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passages - Pro Helvetia

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Sur son territoire exigu, la Suisse abrite un nombre considérable de collections d’art contemporain et expérimental<br />

chinois, dont celle d’Uli Sigg, l’une des plus vastes au monde, à voir à Berne en été 2005 ❙<br />

Dans d’autres pays européens, comme l’Allemagne,<br />

la France et l’Italie, mais aussi aux Etats-<br />

Unis, l’art chinois d’avant-garde a depuis longtemps<br />

fait son entrée publique. En Suisse par<br />

contre, avec Mahjong – art chinois contemporain de<br />

la collection Sigg cet été au Kunstmuseum de Berne,<br />

ce sera la première fois qu’un musée ouvre ses<br />

portes à une exposition d’art expérimental chinois.<br />

Jusqu’ici, seuls quelques rares artistes chinois<br />

sont parvenus à passer le seuil d’un musée<br />

suisse et seul l’un d’eux, Ai Weiwei (*1957), a eu<br />

les honneurs d’une exposition personnelle, l’an<br />

dernier à la Kunsthalle de Berne. Le réseau qui relie<br />

la Suisse à l’art chinois d’avant-garde est petit<br />

et intime. On ne s’étonnera donc guère que<br />

«l’œuvre la plus énigmatique» (comme la Weltwoche<br />

l’a définie dans son compte rendu) de l’exposition<br />

d’Ai Weiwei ait été une figure de polyester<br />

grandeur nature représentant précisément Uli<br />

Sigg, le collectionneur qui permet maintenant au<br />

public suisse de découvrir une partie de sa collection.<br />

Même si ses musées ont encore un peu de retard<br />

à rattraper, dans ses rapports avec la Chine, la<br />

Suisse elle-même n’en a guère. Elle a été en 1950<br />

un des premiers pays à nouer des relations diplomatiques<br />

avec la République populaire de Chine.<br />

Et le Suisse Uli Sigg œuvrait déjà sans relâche en<br />

Chine au début de la période de réforme lancée<br />

par Deng Xiaoping (1904-1997). A cette époque<br />

non comme collectionneur d’art, mais comme<br />

entrepreneur. C’est en effet lui, qui en 1980, a mis<br />

en route, pour les ascenseurs Schindler, la première<br />

joint-venture industrielle avec l’Empire<br />

du Milieu. La première floraison de l’art chinois<br />

d’avant-garde, au milieu des années quatre-vingt,<br />

a cependant été largement ignorée de la Suisse<br />

comme du reste du monde. Les jeunes artistes<br />

chinois ont tenté d’absorber en quelques années,<br />

à l’aide de publications et de quelques expositions<br />

internationales, toute l’évolution de l’art<br />

international contemporain. Résultat: un pêlemêle<br />

de théories et de techniques occidentales<br />

avidement ingérées, à l’aide desquelles les jeunes<br />

intellectuels espéraient venir à bout de leur passé,<br />

dominé par les violences de la révolution culturelle<br />

(1966-1976). Ces expériences pour ainsi dire<br />

effrénées n’ont toutefois pas donné naissance à<br />

un art d’imitation seulement, comme l’ont souvent<br />

relevé les commentateurs d’alors. Rétrospectivement,<br />

les mouvements de cette phase – à commencer<br />

par Xiamen Dada – sont évalués de<br />

manière positive. Au nombre des œuvres les plus<br />

reconnues de cette époque, citons Une “Histoire de<br />

l’art chinois” et un “Dictionnaire de poche de la peinture<br />

moderne” lavés deux minutes dans une machine à laver<br />

(1987) de Huang Yongping (*1954), aujourd’hui<br />

installé à Paris.<br />

Ce n’est qu’au milieu des années quatre-vingtdix<br />

que le monde artistique international a commencé<br />

de s’intéresser de plus près aux pratiques<br />

des artistes expérimentaux chinois. Comme pour<br />

les relations diplomatiques et économiques, la<br />

Suisse a été très tôt de la partie, par l’intermédiaire<br />

de collectionneurs privés et de galeries isolées<br />

tout d’abord. La collection Sigg à Lucerne, par<br />

exemple, a démarré à cette époque et jouit toujours<br />

de la plus grande renommée internationale.<br />

On trouve deux autres Suisses parmi les galeristes<br />

de la première heure: Manfred Schoeni fondait<br />

en 1992 une galerie d’art chinois contemporain à<br />

Hong Kong, tandis qu’en 1995, Lorenz Helbling<br />

ouvrait en Chine même, à Shanghai, la seconde<br />

galerie en la matière. «Quand je suis allé m’ins-<br />

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