Télécharger la revue - Ãglise Catholique d'Algérie
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REGARD SUR L’ALGÉRIE<br />
8<br />
Aïcha Kassoul ou encore Lunyl tracent chacune à leur<br />
manière leur être confronté aux problèmes d’un pays<br />
qui se fait, mais qui n’accorde pas nécessairement <strong>la</strong><br />
p<strong>la</strong>ce que <strong>la</strong> femme mérite par son travail et sa présence<br />
ambitieuse et constructive dans tous les domaines de<br />
<strong>la</strong> vie de <strong>la</strong> nation. Les poétesses également contribuent<br />
à <strong>la</strong> constitution essentielle et active de <strong>la</strong> parole et<br />
de l’être féminin parmi lesquelles nous retiendrons des<br />
voix comme celle de Samira Negrouche et de Halima<br />
Lamine.<br />
Les voix montantes<br />
Un courant d’auteurs exigeants et originaux, qui<br />
continuent par là même l’œuvre des fondateurs et des<br />
prédécesseurs que nous avons nommés plus haut sont<br />
à l’origine de factures narratives innovantes où <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue<br />
utilisée s’enrichit de <strong>la</strong> diglossie, voire même dans<br />
certains cas de <strong>la</strong> polyglossie des auteurs ou alors tout<br />
simplement de celle du monde ouvert aujourd’hui sur <strong>la</strong><br />
multiplicité des « <strong>la</strong>ngues en re<strong>la</strong>tion » pour reprendre<br />
un terme emprunté<br />
Nourredine Saadi<br />
au grand poète<br />
martiniquais Edouard<br />
Glissant. On citera,<br />
pour illustrer cette<br />
mouvance essentielle,<br />
des noms comme<br />
ceux de Kamal Daoud,<br />
Djamal Mati, Djaoudet<br />
Guessouma, Habib<br />
Ayyoub, Mohammed<br />
Magani, Amara<br />
Lakhouss, Amine Zaoui,<br />
Mustapha Benfodil, Hamid Grine, Chawki Amari, Rachid<br />
Mokhtari ou encore des œuvres discrètes et nuancées<br />
comme celle de Sofiane Hadjadj, Ryad Girod (qui vient<br />
juste de publier un premier récit très prometteur), El<br />
Mahdi Acherchour, etc.<br />
Chacun de ces auteurs mériterait une étude plus<br />
spécialisée car les conceptions littéraires s’affrontent et<br />
certains d’entre eux tentent de dégager <strong>la</strong> littérature<br />
algérienne de l’emprise un peu trop puissante de l’histoire<br />
en mettant en avant <strong>la</strong> création et <strong>la</strong> redécouverte du<br />
désir du monde.<br />
Les œuvres en <strong>la</strong>ngue arabe<br />
Là aussi des noms reviennent plus<br />
souvent et cette notoriété est<br />
souvent en rapport avec le travail<br />
fourni par rapport au traitement<br />
fictionnel de l’Histoire. C’est<br />
ainsi que « Le livre de l’Emir », de<br />
Waciny Laaredj confirme à <strong>la</strong> fois<br />
le talent d’écriture mais également<br />
le travail approfondi mené par cet<br />
écrivain. Nous<br />
r e t r o u v o n s<br />
également les<br />
noms de Merzak<br />
Bagtache,<br />
Hamida Layachi,<br />
ou les plumes<br />
des auteurs<br />
iconoc<strong>la</strong>stes et<br />
révoltés tels<br />
Bachir Mefti, El<br />
Kheir Chouar,<br />
A b d e l k a d e r<br />
Amiche, etc.<br />
Les femmes sont<br />
également présentes avec des romans et de <strong>la</strong> poésie<br />
comme Ahlem Mosteghanemi, Zineb Laouedj, Rabea<br />
Djalti, Yasmina Sa<strong>la</strong>h, etc.<br />
En <strong>la</strong>ngue berbère<br />
Les écritures en <strong>la</strong>ngue berbère ont aussi tendance à<br />
s’affirmer de plus en plus avec des factures résolument<br />
romanesques même si le volet historique est également<br />
très présent ; on citera les écrits de Rachid Aliche,<br />
Amar Mezdad , Brahim Tazaghart dont les productions<br />
confortent l’Ungal (roman kabyle) .<br />
Dans toutes les <strong>la</strong>ngues, <strong>la</strong> poésie<br />
N’oublions pas <strong>la</strong> poésie avec des voix uniques qui<br />
ont affirmé <strong>la</strong> présence de l’Algérie avant même de<br />
passer par le roman avec Kateb Yacine, Mohammed<br />
Dib , Jean Sénac, Anna Greki et dont nous trouvons des<br />
descendants qui diversifient et enrichissent <strong>la</strong> parole<br />
première, celle donnée à l’avenir, sans comp<strong>la</strong>isance et<br />
contre toute forme d’obscurantisme : Hamid Tibouchi,<br />
Abdelmadjid Kaouah, Abderrahmane Djelfaoui,<br />
Youcef Merahi, Hamid Skif (qui est aussi un romancier<br />
talentueux) et bien d’autres voix encore.<br />
Ce panorama n’est pas exhaustif et pourtant bien<br />
des noms le peuplent : c’est dire que les écritures se<br />
cherchent et quelquefois construisent des constel<strong>la</strong>tions<br />
de sens qui convergent tout en <strong>la</strong>issant apparaître les<br />
caractères de chacune.<br />
C’est maintenant aux différentes critiques de jouer<br />
leur rôle d’écoute attentive au « murmure littéraire »<br />
d’une nation en marche, certes bien différent des voix<br />
dominantes, mais qui conduit peut-être tout aussi<br />
sûrement et tout aussi profondément aux changements<br />
fondamentaux qui tentent de s’amorcer par <strong>la</strong> force des<br />
imaginaires et le renouvellement des horizons d’attente<br />
de ce peuple et de ses lecteurs.<br />
Yamilé Ghebalou Haraoui<br />
Maître de Conférences Université d’Alger