre et que nous recevons<br />
comme des fragments d’eucharistie dans <strong>la</strong> vie de<br />
ceux et celles avec lesquels nous vivons. Notre prière,<br />
notre intercession, est habitée de ce qu’il nous a été<br />
donné de partager de leurs joies, de leurs détresses<br />
et de leurs supplications. Monte alors dans nos cœurs<br />
l’expression même de Jésus devant <strong>la</strong> foi du Centurion<br />
ou de <strong>la</strong> Cananéenne : « Ta foi est grande !»<br />
Notre Église est à <strong>la</strong> table de l’Algérie et de tous les<br />
Algériens. Dans le monde d’aujourd’hui, hanté en bien<br />
des lieux par <strong>la</strong> peur de l’is<strong>la</strong>m, notre Église d’Algérie,<br />
au sein de l’Église universelle, peut apporter un regard<br />
apaisé sur l’is<strong>la</strong>m. Elle peut souffrir et a souffert, avec<br />
tout le peuple algérien, des extrémistes violents. Mais<br />
il lui est donné de faire route, en son peuple, avec les<br />
artisans de paix et de fraternité. Notre joie de prêtre<br />
est de servir le Dieu humble et pauvre, toujours déjà<br />
là, caché dans les ombres et les lumières de <strong>la</strong> vie quotidienne,<br />
lumineux dans tous les visages de bonté.<br />
+ Paul Desfarges
Bernard d’Alger<br />
Malgré tous les discours théologiques, les belles paroles,<br />
les années saintes ou non, je ne sais guère plus<br />
aujourd’hui qu’au jour de mon ordination ce que c’est<br />
qu’être prêtre. Je le vis confusément, ma<strong>la</strong>droitement,<br />
peccamineusement , comme une réponse à une exigence<br />
d’ouverture.<br />
J’ai connu l’Algérie par hasard. Un collègue de séminaire<br />
me proposant, durant des vacances d’été, de<br />
participer à un chantier culturel (remise à niveau de<br />
lycéens) à Médéa. C’était en 1965. N’ayant rien d’autre<br />
à faire, j’ai accepté et j’ai découvert - osons le mot - le<br />
p<strong>la</strong>isir d’enseigner et les qualités de ce pays. L’envie<br />
est alors venue de pérenniser l’expérience ; j’y voyais<br />
également l’occasion d’échapper aux sacristies que je<br />
n’aime guère.<br />
Je suis donc venu à Alger et, heureusement, nommé<br />
à El Biar avec Pierre Frantz, décédé il y a trois ans. Je<br />
ne dirai jamais assez ce que je lui dois. J’ai toujours eu<br />
ainsi un pied dans <strong>la</strong> paroisse (nombreuse dans les<br />
années 70) mais l’essentiel de mon activité a toujours<br />
été l’enseignement (du français) jusqu’à ce jour. J’y vois<br />
le grand intérêt d’être avec les autres - n’importe qui,<br />
sur le même pied, confronté (presque, l’ecclésiastique<br />
célibat est aussi un refuge) aux mêmes difficultés,<br />
comme essayer d’écouter, de comprendre, de prier (le<br />
moins commode,) d’échanger, de vivre une commune<br />
humanité dans <strong>la</strong> difficile espérance que rien de véritablement<br />
humain n’est vain et que mystérieusement<br />
nous allons vers notre mort ressuscitante.<br />
Bonaventure, père b<strong>la</strong>nc, Ghardaia<br />
Je m’appelle Bonaventura.<br />
Je suis Tanzanien<br />
et jeune Missionnaire<br />
d’Afrique (Père B<strong>la</strong>nc).<br />
Ordonné prêtre le 21<br />
juin 2007 en Tanzanie,<br />
je suis arrivé <strong>la</strong> même<br />
année en Algérie parce<br />
que le dialogue et <strong>la</strong><br />
rencontre avec les musulmans<br />
me tiennent<br />
profondément à cœur.<br />
Bien que ma vie de prêtre<br />
en Algérie semble<br />
extérieurement invisible, elle ne reste pas sans impact.<br />
La confiance mutuelle se construit progressivement<br />
grâce à <strong>la</strong> gratuité dans l’amitié à travers des visites et<br />
des rencontres organisées en col<strong>la</strong>boration avec les<br />
musulmans du lieu, l’engagement dans les services du<br />
Centre Culturel et de Documentation et de recherche<br />
sur le Sahara (CCDS), l’attention portée aux migrants<br />
et enfin <strong>la</strong> responsabilité de <strong>la</strong> petite paroisse<br />
de Ghardaïa comme curé.<br />
Je vis ma vocation de prêtre dans <strong>la</strong> foi en Jésus Christ<br />
qui m’appelle chaque jour : « Faites ceci en mémoire<br />
de moi ». Ce mémorial me transforme et m’aide<br />
à porter un regard positif sur l’autre, à l’aimer et à<br />
prier pour et avec lui. Célébrer l’Eucharistie est non<br />
seulement mon devoir le plus sacré, mais surtout le<br />
besoin le plus profond de mon être car elle exprime <strong>la</strong><br />
communion, qui est <strong>la</strong> vocation fondamentale de tout<br />
homme. Ce qui compte pour moi n’est pas seulement<br />
cette minorité de chrétiens catholiques qui sont en<br />
face de moi mais tout le peuple de Dieu dont les musulmans<br />
font partie. Saint Augustin disait : « Si tu veux<br />
aimer le Christ étends ta charité à toute <strong>la</strong> terre, car<br />
les membres du Christ se trouvent dans le monde entier<br />
». Ma tâche comme prêtre en Algérie n’est pas<br />
donc de « convertir » l’autre mais de me tourner avec<br />
lui vers l’amour universel et fraternel, d’être un frère<br />
pour chacun : algérien et non-algérien, migrant, riche<br />
et pauvre, et tout ce<strong>la</strong> pour <strong>la</strong> gloire de Dieu et le salut<br />
de tous !<br />
Daniel, Tamanrasset<br />
Ce<strong>la</strong> fait près de<br />
trois ans que je suis<br />
à Tamanrasset, après<br />
dix-sept ans de ministère<br />
« c<strong>la</strong>ssique »<br />
dans des paroisses<br />
rurales de l’Ouest de<br />
<strong>la</strong> France. Autant dire<br />
que le contraste fut<br />
grand entre ce que<br />
je connaissais et ma<br />
nouvelle mission.<br />
L’originalité du ministère de prêtre à Tamanrasset est<br />
sans conteste l’accueil des pèlerins venus marcher sur<br />
les pas de Charles de Foucauld. Sans oublier les touristes<br />
qui viennent voir l’ermitage, particulièrement<br />
pendant les sept mois de <strong>la</strong> saison touristique. S’ajoute<br />
à ce<strong>la</strong> le passage des migrants qui viennent solliciter<br />
de l’aide.<br />
Quand je veux définir <strong>la</strong> mission du prêtre en Algérie,<br />
j’ai encore tendance à le faire en comparaison avec ce<br />
que j’ai pu connaître auparavant. Et des ressemb<strong>la</strong>nces<br />
il y en a peu : pas de baptêmes, mariages, catéchèse...<br />
L’inutilité de <strong>la</strong> fonction paraît évidente, alors qu’auparavant<br />
je pouvais me définir facilement par un tas d’activités,<br />
voire même des chiffres.<br />
DOSSIER<br />
17
DOSSIER<br />
18<br />
Le mot gratuité me semble symboliser le plus le sens<br />
de notre ministère ici. Et sans doute devrait-il le signifier<br />
partout. A l’image du don de Dieu. Je perçois avec<br />
plus d’acuité que je ne suis pas prêtre seulement pour<br />
les chrétiens mais pour tout homme vers qui le Seigneur<br />
m’envoie. Je comprends mieux ce que signifie<br />
servir dans une Eglise faible, ou fragile. Et entrer un<br />
peu plus dans ce que disait saint Paul repris par Charles<br />
de Foucauld : « La faiblesse des moyens humains<br />
est une cause de force pour affermir l’espérance au<br />
cœur même de nos fragilités et de nos détresses ».<br />
Toujours <strong>la</strong>isser davantage de p<strong>la</strong>ce à l’Esprit Saint.<br />
Jean-Marie, Constantine<br />
Ma certitude première est<br />
qu’il n’y a qu’un seul vrai prêtre<br />
: Jésus. Je ne suis qu’une<br />
tesselle de <strong>la</strong> mosaïque qui<br />
le rend visible et lui permet<br />
d’agir à travers le temps et<br />
l’espace.<br />
Au début de <strong>la</strong> trentaine<br />
