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cpj42-entier - Prospective Jeunesse

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DOSSIER : PARENTS-ENFANTS : QUAND LA JUSTICE S’EN MÊLEautre famille ? Toutes les législationsont prôné le placement en “famillesd'accueil”, de bonnes familles, avec unbon père travailleur, et une bonne mèreménagère, pour se substituer auxmauvaises familles d'origine. Mais enpratique, ce système est toujours restétrès minoritaire et a pu lui aussiengendrer des problèmes.Certes aussi, toutes les législationsprotectrices ont insisté sur la nécessitéde maintenir les liens entre l'enfantet sa famille d'origine, mais la pratiquedes institutions publiques montre qu'enréalité, c'était rarement le cas. Biensouvent, les familles, comme les jugesparfois, se désintéressaient de l'enfant“placé” qui vivait sa situation davantagecomme un “prison-nier” que comme unenfant “protégé”.Enfin, face à la concurrence entreinstitutions privées et institutionspubliques de placement, les jugespréféraient souvent confier les enfantsplacés aux institutions charitables, telle Bon Pasteur, par exemple, qu'auxétablissements d'éducation de l'Etat,réservés aux cas les plus lourds, et quiapparaissaient toujours comme desprisons.Le retour de la famille ?Il semble bien que l'on voudraitaujourd'hui en appeler à la responsabilitéde la famille au moment précisémentoù les situations familiales se sontcompliquées et diversifiées du fait de ladécomposition et de la recompositiondes familles. Le projet d'instaurer “unstage parental” vise à former et àencadrer les parents pour éviterl'encombrement des IPPJ, la constructionde “centres fermés” et l'abandonde jeunes désemparés, économiquementet moralement livrés à eux-mêmes, aumoment où les secours de l'EtatProvidence risquent de se faire plusrares et où l'école ne peut faire face àelle seule à tous les problèmes de lasociété.Verra-t-on refleurir “la famille” commerefuge ultime et protecteur ? Maisquelle famille ?Faut-il revenir sur la déchéance de lapuissance parentale au moment où l'onse propose de faire assumer par lafamille toute la responsabilité del'éducation ?Singulière contradiction qui n'est peutêtrequ'apparente. On peut regretterl'absence d'une étude sur la pratique dela déchéance de la puissance paternelledepuis ses origines. Celle-ci estprononcée par le tribunal civil et l'onn'en trouve pas forcément la trace dansles tribunaux pour enfants; il est doncdifficile de mesurer l'impact de cettemesure sur la délinquance juvénile ou larelation entre parents déchus etenfants de justice.Les études historiques menéesaujourd'hui sur la pratique destribunaux pour enfants entre 1912 et1965 montrent que le premier souci desjuges a toujours été de renvoyerl'enfant dans sa famille en utilisant depréférence des mesures de réprimande,plutôt que de recourir au placement eninstitution. Dans les cas où l'enfantétait placé, les parents de leur côtés'efforçaient bien souvent de lerécupérer avant sa libération parcequ'ils en avaient besoin pour concourirau soutien de la famille. Mais le juge semontrait alors inflexible, s'affirmantdésormais comme la seule autoritéresponsable de “l'intérêt de l'enfant”..La “judiciarisation” à outrance desrelations familiales semble s'êtreencore accrue avec la loi de 1965. Leretour vers la famille pourrait amorcerun nouveau mouvement de balancier enfaveur de la “déjudiciarisation” de laprotection de la jeunesse.Les Cahiers de <strong>Prospective</strong> <strong>Jeunesse</strong> - N° 42 - Mars 200721

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