Revue Terra Nullius - Numéro pilote

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Qui l’enverra pointer directos au chômage. « – Hé, toi, petit Français, réponds à mon sondage ! » Es-tu plutôt : 1 – un héritier 2 – un parvenu 3 – un raté Je suis de bonne foi et veux jouer avec toi : Plus je sais le pouvoir, moins j’en voudrais pour moi ; 200 Je suis donc un raté, c’est très majoritaire : Soixante-six pour cent. Parvenir m’indiffère, Malgré les occasions : je dirais dix pour cent. Je suis un héritier en ce que mes parents M’ont aimé et m’aimant, m’ont transmis tant de choses Qu’il serait très ingrat d’en omettre la pose En ce décompte abject : Vingt et quatre pour cent. Tout ça me va trop bien ; je me sens complaisant… Et m’enjolive un peu en rejetant l’opprobre. Je vois de ma fenêtre un triste soir d’octobre 210 Qu’hachure une pluie fine. Une morne langueur Aux sanglots longs éteints s’éjouit de la douceur Que Toussaint va tuer. Les cloches de l’église Ont six heures sonné ; tranquillité exquise Même en pleine semaine. On dirait un hameau, Un havre de province (et peut-être un troupeau Va descendra la rue, une antique Perrette Poser son pot au lait devant ma maisonnette) Egaré dans l’espace, égaré dans le temps, Un village lointain. Il suffira pourtant 220 Que l’on tourne le coin pour entrer dans la ville, 38
Le martel de son bruit, sa violence imbécile, Sa pompe musiquée et son rythme mauvais, Marchandise éclairée et jeunes gens bourrés Qui gueulent dans la rue. On se fondra ensuite A cette artère idiote, on marchera plus vite Parmi les ombres ombre ou parmi les morts mort, Mort-vivant cadencé parmi ceux qui ont tort, Simple soldat d’enfer arborant un sourire, Un sourire-uniforme. Je aussi fais le pire, 230 Je aussi fais putain, je aussi cherche emploi, Presque n’importe quoi, je aussi sais la loi Du marché du sourire. Et je fais la putain. Quand je cherche des sous, quand je fais l’écrivain ; Et même quand je dors, mon lourd sommeil sans rêve – Un animal de somme –, oui, ce sommeil sans trêve Est de ma mort l’image. Et l’image me dit. Sans aucun mot pour ça. Je suis homme interdit, Cadavre obéissant jusque dans son désordre, Jusque dans sa révolte éradiquant tout ordre 240 Supérieur le sauvant. Mais le kébab est bon Et l’on a l’internet et les débats très cons Entre gens tous d’accord. Il reste à se mettre ivre. « – La chair est triste hélas et j’ai lu aucun livre », Semble gueuler un gars se branlant tristement Dans son rêve d’enfant, ce long pourrissement Qu’on lui avait vendu éternelle jouvence – Mon semblable, mon frère, ô citoyen de France Qu’on a changé en brute, et volontairement, A grands coups d’éducnat, novlangue des déments 250 39
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