d’années de ma vie consacrée<br />
à l’éducation des jeunes<br />
algériens par l’enseignement<br />
en collèges et lycées,<br />
j’avais eu l’impression de faire le grand écart entre ma<br />
vie professionnelle et celle de prêtre, serviteur de <strong>la</strong><br />
communauté chrétienne.<br />
J’ai heureusement eu <strong>la</strong> chance, à travers <strong>la</strong> méditation<br />
sur les rencontres de Jésus et <strong>la</strong> découverte qu’à sa<br />
suite nous sommes les sacrements de sa présence, de<br />
comprendre qu’il n’y avait pas de hiatus entre mes deux<br />
vies : comme Jésus, il m’était donné de rencontrer des<br />
personnes, avec lesquelles j’avais à me situer en vérité<br />
pour que quelque chose naisse, grandisse, guérisse...<br />
C’est donc Son oeuvre que j’ai à continuer, à sa façon<br />
et en même temps à <strong>la</strong> mienne, sur mes chemins de <strong>la</strong><br />
Galilée algérienne.<br />
L’important est de me tenir au plus près de Lui pour<br />
Une vocation spéciale<br />
avoir, à Sa p<strong>la</strong>ce, les gestes,<br />
les paroles, les attentions<br />
qu’Il aurait Luimême.<br />
Et peu importe<br />
encore que je ressemble<br />
insuffisamment à<br />
mon modèle. Je ne suis<br />
pas devenu pleinement<br />
prêtre le jour de mon<br />
ordination, mais j’essaie<br />
de le devenir un peu plus<br />
chaque jour...<br />
Jean-Paul, Blida<br />
« Toute ma vie pour<br />
te rendre gloire. » Tel<br />
est le thème phare<br />
qui guide mon sacerdoce<br />
depuis mon ordination<br />
presbytérale<br />
en juillet 1996 dans<br />
l’archidiocèse de<br />
Koupé<strong>la</strong> au Burkina<br />
Faso. N’est-ce pas<br />
que <strong>la</strong> vie de l’homme<br />
doit concourir à<br />
<strong>la</strong> gloire de Dieu ... Je suis abbé Jean-Paul Kaboré, envoyé<br />
au service de l’Église en Algérie.<br />
Depuis novembre 2005, pendant que bien des personnes<br />
sont toujours moisies de peur pour moi à l’idée<br />
de me savoir en Algérie, pays à 99% musulman, j’essaie<br />
d’apporter à cette petite Église de <strong>la</strong> Méditerranée <strong>la</strong><br />
chaleur, <strong>la</strong> joie et <strong>la</strong> gaieté de l’Église-Famille de Dieu<br />
du Burkina Faso-Niger.<br />
Curé de paroisse, aumônier diocésain des étudiants et<br />
depuis peu aumônier national par <strong>la</strong> grâce de l’Esprit,<br />
je goûte jour après jour à cette joie d’être « prêtre<br />
avec », d’être « prêtre pour » ; et de prétendre ainsi<br />
irradier <strong>la</strong> gloire de Dieu, non seulement parmi mes<br />
paroissiens spécifiques, mais aussi dans <strong>la</strong> société algérienne<br />
tout entière.<br />
Des étudiants de vingt-quatre nationalités d’Afrique<br />
sub-saharienne ornent <strong>la</strong> paroisse Saint Charles Borromée<br />
de Blida. Quel beau bouquet ! Quelle chance<br />
pour notre Église ! Mon sacerdoce s’épanouit surtout<br />
avec eux et pour eux dans notre vivre ensemble au<br />
quotidien ; ainsi rencontres, accueil, écoute, dialogue<br />
deviennent des réalités palpables et incontournables<br />
pour un dynamisme en Église. A <strong>la</strong> suite du Christ,<br />
aider les jeunes au discernement, participer à l’éveil<br />
des consciences pour que de vrais responsables se<br />
construisent aujourd’hui, n’est-ce pas une joie, une<br />
Cette communauté chrétienne minuscule est d’une très grande<br />
diversité. Mais ce qui m’a frappé aussi est que deux éléments font<br />
l’unité de cette Eglise : Elle est d’abord une Eglise pour le peuple<br />
algérien et ensuite une Eglise témoignant dans un milieu musulman.<br />
J’ai l’impression que ces deux éléments font l’unité - sinon<br />
l’unanimité - de cette Eglise.<br />
Je crois qu’il faut bien prendre conscience de cette réalité pour<br />
l’assumer et <strong>la</strong> vivre. Ce<strong>la</strong> me fait dire que le choix de vivre en<br />
Algérie exige une vocation spéciale, en plus de <strong>la</strong> vocation chrétienne,<br />
sacerdotale ou religieuse.<br />
Rafiq Khoury, Eucharistie et communauté, SIMO, août 2008<br />
chance pour le prêtre<br />
que je suis de rendre<br />
gloire au Créateur<br />
pour l’édification d’un<br />
monde de justice et<br />
d’amour véritable <br />
Conscient que rien<br />
de tout ce<strong>la</strong> ne peut<br />
se réaliser sans une<br />
re<strong>la</strong>tion intime avec<br />
le Christ, conscient<br />
de mes limites et de<br />
mes imperfections, je
vais toujours à <strong>la</strong> source qui irrigue pour <strong>la</strong> vie : <strong>la</strong><br />
prière. « Être immergé en Christ, dans <strong>la</strong> vérité » quel<br />
baume adoucissant ! Une fois l’âme en paix et le cœur<br />
remonté, le don de soi peut s’opérer avec efficacité.<br />
Plus j’accueille et plus je me dépouille de moi, non<br />
seulement pour mes chers étudiants, mais aussi pour<br />
les Algériens côtoyés tous les jours ; plus je donne de<br />
moi-même et plus je reçois du Christ, Grand Prêtre<br />
par excellence. Aucune prétention que tout roule sur<br />
des boules, mais <strong>la</strong> confiance que mes supérieurs et<br />
surtout le Christ lui-même ont p<strong>la</strong>cée en moi et viceversa,<br />
suscite en moi cette espérance du non retour.<br />
Advienne que pourra, pour <strong>la</strong> réalisation du Royaume<br />
hic et nunc et dans le monde à venir. May God bless<br />
everyone in my priesthood !<br />
Ludo, père b<strong>la</strong>nc,<br />
Ghardaia<br />
Toute ma vie de prêtre, je<br />
l’ai vécue dans le sud algérien<br />
(1965-2010), : Béchar<br />
puis Ouarg<strong>la</strong>, enfin Ghardaia:<br />
dans le travail (<strong>la</strong>bo), l’accueil<br />
d’étudiants (bibliothèque et<br />
cours) et le service religieux<br />
des chrétiens, entre autres<br />
auprès des expatriés du pétrole à Hassi Messaoud.<br />
Bref toute une vie avec des personnes différentes : immense<br />
majorité algérienne et musulmane et de toutes<br />
petites communautés chrétiennes et internationales.<br />
Voilà <strong>la</strong> paroisse que le Seigneur a mise sur ma route<br />
et avec qui je suis toujours heureux.<br />
Toutes ces personnes, je les remercie, pour leur accueil,<br />
leur sens de Dieu, leur amitié et leur valeur<br />
humaine. Elles m’ont aidé à découvrir combien <strong>la</strong> foi<br />
au Christ est don gratuit et mystère que je dois sans<br />
cesse accueillir dans <strong>la</strong> joie d’ être libre. A leur contact,<br />
j’ai aussi découvert combien de gens vivent coincés<br />
dans des difficultés économiques, <strong>la</strong> peur, <strong>la</strong> pression<br />
sociale, <strong>la</strong> pensée uniforme, les impératifs religieux<br />
contraignants ou encore le matérialisme... Et alors<br />
quelle souffrance ! Mon rôle de prêtre a été alors<br />
d’essayer d’aider (dans le travail, l’accueil, les cours,<br />
l’aide, l’amitié, <strong>la</strong> prière) chacun et chacune à mieux<br />
se prendre en main, à vivre en homme responsable<br />
libre et croyant. Quels seraient mes regrets Pas<br />
celui de n’avoir converti personne : Dieu seul donne<br />
<strong>la</strong> foi. Mais celui de n’avoir pas été assez à l’écoute<br />
de l’autre, mon frère, pour mieux l’aider à construire<br />
son chemin, et celui de n’avoir pas été assez à l’écoute<br />
de l’Autre, Dieu, pour lui dire merci et lui présenter<br />
chacun et chacune par son nom.<br />
Raymond, spiritain, Mascara<br />
Depuis dix-neuf ans, je<br />
suis curé d’une paroisse<br />
sans paroissiens. Pas un<br />
problème vu mes antécédents<br />
