fiche friedman visit.. - L'espace de l'art concret
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En France, c’est surtout le milieu artistique, qui s’intéresse à la dimension utopique et<br />
expérimentale <strong>de</strong> ses travaux : d’abord le critique d’art Pierre Restany, théoricien du<br />
Nouveau Réalisme, qui l’invite en 1963 à exposer à la galerie J à Saint-Germain-<strong>de</strong>s-près,<br />
fief <strong>de</strong>s Nouveaux Réalistes. La maquette <strong>de</strong> la Ville Spatiale présentée dans la salle 1 a<br />
figuré dans l’exposition à la Galerie J.<br />
Restany le classe parmi les “idéaires” dans le célèbre “manifeste” rouge publié à Milan en<br />
1968. Jean Tinguely et Niki <strong>de</strong> Saint-Phalle font aussi partie <strong>de</strong> ses amis. Il réalise un film<br />
ensemble. Jean Dubuffet est également attentif à ses idées et lui rend <strong>visit</strong>e, tandis que<br />
Gottfried Honegger, principal défenseur <strong>de</strong> l’Art <strong>concret</strong>, lui apporte tout son soutien au<br />
moment du projet <strong>de</strong> construction du siège <strong>de</strong> la société Dubonnet à Ivry. A partir <strong>de</strong>s<br />
années 2000, c’est la nouvelle génération artistique, qui se tourne à nouveau vers lui :<br />
Olafur Eliasson et Pierre Huyghe le sollicitent pour <strong>de</strong>s collaborations, sans oublier <strong>de</strong>s plus<br />
jeunes figures comme Camille Henrot, qui réalise le Film spatial en 2007 (salle 2).<br />
Dès le départ, Friedman a cherché à élargir les champs d’application <strong>de</strong> l’architecture,<br />
considérant, à juste titre, cette pratique comme une discipline non spécialisée, à la croisée<br />
<strong>de</strong> la philosophie, <strong>de</strong> l’écologie, <strong>de</strong> la spiritualité, <strong>de</strong>s mathématiques, et <strong>de</strong>s sciences, en<br />
relation avec tous les domaines <strong>de</strong> la société. Dès lors, il considère que son rôle, en tant<br />
qu’architecte, est davantage celui d’observer les individus, leurs émotions et leurs actions,<br />
que <strong>de</strong> construire et d’imposer un modèle. “Je pense comme un sociologue”, dit-il.<br />
Etre en priorité un incitateur plutôt qu’un bâtisseur. Fondamentalement convaincu que<br />
l’univers, et, par conséquent, la nature humaine, sont imprévisibles et incontrôlables, il<br />
démontre, dans ses écrits et ses maquettes d’étu<strong>de</strong>s, que la forme idéale en architecture<br />
est l’absence même <strong>de</strong> planification, d’angle droit, <strong>de</strong> standardisation, et <strong>de</strong> logique… A<br />
cette nature intrinsèquement capricieuse doivent répondre <strong>de</strong>s formes libres, erratiques,<br />
embrouillées et recyclées. C’est alors l’élaboration, durant une vingtaine d’années, d’une<br />
série <strong>de</strong> maquettes d’étu<strong>de</strong>s regroupées sous le titre générique, Structures irrégulières,<br />
réalisées entre 1986 et 2006.<br />
Si la Ville spatiale est pensée comme une construction collective, les Structures irrégulières,<br />
présentées dans les salles 5 à 9, selon un dispositif spatial imaginé par l’auteur, sont<br />
<strong>de</strong>stinées à <strong>de</strong>s “espaces individuels”. Ce sont <strong>de</strong>s gestes architecturaux réalisables par<br />
chacun avec <strong>de</strong>s moyens (pliages manuels) et <strong>de</strong>s matériaux mo<strong>de</strong>stes (carton, grillage,<br />
tôle, papier), accessibles à tous et réversibles. L’ensemble <strong>de</strong> ces prototypes a été publié<br />
par la revue Domus et figure désormais dans les collections du Fonds national d’art<br />
contemporain, la plus importante collection d’art vivant en France.<br />
En effet, la Ville Spatiale présente déjà <strong>de</strong>s signes avant-coureurs <strong>de</strong> ces structures<br />
imaginées sur une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> vingt ans. La grille tridimensionnelle <strong>de</strong> la Ville Spatiale n’est<br />
pas “complètement régulière géométriquement parlant car la disposition <strong>de</strong>s volumes<br />
habités à l’intérieur <strong>de</strong> la grille, est présumée <strong>de</strong> changer continuellement et aléatoirement<br />
sans exiger pour cela un effort dépassant les capacités <strong>de</strong> l’usager non professionnel. Une<br />
représentation visuelle <strong>de</strong> la Ville spatiale montre un paysage urbain irrégulier, qui préfigure<br />
ces ensembles sans règles. En réalité, la première structure fondamentalement sans règle<br />
que j’ai étudiée est celle <strong>de</strong>s “space chains” commencée en 1945”. Ces 60 maquettes sont<br />
<strong>de</strong>s maquettes d’étu<strong>de</strong>s comme <strong>de</strong>s croquis et doivent rester ensemble. Elles sont toutes<br />
porteuses d’une idée. L’ensemble est une sorte <strong>de</strong> livre à plusieurs chapitres, un livre<br />
d’histoire d’une architecture particulière et expérimentale.<br />
Depuis 1945, Friedman a été en désaccord avec la sur-géométrisation et la sur-planification<br />
<strong>de</strong> l’architecture mo<strong>de</strong>rniste, disant que les “fonctions n’ont pas <strong>de</strong> coin”. Pour lui, “il n’y a<br />
aucune nécessité à rester dans l’orthogonal”.<br />
Ces maquettes s’adressent prioritairement à l’initiative <strong>de</strong> l’habitant et lui permettent<br />
l’improvisation et la correction. Elles changent sa relation à l’habitat : “c’est pourquoi, j’ai