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88.1 Politiques sociales - Decitre

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1<br />

PARTIE<br />

8<br />

8.1 <strong>Politiques</strong> <strong>sociales</strong><br />

CHAPITRE 1 Approche historique : entre bienfaisance, action sociale<br />

et développement social local ....................................................... 3<br />

CHAPITRE 2 Intervention sociale : diversité des approches en politique sociale ......... 15<br />

CHAPITRE 3 Intervention sociale : différents modes d’intervention ........................ 21<br />

CHAPITRE 4 Élaboration des politiques <strong>sociales</strong> : priorités <strong>sociales</strong> ......................... 29<br />

CHAPITRE 5 Élaboration des politiques <strong>sociales</strong> : organisation institutionnelle .......... 37<br />

© Jonathan Stutz - Fotolia.com<br />

2 PARTIE 8


1 1<br />

Chapitre 1<br />

Approche historique : entre<br />

bienfaisance, action sociale<br />

et développement social local<br />

OBJECTIFS<br />

Identifier la place de la solidarité dans l’évolution des politiques <strong>sociales</strong>.<br />

Illustrer l’évolution de la place de l’usager dans les politiques <strong>sociales</strong>.<br />

Fiche I<br />

Place de la solidarité dans l’évolution des politiques<br />

<strong>sociales</strong><br />

© BIU Santé (Paris).<br />

© AP-HP/Archives<br />

© Marco Descouleurs - Fotolia.com<br />

« Une politique devient sociale dès lors<br />

qu’elle concerne des groupes précisément<br />

déterminés qui peuvent être considérés<br />

comme défavorisés. » Frontispice du Manuel<br />

des dames de Charité, 1765.<br />

Salle d’attente du bureau de bienfaisance- Paris- XIII.<br />

Approche historique : entre bienfaisance, action sociale et développement social local<br />

3


1<br />

Activité 1 – Notion de politiques <strong>sociales</strong><br />

À l’aide des documents 1 et 2, caractérisez la notion de politiques <strong>sociales</strong> en complétant le tableau suivant.<br />

Qui met en œuvre les politiques<br />

<strong>sociales</strong> <br />

Au bénéfice de qui <br />

Les politiques <strong>sociales</strong><br />

Dans quels objectifs <br />

En quoi consistent- elles <br />

Dans quels domaines interviennentelles<br />

<br />

DOCUMENT 1<br />

Définitions de « politiques <strong>sociales</strong> »<br />

« Un ensemble de régulations publiques visant à assurer la protection des individus et à maintenir la cohésion sociale, en<br />

intervenant au travers de mesures légales, et la distribution de ressources. (…) »<br />

Source : définition in Gallie D, Paugam S. (Dir.) Welfare Regimes and the Experience of Unemployment in Europe.<br />

Oxford : Oxford University Press ; 2000. (Traduite et adaptée par Dr. J.- F. Bickel, professeur,<br />

université de Fribourg – 29 septembre 2008.)<br />

L’expression « politiques <strong>sociales</strong> », variable au cours du temps, renvoie à trois acceptions. Dans la première, elle renvoie à toute<br />

action de la société sur elle- même et aux relations entre les membres du corps social. (…) La seconde recouvre les interventions<br />

publiques en direction des classes <strong>sociales</strong> les plus vulnérables pour transformer les conditions de vie des ouvriers puis des<br />

salariés, les protéger et prévenir les explosions <strong>sociales</strong>. (…) La troisième, plus étroite, fait référence à l’assistance, à l’aide sociale<br />

aux plus démunis et à la réponse à l’urgence sociale. Ces trois acceptions sont (…) complémentaires et (…) coexistent (…).<br />

Source : Rayssiguier Y, Jégu J, Laforcade M. <strong>Politiques</strong> <strong>sociales</strong> et de santé, comprendre et agir.<br />

Rennes : Presses de l’EHESP ; juin 2012.<br />

DOCUMENT 2<br />

Le champ des politiques <strong>sociales</strong><br />

À quel type de politiques publiques fait- on référence lorsqu’on parle de politiques <strong>sociales</strong> Comment les définir (…)<br />

