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Charlène CLONTS Les Synesthésies dans les ... - Ekphrasis

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166 <strong>Charlène</strong> <strong>CLONTS</strong>forment des figures géométriques,comme le triangle du poème 7 d’«Entréelibre» ou le rectangle de «EAU AIRFRAIS / ECHEC A LA CHALEUR» dontl’interligne et l’espacement entre <strong>les</strong> motsfont respirer le poème et le poète.En toute logique, la présence dece rythme ne peut être saisie que parun ego percipio. Avec <strong>les</strong> cubomanies,un certain nombre de sensations sontréunies pour en permettre une perceptiontoute particulière. Tout d’abord, il fautinévitablement parler des sensationsvisuel<strong>les</strong>. L’œil du spectateur est deprime abord perdu <strong>dans</strong> l’assemblagedes carrés. L’éloignement est unenécessité pour percevoir l’ensemble.Cependant, voir ne suffit pas car G. Lucaforce le spectateur à créer mentalementun lien nouveau entre <strong>les</strong> carrés. Lerythme évoqué précédemment en est lapierre de touche mais l’artiste demandeaussi au spectateur de participer à cetteélaboration. En effet, par le regard portésur chaque carré, le spectateur absorbe<strong>les</strong> images qui passent par le prismede sa mémoire visuelle, mémoire quiimprime <strong>les</strong> éléments et fait effet decourroie de transmission entre <strong>les</strong> carrés,comme elle le fait entre <strong>les</strong> mots. Deplus, de nombreuses cubomanies offrentdes formes ou figures qui tendent à seprolonger <strong>dans</strong> le noir du support ouen dehors de l’œuvre. G. Luca fait alorsappel à l’imagination du spectateur pourpoursuivre son acte de création par lapensée. Il manipule aussi la pulsionscopique inhérente à l’homme <strong>dans</strong> <strong>les</strong>thématiques de certaines cubomanies.Dans l’Odalisque couchée (1960), mais aussi<strong>dans</strong> le diptyque intitulé Saint Georges etle dragon (1986) ou <strong>dans</strong> Le ton erre confit<strong>dans</strong> ciel (sans date), on remarque laprésence de trous noirs. Ceux-ci semblentlittéralement aspirer le regard du spectateurqui cherche, en vain, à voir audelàou à distinguer quelque chose <strong>dans</strong>cette obscurité. Ce caractère hypnotiquede l’œuvre fait écho à des sentimentscomme la peur, mais peut aussi donnerlieu à un étonnement, notamment lorsquele trou noir laisse la place à un trou blancqui rappellerait une lumière aveuglante,comme nous pouvons le voir <strong>dans</strong> J. et V.<strong>dans</strong> la maison de N. (sans date). Or, <strong>dans</strong><strong>les</strong> écrits de G. Luca, le trou correspondpicturalement aux O.O.O. et au zéro, dontl’objectif est cognitif. Dans Héros-limite 15 ,par exemple, le poète propose au lecteurune expérimentation qui ne va pas sansnous rappeler le recueil pictopoétique deLa voici la voie silanxieuse où <strong>les</strong> poèmesapparaissent sur un fond pictural de petitspoints qui pourraient tout aussi bien êtrede petits trous <strong>dans</strong> la page, effectués parune aiguille. L’expérimentation proposéeest la suivante: faire des trous <strong>dans</strong> desplaques de cuivre. Ainsi, il en tire laconclusion suivante:La distance d’un trou à l’autre estun infime esp espa espace, l’infime etminime es esp espa espace dément,demandé par un trou pour ne pas se,pour ne pas dé dé dépasser, [...] pour nepas priver de con de concept le nez, lenez, le néant béat de son être nié.15 Luca, Héros-limite, p. 21-24.

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