dans l’enseignement<br />
à Misserghin, comme<br />
éducateur à <strong>la</strong> Cité<br />
de l’enfance d’Oran puis<br />
avec les handicapés.<br />
Afin de poursuivre <strong>la</strong><br />
présence chrétienne à<br />
Mascara, il a fallu transformer<br />
l’église et créer<br />
une « p<strong>la</strong>teforme de<br />
rencontre » (terme cher<br />
à Pierre C<strong>la</strong>verie) : des activités de formation féminine,<br />
une bibliothèque, des cours de soutien, un<br />
service des pauvres qui permettent de nous rencontrer,<br />
chrétiens et musulmans, de travailler ensemble,<br />
construire une amitié dans le respect et <strong>la</strong><br />
confiance, sans désir de prosélytisme, un dialogue<br />
de <strong>la</strong> vie sur nos lignes de fractures. Dans <strong>la</strong> prière<br />
et <strong>la</strong> messe quotidienne, notre petite communauté<br />
reprend souffle et apporte toute <strong>la</strong> vie partagée<br />
qui prend alors dimension d’éternité.<br />
J’ai eu vécu le Jeudi saint seul mais je tenais à célébrer<br />
cette fête du sacerdoce, cet exemple à vivre<br />
l’adoration dans le Service du frère, sur mon<br />
lieu de vie. Et tous mes paroissiens invisibles je les<br />
voyais autour de <strong>la</strong> table et je pouvais leur dire : <strong>la</strong><br />
paix de Jésus soit avec vous.<br />
C’est à l’hôpital qu’un voisin m’a présenté: « C’est<br />
notre curé ! » Je visitais les blessés victimes du<br />
terrorisme en 1995 : nous avons prié ensemble.<br />
Depuis, c’est fréquemment que je participe aux<br />
sépultures.<br />
Pour <strong>la</strong> sépulture de Marie Noël, <strong>la</strong> foule invisible<br />
du Jeudi saint était là, reconnaissant <strong>la</strong> sainteté de<br />
cette religieuse qui les avait soignés jusqu’au bout<br />
et qui, comme dira l’imam, rassemb<strong>la</strong>it, au moment<br />
de partir, chrétiens et musulmans dans un même<br />
chagrin, une même ferveur et une même fraternité.<br />
« Nous avons voulu vous exprimer que <strong>la</strong> petite<br />
communauté chrétienne de Mascara fait partie de<br />
<strong>la</strong> société civile de notre ville et que l’on apprécie<br />
les services qu’elle rend à notre popu<strong>la</strong>tion » nous<br />
confiera un élu. Hamdul<strong>la</strong>h !<br />
DOSSIER<br />
19
DOSSIER<br />
20<br />
Robert, ermite, Médéa<br />
Prêtre en Algérie, à<br />
quoi peut ressembler<br />
ma vie Au talent<br />
enfoui A Dieu<br />
ne p<strong>la</strong>ise ! Au grain<br />
jeté en terre L’image<br />
qui me parle est celle<br />
d’une quelconque<br />
guerba (outre pour<br />
garder l’eau au frais)<br />
suspendue à un puits.<br />
Suspendue à <strong>la</strong> soif<br />
de quelqu’un à <strong>la</strong> soif<br />
d’eau.<br />
Prêtre en Algérie, sur quoi peut reposer ma vie Sur<br />
une parole de Jésus : « Ce n’est pas vous qui m’avez<br />
choisi, mais c’est moi qui vous ai choisis. » S’en souvenir<br />
pour faire avec les déficiences de <strong>la</strong> guerba.<br />
Lorsqu’il m’arrive d’avoir à rendre compte de <strong>la</strong> forme<br />
de vie qui me fait être ici, c’est toujours conscient<br />
de l’insuffisance de nos mots et, en même temps, du<br />
retentissement des actes d’une vie à livrer dans <strong>la</strong><br />
transparence : le « Je est un Autre » est-il vraiment<br />
inscrit dans mon quotidien Dans ce que je dis (et qui<br />
m’est dit) comme dans ce que je fais (et qui m’est fait)<br />
Dieu peut ou non se figurer, s’inviter et - ce qui en découle<br />
- s’échanger. Chaque rendez-vous eucharistique<br />
me le rappelle.<br />
N’ayant eu que rarement une activité proprement<br />
ministérielle, je me suis tenu au plus banal (mais pas<br />
toujours le plus facile) : rendre à chacun son bonheur<br />
d’être, cherchant à alléger son pas vers Dieu. Etait-il<br />
nécessaire d’être prêtre pour ce<strong>la</strong> <br />
Dans le monastère où j’étais, <strong>la</strong> vox populi (synthétisée<br />
par le supérieur) pouvait faire de vous un prêtre. Je<br />
le fus. A ma charge, une fois en Algérie, de le devenir<br />
pour ceux auxquels j’ai été or-donné.<br />
Présents dans notre Eucharistie<br />
Théoneste, Constantine<br />
Arrivé en Algérie<br />
en octobre 1988<br />
pour des études<br />
d’électronique,<br />
j’ai aussitôt pensé<br />
Quand on célèbre « l’Eucharistie parmi les nations » on peut non seulement offrir<br />
sa vie pour les nations à <strong>la</strong> suite du Christ, mais on peut aussi unir à ce sacrifice du<br />
Christ toutes les offrandes d’eux-mêmes que certaines consciences droites non<br />
chrétiennes ont consenti.<br />
« La plupart du temps nos frères et sœurs de l’is<strong>la</strong>m ne sont pas visiblement présents<br />
dans le lieu où nous célébrons l’Eucharistie. Nous les introduisons spirituellement<br />
dans notre Eucharistie parce que c’est avec eux que nous avons vécu les<br />
travaux du jour et que c’est pour eux que nous demandons <strong>la</strong> communion (entre<br />
eux et avec nous). Et si, comme il arrive souvent, des amis musulmans nous ont<br />
demandé de prier pour eux, alors notre célébration entre plus avant encore dans<br />
cette certitude que nous offrons avec eux et pour eux le sacrifice du Christ.<br />
+ Henri Teissier, Célébrer l’Eucharistie au milieu des nations, SIMO, août 2008<br />
comme capitales<br />
<strong>la</strong> rencontre avec<br />
les étudiants algériens<br />
et l’étude de<br />
<strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue arabe. Le<br />
résultat se lit entre<br />
les lignes dans <strong>la</strong><br />
décision de rester<br />
dans ce pays pour continuer tant bien que mal ce que<br />
d’autres avaient commencé bien avant nous dans le<br />
diocèse de Constantine. Le retour à l’Université après<br />
l’ordination a été une sacrée chance de rencontrer<br />
les jeunes dont j’avais le double de l’âge ! Ce dernier<br />
passage a été très riche et habité par tous ceux que je<br />
rencontrais sur ma route vers l’école, de <strong>la</strong> maison à<br />
l’université : des jeunes du quartier aux travailleurs et<br />
professeurs, en passant par les étudiants bien sûr.<br />
Avec les jeunes, c’était l’occasion de parler de tout<br />
et de rien, de rire comme eux et de guetter le signe<br />
de l’amitié. Avec les étudiants, c’était le temps du sérieux,<br />
de <strong>la</strong> confidence et de l’amitié, le respect étant<br />
de rigueur. Ce dernier point vaut aussi pour les grands<br />
qui s’étonnaient qu’on soit toujours là . C’est là que<br />
l’apprentissage de l’arabe obtient son couronnement.<br />
Ce<strong>la</strong> leur dit que je ne suis pas absent au pays et à son<br />
peuple. Certaines rencontres sont plus merveilleuses<br />
que d’autres et comblent le vide <strong>la</strong>issé par celles qui<br />
semblent avoir été catastrophiques.<br />
Ma raison première d’être là c’est <strong>la</strong> communauté chrétienne<br />
en besoin du concours d’hommes et femmes<br />
de bonne volonté. J’aime cette Eglise avec <strong>la</strong> vocation<br />
qui lui est spécifique : Eglise de <strong>la</strong> rencontre, Eglise du<br />
service, Eglise « signe de <strong>la</strong> présence<br />
». C’est peut-être ce trait<br />
qui m’a le plus séduit. En tout cas<br />
j’essaie au quotidien d’en épouser<br />
toute cette coloration tripartite<br />
et ce, « jusqu’à ce que - <strong>la</strong><br />
mort -, <strong>la</strong> mienne bien entendu,<br />
nous sépare » ! En attendant, je<br />
suis heureux d’être prêtre avec<br />
toute l’Eglise d’Algérie.