Inscrites historiquement, depuis le xix e siècle, dans les modes d’intervention de l’État, il s’agit d’un « ensemble d’actions mises<br />

en œuvre progressivement par les pouvoirs publics pour parvenir à transformer les conditions de vie d’abord des ouvriers puis des<br />

salariés et éviter les explosions <strong>sociales</strong>, la désagrégation des liens sociaux. Ce champ correspond, dans leur ordre d’apparition,<br />

aux politiques du travail (conditions de travail et relations collectives entre employeurs et salariés), à la protection sociale (aide<br />

sociale, politique d’assurances puis de sécurité sociale, vieillesse, santé, famille, indemnisation du chômage), aux politiques de la<br />

formation professionnelle et de l’emploi. (…) » 1<br />

1<br />

Join-Lambert M.-T. (Dir.) <strong>Politiques</strong> <strong>sociales</strong>. Paris : Presses de la Fondation nationale des sciences politiques/Dalloz ; 1994, p. 23.<br />

Source : Dauphin S. Le champ des politiques <strong>sociales</strong>. Informations Sociales 2010/1 ; n o 157 : 6-7<br />

(publication de la Caisse nationale des allocations familiales).<br />

4 PARTIE 8 Quels politiques et dispositifs sociaux pour favoriser le bien- être social


Activité 2 – Historique des politiques <strong>sociales</strong> : de l’intervention privée à l’intervention publique<br />

Répondez aux questions suivantes à partir des documents 3 et 4.<br />

1 Indiquez comment a évolué l’aide aux individus dans le besoin.<br />

1<br />

2 Pourquoi la charité ne peut- elle être assimilée aux politiques <strong>sociales</strong> <br />

DOCUMENT 3<br />

L’histoire des politiques publiques peut s’analyser autour de trois tendances<br />

principales.<br />

Le passage du temps de la charité à celui de l’assistance et enfin au temps<br />

de la solidarité. Le Moyen Âge privilégie la charité avec des institutions hospitalières<br />

qui procèdent en majorité des communautés et des confréries religieuses<br />

qui trouvent elles- mêmes leurs ressources dans la générosité des<br />

plus riches, ceux- ci assurant leur salut par l’aumône, qu’elle soit individuelle,<br />

notamment au seuil des églises, ou sous forme de participation à des œuvres<br />

hospitalières. Avec la Renaissance 1 et surtout le siècle des Lumières 2 vient le<br />

temps de l’assistance : en 1544 apparaît le grand bureau des pauvres qui a<br />

vocation à se substituer à la seule charité chrétienne. Mais le droit à l’assistance<br />

s’élabore surtout au lendemain de la Révolution de 1789 : le Comité de<br />

mendicité de l’Assemblée constituante que préside La Rochefoucauld- Liancourt consacre l’égalité des hommes et le devoir de<br />

la société à leur porter secours : « Tout homme a droit à sa subsistance par le travail s’il est valide, par les secours gratuits s’il est<br />

hors d’état de travailler. » Enfin depuis 1945 (…) est venu le temps de la solidarité fondée sur des mécanismes assurantiels. (…)<br />

© Wikipedia, Christopher Smart, 1771.<br />

1<br />

xv e et xvi e siècles.<br />

2<br />

xviii e siècle.<br />

Source : Rayssiguier Y, Jégu J, Laforcade M. <strong>Politiques</strong> <strong>sociales</strong> et de santé, comprendre et agir. Rennes : Presses de l’EHESP ; juin 2012.<br />

DOCUMENT 4<br />

En évolution permanente, les politiques <strong>sociales</strong> naissent de la volonté de l’État de répondre à des problèmes sociaux jusque- là pris<br />

en charge, même partiellement, par des initiatives privées. Elles constituent un domaine particulier des politiques publiques. (…)<br />

Source : Löchen V. Comprendre les politiques d’action sociale. 3 e éd. Paris : Dunod ; 2010.<br />

Activité 3 – Des bureaux de bienfaisance au développement des lois <strong>sociales</strong><br />

Répondez aux questions suivantes à partir des documents 5 et 6.<br />

1 Nommez l’institution qui était chargée d’apporter un secours aux familles indigentes ne pouvant subvenir à leurs<br />

besoins au XIX e siècle et indiquez les formes de ce secours.<br />

2 À quel principe répondait leur action <br />

Approche historique : entre bienfaisance, action sociale et développement social local<br />

5


1<br />

3 Quelles remarques pouvez- vous faire sur les lois <strong>sociales</strong>, entrées en vigueur à la fin du XIX e siècle et au début du<br />

