10 / L’Écho du Pas-de-Calais n o 70 – décembre 2005GohelleLa misère se combat concrètement à BruayJournée de lutte contre la précaritéLE 15 NOVEMBRE dernier, un mois après la Journée mondialedu refus de la misère, la Journée de lutte contrela précarité était organisée à Bruay-la-Buissière par leRelais Nord - Pas-de-Calais, association d'insertion œuvrantdans la filière de la récupération et du recyclage textile. Leleitmotiv du débat : la devise du Père Léon, prêtre fondateurde la commun<strong>au</strong>té d'Emmaüs Artois de Bruay et du Relais,« la misère ne se gère pas, elle se combat ».La Journée de lutte contre laprécarité : l’occasion de célébrerle 1000 e emploi créé par leRelais en 20 ans d’existence, le1000 e placement en contratdurable en entreprise pourInterInser et le 1000 e logementsocial obtenu pour les Toits del’Espoir en 10 ans. Elle estsurtout un moment de propositionspour les responsableshumanitaires.Renverser la vapeurUne partie de la collecte devêtements que le Relais effectueva dans les magasins pour êtrerevendue, une <strong>au</strong>tre part enAfrique; le reste, inutilisable,avec les commun<strong>au</strong>tés decommunes et par la contributionenvironnementale textile.« De 100000 tonnes collectées,on passerait ainsi à 400 000tonnes ! » s’exclame PierreDuponchel. Le Relais s’engageà créer 3000 nouve<strong>au</strong>x emploisen France et 1000 à l’étranger.L’emploi d’insertionInterInser, entreprise detravail temporaire d’insertion,permet <strong>au</strong>x demandeurs d’emploiéloignés de l’entreprise detravailler mais « rien n’estpossible sans l’entreprise »,confie Jean-P<strong>au</strong>l Nowak, directeurd’InterInser. Elle faittravailler 1200 personnes paran, 350 par mois et des placementsaboutissent régulièrement<strong>au</strong> contrat. 75 % de cesfinit <strong>au</strong> recyclage.Malheureusement, l’activitén’est plus rentable et lesemplois sont en danger. LeRelais offre pourtant un ensembleemplois ont été décrochésde métiers intéressants <strong>au</strong>x dans la région. Seulement,publics en difficulté et un intérêtécologique et économiqueInterInser a besoin d’étendreson rése<strong>au</strong> d’entreprises partenaires.pour les collectivités. PierreJean-P<strong>au</strong>l NowakDuponchel, P.-D. G. du RelaisNord - Pas-de-Calais, proposedonc que l’activité de recyclageet de récupération soit reconnueen tant que service à lacollectivité par des partenariatsimagine une loi sur un pourcentageminimal d’emb<strong>au</strong>che, <strong>au</strong>sein de chaque entreprise, despersonnes concernées par l’emploid’insertion. En tout cas,InterInser s’engage à placerLes dames sont <strong>au</strong> tri, les hommes à la manutention. À l’atelier du Relais, ontravaille vite mais avec cœur.3000 personnes en emploi durabled’ici 10 ans.Loger plutôtqu’héberger« Tant qu’il y <strong>au</strong>ra des famillesdehors, on va continuer lecombat », dit Marc Mordacq,gérant des Toits de l’Espoir,entreprise qui se bat pour ledroit <strong>au</strong> logement décent pourtous. Pour cela, les subventionssont nécessaires pour « motiverles propriétaires. Certainsoffrent des conditions de logementindécentes. Il f<strong>au</strong>t luttercontre ça en interdisant quel’argent public puisse êtrereversé pour des logements quin’en sont plus et suspendre l’allocation<strong>au</strong> propriétaire tantque les trav<strong>au</strong>x ne sont paseffectués ! » Les Toits del’Espoir veulent obtenir 100logements soci<strong>au</strong>x de plus paran, 30 par année et parantenne, pour en créer 3000nouve<strong>au</strong>x en 10 ans.Immigrationet exclusionLes familles qui s’adressent àEmmaüs, dernier filet avant lesquat, ont toutes vécu un véritableparcours du combattantet connaissent des histoiresterribles. Anne