DOSSIER : PARENTS-ENFANTS : QUAND LA JUSTICE S’EN MÊLEnotamment le père) revendique à justetitre la préservation de sa place deparent à part entière, malgré celle-ci.Or, continuer à rester parent dans untel contexte n'est pas une chose facile.Heureusement, depuis quelques années,une réflexion en profondeur a étémenée sur les moyens de préserver etmême de renforcer le lien parental endépit de la séparation. Des outils sontapparus, se fixant pour objectif derépondre aux difficultés et d'assurerune éducation harmonieuse aux enfants,malgré la désunion des parents.Un premier outil a été la médiationfamiliale qui a pris fort heureusementune place de plus en plus importante, ycompris dans le contexte judiciaire. Lesjuges hésitent de moins en moins àinviter les parents séparés à envisagerune médiation plutôt que de continuer àinstrumentaliser la justice comme armedans un conflit qui les détruit en mêmetemps que leurs enfants.D'autres projets se mettent en place,souvent inspirés par des projetsquébécois. Les séminaires de coparentalité,destinés aux parents séparés, enconstituent un exemple. Toutefois onconstate que le projet, qui explose auCanada, s'intègre difficilement dans lepaysage belge, ce qui est dommage.Mais il n'y pas que les parents séparésqui rencontrent des difficultés. Lescentres de planning familial et lesautres services constatent que de plusen plus de parents se plaignent derencontrer des difficultés avec leurenfant, principalement avec lesadolescents. Des centres sont mêmecréés spécialement pour répondre à lademande de parents en difficultés quisouhaitent obtenir des conseils quant lamanière d'exercer leur autoritéparentale : comment réagir face à unadolescent qui décroche de l'école ?Comment répondre aux problèmesd'assuétude vécus par un enfant ?Comment réagir face aux fugues ou à laviolence ? En cas d'échecs répétés,lorsque tout a été tenté en vain, unecontrainte peut s'avérer nécessaire. Unrecours à la police ou à la justice paraîtdans ce cas justifié. Ce ne sera donc paslà l'objet de mon propos.Des raisons nouvelles des'adresser à la policeCertains parents s'adressent toutefoisdirectement à la justice, sans avoirtenté autre chose. Souvent, on constateque ces parents possèdent une mauvaiseconnaissance ou même ignorentl'existence de services autres que lapolice. Ne sachant où s'adresser, ilss'adressent au seul service qu'ilsconnaissent, à charge pour celui-ci deprendre la situation en main ou de leurexpliquer ce qu'ils doivent faire. Defait, dans les situations les moinsgraves, le service de police oriente ouaccompagne les parents vers un servicede première ligne plus adéquat àprendre la situation en charge. Dans lesautres cas, un procès-verbal est dresséet la situation est judiciarisée. Danstous les cas, la démarche des parentsaboutit à une prise en charge de laproblématique ce qui constitue le butdes parents.On constate même que des parentss'adressent à la police dans dessituations pour lesquelles d'autresservices interviennent déjà ou mêmedans des situations pour lesquelles lejudiciaire est déjà saisi. C'estévidemment étonnant. Peut-être est-ceparce que les services de police sonthabitués à une logique d'écoute globaledes problèmes, différente de celles deservices pratiquant une approche plusspécialisée ou confrontés toutsimplement aux limites du mandat qu'ilsont reçu. Peut-être est-ce aussi parceque les parents comptent sur l'autoritéque représente la police pour les aider à10 Les Cahiers de <strong>Prospective</strong> <strong>Jeunesse</strong> - N° 42 - Mars 2007
DOSSIER : PARENTS-ENFANTS : QUAND LA JUSTICE S’EN MÊLEtrouver une solution à une situationbloquée, en intervenant auprès duservice ou des services en cause.Toujours est-il que la police se voit ainsirégulièrement confrontée à desproblématiques sociales très lourdes,et même sans solutions apparentes.D'autres parents agissent, animés pardes mobiles totalement différents. Ilsont peur qu'on leur fasse le reproche dene pas avoir signalé les difficultés qu'ilsrencontrent avec leurs enfants. Enallant porter plainte à la police, ilss'imaginent qu'ils échapperont aurisque d'encourir la responsabilité dansles actes que leur enfant pourraitcommettre ou a déjà commis. Un belexemple nous est fourni par le cas de cejeune dont la garde était confiée à lamère. Le jeune commettait des actesdélictueux et le père avait été cité, àl'audience du tribunal de la jeunesse,comme civilement responsable. Le jugefut surpris d'entendre le pèredemander à être déchu de l'autoritéparentale sur son fils. En réalité, le pèrepensait pouvoir ainsi échapper à saresponsabilité surtout financière, unefois déchu.Un tel exemple est certainement symptomatiqued'une perte des valeursfamiliales traditionnelles. Certains nesont plus prêts à assumer aveuglementet jusqu'au bout les conséquences d'unlien familial. En même temps, l'exemplerelevé est la conséquence d'une sociétédans laquelle les parents tendent à êtretraités en coupables pour avoir échouédans leur mission. Or, si les parents sonten effet responsables de l'éducation deleurs enfants, sont-ils pour autanttoujours coupables de leur échec ?Faut-il nécessairement désigner unbouc-émissaire (que celui-ci soitl'enfant, ses parents ou l'un de ceuxci?). Ajoutons-y le principe deprécaution, fort en vogue dans notresociété, et nous comprenons mieuxpourquoi certains parents tentent partous les moyens et par avance de sedécharger sur des tiers de laresponsabilité immense qui pèsedésormais sur eux.Faut-il accepter cette évolution et serésigner à voir augmenter le nombred'enfants déposés ainsi que des paquetsdans un commissariat ou le hall d'untribunal ? Ne serait-il pas préférabled'encourager les parents, même s'ilsprésentent des limites, à accompagnerle plus loin possible leurs enfants ? Neserait-il pas préférable d'aider lesparents les plus fragiles ?Ce qui ne veut pas dire pour autant qu'onne doive pas responsabiliser les parents.Les Cahiers de <strong>Prospective</strong> <strong>Jeunesse</strong> - N° 42 - Mars 200711