XX e siècle, concernant le public ciblé et les objectifs visés <br />

4 Les lois <strong>sociales</strong> entrées en vigueur font- elles appel à la solidarité privée ou collective <br />

DOCUMENT 5<br />

Bienfaisance : bien que l’on fait dans un intérêt social.<br />

Source : définition tirée du dictionnaire de l’Académie française (édition 1986).<br />

DOCUMENT 6<br />

La pauvreté à Saint- Germain- en- Laye à la chute de Charles X<br />

La lecture du procès- verbal du conseil municipal du 6 février 1830 nous<br />

fournit des informations intéressantes sur le phénomène de la pauvreté<br />

dans une ville moyenne (12 000 habitants environ) du département de<br />

Seine- et- Oise. Les conseillers municipaux se concertent sur les mesures<br />

à prendre pour secourir les nombreuses familles indigentes de la ville,<br />

que la cherté des vivres et la rigueur de l’hiver privent des moyens d’existence.<br />

La décision est prise à l’unanimité de procéder, dans les quartiers<br />

de la ville, à une quête extraordinaire par des « commissaires qui se<br />

transporteront à domicile à compter du lundi 8 février. Il existe quatre<br />

quartiers, divisés en cinq à huit sections, avec deux ou trois commissaires<br />

(des rentiers, des commerçants, des pharmaciens, des conseillers<br />

municipaux) par section ». Le total de la collecte s’élève à 5 215,57 francs.<br />

En 1829, le bureau de bienfaisance distribue des secours à près de 400 familles indigentes : habillement, bois de chauffage,<br />

médicaments, layettes. Il accorde aussi des secours en espèces et règle les frais de nourrice ou d’apprentissage.<br />

L’année suivante, le bureau de bienfaisance de la ville royale décompte 547 familles représentant 1750 bouches soit 15 % de la<br />

population. Pour répondre à leurs besoins, une liste des secours livrés à domicile ou à l’Hospice royal est établie (…) ; lundi,<br />

mercredi et samedi : 17 016 livres de pain ; 1042 pot- au- feu de chacun une livre et demie ; 67 bouteilles de vin ; 4 000 mottes de<br />

tourbe à brûler ; 385 francs en secours en argent.<br />

(…)<br />

À la charnière du nouveau xx e siècle, les lois <strong>sociales</strong> se multiplient. (…)<br />

On peut classer ces lois en deux groupes. Il y a d’un côté celles qui étendent les couvertures <strong>sociales</strong> en faveur des salariés, de<br />

l’autre celles qui visent des catégories <strong>sociales</strong> précises.<br />

L’assurance et l’assistance en d’autres mots. La loi du 9 avril 1898 sur les accidents du travail, qui touchent la France après<br />

l’Allemagne, et celle du 5 avril 1910 sur les retraites ouvrières et paysannes appartiennent au premier groupe. Les lois de 1901 en<br />

faveur des tuberculeux, du 14 juillet 1905 en faveur des vieillards, des invalides et des incurables, et du 14 juillet 1913 en faveur<br />

des femmes en couches et des familles nombreuses relèvent de la seconde catégorie.<br />

Les grandes lois d’assistance publique naissent ainsi en France en moins d’une vingtaine d’années. (…) Malheureusement le<br />

déclenchement de la Première Guerre mondiale en 1914, suivie de quatre longues années de conflit européen va geler pour<br />

longtemps les bonnes intentions de tous.<br />

Source : Borderie A. Combattre l’exclusion. Éditions Public Histoire ; 2006.<br />

© Droits réservés.<br />

6 PARTIE 8 Quels politiques et dispositifs sociaux pour favoriser le bien- être social


1<br />

Activité 4 – La solidarité dans les politiques <strong>sociales</strong><br />

À l’aide du document 7, traitez les questions ci- dessous.<br />

1 Indiquez les deux principes de base des politiques <strong>sociales</strong> à partir des années 1940–1950.<br />

2 Dans quel domaine fondamental des politiques <strong>sociales</strong>, le principe de solidarité s’est- il exercé pleinement et sous<br />

quelles formes <br />

3 Qu’est- ce qui différencie la solidarité de la charité <br />

DOCUMENT 7<br />

Depuis les années 40–50, les politiques <strong>sociales</strong> s’appuient plus explicitement sur des principes de solidarité et d’accès aux<br />

droits. Ces principes, qui font suite à ceux de charité et de bienfaisance qui animaient les actions des siècles précédents,<br />

donneront aux politiques <strong>sociales</strong> une légitimité qui les affermit et les rend opérantes. (…)<br />