Saingier, présidented’Emmaüs Nord - Pasde-Calaisregrette de ne pouvoirtraiter que l’urgence, <strong>au</strong> caspar cas. Emmaüs demandedonc la création d’un Visa « T »pour lutter contre le travail illégal,mais également l’organisationd’un retour <strong>au</strong> pays dans ladignité via un accompagnementet un suivi social. Emmaüss’engage à créer des emplois,comme <strong>au</strong> Relais Burkina quiemploie 50 personnes.Mélanie Ren<strong>au</strong>ltNaissance de l’Association Père-LéonL’Association Père-Léon a vu le jour le soir du15 novembre. À quelques jours de la Saint-Léon, çan’est pas un hasard : le Père Léon est dans les mémoires.Régie par la loi 1901, l’association a pour vocationde lutter contre la précarité sociale, en suscitantPhoto L’Écho du Pas-de-Calaisla création d’emplois et de logements, et de soutenirles projets de développement durable dans les paysen voie de développement. Son siège social setrouve, comme la commun<strong>au</strong>té Emmaüs Artois, ZALdu « Possible ». Jolie orientation, n’est-ce pas ?Vivre ensemble, un combat permanentQUE NOUS soyions, chrétiens, juifs, musulmans ou non croyants… Vivreensemble est un combat permanent. C’est <strong>au</strong>ssi une nécessité absoluepour notre monde d’<strong>au</strong>jourd’hui. Ce principe, la commun<strong>au</strong>té avionnaiseessaie de le cultiver sur le terre<strong>au</strong> du dialogue, de l’échange, en évitantd’imposer une façon de voir ou de croire. Pas facile en vérité, surtout ences temps où certains veulent laisser croire que légiférer, promulguer des loiset imposer par la mesure administrative, fera avancer les choses.Croire ou ne pas croireFin octobre, à l’initiative de l’associationEl Fouad, le recteur de la mosquéed’Évry et le curé d’Avion évoquaient àune même table, le sens des religionsmonothéistes. Belle occasion en véritépour se rendre compte que chrétiens etmusulmans sont finalement très prochesles uns des <strong>au</strong>tres dès qu’ils annoncentque « Dieu nous a donné la liberté decroire ou de ne pas croire ». Que c’estune erreur de vouloir imposer la foi parla force. Pour eux, le plus important estPhoto Ph. Vincent-ChaissacL’abbé Loxhay, curé d’Avion et Khalil Merroum,recteur de la mosquée d’Évry.la construction du bien-être, la fraternitéhumaine, le partage et il n’est pasnécessaire d’être croyant pour avoircette vision des choses. Encore que 95 %des gens seraient croyants… S’ils necroient pas en Dieu, ils croient en desvaleurs. « Ma croyance, c’est l’êtrehumain » dit le maire, Jacques Robitail.Richesse de la différenceSoyons fiers de notre culture et de nosracines : elles nous permettent d’entrerplus facilement en communication avecles <strong>au</strong>tres. Dès lors, nos différencesdeviennent une chance et une richesse…C’est le principe même de la laïcité : lacohésion dans la pluralité. Pour lesyndicaliste Pierre Chéret, vie associative,vie politique, vie syndicale trouventlà matière à prospérer pour constituerun tissu garant de nos libertés; prétexteà se rassembler, à défendre des c<strong>au</strong>sescommunes et des acquis soci<strong>au</strong>x.Mais le discours ne suffit pas. Il f<strong>au</strong>t desactions concrètes. C’est pour cela que lacommun<strong>au</strong>té avionnaise, dans toute sapluralité, toute sa mixité, organise régulièrementdes actions de solidarité.Ainsi, celle qui a été mise en place, il y amaintenant presqu’un an, après la catastrophedu tsunami. Ou encore lesrencontres interreligieuses, par exemplelorsque M me Boudahoud, la présidentede l’association El Fouad, parle de Jésuset de Marie dans le Coran. Belle façonde ne pas opposer foi (qu’il f<strong>au</strong>t concrétiserpar la bonne action) et humanité;de faire un bout de chemin pour redonnerà l’humain la place centrale qui estla sienne, sur notre planète.Chrétien, musulman ou athée, « lorsquetu fais le bien, tu ne dois pas le faire parintérêt ». À méditer.Philippe Vincent-Chaissac
