11.07.2015 Views

Fr-16-06-2013 - Algérie news quotidien national d'information

Fr-16-06-2013 - Algérie news quotidien national d'information

Fr-16-06-2013 - Algérie news quotidien national d'information

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Kiosque inter<strong>national</strong> dclgéa aAnalyses &Décryptagese15DECRYPTAGELa « carotte » de l’aideaméricaine à l’EgypteHicham Mourad,Ahram HebdoEn catimini, ledépartement d’Etataméricain aapprouvé le moisdernier l’aidemilitaire à l’Egypte.L’annonce en a étéfaite seulementvendredi dernier, 7juin.L’Administrationde Barack Obama aainsi évité un débatpublic qui lui seraitembarrassant surson soutien aunouveau régimepolitique enEgypte, tenu par les<strong>Fr</strong>ères musulmans.Le secrétaire d’Etat, JohnKerry, a usé de la dérogationque lui accorde la loipour reconduire l’assistancemilitaire, malgré les inquiétudesde Washington sur les politiquesdu nouveau régime égyptienenvers l’établissement d’unevraie démocratie et le respect deslibertés fondamentales et desdroits de l’homme.Le 9 mai, il a adressé auCongrès un mémorandum l’informantde sa décision de renouveler1,3 milliard de dollars d’assistancemilitaire annuelle àl’Egypte, invoquant l’impératif deprotéger des intérêts essentielsdes Etats-Unis au Moyen-Orient,à savoir le passage de leurs naviresde guerre dans le Canal de Suez,nécessaire à la protection de lariche région pétrolière du Golfecontre les menaces de l’Iran, laprotection des frontières avecIsraël d’éventuelles infiltrationsde militants islamistes et d’armes,ce qui renforce la sécurité del’Etat hébreu devant les menacesdes extrémistes islamistes dans labande de Gaza et la péninsule duSinaï. Après la chute du régime deHosni Moubarak, le Congrès aadopté une nouvelle loi, présentéepar le sénateur démocrate PatrickLeahy, conditionnant l’octroi del’aide américaine à l’Egypte auprogrès vers une transitiondémocratique, y compris la tenued’élections libres et transparenteset le respect des libertés d’expression,d’association et de culte.La même loi autorise cependantl’Administration américaineà outrepasser ces conditions sielle le juge dans l’intérêt desEtats-Unis. Elle doit toutefoisprésenter au Congrès des justificationsdétaillées. Mais contrairementà ce qui s’est passé l’annéedernière, où l’ancienne secrétaired’Etat, Hillary Clinton, avait justifiépubliquement sa décision dene pas passer par le Congrès,Kerry a préféré la discrétion et aévité tout débat public sur laquestion. La raison est que laMaison Blanche est de plus enplus embarrassée par son «alliance » inconfortable avecl’Egypte sous les <strong>Fr</strong>ères musulmans.L’une des preuves en estque le président Obama évite soigneusementjusqu’ici de rencontrerle président Mohamad Morsi.Kerry a d’ailleurs soulignédans son mémorandum envoyéau Congrès que, malgré quelquesprogrès démocratiques, le gouvernementégyptien a failli à remplirles conditions stipulées par lanouvelle loi. Le récent jugementrendu le 3 juin par une cour égyptienne,inculpant 43 membresd’ONG, dont <strong>16</strong> Américains, definancement illicite, ne devraitpas arranger les choses pourl’Administration Obama devantle Congrès, dont plusieurs membresappellent à une révision desrègles régissant l’octroi de l’aidemilitaire et économique àl’Egypte. Ceux-ci ainsi que plusieursanalystes américains estimentque la politique américaineen la matière n’a pas changédepuis la chute de Moubarak.Quand celui-ci était encore auxcommandes, les Etats-Unis le critiquaientde temps à autre pour sapolitique antidémocratique et sesabus de pouvoir, tout en poursuivantleur aide militaire et économique.Mais face aux inquiétudes quepose l’arrivée d’islHichamMouradamistes au pouvoir enEgypte en matière de démocratie,de droits de l’homme et de politiqueétrangère, on observe chezl’Administration américaine, quis’emploie coûte que coûte àmaintenir « l’allié égyptien », unetendance à séparer la façon dontles aides militaire et économiqueà l’Egypte sont gérées. Cette politiqueétait déjà en place sous lesanciennes