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DOSSIER d’une aumône durant ses études à Palencia, avec cette question oratoire qui est tout autant une interpellation : « Comment étudierais-je sur des peaux mortes quand des hommes meurent de faim ? » Voilà pour moi le secret de Dominique, cette ténacité qui s’exprimait dans sa prière tendue à la fois vers Dieu et vers les hommes, et qui n’hésitait pas à sortir par cris. Cri adressé à Dieu, cri pour les hommes. Ne serait-ce pas là aussi un fil conducteur de la vie de l’Ordre ? Je songe certes au cri de Montesinos en défense des Indiens et à d’autres initiatives, mais aussi à toute notre prière qui est, comme chaque aspect de notre existence, ordonnée à la prédication en vue du salut des hommes. Notre prière qui récapitule cette tension que nous pouvons sentir au cœur de nos vies, un pied dans le couvent et l’autre en-dehors. Il est alors heureux que de Dominique ne nous soit parvenu aucun écrit ni sermon, mais le témoignage d’un homme de prière : là commencent la conversation avec Dieu et la conversion au Christ, à poursuivre au contact du prochain. Rechercher et obtenir le salut du prochain, pour Dominique, passait par l’exercice de la charité : la charité qui sauve, c’est la miséricorde, inlassablement reçue et vécue, pour être donnée et partagée. Il n’est pas anodin que notre entrée dans l’Ordre se fasse 6
800 ANS DE PRÊCHEURS par le porche de la miséricorde : « Que demandez-vous ? - La miséricorde de Dieu, et la vôtre ! » S’il y a un charisme prophétique dans la vie dominicaine, c’est sans doute celui de puiser, d’annoncer et de répandre la miséricorde, en dépit de tout, parce qu’elle est œuvre de salut. Dominique l’avait compris et le vivait. Si sa figure nous semble parfois difficilement saisissable, soyons sûrs qu’elle n’est pas sans relief, ni terne : la miséricorde du Seigneur est riche, insondable, Dominique nous en a transmis quelque chose, pour que nous en vivions. Depuis huit siècles, notre Ordre, grâce à Dominique, et au nom de la miséricorde. Fr. Marie-Augustin Laurent-Huyghues-Beaufond, o.p. Frère Marie-Augustin Laurent-Huyghues-Beaufond, assigné à la maison Saint Olav de Helsinki (Finlande) pour un stage diaconal. Il sera ordonné prêtre au mois de juin. 7
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