Association<br />
« Osons <strong>la</strong> Solidarité »<br />
Chantier-jeunes en Algérie<br />
DIALOGUE<br />
L’association « Osons <strong>la</strong> Solidarité » a<br />
organisé un chantier « jeunes » en Algérie,<br />
l’été dernier. Ils étaient un groupe<br />
de 19 dont deux prêtres « Fils de <strong>la</strong><br />
Charité », et 17 jeunes entre 18 et 28<br />
ans, dont plusieurs Algériens/Algériennes.<br />
Il est difficile de résumer une pareille expérience<br />
qui a commencé par un chantier<br />
à Oran en lien avec l’association<br />
oranaise : « Santé – Sidi el-Houari », qui<br />
accueille des jeunes en échec sco<strong>la</strong>ire<br />
pour leur faire connaître d’autres débouchés<br />
possibles. Elle a aussi le souci<br />
de <strong>la</strong> formation à <strong>la</strong> citoyenneté. Des<br />
liens forts se créent avec tous les jeunes<br />
de l’association.<br />
Puis ce sera <strong>la</strong> découverte du Sud :<br />
Ghardaïa, Tamanrasset, <strong>la</strong> méharée dans<br />
le Hoggar en direction de l’Assekrem,<br />
pendant <strong>la</strong>quelle tous ces jeunes découvrent<br />
le silence du désert.<br />
« Malgré nos croyances diverses, nous avons quelque chose<br />
en commun, nous sommes tout petits devant l’immensité<br />
des montagnes ».<br />
« Lorsqu’on a vu une seule fois <strong>la</strong> splendeur du bonheur<br />
illuminer le visage d’un être aimé, on comprend que pour<br />
l’homme il ne peut y avoir d’autre vocation que de susciter<br />
cette lumière sur le visage de ceux qui l’entourent ».<br />
« La marche exigeante permet des temps de silence pour<br />
soi et aussi pour rencontrer les autres autrement. Que<br />
de belles rencontres vraies, profondes ! Levers de soleil,<br />
nuits pleines d’étoiles, quelle merveille que <strong>la</strong> création !<br />
J’aime cette simplicité des Touaregs et de leur vie qui nous<br />
fait oublier le « matériel » souvent étouffant. Je suis très<br />
heureuse de cette merveilleuse aventure<br />
».<br />
Découverte aussi des traces de Charles<br />
de Foucauld avec <strong>la</strong> « Frégate » son<br />
ermitage, le « Bordj » où il est mort et<br />
qu’il avait construit pour protéger <strong>la</strong><br />
popu<strong>la</strong>tion pendant <strong>la</strong> guerre de 1914.<br />
De retour à Alger nous sommes accueillis<br />
chez les Pères B<strong>la</strong>ncs, par le<br />
Frère Jan et le Père José Maria. C’est <strong>la</strong><br />
« vie de château » dans des lits et avec<br />
des repas. Diverses rencontres, dont le<br />
pasteur protestant et Monseigneur Bader,<br />
le nouvel archevêque d’Alger. « Ici<br />
toute l’Eglise et toutes les forces de<br />
l’Eglise sont au service de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion<br />
algérienne ! » nous dit-il.<br />
L’Algérie et son peuple n’auront jamais<br />
fini de nous surprendre et de nous<br />
bousculer.<br />
21
ACTUALITÉ DES DIOCÈSES<br />
D<br />
Diocèse de Laghouat-Ghardaïa<br />
« Dans le désert, je cherche ta face »<br />
Pèlerinage au désert des étudiants subsahariens<br />
u 21 au 26 mars, une trentaine de personnes, majoritairement étudiants et Africains subsahariens,<br />
sous <strong>la</strong> houlette du Père Anselme Tarpaga, Père B<strong>la</strong>nc, ont rejoint Timimoun, dans le sud algérien,<br />
pour un temps de pèlerinage à <strong>la</strong> recherche du visage du Seigneur. Une des participantes raconte.<br />
L’accueil chaleureux du responsable du camping et de son personnel nous mit très vite à l’aise. La petite distance<br />
séparant les dunes du camping « <strong>la</strong> Rose des Sables », nous permit d’apprécier le silence impressionnant<br />
du désert et l’immensité du grand erg occidental.<br />
Notre rencontre débuta par une prise de contact entre les participants, afin de faire plus ample connaissance<br />
et d’évaluer notre diversité (notamment au niveau des nationalités). Le Père Anselme nous présenta ensuite le<br />
reste des activités : temps de prière (avec les psaumes), exploration des personnages bibliques ayant traversé le<br />
désert (Abraham, Moïse, Elie et Jésus) animées par le Frère Bernard et le Père José Maria, temps de méditation<br />
dans le silence, moments de partage, sans oublier, bien sûr, les repas. Les journées passées au camping se déroulèrent<br />
de façon harmonieuse, chacun de nous donnant un peu du sien, certains un peu plus que d’autres…<br />
Le mardi qui suivit notre arrivée, <strong>la</strong><br />
marche tant attendue à travers le<br />
désert, à dos de dromadaire pour<br />
certains et à pied pour d’autres, arriva<br />
et, avec elle, des expériences toutes<br />
nouvelles : découverte des dunes<br />
de sable, sensation d’une présence<br />
spirituelle lors de l’isolement dans<br />
le silence, dépassement de ses limites<br />
autant physiques que spirituelles,<br />
sensation profonde de vulnérabilité.<br />
C’était extraordinaire de constater à<br />
quel point l’on pouvait se sentir tout<br />
petit et du coup tellement impuissant<br />
face à l’immensité de cette étendue sablonneuse,<br />
cette merveilleuse création<br />
de Dieu qu’est le désert. Quand vint<br />
<strong>la</strong> nuit (<strong>la</strong> seule passée en dehors du<br />
camping), épuisés par <strong>la</strong> marche mais<br />
rassasiés par <strong>la</strong> richesse spirituelle de<br />
<strong>la</strong> randonnée, ce fut sur une belle dune<br />
que se dérou<strong>la</strong> <strong>la</strong> prière du soir. Les<br />
Marche des étudiants à travers le désert<br />
heures qui suivirent furent consacrées au dîner et à un grand moment de détente autour d’un magnifique feu de<br />
bois : exactement comme un soir ordinaire dans nos vil<strong>la</strong>ges africains. Tant de vieux souvenirs enfouis au fond<br />
de nous resurgirent, nous offrant ainsi l’opportunité de revivre, tant soit peu, l’atmosphère de ces jours heureux<br />
restés jusque là nostalgiques !<br />
Le lendemain, ce fut le chemin de retour vers le camping avec des arrêts au niveau des oasis, pour <strong>la</strong> découverte,<br />
l’exploration, le repas, <strong>la</strong> sieste et le partage. La dernière journée au camping fut marquée par un débat à<br />
propos de <strong>la</strong> marche de Jésus à travers le désert, sa vocation et <strong>la</strong> vocation de chacun de nous. Le soir, avec l’arrivée<br />
du Père-Evêque C<strong>la</strong>ude, il y eût encore une belle célébration eucharistique suivie d’un moment de louange<br />
et d’adoration qui fut le dernier moment fort de <strong>la</strong> session. Une activité toute nouvelle et bien accomplie !<br />
d’après le témoignage de Carine Tandzi<br />
22
Diocèse d’Oran<br />
Pentecôte à Oran<br />
L<br />
a tradition est bien rodée : l’avant-veille de Pentecôte, Notre-Dame de Santa Cruz accueille les chrétiens<br />
d’Oranie et leurs amis. De Tiaret, Tlemcen, Sidi Be<strong>la</strong>bbès, Mostaganem, les étudiants sont venus en bus.<br />
L’Afrique reçoit le reste du monde. Mais on regrette l’absence des Philippins et de quelques autres<br />
travailleurs expatriés qui n’ont pas pu quitter leur chantier.<br />
La messe est présidée par Mgr Georger, assisté de Mgr Teissier. Grâce à <strong>la</strong> chorale des étudiants, les<br />
mots des Psaumes prennent enfin tout leur<br />
sens : Criez… Dansez… Cris de peine d’une<br />
humanité souffrante (Fumu kokolo, ndu<strong>la</strong><br />
ngemba… Seigneur, prends pitié), cris de joie<br />
d’une jeunesse enthousiaste, incapable de<br />
chanter sans que le corps entier prenne<br />
part à <strong>la</strong> danse de <strong>la</strong> vie. « C’est dans ces cris<br />
sans voix de <strong>la</strong> prière que s’ouvre l’espace de<br />
Dieu », écrit J.-B. Metz (Memoria passionis,<br />
p. 98). En écoutant le chant de <strong>la</strong> soliste<br />
après <strong>la</strong> communion, on comprenait peutêtre<br />
comment d’autres Africains, du côté de<br />
<strong>la</strong> Nouvelle-Orléans, ont créé autrefois leur<br />
propre musique avec les mots de <strong>la</strong> Bible de<br />
tous.<br />
A <strong>la</strong> Pentecôte, le cri de l’Église est un<br />
impératif : Viens ! Viens, Esprit créateur. Viens,<br />
Esprit de sainteté. J’aime à penser qu’en<br />
montant vers le ciel, il se mêle à celui de Sidi<br />
Abdelkader al-Dji<strong>la</strong>ni dont les Oranais font<br />
Criez pour le Seigneur, dansez pour Lui<br />
Notre Dame de Santa Cruz accueille les chrétiens d’Oranie<br />
mémoire sur le p<strong>la</strong>teau du Murdjadjo au-dessus de Santa-Cruz et qui commençait ainsi un de ses poèmes :<br />
Viens ! Viens ! Mon cœur t’en supplie et aspire à l’émoi<br />
de s’incliner devant Toi !<br />
Viens ! Viens ! Que par ton secours<br />
