10.07.2015 Views

Circostrada Network - in vivo - Free

Circostrada Network - in vivo - Free

Circostrada Network - in vivo - Free

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

La Création contempora<strong>in</strong>e comme outilla structure hiérarchique reconnaissant l’autorité absolue de laconnexion supérieure. Une <strong>in</strong>formation provenant d’un membre duniveau supérieur ne s’appuie correctement que sur l’autorité de sonauteur. Cette autorité épistémique ne fonctionnera que si l’<strong>in</strong>formationtransmise est correcte et si les membres du niveau <strong>in</strong>férieursont capables de la reproduire et de l’appliquer de manière optimale.Les rythmes du monde dans lequel nous <strong>vivo</strong>ns se sont durementaccélérés dans les dernières décennies, et le beso<strong>in</strong> d’une <strong>in</strong>formationrapide et de bonne qualité s’est amplifié. Les méthodes traditionnellesqui ont fait leurs preuves ne sont plus applicables dorénavant.Les structures hiérarchiques complètent efficacement le travaildans le paradigme de la division et l’organisation des tâches, maisla division par le travail n’est plus de mise aujourd’hui. En matièrede communication et de partage de connaissances, l’efficacité est laclé de la réussite. Les réseaux numériques donnent plus de résultatsdans le libre échange des connaissances 10 , dans la mise en relationdes goûts plutôt que pour en imposer un seul.Dans le même sens, l’évaluation en matière d’art tend à échapper àl’autorité traditionnelle qui s’appuyait sur une hiérarchisation des<strong>in</strong>itiations et tire sa force du réseau Internet, des gens qui ont undénom<strong>in</strong>ateur commun, leur <strong>in</strong>térêt pour l’art. L’art contempora<strong>in</strong> leplus po<strong>in</strong>tu qui s’éloigne de l’observateur moyen est mo<strong>in</strong>s <strong>in</strong>vestidans ses codes de lecture et de plus en plus auto référencé.Dépassant la dichotomie entre culture de l’élite ou culture de masse,le surréalisme et le pop art avaient, il y a longtemps, ouvert la voieaux graffs que réalise quiconque veut se “montrer”. Quel type d’artest-il plus à même de donner des émotions éphémères que celui qu<strong>in</strong>’a pas l’<strong>in</strong>tention de duper ou survivre au spectateur ? Un simplecoup d’œil, un aperçu <strong>in</strong>attendu à mi-chem<strong>in</strong> du bureau ou durestaurant, est capable de provoquer une réaction. C’est toute las<strong>in</strong>cérité du graff, cette reconnaissance du périssable, un vanitasvanitatum qui le rend attrayant et auquel le passant donne de lavaleur. Les graffs n’ont pas beso<strong>in</strong> de lieux d’exposition (galeries d’art,musées, banques), pas plus que de critiques d’art, de collectionneurs,de commissaires d’exposition. Ils existent sans lien avec les modesde production <strong>in</strong>stitutionnelle et leurs programmes éducatifs. Lesmatériaux qu’ils utilisent sont plutôt pauvres, leur accès est immédiatet leur public est bien plus nombreux que celui des <strong>in</strong>stitutionsmodernes. Les graffeurs n’ont pas beso<strong>in</strong> d’approbation pour leurœuvre, même si elle est encore illégale ou s’oppose aux lois de lapropriété et tente de créer un “effet de fenêtre brisée” 11 .La polémique sur les graffs comme nouvel outil de plaisiret de créationEn ce sens, les graffs sont une réponse à cette nouvelle forme decomportement des sociétés globalisées. Nous observerons quelquesunes des caractéristiques en tachant de comprendre comment cetteforme de création a acquis une si grande importance dans le métabolismede la ville postmoderne.Tout d’abord, leur désengagement des <strong>in</strong>stitutions culturellesétablies, associé à la nécessité de rafraîchir les <strong>in</strong>teractions directesavec les spectateurs est la marque des graffs. Po<strong>in</strong>t n’est beso<strong>in</strong>d’expliquer l’importance des graffs. Des décennies d’accès réglementéaux spectacles ont redéf<strong>in</strong>i les attentes du spectateur et l’onttransformé en un public <strong>in</strong>struit. Un public, <strong>in</strong>ter culturellementmixte, considère chaque <strong>in</strong>tervention artistique comme provenantd’un