La solidarité est au fondement du système français de protection sociale : solidarité entre les générations pour les régimes de<br />

retraites, solidarité nationale en direction des personnes défavorisées, solidarité de proximité à travers l’aide sociale départementale<br />

ou l’action communale.<br />

La solidarité apparaît en tant que mode d’action publique par opposition à la charité apportée au nom d’idéaux religieux ou politiques.<br />

Elle s’en différencie par son caractère légal qui lui donne une puissance universelle. Ce n’est pas un jugement moral qui détermine<br />

l’accès ou non au bénéfice de la solidarité mais une situation objective, identifiée dans des textes légaux et réglementaires. (…)<br />

La solidarité vise ainsi à compenser des inégalités liées à la naissance, à l’âge, à l’origine, au sexe, à l’état de santé… (…)<br />

Source : Löchen V. Comprendre les politiques d’action sociale. 3 e éd. Paris : Dunod ; 2010.<br />

Activité 5 – Quelles différences entre aide et action <strong>sociales</strong> <br />

À partir des documents 8 et 9, complétez le tableau suivant.<br />

Comparaison entre aide sociale et action sociale<br />

Éléments de comparaison Aide sociale Action sociale<br />

Cadre légal ou extralégal<br />

Droit pour l’individu<br />

Caractère obligatoire<br />

Acteurs de la mise en œuvre et financement<br />

Aide apportée<br />

DOCUMENT 8<br />

L’aide sociale et l’action sociale font partie des composantes des politiques <strong>sociales</strong> et visent à remédier aux difficultés <strong>sociales</strong><br />

individuelles et collectives, selon un principe de solidarité. L’aide sociale est définie par un cadre légal, tandis que l’action<br />

sociale est extralégale.<br />

Source : droits réservés.<br />

Approche historique : entre bienfaisance, action sociale et développement social local<br />

7


1<br />

DOCUMENT 9<br />

Le « social » en question : de la nécessité de distinguer aide et action <strong>sociales</strong><br />

Même si, dans le langage courant, cette distinction est loin d’être<br />

opérée de manière systématique (…), l’aide sociale et l’action sociale<br />

ne sauraient néanmoins se confondre.<br />

L’aide sociale peut se définir comme un ensemble de prestations<br />

de nature alimentaire, correspondant à des droits subjectifs et attribuées<br />

par la collectivité publique sans contribution préalable<br />

des bénéficiaires dès lors que ceux- ci sont dans une situation de<br />

besoin et satisfont aux conditions légales d’admission.<br />

Ce qui la spécifie et la caractérise réside donc, notamment, dans<br />

le fait qu’elle représente une obligation pour la collectivité publique<br />

et un droit pour l’individu (…) qu’elle est mise en œuvre et<br />

financée par la puissance publique (aujourd’hui, essentiellement<br />

le département) ; et qu’elle constitue non pas la contrepartie<br />

d’une contribution préalable mais une réponse à un état de besoin.<br />

L’action sociale peut se définir comme un ensemble d’interventions qui, (…) mises en œuvre par divers acteurs, viennent<br />

compléter l’aide sociale légale, l’améliorer ou en élargir la portée ; à la différence de cette dernière, elle ne constitue (sauf<br />

exceptions) ni un droit pour ses bénéficiaires ni une obligation stricte pour ses promoteurs. Ce qui la spécifie et la caractérise<br />

réside donc notamment dans le fait qu’elle ne constitue pas un bloc homogène d’interventions (elle peut déboucher sur l’octroi<br />

de prestations, la création d’équipements collectifs…) ; qu’elle est pluri- institutionnelle (elle peut émaner de l’État, de collectivités<br />

locales, d’organismes de sécurité sociale, de personnes privées…) ; et, surtout, qu’elle procède d’une relative liberté<br />

d’initiative de la part de ses promoteurs. (…)<br />

Source : Borgetto M. La décentralisation du « social » : de quoi parle-t-on Informations Sociales,<br />

2010/6-n o 162, p. 6-11 (publication de la Caisse nationale des allocations familiales).<br />

© Gina Sanders - Fotolia.com<br />

Activité 6 – Objectifs, acteurs et bénéficiaires de l’action sociale<br />

À partir des documents 10 à 12, répondez aux questions suivantes.<br />

1 Montrez que les objectifs visés par l’action sociale concernent les individus et la collectivité.<br />

2 Montrez la diversité des acteurs de la mise en œuvre de l’action sociale. Justifiez l’implication des associations.<br />

