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Charlène CLONTS Les Synesthésies dans les ... - Ekphrasis

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168 <strong>Charlène</strong> <strong>CLONTS</strong>de perméabilité entre notre monde etcelui de l’oeuvre. Celle-ci est renduevivante, d’où l’envie de toucher que peutressentir le spectateur. Il s’agit en effet decollages dont nous pouvons constater <strong>les</strong>aspérités en nous approchant. Le collageest aussi à l’œuvre <strong>dans</strong> la Série Brésiloù le poète applique des illustrationset des définitions encyclopédiques surdes photographies anciennes trouvéesaux puces de Saint-Ouen. Ces imagesmodifient la vision que nous pouvonsavoir des photographies en apportantun complément verbal au visuel et enguidant notre perception.Le support des cubomanies est plusou moins visible mais il prend uneimportance toute particulière <strong>dans</strong> lamise en scène des diptyques, triptyquesou quadriptyques. L’empilement destrates donne du volume à ces œuvres. Lefond, noir, la plupart du temps, agit aussicomme un cadre pour <strong>les</strong> cubomanies,dont il met en évidence <strong>les</strong> formes et<strong>les</strong> couleurs. L’espace créé devient unnouvel espace de représentation lié nonseulement au toucher mais aussi auvisuel, espace de représentation qui sedémarque visuellement du monde quinous entoure car «le cadre marque [...]la possibilité d’accession au regard, del’objet comme objet lisible» 19 . Pour enrevenir au toucher, celui-ci agit aussilorsque G. Luca nous présente des objetsmis en lumière par <strong>les</strong> découpes, objetsqui forcent l’envie de préhension chez <strong>les</strong>pectateur qui veut dépasser sa condition19 Marin, Détruire la peinture, p. 45.d’ego percipio. De fait, <strong>les</strong> objets duquotidien sont très présents, comme parexemple la miche de pain sur une tablette<strong>dans</strong> la Vierge à l’enfant (1988), mais aussi<strong>les</strong> bijoux ou <strong>les</strong> vêtements. Ces objetstissent un réseau dont le contexte pourraitêtre celui d’une scène d’intérieur, etdeviennent signes d’un quotidien. C’estainsi que, d’après Gherasim Luca, «lacubomanie est une vraie fossilisation denotre époque» 20 . Nous pourrions ainsireprendre, à propos de G. Luca, cesconclusions de Daniel Arasse qui étudiela Vénus d’Urbin de Titien où il s’agit de«passer du toucher au voir, substituer levoir au toucher, faire du voir un quasitouchermais, pour voir, ne pas toucher.Voir, seulement voir» 21 . Et <strong>les</strong> objetssont loin de prendre le pas sur le corpsreprésenté <strong>dans</strong> <strong>les</strong> cubomanies, quiconfère à ces œuvres un caractère sensuel,voire érotique, dépassant par là <strong>les</strong>simp<strong>les</strong> sensations, <strong>dans</strong> une dialectiquedu voir et du toucher.Tout d’abord, <strong>les</strong> tableaux choisis parG. Luca comptent un grand nombre deportraits comme, par exemple, l’Hommeau turban rouge de Jan Van Eyck, le Portraitde Michele Manullo Tarcaniota de Botticelli,le Portrait de Mademoiselle Rivière d’Ingres,ou <strong>les</strong> nombreux tableaux de madones.Même si l’on dénombre des portraitsd’hommes, ceux-ci sont le plus souventdes représentants spirituels de l’écrivainou le reflet de l’artiste, <strong>dans</strong> des mises20 Luca, Trost, Présentation de graphiescoloriées, de cubomanies et d’objets.21 Arasse, On n’y voit rien, p. 162.

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