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Hommages, tombeaux, reconnaissances dans Les Lettre - Item

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Bernard LEUILLIOT « <strong>Hommages</strong>, <strong>tombeaux</strong>, <strong>reconnaissances</strong> <strong>dans</strong> <strong>Les</strong> <strong>Lettre</strong>s françaises... »4doute à l’époque du Front populaire et de Ce soir. Elles aboutissent, quelque vingt ans plustard, à la publication de leurs Entretiens sur le Musée de Dresde (Editions Cercle d’art, 1957),avant-texte du « Sacre de l’automne ». On notera toutefois que la mort de Jean Cocteau, le 11octobre 1963, ne donna lieu, sauf erreur, à aucun commentaire de la part d’Aragon.Je passe sur les hommages rendus à Orson Welles à l’occasion d’une reprise de Citizen Kane(LF, 26/11/59), ou à Léon Moussinac (LF, 26/1/60), auquel Aragon rendra un nouvelhommage, en 1967, <strong>dans</strong> Blanche ou l’oubli, comme à Léo Ferré (LF, 19/1/61), à MohammedDib, écrivain et militant algérien exilé en France depuis 1959 (LF, 26/1/61) et à Pablo Picasso,lauréat, en 1962, du prix Lénine (LF, 3/5/62).Picasso passait, aux yeux d’Edouard Pignon, pour un « terrible figuratif volontaire » 7 .Le goût dominant était alors celui, au contraire, de l’art abstrait ou non-figuratif, depuisl’exposition « Jackson Pollock et la nouvelle peinture américaine », organisée par le MOMA etprésentée en janvier 1959 au Musée national d’Art moderne à Paris. Or on sait que pour Aragon– je le cite - le « destin du monde » se jouait avec le « destin de l’art figuratif » et qu’il n’avaitcessé de « prendre au tragique la figuration du monde, le langage » (Préface aux Dessins deFougeron, 1947). Il convenait donc de relever le défi ainsi porté à l’art figuratif C’est le cas<strong>dans</strong> la préface au catalogue d’une exposition consacrée aux collages d’Adolf Hoffmeister,préface reproduite <strong>dans</strong> <strong>Les</strong> <strong>Lettre</strong>s françaises du 14 janvier 1960. Aragon y revendique lacontinuité d’une réflexion qu’il fait remonter à l’époque où il était « encore lié auxsurréalistes » : « Ceux qui me lisent depuis trente ans se souviennent peut-être d’un texte publiéen mars 1930 en guise de préface à une exposition, et qui s’appelait La peinture au défi. [...] Etcinq ans plus tard, <strong>dans</strong> un livre intitulé Pour un réalisme socialiste, dont le titre expliqueparfaitement le dessein, il y avait un autre texte, John Heartfield et la Beauté révolutionnaire ».<strong>Les</strong> collages de John Heartfield et d’Hoffmeister s’inscrivaient à leur tour, selon Aragon, <strong>dans</strong>le « cheminement réaliste de l’art », à un moment où « les moyens classiques de la peinture[étaient] très généralement détournés de la réalité ». Mais l’expression de la « beauté moderne »ne s’accommodait pas non plus, à ses yeux, des « moyens nobles de la peinture ».L’ « imagination » était <strong>dans</strong> les moyens ou le « langage » que sont « les ciseaux, la colle et lesjournaux », plutôt que <strong>dans</strong> les pitoyables « vignettes » ou « tranches de vie » qui allaient « àrebours du réalisme », tout en se réclamant du « réalisme socialiste ». Le « destin de l’artfiguratif » se jouait désormais sur deux fronts : celui de l’abstraction et celui d’un réalismedévoyé, appelé à devoir compter, s ‘il voulait « survivre », avec la question, jugée par Aragonfondamentale, « de la diversité de ses moyens, de la liberté de ses moyens ».L’œuvre de Fernand Léger, disparu en 1955, pouvait également passer pour une« manière de défi » au goût dominant (26/3/59). Aragon s’en explique à l’occasion del’hommage rendu au peintre par le Louvre, en 1959, <strong>dans</strong> le « contexte de toute la peinture dupassé et du présent » (« Léger parmi nous », 26/3/59) et d’une exposition au Musée Pouchkine,à Moscou, exposition dont il parle sans l’avoir vue (« Léger chez Pouchkine », 24/1/63). « J’enparle », disait-il déjà <strong>dans</strong> le « fragment » d’un poème précisément dédié à Fernand Léger etpublié <strong>dans</strong> <strong>Les</strong> <strong>Lettre</strong>s françaises du 15 décembre 1960 8 : « Je ne fais pas le portrait deFernand Léger. J’en parle.... Je ne raconte pas la vie de Fernand Léger. J’en parle.... Ce n’estpas moi qui décrirai cet homme-là par l’anecdote... » :J’en parle7Hélène Parmelin, Voyage en Picasso, Robert Laffont, 1980, p. 84, 96.8Fragment extrait du poème publié en tête de Mes Voyages de Fernand Léger (Editeurs Français Réunis, 1960 ) etrepris en 1964 <strong>dans</strong> Il ne m’est Paris que d’Elsa.

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