Oma, ma grand-mère à moi, Peter Härtling

- Un enseignant indique que des élèves de CM2 ont « beaucoup accroché ». Il est noté
qu’« une très grande chaleur circule dans le roman», que la grand-mère sort de l’ordinaire
et qu’elle est rendue sympathique par le texte en italique. L’auteur « n’a pas cherché à
faire joli » : Oma est honnête dans sa façon d’être. Et il n’y a rien de sacralisé : les parents
morts ne sont pas idéalisés. La construction progressive des deux personnages principaux,
« qui prennent de plus en plus d’épaisseur », suscite de l’intérêt. Les illustrations
d’Antoine Berman dans l’édition Pocket jeunesse de 1995 paraissent « très réussies » :
elles rendent compte d’une atmosphère, d’un monde.
La dynamique des échanges est essentielle : au-delà des impressions et perceptions premières,
la comparaison - voire la confrontation - des points de vue, des analyses et arguments permet
à chacun de préciser, afffiner, infléchir ou modifier, mais aussi de fonder son sentiment et ses
appréciations. Il est important que les enseignants aient eux-mêmes de telles pratiques… pour
pouvoir y engager leurs élèves.
Les retours au texte permettent d’asseoir une compréhension conforme à ce qui est écrit et de
construire des interprétations plausibles.
Des observations sur les thèmes, l’écriture, les possibilités de
lecture
Le roman met en scène deux personnages, une grand-mère (Oma en allemand, Mémé en
français) et son petit-fils Kalle, qu’elle recueille à l’âge de cinq ans lorsque ses parents
meurent accidentellement. De la disparition prématurée des parents de l’enfant au décès
prévisible de la grand-mère, le roman propose en quatorze chapitres des scènes et saynètes de
la vie de Kalle et Oma : événements quotidiens et épisodes qui sortent de l’ordinaire
permettent à l’auteur de tisser la trame du roman, dans la complexité de ses thèmes et de son
écriture.
Un récit réaliste
Les deux personnages s’incarnent peu à peu, dans leur interrelation, faite d’élans de tendresse
et de disputes, de connivence et d’incompréhension, mais aussi dans leurs rencontres avec des
personnages secondaires, dans des épisodes où la vie quotidienne est décrite dans sa banalité,
parfois sa trivialité.
La question centrale de l’altérité est posée à de multiples niveaux, entre les personnages euxmêmes
mais aussi entre le lecteur et les personnages du roman et le monde dans lequel ils
évoluent (Cf. remarques rapportées ci-dessus). Des dimensions fortement intriquées sont
constitutives du récit, sans que celui-ci soit réductible à aucune d’entre elles :
- dimension historique : la vie quotidienne en Allemagne au début des années 70 est très
présente (nombreuses références) mais on rencontre aussi, grâce aux récits et aux
évocations de la grand-mère, l’Histoire du monde vue d’Allemagne : crise du début des
années 30, deuxième guerre mondiale, guerre du Viêt-Nam…
- dimension sociologique : Oma vit chichement, en butte aux tracasseries de
l’administration et aux prises avec les problèmes de la vie quotidienne, dans un milieu
simple. L’évocation des parents est l’occasion de notations sur la vie du couple, avec ses
difficultés et ses dérives.
2