notre argile se pétrisse de Ton Amour.<br />
Viens ! Viens ! Notre moisson fut trop cruelle<br />
et trop fertile en tristesses du cœur.<br />
Après le pique-nique ensoleillé, on revient dans l’église. On écoute d’abord <strong>la</strong> chorale de Saint-Eugène. Puis les<br />
étudiants nous offrent une première. A l’initiative de ceux de Tiaret, une chorale inter-cités s’est mise en p<strong>la</strong>ce. Ils<br />
sont cinquante dans le chœur, dix de chaque ville universitaire, impeccables dans leur tenue noire et b<strong>la</strong>nche. Ils ont<br />
coordonné leurs répétitions à distance et se produisent ensemble pour <strong>la</strong> première fois, associant le chant choral,<br />
celui des solistes et <strong>la</strong> chorégraphie ; je ne m’en serais pas douté si on ne me l’avait pas dit. Ils peuvent être fiers de<br />
ce qu’ils ont créé et qui va sans doute bien au-delà de <strong>la</strong> production d’un disque.<br />
Mais d’autres absents se rappellent discrètement à notre souvenir. Je suis à <strong>la</strong> tribune. Sur trois colonnettes de<br />
<strong>la</strong> balustrade, je remarque des inscriptions en chinois que je photographie pour les faire lire à des personnes<br />
compétentes. Ce sont les noms et prénoms de trois chrétiens chinois qui sont passés par là récemment.<br />
Travaillent-ils sur le chantier de l’autoroute, sur celui du stade ou à <strong>la</strong> construction de quelque autre grand<br />
bâtiment Qu’ils soient remerciés pour nous avoir rappelé leur présence.<br />
Au registre des peuples, le Seigneur écrit : « Chacun est né là-bas. » Tous ensemble ils dansent et ils chantent : « En toi toutes<br />
nos sources ! » (Psaume 87)<br />
Jean-Louis Déc<strong>la</strong>is<br />
CTUALITÉ DES DIOCÈSES<br />
23
ACTUALITÉ DES DIOCÈSES<br />
24<br />
Diocèse d’Alger<br />
Pèlerinage des <strong>la</strong>ïcs à Tibhirine<br />
L<br />
e vendredi 28 mai 2010, le conseil pastoral a donné rendez-vous aux <strong>la</strong>ïcs du diocèse, pour un pèlerinage à<br />
Tibhirine. Ce pèlerinage fait écho à une tradition dans le diocèse, à l’époque ou les moines accueil<strong>la</strong>ient les<br />
familles un week-end fin mai pour deux jours de rencontre et de prière. La fin mai est aussi <strong>la</strong> période où<br />
nous célébrons l’anniversaire de leur disparition.<br />
Une petite équipe du conseil pastoral était chargée d’organiser cette journée. Nous étions une bonne centaine. Après<br />
l’inscription, nous allons à <strong>la</strong> chapelle pour un temps de prière, afin de confier notre journée à Marie. Monseigneur<br />
Bader, qui nous a accompagnés toute <strong>la</strong> journée, nous a envoyés en pèlerins sur les pas des moines. Des paroissiens<br />
venant de Tizi-Ouzou nous ont rejoins et nous avons pris <strong>la</strong> route à bord de quatre bus.<br />
En arrivant, le Père Jean-Marie Lassausse, les ouvriers de l’exploitation, et les sœurs de Bethléem étaient là pour nous<br />
accueillir et nous inviter à <strong>la</strong> chapelle du monastère, où Jean-Marie nous a présenté le monastère et <strong>la</strong> vie des moines<br />
dans ce lieu, au milieu de ce monde rural, en terre d’is<strong>la</strong>m. Il a particulièrement évoqué le frère Luc, le moine médecin<br />
de <strong>la</strong> communauté trappiste qui, à travers ses compétences, s’est mis au service de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion avoisinant le monastère,<br />
répondant à ses besoins de jour comme de nuit dans un esprit de service et d’accueil de l’autre.<br />
Après un temps de prière sur les tombes des moines, nous nous sommes retrouvés en petits groupes de partage<br />
dans le jardin du monastère. La lecture de Rm 5,1-5 de <strong>la</strong> liturgie du dimanche suivant, nous invitait à réfléchir et<br />
partager, à travers une question qui nous était posée : « Comment le témoignage des moines, ici à Tibhirine, nous<br />
interpelle-t-il dans notre vie de <strong>la</strong>ïc chrétien pour vivre notre foi et notre vie chrétienne ici en Algérie, au milieu de ce<br />
peuple musulman » Dans notre groupe, nous avons retenu trois mots :<br />
- Amour, qui nous semb<strong>la</strong>it le mot exprimant le mieux ce que les moines ont tenté de vivre et particulièrement dans<br />
leur re<strong>la</strong>tion avec leurs voisins et tous ceux qui passaient au monastère.<br />
- Communion, qui vou<strong>la</strong>it exprimer cet échange, jusque dans le dialogue et l’écoute de <strong>la</strong> foi de ceux qui leur étaient<br />
proches et qui a nourri leur propre recherche de Dieu.<br />
- Fraternité, qui exprime à <strong>la</strong> fois cet Amour offert à travers <strong>la</strong> communion échangée et qui nous rappelle que nous<br />
sommes enfants du même Père.<br />
L’heure du repas ayant enfin sonné, le jardin nous a permis de profiter d’un bon pique-nique, apporté par chacun, mais<br />
surtout de poursuivre le dialogue commencé dans les petits groupes.<br />
Les jeunes filles du vil<strong>la</strong>ge, qui travaillent à l’atelier de broderie animé par Sœur Berta, avaient aussi préparé une salle<br />
d’exposition-vente. Chacun a pu admirer et acquérir quelques chefs-d’œuvre de broderie, ou de <strong>la</strong> confiture de Tibhirine,<br />
ou bien des pains d’épices ou des loukoums.<br />
Nous avons débuté l’après-midi par un long<br />
temps de prière silencieuse devant le Saint<br />
Sacrement, qui a été suivi par l’Eucharistie<br />
où nous avons célébré <strong>la</strong> fête de <strong>la</strong> Trinité,<br />
célébrée le dimanche suivant.<br />
Et voilà, chacun a repris le bus et nous<br />
redescendons de <strong>la</strong> montagne… vers nos<br />
vies ! Le cœur empli de cette journée<br />
passée à <strong>la</strong> lumière de <strong>la</strong> vie des moines, et<br />
le désir d’approfondir et chercher celui qui<br />
nous réunit pour que nos vies soient des<br />
vies en abondance !<br />
Anne Boutin
25<br />
Diocèse de Constantine et Hippone<br />
Faire Eglise dans l’aujourd’hui d’un peuple<br />
Rencontre diocésaine à Constantine<br />
«<br />
Faire Église dans l’aujourd’hui d’un peuple » fut le thème de notre habituelle rencontre diocésaine de printemps,<br />
mi-avril avec cinquante à soixante-dix personnes. Nous commencions par entendre quatre témoins<br />
nous dire comment ils articu<strong>la</strong>ient leur présence dans le pays et leur p<strong>la</strong>ce dans l’Église : un algérien, une<br />
religieuse sri <strong>la</strong>nkaise, une épouse d’Algérien et un étudiant africain. Après le pique-nique partagé , une autre<br />
plongée dans le réel : Gérard de Be<strong>la</strong>ir nous présenta l’évolution du pays et notre évêque celle de notre Église locale.<br />
Ce fut ensuite au tour de Jean Toussaint, prêtre d’Alger, de nous aider à dégager <strong>la</strong> signification de notre vécu. Il nous<br />
a d’abord fait relire les étapes antérieures de<br />
<strong>la</strong> réflexion diocésaine : il dégageait un des<br />
sens du mot communion signifiant charge ou<br />
devoir. Appel à sortir d’un face à face stérile<br />
entre religions car tout homme est appelé à<br />
<strong>la</strong> sainteté, ici et maintenant ; appel qui sera<br />
accompli dès que tous auront entendu le<br />
mot : heureux. Toute personne qui vit <strong>la</strong> rencontre<br />
avec l’autre en vérité est elle-même<br />
un signe efficace, un sacrement. On peut aussi<br />
résumer <strong>la</strong> raison d’être ici, sur une terre<br />
d’is<strong>la</strong>m, par le mot présence … à l’Esprit de<br />
Dieu, présence active, cadeau.<br />
L’Église vit les évolutions du pays et des phénomènes<br />
nouveaux qui posent aujourd’hui de nouvelles questions : Comment faire Église dans <strong>la</strong> nouvelle diversité <br />
Pour prendre un peu de recul, J. Toussaint illustre son propos en nous décrivant <strong>la</strong> problématique de l’Église du Cambodge,<br />
contrainte de fonder sa communion sur <strong>la</strong> réconciliation des anciens ennemis et d’inventer sa propre manière<br />
de faire Église dans son peuple. Avec trois moyens : célébrer dans <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue du pays, transmettre <strong>la</strong> foi dans <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue du<br />
pays et manifester l’amour du Christ.<br />
Quelques questions furent posées à l’assemblée qui y répondit en carrefours concluant l’après-midi : Comment sentons-nous<br />
ce qui travaille le pays intérieurement A quoi ce<strong>la</strong> nous appelle Quelles conséquences dans notre façon<br />
d’être <br />
Le lendemain, J. Toussaint fait le lien entre les questions posées et les différents éléments de réponse. Il s’appuie sur<br />