3 Nommez les bénéficiaires de l’action sociale et les prestations servies.<br />

8 PARTIE 8 Quels politiques et dispositifs sociaux pour favoriser le bien- être social


DOCUMENT 10<br />

Loi du 2 janvier 2002 rénovant l’action sociale et médico- sociale (article 2)<br />

« L’action sociale et médico- sociale tend à promouvoir, dans un cadre interministériel, l’autonomie et la protection des<br />

personnes, la cohésion sociale, l’exercice de la citoyenneté, à prévenir les exclusions et à en corriger les effets. Elle repose sur<br />

une évaluation continue des besoins et des attentes des membres de tous les groupes sociaux, en particulier des personnes<br />

handicapées et des personnes âgées, des personnes et des familles vulnérables, en situation de précarité ou de pauvreté, et sur<br />

la mise à leur disposition de prestations en espèces ou en nature. Elle est mise en œuvre par l’État, les collectivités territoriales<br />

et leurs établissements publics, les organismes de sécurité sociale, les associations ainsi que par les institutions <strong>sociales</strong> et<br />

médico- <strong>sociales</strong> au sens de l’article L. 311-1. »<br />

Source : Code de l’action sociale et des familles.<br />

1<br />

DOCUMENT 11<br />

La nature même de l’action sociale, émergeant en complément des dispositifs légaux et obligatoires, et plus généralement la<br />

réponse à la demande sociale expliquent en grande partie la multiplicité des initiatives des différents acteurs. (…)<br />

Par nature, l’action sociale émerge en complément des dispositifs légaux et obligatoires existants. (…)<br />

Source : IGAS. Les politiques <strong>sociales</strong> décentralisées. Rapport annuel 2007–2008. IGAS/La Documentation française ; 2009.<br />

DOCUMENT 12<br />

La compétence des communes en matière sociale, héritée de l’histoire, est considérable et elles constituent « le point d’entrée<br />

incontournable dans le domaine de l’action sociale locale » (…). Huit communes sur dix développent des actions en faveur des<br />

personnes âgées, quatre sur dix des actions en faveur des personnes en difficulté et des enfants et adolescents, deux sur dix des<br />

actions en faveur des handicapés. Leurs actions sont toutefois très diverses, variant notamment en fonction de leur taille et de<br />

l’historique des partenariats qu’elles ont pu nouer. (…)<br />

Source : Lien Social, 27 octobre 2005 ; n o 771.<br />

Activité 7 – De l’action sociale au développement social local<br />

À partir des documents 13 à 15, répondez aux questions suivantes.<br />

1 Quel est le contexte qui justifie la naissance du développement social local <br />

2 Qu’est- ce qui distingue le développement social local de l’action sociale <br />

3 Justifiez l’intervention des caisses d’allocations familiales et de la Mutualité sociale agricole dans le développement<br />

social local.<br />

4 À quelle forme de solidarité le développement social local fait- il appel <br />

Approche historique : entre bienfaisance, action sociale et développement social local<br />

9


1<br />

DOCUMENT 13<br />

Le développement social local ou global est une manière de repenser l’action publique à la fois en partant des besoins exprimés<br />

par la population du territoire concerné et en définissant avec l’ensemble des partenaires institutionnels un projet global de<br />

territoire. (…)<br />

Notre système d’action sociale, né dans le contexte des années 1960, répondait initialement à un environnement de quasi- plein<br />

emploi et de présence forte de solidarités familiales et de voisinage. Adaptée au suivi individuel de populations fragilisées peu nombreuses,<br />

l’action sociale complétait le système de sécurité sociale universelle. Le contexte aujourd’hui est radicalement différent.<br />

Les travailleurs sociaux s’occupent de personnes fragilisées par la précarisation de leur environnement. (…)<br />

Comme le dit Jean- Louis Sanchez, délégué général de l’ODAS 1 , « notre regard médico- social est plus axé sur les faiblesses que sur<br />

les potentialités des personnes. L’objectif premier ne doit pas être seulement d’accompagner les familles en difficulté mais d’éviter<br />

qu’elles le deviennent. D’où le concept de prévenance ou de développement social, réponse à une crise qui atteint aujourd’hui<br />

l’ensemble de la société ».<br />

L’action sociale tend donc à se transformer en développement social local. (…)<br />

