Fr-20-07-2013 - Algérie news quotidien national d'information
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14 dclg<br />
é a a e<br />
Kiosque inter<strong>national</strong><br />
Analyses &<br />
Décryptages<br />
AFFAIRE TRAYVON<br />
MARTIN<br />
La<br />
capuche,<br />
tout un<br />
symbole<br />
Les "gentils, beaux,<br />
sans barbe" grisés<br />
par leur victoire<br />
Bassam Youssef, al-Chourouk<br />
Bérangère Cagnat, Courrier<br />
Inter<strong>national</strong><br />
Après The New York Daily News et<br />
l'Orlando Weekly, Time magazine<br />
met une capuche vide sur la une de<br />
son dernier numéro pour symboliser l'affaire<br />
Trayvon Martin."Après Trayvon". C'est avec<br />
ce titre lapidaire et une photo très graphique<br />
que l'édition américaine de Time magazine<br />
revient sur l'émotion suscitée outre-<br />
Atlantique par l'affaire Trayvon Martin. A<br />
travers plusieurs articles et une interview de<br />
l'écrivaine africaine-américaine Maya<br />
Angelou, le magazine américain explore<br />
toute les facettes du traumatisme causé par la<br />
mort, en février <strong>20</strong>12, de ce jeune Noir de 17<br />
ans et l'acquittement, le 13 juillet dernier, du<br />
vigile volontaire George Zimmerman, qui lui<br />
a tiré dessus. Soudainement, nous voilà<br />
replongés dans les années 1980, note le chroniqueur<br />
vedette Joe Klein, une époque où la<br />
question raciale était au cœur de la vie du<br />
pays, une époque de colère et de régression."<br />
Pourtant, nous ne sommes plus dans les<br />
années 1980, explique Joe Klein : "La question<br />
raciale n'a plus rien à voir avec ce qu'elle<br />
était il y a trente ans. Elle n'est plus binaire<br />
(Noirs et Blancs). C'est plutôt un kaléidoscope<br />
: les Latinos sont aujourd'hui plus<br />
nombreux que les Noirs, les Asiatiques-<br />
Américains sont de plus en plus présents et,<br />
bientôt, les Blancs ne seront plus majoritaires."<br />
Et de conclure : "Il y aura toujours des<br />
injustices comme le meurtre de Trayvon<br />
Martin, mais dans notre futur multiracial<br />
[...] il y en aura moins." Pour l'écrivaine et<br />
poétesse Maya Angelou, en revanche, la mort<br />
de Trayvon Martin et l'acquittement de<br />
George Zimmerman resteront des tâches<br />
indélébiles. "Qu'un homme,armé d'un pistolet<br />
puisse cibler un jeune garçon parce qu'il<br />
est noir et finisse par le tuer, c'est trop douloureux."<br />
Pour Maya Angelou, l'impact du<br />
verdict dans l'affaire Trayvon Martin sera<br />
ressenti par toutes les communautés à travers<br />
les Etats-Unis. "Nous en ressortons tous<br />
blessés, diminués et nous donnons au reste<br />
du monde davantage de munitions pour<br />
qu'il se moque de nous."<br />
Bravo mes amis ! Nous<br />
nous sommes<br />
débarrassés des <strong>Fr</strong>ères<br />
pour toujours. Mille fois<br />
bravo ! Enfin, nous<br />
voyons l'Egypte sans<br />
<strong>Fr</strong>ères, et si Dieu le<br />
veut, nous ne verrons<br />
plus de salafistes non<br />
plus. Oui, l'Egypte<br />
revient aux Egyptiens<br />
beaux, gentils, propres,<br />
sans barbe ni voile<br />
intégral comme on en<br />
voit dans les pubs et<br />
dans les feuilletons télé.<br />
L'Egypte libre et<br />
libérale. L'Egypte sans<br />
<strong>Fr</strong>ères, sans salafistes,<br />
sans terroristes.<br />
"<br />
Quoi ? Qu'est-ce que vous<br />
dites ? Il y a des <strong>Fr</strong>ères qui<br />
se sont faits tuer devant la<br />
Garde républicaine [le 8<br />
juillet, 51 manifestants pro-Morsi sont<br />
morts sous les balles de l'armée] ? Bon, et<br />
alors, qu'est-ce qu'ils faisaient là ? Quoi ?<br />
Ça ne vous plaît pas ? Vous les regrettez ?<br />
Vous ne les exécrez pas ? Mais alors, vous<br />
êtes avec eux ! Vous devez être contre l'armée,<br />
ennemi de la patrie et terroriste à vos<br />
heures perdues.<br />
— Non, tout de même, Monsieur. Moi<br />
je me félicite de ce qui s'est passé le 30<br />
juin [immenses manifestations à travers<br />
tout le pays contre le président Mohamed<br />
Morsi et les <strong>Fr</strong>ères musulmans]. Mais ça<br />
ne veut pas dire que je ne réclame pas une<br />
enquête sur ce qui s'est passé devant la<br />
Garde républicaine, que j'accepte la fermeture<br />
de chaînes de télévision et que je<br />
ne me rends pas compte que les chaînes<br />
privées [dans leur grande majorité favorables<br />
à l'intervention de l'armée] débordent<br />
de discours d'incitation à la violence<br />
et de rejet de l'autre.<br />
— Pfff, garde tes droits de l'homme<br />
pour toi. Les <strong>Fr</strong>ères musulmans ne comprennent<br />
que le langage de la force. Il faut<br />
les éliminer de notre pays."<br />
Tendances fascistes<br />