les Actes des apôtres : « Annoncez au peuple toutes les paroles de vie ». Nous avons formulé des Paroles de vie parce<br />
qu’en résonance avec le mystère du Christ ; Paroles d’Incarnation : « Choisir de rester »... ; Paroles de Passion : « Inutilité,<br />
inquiétude, racisme, marginalisation » … « Cailloux <strong>la</strong>ncés » devenus « Pain partagé » ; Parole de Résurrection : «<br />
Mon jardin a fleuri » … « Je suis plus Algérien qu’avant ».<br />
Faire Église signifie que chacun joue sa partition et écoute celles des autres. Jean s’appuie sur l’image de l’évangile du<br />
jour : <strong>la</strong> pêche miraculeuse de cent cinquante-trois gros poissons et « pourtant le filet ne se déchire pas » (pas de<br />
division). Nous ne formons pas un îlot à part, protégé des tensions qui peuvent diviser l’Église universelle. Nous ne<br />
sommes pas dispensés de <strong>la</strong> tâche de construire des ponts.<br />
Faire un pas pour franchir les frontières est un progrès pour l’humanité. Nous avons un devoir d’espérance. Mais avec<br />
une clé d’interprétation : Jésus tout petit qui se donne à tous pour <strong>la</strong> paix, l’amour du prochain, <strong>la</strong> réconciliation. Ces<br />
journées se sont conclues par deux signes de partage : l’eucharistie du samedi à midi, suivie du couscous préparé par<br />
Myriem. Merci à tous ceux qui ont contribué à leur réussite.<br />
Odile Schliesendinger & Jean Marie Jehl<br />
ACTUALITÉ DES DIOCÈSES
DES LIVRES A LIRE<br />
J<br />
acques Keryell, qui nous avait déjà donné plusieurs livres sur Louis Massignon<br />
et un ouvrage sur Afîf Osseïran, prêtre libanais d’origine chiite,<br />
vient, grâce aux éditions Geuthner, de nous apporter son témoignage,<br />
plein de ferveur et de souvenirs personnels, sur cette chrétienne égyptienne<br />
exceptionnelle que fut Mary Kahîl (1889-1979), cette « grande<br />
dame d’Egypte », comme il l’écrit, que J. Keryell a connue pendant ses années de vie au<br />
Moyen Orient. On sait que cette chrétienne, née d’une grande famille grecque catholique<br />
d’origine syro-libanaise, entra en amitié spirituelle avec Louis Massignon en 1934<br />
et fut <strong>la</strong> première personne associée à <strong>la</strong> Badaliya, association mystique fondée par<br />
Massignon pour rassembler ceux des chrétiens qui avaient vocation à vivre une solidarité<br />
spirituelle de « substitution » avec les musulmans et le monde musulman. Jacques<br />
Keryell nous aide à découvrir non seulement <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce tenue par Mary Kahîl dans <strong>la</strong><br />
naissance et le développement de <strong>la</strong> Badaliya jusqu’à <strong>la</strong> mort de Massignon (1962),<br />
mais il nous fait rejoindre aussi tous les autres chantiers humains ou apostoliques<br />
dans lesquels Mary Kahîl déploya son énergie multiforme : le mouvement féministe<br />
égyptien avec Houda Chaaraoui, dès les années 20 du siècle dernier ; <strong>la</strong> communauté<br />
melkite d’Egypte avec Maximos IV dont on connaît le rôle à Vatican II ; Mgr Medawar<br />
et le P. Aid, à qui Mary Kahîl donna Notre-Dame de <strong>la</strong> Paix au Caire, l’église melkite<br />
où Massignon fut ordonné prêtre ; les écoles de Haute Egypte avec le P. Ayrouth ; les<br />
initiatives du mouvement oecuménique au Moyen Orient ; l’Association Dar es-Sa<strong>la</strong>m<br />
et <strong>la</strong> fraternité is<strong>la</strong>mo-chrétienne Ikhwân es-Safa ( les frères de <strong>la</strong> pureté ) avec Massignon<br />
et le P. Anawati, etc… Mais au-delà de ces chantiers premiers, Jacques Keryell<br />
nous fait aussi découvrir bien d’autres amitiés de Mary Kahîl, à travers de nombreuses<br />
lettres ou des témoignages, comme les liens personnels de M. Kahîl avec des personnes<br />
aussi différentes qu’Oum Kalthoum, <strong>la</strong> star égyptienne de <strong>la</strong> chanson, … et le P.<br />
Voil<strong>la</strong>ume, au moment de <strong>la</strong> fondation en Orient des petits frères et des petites<br />
sœurs de Jésus.<br />
+ Henri Teissier<br />
Mary Kahîl<br />
une grande dame d’egypte<br />
Jacques Keryell,<br />
Paris, Geuthner, 2010, 233p.<br />
puisque mon coeur est<br />
mort<br />
Maïssa Bey<br />
Roman, Alger Editions Barzakh, 2009<br />
Paris aux Editions de l’Aube,<br />
U<br />
ne douleur. Ce n’est pas un roman, c’est une douleur<br />
nue que Maïssa Bey nous donne à lire au fil des chapitres<br />
de son dernier ouvrage, cinquante feuillets détachés<br />
du cahier – couverture b<strong>la</strong>nche, réglure Seyes<br />
– où une femme, où une mère tisse les mots qui <strong>la</strong><br />
relient à son fils unique, assassiné un soir en rentrant chez lui. Ya<br />
M’ma, ya Yemma !<br />
Saisi dans l’intimité de cette femme divorcée, cultivée, qui doit<br />
trouver sa p<strong>la</strong>ce entre <strong>la</strong> tradition et <strong>la</strong> liberté, entre l’oubli et <strong>la</strong><br />
vengeance, entre <strong>la</strong> vie et <strong>la</strong> mort, le lecteur touche au cœur de<br />
notre humanité, de <strong>la</strong> souffrance et de <strong>la</strong> haine, dans l’intensité<br />
brû<strong>la</strong>nte de l’actualité algérienne.<br />
Maïssa Bey, dans <strong>la</strong> pure simplicité de sa <strong>la</strong>ngue, <strong>la</strong>isse bruire ce<br />
texte fulgurant des mille voix de « celles qu’[elle] ne pourrai[t]<br />
toutes nommer », ces femmes à qui elle le dédie, mères, filles,<br />
amantes ou sœurs qui se veulent libres, libres dans leur deuil, leur<br />
solitude ou leur amour.<br />
« Maintenant, je ne veux plus faire semb<strong>la</strong>nt. Que m’importent<br />
l’opprobre, l’exclusion Je n’ai plus rien à perdre puisque j’ai tout<br />
perdu. Puisque mon cœur est mort. »<br />
Mathilde Cazeaux<br />
26
prêtre en algérie<br />
40 ans dans <strong>la</strong> maison<br />
de l’autre<br />
Préface de Mgr Henri Tessier<br />
Bernard Janicot<br />
Kartha<strong>la</strong>, 2010.200p<br />
U<br />
n proverbe chinois dit : « N’écris pas de livre avant d’en<br />
avoir lu mille... » Bernard Janicot, prêtre du diocèse d’Oran<br />
et lecteur passionné, nous présente son premier livre.<br />
Dans une <strong>la</strong>ngue simple et précise, il dresse un portrait<br />
de quarante ans de vie dans <strong>la</strong> maison de l’Autre, au sein<br />
de l’Eglise d’Algérie qu’il aime, dont il partage <strong>la</strong> vie avec de petites<br />
communautés religieuses de sœurs et de frères, dans un pays où on a<br />
pu dire, dans les années mille neuf cent quatre vint-dix, que <strong>la</strong> vie et<br />
l’Algérie sont incompatibles. Bernard Janicot est directeur du CDES<br />
(Centre de Documentation Economique et Sociale) et son témoignage<br />
de <strong>la</strong> présence de l’Eglise en milieu universitaire à travers les bibliothèques<br />
occupe une p<strong>la</strong>ce importante dans son livre. Un livre plein de<br />
citations d’évêques d’Algérie, de moines ou de théologiens, de témoignages<br />
croisés d’inoubliables rencontres avec ses amis musulmans, et<br />
ce regard que l’Autre porte sur nous-même, sa façon de voir et de<br />
sentir le monde à travers <strong>la</strong> foi, <strong>la</strong> formation, et l’enseignement qu’on<br />
peut tirer des rencontres avec l’Autre. Un témoignage plein d’amour<br />
et d’espérance pour les chrétiens et les musulmans de ce pays.<br />
Tania Felfli<br />
DES LIVRES A LIRE<br />
C<br />
e recueil de textes de Gabriel Piroird, ancien évêque de<br />
Constantine, offre quatre exemples de sa lecture de <strong>la</strong> Parole<br />
de Dieu dans l’Algérie des années 90.<br />
Le premier de ces textes - Quel temps pour notre Eglise<br />
– nous donne une clé de lecture de <strong>la</strong> vie de Jésus<br />
et de <strong>la</strong> première Eglise dans les écrits de saint Luc. Nous<br />
sommes invités à chercher et analyser le temps de notre Eglise en<br />
Algérie, et découvrir de nouvelles pistes sur le mode de sa présence<br />
aujourd’hui. Les trois textes suivants - Sois sans crainte, petit troupeau<br />
; Notre-Dame de l’Attente ; et Entre <strong>la</strong> violence et <strong>la</strong> douleur :<br />
<strong>la</strong> patience ! – ont été écrits dans le climat de violence qui montait<br />
dans le pays de 1988 à 1997. Ces quatre exemples sont clôturés par<br />
une présentation de <strong>la</strong> manière de lire l’évangile d’Antoine Chevrier,<br />
fondateur de l’œuvre du Prado, en banlieue de Lyon (France) dans <strong>la</strong><br />
deuxième moitié du dix-neuvième siècle. Une lecture spirituelle, imprégnée<br />
d’amour pour l’Eglise, attentive et personnelle, encourageant<br />
