Revue Terra Nullius - Numéro pilote

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A Drone Dream
Par Arthur-Louis Cingualte
La défaite [au Pérou] y est ressentie comme une catastrophe d’ampleur […] cosmique. Mais avec une
coloration particulière : le choc coïncide avec la mort du fils du Soleil, l’Inca. Or celui-ci assure la médiation entre
les dieux et les hommes et il est lui-même adoré comme un dieu : il représente en quelque sorte le centre charnel de
l’univers, dont il garantit l’harmonie. Ce centre assassiné, c’est le point de repère vivant de l’univers qui disparaît,
c’est son ordre qui, brutalement, se trouve brisé. C’est pourquoi l’élégie de la mort d’Atahualpa chante la
participation de la nature au drame de la conquête : la terre refuse de dévorer le cadavre de l’Inca, les précipices et
les rochers tremblent et entonnent des chants funèbres, les larmes se joignent en torrents, le soleil s’obscurcit, la Lune
malade rétrécit, et le temps lui-même se réduit en un clin d’œil :
« Tout se cache, tout disparaît dans la souffrance. »
Nathan Wachtel, « La Vision des Vaincus »
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Je voudrais pouvoir vivre au moins mille ans.
Mais maintenant qu’il s’agit de sauver sa peau et non plus son âme, il est plus probable
que je me contente de ne vivre que cinq cents ans.
Le 27 septembre 2014 sur les plages d’un village eskimo du Nord de l’Alaska, trente-cinq
mille morses environ – soit un quart de la population mondiale – ont été observés par les agents
de la surveillance aérienne des mammifères. Il est vraisemblable, nous indiquent les spécialistes,
que ces morses, brutalement confrontés à l’effondrement de leur biotope, aient été contraints à
l’exil.
Un peu plus tôt, l’année précédente, après l’annonce de la démission du pape Benoît XVI,
la foudre, en un déclic électrique, frappait le dôme de Saint Pierre de Rome. Quelques semaines
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