Administrations, maiselle a acquis une importance particulièreet a pris une nouvelledimension depuis l’arrivée de laconfrérie au pouvoir. Il est clair àce stade que l’assistance à l’arméeégyptienne constitue le pilier dela présence et de l’influence américaineen Egypte. Ceci était déjàle cas à l’époque de Sadate, maisl’est encore plus aujourd’hui.Ainsi, le montant de l’aide militairea rapidement grimpé depuisla signature du traité de paix avecIsraël en 1979 pour atteindre 1,3milliard de dollars en 1987.Depuis, elle s’est maintenue à ceniveau jusqu’à aujourd’hui.L’explication à cette constance estsimple : les Etats-Unis tiennent àpréserver leurs liens étroits, voireleur « alliance », avec les militairesen Egypte, qui jouent un rôle primordial,non seulement pour lemaintien de la paix avec Israël etcombattre l’extrémisme et le terrorismeislamiste dans le Sinaï,mais aussi pour leur rôle globaldans la vie politique en Egypte.Depuis la chute de la monarchieen 1952, tous les présidentsd’Egypte, sauf Mohamad Morsi,venaient des rangs de l’armée.Après le renversement deMoubarak en février 2011, c’estl’armée qui a tenu le pouvoirintérimaire pendant un an etdemi. Et même après l’investiturele 30 juin du premier présidentdémocratiquement élu, un possibleretour de l’armée aux affairesn’est pas totalement exclu, étantdonné la désaffection populairecroissante vis-à-vis des <strong>Fr</strong>èresmusulmans et les énormes difficultésque rencontre le pays danssa période de transition.Les Etats-Unis ne s’y sont pastrompés : dans sa note auCongrès le 9 mai, John Kerry asouligné, pour justifier la reconductionde l’aide militaire, qu’unfort partenariat sécuritaire avecl’Egypte, basé sur l’assistancemilitaire, maintient un canal decommunication crucial avec lecommandement de l’armée égyptienne,qui est un « faiseur d’opinionclé dans le pays ». Ainsi,Washington semble traiter avecl’armée égyptienne, en ce tempsde transition et d’instabilité politiques,comme une entité ou unacteur séparé du reste de l’Etat,qui a ses propres intérêts à préserver,indépendamment de la forcepolitique qui détient officiellementle pouvoir. Les Etats-Unisestiment ainsi pouvoir comptersur leurs fortes relations, via leurassistance militaire, avec l’arméeégyptienne pour maintenir leurprésence en Egypte et préserverleurs intérêts dans la région.Quant à l’aide économique,elle n’a cessé de baisser en importancede 815 millions de dollarsen 1998 à 250 millions dès 2009 etjusqu’en 2012. Après la chute deMoubarak, le président Obama apromis à l’Egypte en mai 2011 —bien avant l’arrivée de la confrérieau pouvoir — un milliard de dollarsd’effacement de dettescontractées auprès deWashington. Une première tranchede 450 millions de dollars aété cependant suspendue par leCongrès fin septembre 2012 —malgré l’opposition del’Administration — après lesmanifestations hostiles aux Etats-Unis qui ont éclaté devant l’ambassadeaméricaine le 11 septembre.Mais John Kerry a annoncédébut mars, lors de sa premièrevisite en Egypte, en tant quesecrétaire d’Etat, le déblocage de190 millions de dollars de cettesomme. Le reste de cette aidedevrait encore faire l’objet detractations avec le Congrès, insatisfaitet inquiet des politiques dunouveau régime en Egypte. Ainsi,seule l’aide économique a faitjusqu’ici l’objet de réelles pressionsaméricaines et devraitcontinuer à l’être tant que lesinquiétudes américaines persistentsur les politiques suivies parLe Caire.Ce qui précède montre quel’Administration américaine,dans sa quête de maintenir « l’allié» égyptien, se trouve acculée àuser de la « carotte » plutôt quedu « bâton », inciter plutôt quepunir. Les Etats-Unis craignentavant tout que l’arrêt de leurassistance militaire et économiquene contribue à l’effondrementde l’Etat et à répandre l’instabilitéet le désordre, voire lechaos, en Egypte, un pays tropimportant pour les intérêts américainspour qu’il soit abandonnéà son sort.ALGERIE NEWS Dimanche <strong>16</strong> juin <strong>2013</strong>

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!