amities_dominicaines_66

800 ANS DE PRÊCHEURS
faire. Le désir est toujours ainsi « assaisonné » de discrétion, ce qui
l’oriente dans le sens attendu par Dieu.
Mystique, femme spirituelle, Catherine a eu un véritable impact. Commençant
modestement par le service des pauvres, puis élargissant son
action à la pacification des familles et des villes, elle jouera un rôle dans
l’Église. Elle ira jusqu’en Avignon pour tâcher de convaincre le pape
Grégoire XI de retourner à Rome (ce qu’il fera !) ; elle sera présente
aux côtés d’Urbain VI, le pape « légitime » en regard de l’antipape.
Elle est la mystique qui a sans doute le plus œuvré, le plus souffert
pour l’Église. Quelques heures avant sa mort, elle ressent « physiquement
» sur ses frêles épaules le poids de la barque qu’est l’Église. Sa
correspondance atteste qu’elle ne craint pas de dénoncer les péchés
des puissants, pour les inviter à la conversion, et des pasteurs pour que
la réforme de l’Église soit possible, en commençant par la tête (pape,
cardinaux, évêques) pour s’étendre au corps entier.
En invitant à se montrer « virils », à avoir une volonté forte parce
qu’affermie en Dieu, Catherine se révèle comme ayant expérimenté ce
qu’elle demande : ôter de soi toute volonté propre, tout amour-propre
(les poisons du monde, selon son expression) pour s’unir à l’amour et
à la volonté de Dieu, au point de pouvoir dire Voglio (je veux) adressé
tant à Dieu qu’aux hommes ! C’est cette relation que l’on découvre en
lisant son Dialogue.
Fr. Norbert-Marie Sonnier, o.p.
Le frère Norbert-Marie Sonnier, du couvent de Rennes, est
aumônier d’étudiants, directeur de l’Institut de Formation
Théologique et curé de la paroisse Saint-Augustin.
15