à pousser plus loin notre réflexion. Ce livre peut nous ouvrir à des<br />
lectures des Ecritures propres à notre vie ici aujourd’hui.<br />
Je retiens cet objectif qui guidait Antoine Chevrier et que Gabriel<br />
Piroird nous partage : « Suivre Notre Seigneur Jésus Christ de plus<br />
près pour me rendre plus capable de travailler efficacement au salut<br />
des âmes ».<br />
Jesus Leon B<strong>la</strong>nco (SJ)<br />
Servir<br />
l’œuvre<br />
de Dieu<br />
en Algérie<br />
Mgr Gabriel Piroird<br />
Parole et Silence, 2009,<br />
27
TRois mois en bref<br />
28<br />
Chaouïa de cœur. Germaine Tillion<br />
Un parcours exceptionnel. L’ethnologue, <strong>la</strong> résistante<br />
et l’humaniste n’a pas fini de faire parler<br />
d’elle avec toujours son lien unique avec l’Algérie.<br />
Un colloque international est programmé du 26<br />
au 28 mai, organisé par l’université Bretagne Sud,<br />
en partenariat avec le réseau scientifique Terra<br />
et l’Institut Maghreb-Europe (université Paris VIII).<br />
Plusieurs chercheurs algériens sont associés à<br />
ce colloque : Ouanassa Siari Tengour du CRASC<br />
(Oran), Djemaâ Djogh<strong>la</strong>l, Madjid Merdaci (Constantine)<br />
et Ali Benali Zineb (Paris VIII). Et parmi les<br />
intervenants de France, Augustin Barbara, professeur<br />
de sociologie à l’université de Nantes. El Watan,<br />
22.IV.2010<br />
Batna . Les enfants découvrent le<br />
théâtre<br />
Les enfants et les écoliers ont « pétillé » de joie,<br />
le 23 avril, au TRB (Théâtre Régional de Batna),<br />
en savourant <strong>la</strong> générale de « Ali Baba el kabir »,<br />
une pièce adaptée et mise en scène par Fouad Leboukh.<br />
Leboukh travaille sur l’interactivité avec<br />
les enfants-spectateurs, histoire, dit-il, de « développer<br />
leurs capacités mentales, d’améliorer leur<br />
imagination et de les encourager à analyser et à<br />
critiquer ». L’Est, 25.IV.2010<br />
Femmes agressées à Hassi Messaoud<br />
: 13 associations forment un<br />
collectif de solidarité<br />
Le Collectif défense et solidarité avec les femmes<br />
de Hassi Messaoud est né. Chérifa Bouatta, membre<br />
de l’Association pour <strong>la</strong> défense et <strong>la</strong> protection<br />
des droits des femmes, a expliqué que <strong>la</strong> création<br />
de ce collectif vient en réaction à l’agression<br />
dont ont été victimes, début avril, à leur domicile,<br />
des femmes venues à Hassi Messaoud pour y travailler.<br />
« On n’est pas allés voir ces femmes car<br />
elles ont peur de perdre leur boulot. Nous respectons<br />
leur décision, mais réfléchissons sur les<br />
mécanismes à mettre en œuvre pour leur venir en<br />
aide » , souligne-t-elle, en se disant outrée que de<br />
tels délits puissent se reproduire sans problèmes.<br />
Pour rappel, en juillet 2001, des femmes vivant<br />
seules dans le bidonville d’El-Haïcha dans <strong>la</strong> même<br />
ville de Hassi Messaoud, avaient été violentées.<br />
Le Soir, 26. IV. 10<br />
La Transsaharienne en voie de parachèvement<br />
L’axe principal algérien est terminé. Cette route…<br />
projet symbolique de l’Union panafricaine, qui<br />
s’étend sur plus de 4 600 km, est enfin sur <strong>la</strong> bonne<br />
voie. La partie algérienne, qui s’étend sur 2 400<br />
km, est prête, selon le ministre des Travaux publics.<br />
La construction de cette route, qui reliera Alger à<br />
Lagos, au Nigeria, via le Mali, le Niger et le Tchad,<br />
permettra, souligne le ministre délégué chargé des<br />
Affaires maghrébines et africaines, « d’édifier une<br />
Afrique plus prospère, au service des Africains ».<br />
El Watan, 27.IV.2010<br />
Tizi-Ouzou. B<strong>la</strong>ck is beautiful<br />
La beauté africaine dans toute sa splendeur était<br />
à l’honneur les 13 et 14 mai. L’occasion : <strong>la</strong> tenue<br />
de <strong>la</strong> première édition du Festival de <strong>la</strong> culture<br />
et de l’expression de <strong>la</strong> beauté en Afrique subsaharienne.<br />
Organisée par l’Union panafricaine des<br />
étudiants stagiaires étrangers en Algérie (Upesea),<br />
cette manifestation a drainé près de 300 participants<br />
venus des universités d’Oran, Mostaganem,<br />
Bejaïa, Blida et Tizi-Ouzou. Objectif : valorisation<br />
des cultures et des traditions africaines.<br />
El Watan, 16.V.2010<br />
Ouled Djel<strong>la</strong>l (Biskra). 2 000 actes<br />
médicaux au profit des patients démunis<br />
Des médecins algériens ont donné pleine signification<br />
à <strong>la</strong> solidarité nationale en effectuant 2 000<br />
actes médicaux gracieux à des patients lors des<br />
journées médicochirurgicales d’Ouled Djel<strong>la</strong>l, clôturées<br />
le 15 avril. 80 spécialistes, conduits par le Pr<br />
Benbouzid, orthopédiste à l’hôpital de Ben Aknoun<br />
(Alger), ont effectué une centaine d’interventions<br />
chirurgicales et plus de 1 900 consultations…<br />
El Watan, 19.V.2010<br />
Moines de Tibhirine : canonisés à<br />
Cannes<br />
« Des hommes et des Dieux ». C’est un grand film<br />
humaniste que nous livre Xavier Beauvois : « Nous<br />
nous retrouvons au Festival comme des frères,<br />
et non simplement des professionnels venus présenter<br />
un film », a-t-il dit avec un naturel confondant.<br />
Sobhan Al<strong>la</strong>h ! (Dieu soit loué !) Quot. d’Oran,<br />
19.V.2010. Le film a obtenu à Cannes le Grand Prix<br />
du festival.
29<br />
Votre dossier n’est pas complet !<br />
Chacun saura faire <strong>la</strong> part de l’humour et du sérieux dans l’histoire<br />
contée ci-dessous, ou essaiera éventuellement de <strong>la</strong> reformuler en<br />
termes théologiques. L’ouvrage dont ce texte est tiré a été présenté<br />
dans le précédent numéro de Pax et Concordia. Il ne contient pas que<br />
des histoires…<br />
MÉDITATION<br />
U<br />
n catholique vient de mourir. Sa vie a été exemp<strong>la</strong>ire. Il a été<br />
à <strong>la</strong> messe tous les dimanches. Il sait même <strong>la</strong> chanter en<br />
<strong>la</strong>tin. Il s’est confessé chaque année. Il arrive le cœur léger<br />
à <strong>la</strong> porte du paradis, sûr de son bon droit. Saint Pierre<br />
l’accueille et consulte ses registres, puis l’ordinateur. Le<br />
chrétien est bien enregistré. Tout semble aller pour le mieux.<br />
Mais peu à peu saint Pierre fronce le sourcil, il semble chercher quelque<br />
chose. Le catholique attend patiemment : on sait ce que c’est, l’informatique…<br />
Au bout d’un moment, saint Pierre dit :<br />
C’est ennuyeux, il manque quelque chose…<br />
Ca m’étonnerait, répond le catholique, tout était en règle à mon départ !<br />
Oui, mais je cherche, et je ne vois pas où est votre ami musulman.<br />
Mon … quoi !!!<br />
http://www.jesuites.com/ © Compagnie<br />
Votre ami musulman, il n’est pas indiqué.<br />
Mais voyons, pourquoi aurais-je un ami musulman <br />
Saint Pierre répond : « Pour entrer au paradis, il faut amener votre ami<br />
musulman… ». En voyant <strong>la</strong> tête scandalisée du catholique, il ajoute gentiment<br />
: « Mais ça va sûrement s’arranger, attendez un peu sur le banc, à côté de <strong>la</strong> porte d’entrée. »<br />
Hors de lui, le candidat éconduit s’assied sur le banc ; il fulmine. Quelqu’un d’autre attend aussi. Sans<br />
le regarder, il s’exc<strong>la</strong>me : « L’administration, ça ne s’arrange pas ! Voilà qu’il leur manque quelque<br />
chose dans mon dossier ! » L’autre répond avec emportement : Moi c’est pareil, ils ne m’ont pas <strong>la</strong>issé<br />
entrer ! L’informatique complique tout, c’était plus simple avant ! »<br />
« C’est un scandale, il faut se p<strong>la</strong>indre ! » Il regarde son voisin. C’est un enturbanné brun et barbu<br />
qui explique : « Tout était au point pour moi, je récitais mes cinq prières chaque jour, j’étais au premier<br />
rang à <strong>la</strong> mosquée chaque vendredi<br />
pour écouter le prêche, j’ai même été à La<br />
Mecque, je ne comprends pas ce qu’il leur<br />
manque ! » Lui aussi, il vient de se présenter<br />
vainement au guichet…<br />
Mais les voilà qui se mettent à discuter sur<br />
les dysfonctionnements du monde moderne<br />
! Ils parlent, ils parlent, chacun se met à<br />
raconter sa vie à l’autre, son bon droit, ses<br />
bonnes actions… Au bout d’un moment,<br />
en baissant <strong>la</strong> voix, on raconte ses petits<br />
écarts… ses petites infidélités…<br />
Allons, tout ce<strong>la</strong> finira peut-être par s’arranger…<br />
In<br />
Monastère de Mar Moussa Syrie, où demeure P. Dall’Oglio<br />
http://www.jesuites.com/ ©<br />
Mar Moussa el Habachi<br />
Paolo Dall’Oglio, Amoureux de l’is<strong>la</strong>m, croyant en Jésus,<br />
Editions de l’Atelier, Paris, 2009, pp 167-168.
