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La Création contempora<strong>in</strong>e comme outild’aménagement doit donc les rendre possibles (laisser certa<strong>in</strong>es ruestrès libres pour accueillir les manifestations, faciliter l’évacuation dela foule facilitée en direction du métro…). L’exemple du centre-villede Sa<strong>in</strong>t-Denis est à ce titre <strong>in</strong>téressant.À l’occasion du Mondial 98, un défilé mémorable avait été organisé,la “Carnavalcade”, qui traversait du Nord au Sud la ville renduepiétonne et rassemblait plusieurs milliers de personnes. Lorsqu’ils’est agi de rénover le centre et notamment ses espaces publics,le souvenir de cet évènement a conduit à choisir comme un desobjectifs de faire de ce territoire une grande scène urba<strong>in</strong>e, permettantà l’avenir que tout évènement de ce type puisse trouver saplace. D’ailleurs, depuis que les travaux sont term<strong>in</strong>és, une véritableprogrammation a été mise en place qui donne leur cohérence auxactions culturelles ou par exemple sportives programmées et faitdes espaces du centre un véritable équipement de la ville.La plupart des édiles en ont conscience qui ont fait des fêtes, desévènements culturels dans la rue des moments de la vie de leur cité,les <strong>in</strong>cluant même dans leur stratégie, dans leur projet politique.Le Défilé de la Biennale de la danse de Lyon est significatif decette adhésion, puisqu’il rassemble au cœur même de la ville, tousles deux ans, en septembre, des écoles de danse formées par desprofessionnels et venues des différents quartiers sensibles de RhôneAlpes. Il est en cela en parfaite cohérence avec la politique d’urbanismepoursuivie depuis des années dans le Grand Lyon et qui viseà redonner à ces quartiers périphériques les qualités, les services, ladignité auxquels tout quartier de l’agglomération a droit.Alors, une relation pacifiée, domestiquée entre créateurs et aménageurs,créateurs et politiques ?Il ne s’agit pas de cela mais de la possibilité, de la nécessité, en démocratie,que la rue soit le théâtre de l’expression publique, revendicative,festive ou créative. L’on doit d’ailleurs en ce sens accepter latransgression, le détournement qui eux aussi sont facteurs de dynamismeet de vivacité. N’y aurait-il pas grand danger à ne montrer dela société urba<strong>in</strong>e qu’une vision éthérée, à gommer les oppositions ?Alors que les laisser s’exprimer, permettre que soient mises à jour lestensions, les contradictions, peut être tout à fait fécond, salutaire,peut-être aussi le signe d’une réelle <strong>in</strong>ventivité. À la société localeensuite de réguler les conflits, de se protéger parfois, selon les règlesde la démocratie, contre les excès éventuels de cet usage légitimequ’est l’expression dans l’espace urba<strong>in</strong>. Dans ce cadre, on peutdéf<strong>in</strong>ir les acteurs des arts de la rue plus comme des partenaireslégitimes des autorités plutôt que comme des <strong>in</strong>struments utiliséspar les politiques dans leur projet. Même s’il peut tout à fait y avoirconcordance d’<strong>in</strong>térêt ce qui n’est pas en soi un problème.À Lyon également, une recherche est engagée à l’échelle de l’agglomérationpour que l’objectif des aménagements à venir soitd’abord la création d’un territoire confortable et accueillant pourtous, dans des temporalités pas trop lo<strong>in</strong>ta<strong>in</strong>es. Il est envisagé pourcela à la fois de la rénovation lourde et des changements d’usagesdes espaces rapides et à peu de frais. Dans ce cadre, les arts de larue pourraient être sollicités (le projet est en cours d’étude) commeoutils d’expérimentation de la manière dont pourrait vivre dans laville et ses quartiers, une ville d’aujourd’hui et non une cité-muséeou une copie de la vie urba<strong>in</strong>e au XIX e siècle. Instrumentalisation ourecherche commune ?On y retrouve la rue centrale mais aussi les cœurs de quartier, lesberges de fleuves, les sites d’exception, les parcours entre les quartiers,entre les lieux pr<strong>in</strong>cipaux… Se construit a<strong>in</strong>si une meilleurecompréhension des lieux, des tensions ou des ruptures. De mêmel’aménagement urba<strong>in</strong> ou l’organisation d’évènements dans la ruemobilise des approches, des savoirs qui touchent à la complexitémême des usages de l’espace public. Il faut que les pompiers puissentpasser, assurer la livraison des commerces, obtenir des autorisationsde tous ceux qui ont leur mot à dire sur l’utilisation del’espace. Il faut assurer la sécurité des personnes, utiliser du matérielcapable d’assumer les multiples sollicitations dans l’espace public. Ilfaut vérifier que les déplacements à pied se feront dans de bonnesconditions, organiser l’accès en voiture ou en transports en communà une échelle bien plus large qui sollicite le fonctionnement de laville toute entière… L’on touche à la complexité même de l’urba<strong>in</strong> etil n’est que de voir pour s’en conva<strong>in</strong>cre le nombre de démarches àfaire, la multiplicité des obstacles qu’il faut surmonter, pour rendrepossible tout changement provisoire ou déf<strong>in</strong>itif.Les arts de la rue peuvent être un des outils de l’urbaniste concernantles pratiques de l’espace public. Nous avons commencé à développercette approche de manière plus systématique au travers desaménagements d’anticipation qui consistent à commencer à fairevivre de manière provisoire des lieux en mouvement (après que desbâtiments ont été démolis, en attente de nouveaux équipements, denouvelles constructions…). Il s’agit de construire des propositions àla fois d’usages urba<strong>in</strong>s et d’animation en s’appuyant sur les acteurslocaux (éducatifs, culturels, sociaux…), manière de les mobiliser pourqu’ils participent à la gestion du présent de leur territoire et anticipentson futur. On ne fige pas tout de suite mais on expérimente, etl’on attend de voir. Mais on mobilise aussi, et l’on met a<strong>in</strong>si l’accentsur l’importance du provisoire et sur les choix qui devront de toutefaçon être faits.Il ne s’agit pas d’une méthode <strong>in</strong>tangible mais juste d’une pratiqueà un moment, dans un territoire et des circonstances. Car les passerellesà construire sont mo<strong>in</strong>s déjà là qu’elles n’ont à être imag<strong>in</strong>éesavec les acteurs pour chaque lieu. Mais se crée a<strong>in</strong>si une belle offrede sens pour des projets à venir et des possibilités enthousiasmantespour la vitalité de la société urba<strong>in</strong>e.Il existe un certa<strong>in</strong> nombre de similitudes entre les compétences desprofessionnels de l’urba<strong>in</strong> ou des arts de la rue. A<strong>in</strong>si par exemple leslieux de la fête dess<strong>in</strong>ent une géographie des usages d’une cité et deses pratiques qui recoupe bien souvent les analyses des urbanistes. / septembre 2008

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