Pourquoi, en continuant mon petit opuscule, je mettrai fin à la secondepartie pour commencer la tierce et dernière. En laquelle je montrerai lavraie et parfaite pratique de notre science sous diverses allégories,lesquelles notre bon Dieu manifestera s'il lui plaît à ses vrais fidèles etparfaits amateurs d'icelle, qui se peineront à la lecture de mon opuscule,la vraie intelligence <strong>du</strong>quel il leurs donne par son Saint Esprit pour enuser à l'honneur de notre cher sieur et vrai rédempteur Jésus Christ.Auquel soit louange et gloire aux siècles des siècles. Ainsi soit-il.Fin de la seconde partie.
CY COMMENCELA TIERCE PARTIEEn laquelle l'auteur monstre la pratique, sous allégories.Les <strong>philosophes</strong> et vrais cosmographes ont laissé par écrit que la terrequi est aujourd'hui habitable, est partie et divisée en trois principalesparties : savoir l'Asie l'Afrique et l'Europe, qu’ils ont dit être sous quatrerégions, sur l'Orient et Occident, sur le Midi et Septentrion . Lesquellesrégions sont régies et gouvernées par divers empereurs, rois, princes etgrands seigneurs, chacun desquels a diverses et variables choses engrande recommandation, tant pour la rareté d'icelles que pour ladouceur et singularité qu’ils ont trouvé en elles. Laquelle n'a point eu sigrand crédit en leur endroit comme la première, ainsi que l'expériencem'a témoigné lorsque j'étais voyageant par diverses contrées. Car la partoù la fréquence de gens de savoir était fort grande, je vis à mon trèsgrand regret et d'avantage, les gens savants pauvres et grandementreculez, quant les ignorants étaient avancez en toute sorte. Mais où lafaute des gens de savoir était grande et que l'ignorance y régnaittellement que la plupart et presque tous n'étaient que gens ignares et malappris, là dis je, étais les gens savants en fort bonne opinion de tous etfavorisez des plus grands.Ainsi la faute des richesses et des mines desquelles l'or nous estcommuniqué ensemble tous autres métaux, a causé que aucun d'iceux aété et sera à l'advenir en grande estime en la plus grande partie desditesrégions, comme l'abondance d'icelui a fait aux autres qu'il a été et seratoujours méprisé des grands seigneurs d'icelles, au lieu qu’ils ont engrande estime les choses de peu voire de néant qui n'ont riens de parfaitfors la seule apparence ; laquelle leur a toujours ébloui les yeux, lesempêchant de connaître les choses grandes et parfaites.Lesquelles se fâchant de leur façon de faire comme font volontiers lesgens savants quant ils voient que les ignorants leurs sont préférez, seretirent ailleurs, délibérez de montrer leur savoir et puissance. Or étaientelles comme une des parties <strong>du</strong> monde est aujourd’hui, gouvernée parun qui les rangeât et renforçât de telle façon et avec une si grandediligence qu'il se fît croire qu'avant qu'il cessait, le reste <strong>du</strong> monde luiserait assujetti par l'aide et faveur d'un de ses compagnies etprincipalement le conseil de son fidèle Pourvoyeur. Mais ce pendantqu'il était en ces délibérations, il s'accompagna de divers et non fablesétrangers. Lesquels désirèrent d'être mieux reçus et mieux récompensés