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WEEK-END - Bibliothèque Nationale du Royaume du Maroc

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18ZoomMercredi 17 Juillet 2013Le Vicaire, le Sniperet l’intérêt nationalMohammedMraizikaChercheur en SciencesSociales, Directeur<strong>du</strong> CIIRI-ParisLe triptyque, « Le vicaire, leSniper et l’intérêt national »,pourrait éveiller chez les lecteursdes souvenirs différentset contrastés. Pour les férus deswesterns spaghettis, c’est le fameuxfilm Le Bon, la Brute et leTruand qui peut venir à l’esprit.Chez l’observateur de la vie politiquenationale, il renvoie sitôt àce jeu de massacre que se livrentsans merci des acteurs originaux,farfelus et comiques. Action.Scène 1 : ils se coalisentLe 25 novembre 2011 au soir, ledoute et l’incertitude qui planaient,comme de bien enten<strong>du</strong>,sur la régularité des élections législativessont levés et la victoire<strong>du</strong> PJD fut confirmée (107 élus).Le 29, son Secrétaire Général estnommé chef <strong>du</strong> gouvernementconformément à l’article 47 dela Constitution. Fait surprenantdès son dévoilement le nouveaugouvernement semble porteurdes germes de la tension.Il donne l’impression de ne pasêtre suffisamment vacciné contrece virus si répan<strong>du</strong> qui est le reniementde promesses claméespendant la phase électorale.La parité fut le premier principeà subir l’outrage de ce reniement« La parité fut le premier principe à subir l’outrage avec la nomination d’une seule femme à un poste ministériel ».avec la nomination d’une seulefemme à un poste ministériel.A force de tanguer, la solidaritégouvernementale fut miseà l’épreuve.Elle a commencé à se fissurer àmesure que le jeu politique setransforme en cirque, que l’enceinteparlementaire et les médiasdeviennent des lieux deconfrontations et de débats indigestes,alors que des dossierssensibles attendent des réponsesimminentes, alors que la causenationale est en difficulté dansles instances internationales,alors que la crise économiques’installe dangereusement dansle pays.La décision de l’Istiqlal de se retirer<strong>du</strong> Gouvernement arrivefinalement à point nommé. Enaccélérant le rythme de la déliquescencede la coalition, elleoffre au pays une autre chancepour corriger le tir et rattraperle temps gaspillé dans des luttessurréalistes.Scène II : ils se déchirentLe mariage de la carpe et <strong>du</strong>lapin ne pouvait enfanter quede l’aberration. C’était presqueprévisible. Le premier parti dela coalition, l’Istiqlal dépositaired’une histoire et d’un référentielreligieux, ne pouvait longtempsse contenter de jouer le rôle d’unalibi politique « bon marché »ou occuper la place d’une rouede secours, dégonflée et inutilisable.Il se rebiffe et se radicalise.L’arrivée d’un nouveau chef à satête ne pouvait que provoquerune nouvelle distribution descartes. Le pire, c’est que cette arrivéea placé en face d’un Vicairecomédien et comique, un Sniperaguerri qui tire sur tout ce quivient <strong>du</strong> PJD.La troisième roue <strong>du</strong> carrosse,le PPS, a avalé toutes les couleuvresmises sur la table des négociationspar le PJD. Il a rangéson lexique idéologique au placard,pour rallier un parti qu’ila toujours fustigé à coup deslogans en « isme» (islamisme,obscurantisme). La quatrièmecomposante de la coalition, leMouvement populaire s’estmontré pour sa part gentimentconciliateur et finit par être récompenséde portefeuilles ministérielsà la hauteur de sonpoids électoral ; peu glorieux.Ainsi, au bout d’un an et demi,cette coalition contre natureva se trouver nue après avoirépuisé tous les subterfugespossibles pour donner au paysl’illusion d’une solidarité gouvernementalesans faille. Mais,chasser le naturel, il revient augalop. Les divergences idéologiqueset des ambitions personnellesdémesurées ne tardèrentpas à remonter à la surface etgripper toute la machine institutionnelle.Depuis plus d’un anc’est plutôt à un spectacle affligeantqu’assistent les <strong>Maroc</strong>ainsun peu mé<strong>du</strong>sés et interrogatifs: dans quelle galère le pays est-ilembarqué ?Scène III : la chute finaleProgressivement, par la volontéd’acteurs qui ont per<strong>du</strong> le sensde la mesure et de l’intérêt général,le champ politique estdevenu une arène où tout estpermis : attaques personnalisées,évocation <strong>du</strong> diable et des démonset autres coups tor<strong>du</strong>s. LesBons, les Brutes et les Truandsse mélangent et se livrent à uncombat sans merci. Le Snipertire à boulets rouges sur leVicaire et le Vicaire cherche àexhorter le sort et esquiver lescoups en évoquant Satan et seslégions maléfiques. Les stratégiespolitiques les plus improbables,les insultes les moinsatten<strong>du</strong>es, les métaphores lesplus populistes se sont mises àpleuvoir.A force, ce sont ces « coupsbas », qui vont mettre à mal letravail <strong>du</strong> gouvernement et lecon<strong>du</strong>isent vers une crise profonde;beaucoup plus que les «coups » de l’opposition qui secontente de compter les coupset attendre la fin d’une piècetragique jouée par des acteursde série B. Elle a <strong>du</strong> mal à présenterune alternative à un paysde plus en plus étouffé par unecrise économique aigue et unesociété inquiète pour son avenir.Il semblerait même que certainspartis de cette opposition, malchaussée et mal inspirée, soientdisposés à vendre leur âme auVicaire et se rabibocher avec lePJD.Tout compte fait, le Vicaireet le Sniper ont pollué le climatpolitique. Ils ont bradé l’intérêtsupérieur pour satisfaire un egosurdimensionné. Ils ont ré<strong>du</strong>it letriptyque à un combat à deux(Vicaire et Sniper) et le débatpolitique à une pièce tragi-comique.Ils ont transformé lechamp politique en un champde tir et ainsi écœuré les jeuneset les vieux. Pire encore, ils ontporté atteinte à l’image de laclasse politique marocaine etbrouillé celle <strong>du</strong> pays à l’extérieur.Qu’ils disparaissent donc ! leplus vite serait le mieux. Seul lepays compte. Seul l’intérêt supérieurde la nation doit primer.Il est donc temps que le chefde l’État, garant de la continuitédes institutions, de laConstitution (qu’ils ont <strong>du</strong> malà concrétiser) et de la stabilité<strong>du</strong> pays, de mettre un terme àcette mascarade et, de ce fait, limiterles dégâts. Amine. ◆

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