Voilà à peu près le discours de ceux qui<br />
se grisent de ce qu'ils croient être leur victoire<br />
sur les <strong>Fr</strong>ères. Leurs tendances fascistes<br />
n'ont rien à envier à celles des pseudomusulmans<br />
qu'ils viennent de chasser du<br />
pouvoir. Ceux-ci croyaient qu'il fallait<br />
vous effacer de la surface du globe au nom<br />
de la religion. Ceux-là font la même<br />
chose, mais au nom de la patrie.<br />
Je n'aime pas les <strong>Fr</strong>ères musulmans et<br />
je ne leur fais pas confiance. Ils mentent<br />
sans vergogne pour faire avancer leurs<br />
objectifs politiques. Eux et les salafistes<br />
ont applaudi au Parlement les accusations<br />
portées contre Mohamed Al-Baradeï<br />
d'être un traître à la patrie. Ils ont été solidaires<br />
du ministère de l'Intérieur en<br />
disant que les manifestants de Tahrir<br />
[prorévolutionnaires et hostiles aux<br />
<strong>Fr</strong>ères] étaient des voyous, des agents de<br />
l'étranger, des pédés et des drogués.<br />
Ce sont les premiers à avoir dit qu'attaquer<br />
l'armée revenait à attaquer la<br />
patrie. Personne plus qu'eux n'a accusé les<br />
coptes de ne pas être de bons Egyptiens.<br />
Et eux qui ont accusé les médias américains<br />
d'être mécréants et indécents n'hésitent<br />
pas une seconde pour s'y exprimer, ni<br />
pour s'adresser directement à eux en<br />
parant leur rassemblement pro-Morsi sur<br />
la place Rabia Al-Adawiyya de slogans en<br />
anglais.<br />
Les "solutions<br />
sécuritaires"<br />
Oui, il fallait que les gens manifestent<br />
contre Mohamed Morsi et il fallait lancer<br />
des enquêtes criminelles contre les dirigeants<br />
des <strong>Fr</strong>ères musulmans, mais tout<br />
cela aurait dû se faire selon les procédures<br />
politiques et juridiques. Car il y a une réalité<br />
humaine. Il y a des gens qui sont<br />
convaincus qu'ils risquent d'être assassinés<br />
ou emprisonnés s'ils quittent le sit-in<br />
[des pro-Morsi] sur la place de Rabia Al-<br />
Adawiyya. Ces gens-là, mon cher, ils ne<br />
vont pas disparaître. Ils vont peut-être<br />
quitter Rabia Al-Adawiyya, mais ils rentreront<br />
chez eux pleins de rancœur et avec<br />
une envie de vengeance qui ne cessera de<br />
croître, du delta au Saïd [en Haute-<br />
Egypte], pour revenir un jour sous une<br />
autre forme, plus violente.<br />
Le vertige de la victoire, le triomphalisme<br />
et l'arrogance qui s'expriment<br />
aujourd'hui dans les médias privés sont<br />
précisément les éléments qui ont perdu<br />
les <strong>Fr</strong>ères et leur ont coûté leur popularité.<br />
Nous autres, aujourd'hui, commettons<br />
la même erreur. Ceux qui dénonçaient<br />
le fascisme des <strong>Fr</strong>ères ne sont pas<br />
seulement une tache pour les valeurs de<br />
liberté dont ils se réclament. Ils font en<br />
sorte que les gens puissent éprouver de<br />
nouveau de la sympathie pour les <strong>Fr</strong>ères.<br />
Nous sommes bien partis pour renouer<br />
avec le climat des années 1990, avec les<br />
"solutions sécuritaires", les campagnes de<br />
dénigrement médiatiques, la gâchette<br />
facile... et un radicalisme qui ne cessait de<br />
se renforcer jour après jour.<br />
"Ah, il n'y a plus<br />
personne"<br />
Oui, il fallait à un moment donné fermer<br />
certaines chaînes. Mais laissez-les<br />
rouvrir. Laissez-les parler. Cela ne fera<br />
qu'accroître leur impopularité. Ne leur<br />
permettez pas de jouer les victimes. Oui, il<br />
faut juger les dirigeants des <strong>Fr</strong>ères lors de<br />
procès équitables, comme on a jugé les<br />
dirigeants de l'ancien Parti <strong>national</strong><br />
démocrate [PND, parti au pouvoir sous<br />
Hosni Moubarak]. Mais on ne pourra<br />
emprisonner des milliers de personnes<br />
avec leurs familles et leurs enfants. On ne<br />
pourra pas les empêcher de se présenter et<br />
de gagner aux élections des syndicats professionnels.<br />
Saluons les rares personnes qui ne se<br />
sont pas laissé griser par la victoire. Elles<br />
sont aujourd'hui honnies par tout le<br />
monde. Les valeurs humaines qu'elles<br />
défendent sont réduites à quelques îlots<br />
perdus au milieu des flots de haine et<br />
d'extrémisme. Leurs voix sont couvertes<br />
par les discours de vengeance et les appels<br />
au meurtre. Ce n'est pas dans l'immédiat<br />
que le nombre d'habitants de ces îlots va<br />
augmenter. Il faut espérer qu'un jour des<br />
gens chercheront à découvrir ces hâvres<br />
d'humanisme. Ce que je crains, c'est qu'à<br />
ce moment-là, en débarquant sur ces<br />
îlots, ils disent : "Ah, il n'y a plus personne."<br />
ALGERIE NEWS Samedi <strong>20</strong> juillet <strong>20</strong>13