1<br />

Observatoire de l’action sociale décentralisée.<br />

Source : « Le développement social local, nouvelle approche territorialisée de la cohésion sociale :<br />

préalables méthodologiques indispensables. » Communication d’Éric Pélisson, haut fonctionnaire,<br />

ancien sous- préfet ville, enseignant à Sciences Po Paris et Sciences Po Lille, 22 et 23 juin 2006.<br />

DOCUMENT 14<br />

Le développement social se construit de manière très ciblée autour d’un groupe issu d’une population identifiée par des<br />

besoins et par une demande, ou autour d’une communauté d’action ou de voisinage spatialement circonscrite. (…)<br />

La notion de développement social local a été revendiquée par les caisses d’allocations familiales (CAF) et par de nombreux<br />

travailleurs sociaux centrés sur l’approche environnementale. (…) Dans ce contexte, deux acteurs clefs de la période veulent se<br />

rapprocher des populations et ouvrent des antennes locales pour mieux enraciner l’action sociale sur les quartiers : la Caisse<br />

nationale d’allocations familiales (CNAF) et les CAF, centrées sur le service médico- social ; la Mutualité sociale agricole (MSA),<br />

centrée sur le service aux professionnelles du service social rural. (…)<br />

Dès lors, nous ne sommes plus en présence d’une intervention d’aide sociale, mais d’un processus dynamique d’action sociale,<br />

que l’on peut nommer « développement ». Le développement social y apparaît comme l’organisation instituée et projetée du<br />

social, dont l’une des conditions de possibilité est précisément son ancrage local.<br />

Source : Denieuil PN. Développement social, local et territorial : repères thématiques et bibliographiques sur le cas français.<br />

Mondes en développement 2008/2-n o 142, De Boeck Supérieur, Bruxelles, p. 113-130.<br />

DOCUMENT 15<br />

Le concept de développement social local existe depuis une vingtaine d’années. Il est assimilable à une action de travail social<br />

communautaire que l’on redécouvre ainsi aujourd’hui, dans un contexte où l’on parle beaucoup d’approche locale ( territoriale)<br />

dans de nombreux domaines : culture, social, urbanisme, environnement, tourisme, économie. Il est un processus qui vise à<br />

ce que la population prenne en mains son propre développement. Il s’agit de mener des actions avec les personnes et à terme<br />

faire en sorte qu’elles maîtrisent réellement les conditions de leur évolution.<br />

Source : Lien Social, 27 octobre 2005 ; n o 771.<br />

Fiche II<br />

Évolution de la place des usagers dans les politiques<br />

<strong>sociales</strong><br />

Activité 8 – L’avènement de la notion d’usager et la reconnaissance progressive de l’usager<br />

À partir des documents 16 à 18, répondez aux questions suivantes.<br />

1 À partir de quelle période et de quel élément s’est construite la notion d’usager dans les politiques <strong>sociales</strong> <br />

10 PARTIE 8 Quels politiques et dispositifs sociaux pour favoriser le bien- être social


1<br />

2 Les droits des usagers sont : – Des droits individuels – Des droits collectifs <br />

3 Complétez le tableau suivant.<br />

Évolution de la place de l’usager dans les politiques <strong>sociales</strong><br />

Étapes<br />

Statut de l’usager dans les politiques <strong>sociales</strong><br />

DOCUMENT 16<br />

Pendant longtemps l’individu dans le besoin a été perçu comme une personne faible, objet de la charité sur la base d’un jugement<br />

moral. Personne fragile, vulnérable, victime d’inégalités, elle est devenue à la fin du xix e siècle et au début du xx e siècle, un sujet à<br />

protéger, objet de l’assistance des pouvoirs publics ou encore d’associations caritatives. La notion d’usager 1 n’est apparue dans le<br />

secteur social que dans la seconde moitié du xx e siècle, usager qui a été peu à peu invité à devenir acteur de sa prise en charge par<br />

la reconnaissance de droits. Toutefois, ces droits des usagers ne sont que la transposition et l’affirmation des droits fondamentaux.<br />

1<br />

Terme utilisé pour nommer les personnes utilisant les services publics.<br />

Source : droits réservés.<br />

DOCUMENT 17<br />

L’usager, citoyen au centre de l’action sociale<br />

(…) Dès l’origine, alors que la loi ne définit pas le concept, la doctrine et la jurisprudence vont élaborer le contour de la notion<br />

d’usager. Le statut de celui- ci se construit à partir des droits qui lui sont attribués, à l’occasion d’un service assuré ou régulé par<br />

l’État ou les collectivités locales, c’est- à- dire d’une activité de service public. (…)<br />