environnement dans lequel il a lui-même grandi.Chaque métropole est, aujourd’hui, à l’image d’une énormeconnexion du réseau et les graffs sur un mur ont la possibilité decréer une rupture dans l’environnement urba<strong>in</strong>, de jouer avec etde le revitaliser. De nombreuses villes contempora<strong>in</strong>es abritent desréalités sociales extrêmement diverses (richesse et extrême pauvreté,surpopulation et désertification, construction et abandon, etc.) Lesgraffs reconfigurent ces disparités, offrent l’opportunité d’un genreparticulier et <strong>in</strong>time d’<strong>in</strong>teractions entre la ville et ses habitants. Lefait d’être illégal renforce, pour de nombreux projets de graff, lecaractère héroïque de l’acte créateur lui-même.Lorsqu’il réalise une œuvre, l’artiste de rue, le graffeur, sait que saréalisation ne va pas durer longtemps. En fait, elle est si éphémèrequ’elle peut être recouverte en quelques heures par quelqu’und’autre, ou peut être effacée par la brigade anti-tags. Dans une villeanimée comme l’est São Paolo aujourd’hui, une œuvre réussie peutdurer quelques jours. Sa durée de vie suit un processus de sélectionnaturelle – l’œuvre la plus respectée résiste à sa disparition. Legraffeur espère bien que son œuvre durera longtemps et il assumeson statut éphémère dès le début de sa réalisation. Ces œuvreséchappent aux archives 12 , la plupart d’entre-elles ne seront jamaismontrées dans les musées, l’attitude du “système” étant soit de leurdénier toute valeur esthétique, soit de tenter de les <strong>in</strong>tégrer à l’artconventionnel. En dépit du fait que les expositions de graff dansdes galeries reconnues ou des musées (voir Design and the ElasticM<strong>in</strong>d au MoMA 13 , par exemple) soient des gestes symboliques dereconnaissance et d’admiration de la part d’artistes appartenant ausystème en regard de la vitalité de ce genre d’expression, ceux-cirestent dans une représentation illusoire de l’appréciation de quelquechose qui perd son sens en dehors de son environnement habituel.Le graff est naturellement lié à son contexte et la White Cubene réussit pas vraiment à lui en donner un. La richesse et l’atmosphèrede la rue sont essentielles à cette forme d’expression créatrice.C’est sans doute pourquoi on les appelle des “arts urba<strong>in</strong>s”.Quelques graffs remarquables, toutefois, sont enregistrés enphoto ou en vidéo, circulant sur des blogs et stockés dans d’énormesbanques en archives comme Flickr 14 . Par exemple, l’un de cesblogs “à la gloire des graffs”, Wooster Collective, est l’une des pluscomplètes archives d’art urba<strong>in</strong> de New York ; ses auteurs ont reçudes centa<strong>in</strong>es de mails du monde entier dont les images montrentla façon dont les gens se servent des rues comme de supports. Lesréseaux des nouveaux médias submergent les voies officielles qui nesont pas accessibles à ces publics. Les blogs et les réseaux virtuelsde la société (comptant dix millions de membres actifs) acquièrentconfiance et respect pour leur réorganisation volontaire et la valeurde leurs <strong>in</strong>formations. “La production émergeante sur des basescommunes” 15 n’a pas seulement changé l’économie, elle a aussichangé les arts.Sur cette base, se pose une seconde question : pouvons-nous encoretaxer les arts urba<strong>in</strong>s “d’underground” et de “contre-culture” ? Neserait-ce pas aujourd’hui justement l’<strong>in</strong>verse ? Les espaces publicsont désespérément beso<strong>in</strong> de projets plutôt que d’énormes affichesd’Hugo Boss ou Revlon, af<strong>in</strong> de retrouver une authentique <strong>in</strong>dividualitéet se dist<strong>in</strong>guer les uns des autres.Les graffs pourraient être l’unique façon d’opposer efficacementles arts aux images publicitaires. On ne demande pas aux gens s’ilsveulent être <strong>in</strong>toxiqués visuellement ou être victimes du bombardementdes offres commerciales. D’un autre côté, les graffeurs nedemandent pas la permission de réagir, quelquefois même en utilisantles panneaux publicitaires comme supports. Si dans les années60 et 70, l’apparition du graffiti (d’abord à New York, puis dans23 / septembre 2008

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!