informations<br />
CONDITIONS PRATIQUES :<br />
Hébergement en conditions de camping,<br />
participation de tous aux services (cuisine,<br />
ménage, vaisselle).<br />
Frais de participation de 1500 DA. Si c’est trop<br />
cher, parlez-en avec votre aumônier.<br />
Apportez votre ordinateur portable (si vous<br />
avez) et vos draps.<br />
Nombre de p<strong>la</strong>ces limité à 30 - Priorité sera<br />
donnée aux nouveaux et aux premiers inscrits.<br />
De <strong>la</strong> vie commune<br />
Du chant, de <strong>la</strong> prière<br />
Des ateliers services<br />
informatique, arts<br />
p<strong>la</strong>stiques, arabe,<br />
découverte nature<br />
Mais<br />
que se passe-t-il à Skikda<br />
Du 10 au 17 juillet 2010 <br />
SKIKNABA !<br />
Inscriptions par mail à skiknaba@gmail.com<br />
Versement des frais à l’aumônier de votre ville, avant <strong>la</strong> session<br />
Comme un poisson dans l’eau,<br />
Arrivez à Skikda<br />
<br />
Ordinations presbytérales<br />
Jose Manuel Vizcarra Gamero a été ordonné prêtre samedi 12 juin par<br />
Mgr Desfarges, évêque de Constantine et Hippone, en <strong>la</strong> basilique Saint<br />
Augustin d’Annaba. Pascual Cordova Garcia sera ordonné prêtre au Pérou<br />
le 24 juillet. Nos deux frères de l’Ordre de Saint Augustin sont membres<br />
de <strong>la</strong> communauté O.S.A. qui est au service de <strong>la</strong> basilique d’Hippone.<br />
<br />
<br />
!<br />
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456 45$ (<br />
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<br />
Retraite des prêtres<br />
La retraite des prêtres du diocèse d’Alger aura lieu du 13 au 17 septembre<br />
et sera prêchée par Mgr Antoine Audo, évêque chaldéen venant de<br />
Syrie. Elle est ouverte aux prêtres des autres diocèses. S’inscrire auprès<br />
du P. Oumedjkane, evechealger@yahoo.fr.<br />
Du 08 au 16 Aout 2010<br />
Avancer avec d’autres dans <strong>la</strong> recherche de Dieu.<br />
Par une prière basée sur le chant, le silence,<br />
Intense méditation personnelle.<br />
Aumônier national des étudiants<br />
Sur proposition de Mgr Bader, les évêques d’Algérie ont nommé M. l’abbé<br />
Jean-Paul Kaboré aumônier national des étudiants. Il travaillera en coordination<br />
avec les autres délégués diocésains pour <strong>la</strong> Pastorale universitaire. Il<br />
conserve ses autres fonctions.<br />
E<strong>la</strong>rgir l’espace de sa tente.<br />
Découverte de soi et de l’autre<br />
Service, expérience de vie communautaire<br />
« Taizé, c’est trouver sa joie dans le bonheur de l’autre et dans <strong>la</strong> simplicité! »<br />
Inscriptions : Par e-mail à l’adresse : taizeenalgerie@yahoo.fr<br />
Frais de participation : 1500 DA à remettre à votre aumônier (en cas de difficulté financière, en parler avec lui)<br />
Un accusé de réception sera envoyé avec les détails pratiques de <strong>la</strong> semaine<br />
Attention nombre : de p<strong>la</strong>ces limité à 120<br />
Cadre Foco<strong>la</strong>re de Tlemcen : "conditions de vie agréables mais simples avec participation à toutes<br />
les tâches de <strong>la</strong> vie quotidienne !"<br />
BIENVENUE, BEMVINDO, BIENVENIDO, MAR-HABA, WELCOME !!!<br />
30<br />
B : Chaque étudiant N<br />
devra être muni de sa carte d’étudiant et de sa carte de séjour et s’engage à<br />
demeurer dans l’enceinte du Foco<strong>la</strong>re sans possibilité de sortie pendant toute <strong>la</strong> durée de <strong>la</strong> semaine.
Nouvelle Revue de Presse - NRP<br />
Pendant plus de 50 ans, le Centre des Glycines d’Alger a fait paraître<br />
régulièrement une Revue de Presse. Pour diverses raisons <strong>la</strong> parution<br />
s’en est arrêtée au printemps 2009.<br />
Une équipe, autour du Centre de Documentation Economique et<br />
Sociale d’Oran, après concertation et accord des Evêques d’Algérie,<br />
a décidé de prendre <strong>la</strong> relève et de publier une Nouvelle Revue de<br />
Presse. Il s’agira pour l’équipe de rédaction de repérer et de mettre en<br />
ligne une sélection d’articles parus dans <strong>la</strong> presse ou les <strong>revue</strong>s algériennes<br />
ou étrangères, traitant de l’Algérie sous les aspects sociologique,<br />
économique, historique, culturel, juridique.<br />
Il n’est pas impossible que cette sélection s’é<strong>la</strong>rgisse ensuite aux<br />
autres pays du Maghreb, si des bonnes volontés surgissent.<br />
Cette NRP est totalement « en libre service » gratuit ; pour <strong>la</strong> consulter,<br />
<strong>la</strong> télécharger, l’imprimer, entrer sur le site : http // cdesoran.org<br />
puis cliquer sur l’icône « Revue de Presse », et enfin télécharger les<br />
numéros déjà disponibles. Si vous voulez <strong>la</strong> recevoir directement sur<br />
votre boite électronique, envoyez un message à : nrpresse@yahoo.fr<br />
Béthanie Tamanrasset<br />
Connaissez-vous le gîte d’accueil de Béthanie à Tamanrasset<br />
Situé à proximité de <strong>la</strong> chapelle du Père de Foucauld (<strong>la</strong> Frégate),<br />
proche des communautés des petits frères et petites sœurs,<br />
elle permet à tous ceux qui le désirent de faire une halte spirituelle<br />
(retraite non accompagnée, temps de reprise) de quelques<br />
jours, seul ou en petit groupe (3-4 personnes).<br />
Si vous êtes intéressé par cette offre, n’hésitez pas à vous adresser<br />
à <strong>la</strong> responsable de <strong>la</strong> maison d’accueil de Béthanie ou au<br />
curé de <strong>la</strong> paroisse : Béthanie vous ouvre grand ses portes !<br />
Maison de Béthanie, BP 77 Tamanrasset, bethanietam@yahoo.<br />
fr , 029 34 49 91<br />
Curé de <strong>la</strong> paroisse: 029 34 49 30<br />
Session intensive d’arabe dialectal<br />
Le Centre d’Etudes Diocésain « Les Glycines » à Alger<br />
organise une session intensive d’arabe dialectal de 3 semaines,<br />
du dimanche 12 septembre au jeudi 30 septembre<br />
2010, tous les matins de 8h30 à 12h00 (sauf les vendredis<br />
et samedis).<br />
Cette session ne s’adresse pas aux débutants, mais à ceux<br />
qui ont déjà des connaissances et souhaitent progresser, et<br />
à ceux qui ne peuvent pas suivre les cours pendant l’année.<br />
Renseignements et inscriptions : arabec<strong>la</strong>ssdial@yahoo.fr<br />
Possibilité de loger sur p<strong>la</strong>ce, au Centre d’Etudes Diocésain,<br />
glycinesced@yahoo.fr<br />
Directeur de publication : Mgr Ghaleb Bader<br />
Equipe de rédaction : Michel Guil<strong>la</strong>ud, Dominique Lebon,<br />
Marie-Danièle Ligouzat, Marie-Christine Rousseau<br />
Coordinateur équipe rédaction : Michel Guil<strong>la</strong>ud<br />
Mise en page : Didier Lucas<br />
Photos de couverture : Oran vu de Santa Cruz, et port<br />
de Kristel<br />
Editeur : ADA Association Diocésaine d’Algérie (numéro<br />
d’agrément : n° 18, en date du 16 Novembre 1975<br />
délivré par le ministère de l’Intérieur)<br />
Dépôt légal : à parution<br />
F<strong>la</strong>shage : RUBICUBE El Biar Poirson<br />
Courriel rédaction :<br />
paxetconcordia.redaction@gmail.com<br />
Site ADA : http://www.ada.asso.dz<br />
ANNONCES<br />
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(4 numéros)<br />
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Autres continents 15€ (1500 DA)<br />
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découper et retourner à (que l’on paie en euros ou en dinars) :<br />
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سالم<br />
عدد 3<br />
وفاق<br />
مجلة كنيسة اجلزائر الكاثوليكية<br />
جويلية 2010<br />
ملف<br />
قسوس الجزائر<br />
حوار<br />
روح اإلنجيل في<br />
لقاءاتنا مع<br />
المسلمين<br />
وجهة نظر<br />
األدب الجزائري<br />
المعاصر