À compter de la seconde moitié du xx e siècle, un premier palier est franchi (…). Il s’agit de protéger et de prendre en charge<br />

collectivement des personnes dont les conditions de vie requièrent l’intervention de professionnels. (…) Dans ce modèle,<br />

« l’usager est assimilé à l’administré ». (…)<br />

La loi du 30 juin 1975 introduit la notion d’« usager- administré » dans les institutions <strong>sociales</strong> et médico- <strong>sociales</strong>. Et<br />

celle du 2 janvier 2002 oblige à reconstruire le rapport entre les professionnels et l’usager. Elle fait passer celui- ci d’une<br />

relation subie à un accompagnement, et lui reconnaît des droits. L’usager devenu client peut ainsi donner son avis sur<br />

la prestation qu’il reçoit.<br />

Dès 1996 et les premiers travaux préparant la réforme de la loi de 1975 1 , les réflexions s’engagent pour donner une place<br />

nouvelle à l’usager. (…) Il s’agit de procéder à un glissement : le bénéficiaire pris en charge, « objet » de soins, devient un sujet<br />

actif. (…) Les pouvoirs publics centrent l’action sociale sur la personne. (…)<br />

1<br />

Devenue loi du 2 janvier 2002.<br />

Source : Levray N. L’usager, citoyen au centre de l’action sociale.<br />

La Gazette Santé Social, avril 2011 ; n o 73.<br />

DOCUMENT 18<br />

L’accès aux droits<br />

L’accès aux droits constitue un des fondements des politiques <strong>sociales</strong>. (…) Il ne s’agit pas seulement d’affirmer des droits mais<br />

d’organiser les conditions d’accès et d’exercice de ces droits pour toutes les personnes concernées. (…)<br />

Concernant le droit des usagers, le tournant est pris par la loi du 2 janvier 2002 rénovant l’action sociale et médico- sociale, qui<br />

entend introduire de nouvelles approches dans les relations entre l’usager et l’institution, en garantissant ainsi aux usagers<br />

l’exercice de leurs droits les plus fondamentaux (…) Les notions de contrat et d’engagement correspondent au souhait maintes<br />

fois affirmé d’usagers comme acteurs et sujets faisant l’expérience de la citoyenneté. (…)<br />

Source : Löchen V. Comprendre les politiques d’action sociale. 3 e éd. Paris : Dunod ; 2010.<br />

Approche historique : entre bienfaisance, action sociale et développement social local<br />

11


1<br />

Activité 9 – Élargissement de la reconnaissance de la place de l’usager<br />

À partir du document 19, répondez aux questions ci- dessous.<br />

1 Comment la loi du 2 janvier 2002 a- t-elle permis aux usagers des établissements d’accueil ou d’hébergement de<br />

leur donner une place prépondérante <br />

2 Selon vous, quels peuvent être les intérêts de la participation des usagers au conseil de la vie sociale <br />

DOCUMENT 19<br />

La place des usagers, une question centrale depuis la loi 2002-2<br />

Qui d’autres serait mieux placé que les usagers eux- mêmes pour parler des usagers Une fois n’est<br />

pas coutume, une rencontre interrégionale a réuni plusieurs centaines de personnes, à raison<br />

d’une proportion de trois personnes prises en charge pour deux travailleurs sociaux. Parfois animés<br />

par des personnes hébergées, les débats ont été riches : autonomie et dignité, livret d’accueil,<br />

démocratie participative et surtout conseils de vie sociale dans les CHRS étaient au menu. (…)<br />

Réformant l’ancien texte du 30 juin 1975, la fameuse loi 2002-2 rénovant l’action sociale<br />

et médico- sociale fixe en effet de nouvelles règles relatives aux droits des personnes. Elle<br />

réaffirme la place prépondérante des usagers, entend promouvoir l’autonomie, la protection<br />

des personnes et l’exercice de leur citoyenneté. Une charte des droits et libertés de la<br />

personne accueillie existait certes antérieurement, évoquant le droit au respect des liens<br />

familiaux ou à l’exercice des droits civiques… Mais de nouvelles contraintes pour les établissements sont apparues : livret<br />

d’accueil décrivant l’organisation de la structure, contrat de séjour définissant les obligations réciproques, règlement de<br />

fonctionnement, conseil de la vie sociale, personne qualifiée à laquelle tout usager pourra faire appel pour faire valoir ses<br />

droits. En outre, un projet d’établissement ou de service doit pouvoir présenter les objectifs généraux poursuivis. (…)<br />

