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passages - Pro Helvetia

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l’Asie et les Etats-Unis. Mais ces dernières années,<br />

de plus en plus de Chinois ont choisi l’Europe<br />

continentale comme but de leurs séjours<br />

touristiques ou d’études. La Suisse a également<br />

constaté une nette augmentation de sa cote de<br />

popularité auprès des étudiants et des touristes<br />

chinois. Ils semblent particulièrement apprécier<br />

les écoles hôtelières suisses. Et depuis l’année<br />

dernière, la Suisse appartient au petit groupe des<br />

pays dans lesquels même les Chinois ne voyageant<br />

pas en mission officielle ont le droit de se<br />

rendre.<br />

Bien que la compagnie aérienne suisse, au contraire<br />

de toutes les autres compagnies importantes<br />

d’Europe, ait non seulement négligé d’étendre<br />

ses vols vers la Chine, mais les ait purement et<br />

simplement supprimés, la Suisse jouit d’une<br />

bonne réputation en Chine. De leur point de vue,<br />

la Suisse ne se contente pas d’être un beau pays<br />

riche, c’est aussi une société caractérisée par son<br />

haut niveau d’harmonie. Malmenés eux-mêmes<br />

par leur histoire turbulente, les Chinois admirent<br />

le génie pacifique de la Suisse, qui depuis presque<br />

deux cents ans n’a plus connu de guerres ou<br />

de révolutions violentes. Contrairement au Japon,<br />

la Chine n’éprouve cependant que peu d’intérêt<br />

pour la neutralité suisse. Récemment, les politologues<br />

chinois se sont mis à étudier de près l’autonomie<br />

des communes suisses, il n’en reste pas<br />

moins que pour l’Empire du Milieu, la démocratie<br />

directe doit constituer une énigme impénétrable.<br />

Alors que Japonais et Suisses font rarement usage<br />

de tous leurs droits, les Chinois ont tendance à<br />

toujours tester les limites de ce qui est permis et,<br />

pour peu qu’aucune sanction ne tombe, à les ou-<br />

trepasser délibérément. Le fait qu’en Suisse le<br />

peuple, souverain, décide de tout, que les Confédérés<br />

n’aient toutefois pas encore aboli les impôts<br />

ou l’armée, provoque l’incompréhension totale<br />

des interlocuteurs chinois. Les habitants de<br />

l’Empire du Milieu et les Suisses partagent en revanche<br />

une chose: leur méfiance naturelle envers<br />

tous les détenteurs de pouvoir. Après tout, les<br />

Chinois reconnaissent en Guillaume Tell le type<br />

même du résistant en lutte contre une autorité<br />

qui a perverti le Mandat du Ciel. Près de deux<br />

mille ans avant Schiller, le sage confucéen Mencius<br />

avait ainsi fait du tyrannicide le devoir de<br />

tout honnête citoyen. ¬<br />

Traduit de l’allemand par Marielle Larré<br />

Urs Schoettli est né à Bâle en 1948, où il a fait des études de<br />

philosophie. De 1978 à 1982, il a été secrétaire général de l’Internationale<br />

libérale à Londres, puis jusqu’en 1991, son vice-président<br />

et directeur. De 1983 à 1989, il a été correspondant en Asie<br />

du Sud-Est pour le quotidien zurichois Neue Zürcher Zeitung,<br />

de 1990 à 1995, le représentant de la Fondation allemande<br />

Friedrich Naumann pour la Péninsule Ibérique, en poste à<br />

Madrid, et de 1993 à 1995, secrétaire bénévole de la Commission<br />

pour la Grande Europe. Dès 1996, il travaille de nouveau comme<br />

correspondant pour la Neue Zürcher Zeitung, jusqu’en 1999 à Hong<br />

Kong, puis à Tokyo jusqu’en 2002 et depuis 2003 à Pékin.<br />

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