GohelleL’Écho du Pas-de-Calais n o 70 – décembre 2005 / 11Bruay-la-Buissière et la loi de 1905Les jeunes <strong>au</strong> cœur de la laïcitéLE 9 DÉCEMBRE marquerale centenaire de lapromulgation de la loiconcernant la séparationdes Églises et de l’État.Dans le prolongement des loisJules-Ferry sur l’école, ce textea posé la laïcité comme unfondement de la République.À Bruay-la-Buissière, le Comitéconsultatif citoyennetéet démocratie locale asouhaité fêter cet anniversaireavec les jeunes.Pour Jean-P<strong>au</strong>l Korbas, directeur desaffaires culturelles de la ville, « la laïcitéest <strong>au</strong>ssi un enjeu d’avenir. C’est unespace commun du « vivre ensemble », du« faire ensemble », de l’engagement collectif.C’est l’acceptation de l’<strong>au</strong>tre ». Sur cethème, une série de manifestations ontillustré ces derniers mois. Le 10 décembreprochain, quatre tables rondes achèverontla commémoration. Au cinéma Les étoiles,les lycéens de Carnot seront invités à réfléchirsur le thème « Quel engagementcitoyen <strong>au</strong>jourd’hui pour les jeunes? » Auprogramme : un film réalisé par l’ateliervidéo de l’office de la jeunesse et un débatavec, notamment, un représentant de l’associationnationale des conseils d’enfantset de jeunes, un éducateur du club de foot,un bénévole des Restos du cœur…La seconde table ronde, « La démocratielocale, comment ça marche? » se dérouleraà l’hôtel de ville. Des collégiens sontinvités à participer à un conseil municipalfictif sous la présidence du maire et desélus.« Le développement durable : quellegestion de l’espace public et des ressourcescollectives? » est le thème de la troisièmetable ronde, en mairie de Labuissière. Undébat mené par des professionnels devraitpassionner les lycéens tandis que « Desdroits et des devoirs pour mieux vivreensemble » animera la salle Florent-Évrard. Un théâtre forum proposé avecl’aide de la ligue de l’enseignement du Pasde-Calaisdonnera à réfléchir sur l’incivilitéet les problèmes de voisinage.Rens. Les Étoiles : 03 21 01 75 25Service culturel : 03 21 62 39 10Mairie de Labuissière : 03 21 64 56 01Mairie de Bruay : 03 21 64 56 00Mobilisationpour l’emploides travailleurshandicapésCréés à l’initiative du MédefArtois, le Sime et l’Actipheparticipent activement à l’insertionet <strong>au</strong> maintien destravailleurs handicapés dansles entreprises du département.Elles ont notamment organiséle 15 novembre dernier, dans lecadre de la « Semaine pourl’emploi des personnes handicapées», une journée derencontre entre les entrepriseset les demandeurs d’emploi.Le Service d’insertion et demaintien dans l’emploi despersonnes handicapées dansl’entreprise (Sime) propose <strong>au</strong>xentreprises des solutions pourse mettre en conformité avec laloi (celle-ci impose l’emb<strong>au</strong>chede 6 % de travailleurs handicapésdans toute entreprise deplus de 20 salariés) et pourmaintenir les personnestouchées par un handicap àleur poste de travail.L’Action d’insertion pour lespersonnes handicapées dansl’entreprise (Actiphe) visedepuis 1996 à développer l’emploides travailleurs handicapésen organisant des visitesdans les entreprises. Elledétecte les postes de travailaccessibles et sensibilise lesdirigeants qui préfèrent parfoispayer la « contribution volontaire» prévue en cas de nonrespectde la loi. Elle accompagneégalement les travailleurshandicapés dans leur recherched’emploi en partenariatavec l’ANPE.Ces deux structures sont encadréespar l’Association degestion des fonds pour l’insertionprofessionnelle des personneshandicapées (Agefiph) quidépend directement du ministèredu Travail.