Les conseils de vie sociale<br />

Peut- être représente- t-il la mesure clé du changement… Désormais imposé, le conseil de vie sociale (CVS) doit comprendre<br />

au moins deux personnes accueillies ou prises en charge, un représentant du personnel et un représentant de l’établissement.<br />

Il se réunit au moins trois fois par an. En date du 27 mars 2004, un décret le rend obligatoire pour tout établissement assurant<br />

l’accueil ou l’hébergement de personnes de plus de 11 ans, de même que pour les centres d’aide par le travail. Article 14 : « Le<br />

CVS donne son avis et peut faire des propositions sur toute question intéressant le fonctionnement de l’établissement ou du service.<br />

Notamment sur le règlement intérieur et la vie quotidienne, les activités, l’animation de la vie institutionnelle, les projets de<br />

travaux, l’entretien des locaux, l’entretien collectif, le relogement. » (…)<br />

Source : Plantet J. La place des usagers, une question centrale depuis la loi 2002-2. Lien Social, 24 février 2005, n o 742.<br />

12 PARTIE 8 Quels politiques et dispositifs sociaux pour favoriser le bien- être social


Activité 10 – Illustration de la place des usagers : l’exemple des centres médico- sociaux (CMS) de la Somme.<br />

À partir du document 20, traitez les questions suivantes.<br />

1 À quel type de démarche ont été associés les usagers des CMS du département de la Somme <br />

1<br />

2 Comment ont- ils été associés à cette démarche <br />

3 Quelle est la place des usagers dans cette démarche <br />

4 Quels sont les objectifs de leur implication <br />

5 Quels sont les bénéfices pour les usagers de cette démarche <br />

DOCUMENT 20<br />

Afin d’améliorer la performance de ses politiques <strong>sociales</strong>, le conseil général de la Somme<br />

s’investit dans une démarche d’évaluation impliquant élus, professionnels et usagers. Ces<br />

derniers, à la fois acteurs et objet des enquêtes menées, sont placés au centre d’un processus<br />

qui vise à encourager la co- construction des actions et à transformer les centres médicosociaux<br />

(CMS) en des lieux de vie et de ressources pour l’environnement local. (…)<br />

S’appuyer sur l’évaluation pour le développement des territoires<br />

Au conseil général de la Somme, l’évaluation mobilise donc tant les usagers que les professionnels<br />

et les élus. L’accueil, mais aussi les politiques <strong>sociales</strong> elles- mêmes, constituent<br />

l’objet d’échanges qui placent chacun de ces acteurs dans une dynamique commune de<br />

réflexion sur l’avenir des territoires.<br />

Derrière ces différents processus d’enquêtes et d’études, c’est en effet une implication forte des<br />

équipes territoriales et des usagers qui est recherchée. En ayant l’occasion de s’exprimer une fois par an, par l’intermédiaire d’une<br />

enquête, sur l’accueil qu’ils rencontrent dans les CMS, ces usagers deviendraient petit à petit des « usagers- citoyens » possédant<br />

pleinement leur part de responsabilité dans le devenir des sites fréquentés. En ce qui concerne les professionnels, ces derniers sont<br />

invités à se saisir des enjeux émergeant de l’évaluation pour faire des propositions visant à faire des CMS des lieux pleinement ouverts<br />

sur les territoires. (…) Ainsi, alors qu’elle avait suscité initialement quelques appréhensions, la démarche d’évaluation semble<br />

représenter aujourd’hui au conseil général de la Somme une opportunité intéressante de mobilisation des élus, des professionnels<br />

et des usagers autour de l’amélioration des politiques <strong>sociales</strong> et, au- delà, du développement local dans une posture préventive. (…).<br />

Impact(s)<br />

Une mobilisation des usagers a un impact positif sur la qualité du service rendu, ainsi que sur la satisfaction des bénéficiaires<br />

des politiques du conseil général et la construction d’un lien de confiance avec l’administration départementale. (…)<br />

Source : site Internet Apriles, agence des pratiques et initiatives locales (apriles.net).<br />

Mention légale : le contenu de cette fiche relève de la seule responsabilité de l’Agence Apriles<br />

et ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant la position des partenaires soutenant le projet Apriles.<br />

Approche historique : entre bienfaisance, action sociale et développement social local<br />

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