8 / L’Écho du Pas-de-Calais n o 70 – décembre 2005Ternois-LysDe la Lys à Lille en passant par le SmaelRIVIÈRE longue de 214 kilomètres, la Lys est un affluentde l’Esc<strong>au</strong>t, elle prend sa source à Lisbourg, ânonnentles dictionnaires. Ils pourraient ajouter… et ellealimente – en grande partie – en e<strong>au</strong> potable la métropolelilloise. Chaque année, 16 millions de mètres cubes provenantde la H<strong>au</strong>te Lys rejoignent les robinets de la Commun<strong>au</strong>téurbaine de Lille, représentant le quart de sonapprovisionnement. Et voilà près de quarante ans queça dure ! Une aide de taille, souvent passée inaperçue… Maisla création du Smael marque l’ouverture d’<strong>au</strong>tres robinets :ceux de la communication, de la sensibilisation.Photos Chr. DefranceSmael : Syndicat mixte d’adductiondes e<strong>au</strong>x de la Lys, «unproducteur et transporteurd’e<strong>au</strong> en gros » formule RolandHuguet, président depuisseptembre 2004 du comitésyndical de cet établissementpublic regroupant les conseilsgénér<strong>au</strong>x du Nord et du Pasde-Calais,la Commun<strong>au</strong>téurbaine de Lille. Le Smael a vule jour en 2003, héritier d’uneinstitution interdépartementalede 1965, composée des seulsconseils génér<strong>au</strong>x et fonctionnantsans personnel !Institution qui veilla dans lesannées soixante-dix sur la constructionà Aire-sur-la-Lys,route de Mametz, d’une usinede production d’e<strong>au</strong> (la seule<strong>au</strong> nord de Paris). Usine<strong>au</strong>jourd’hui dans le giron duSmael; le marché étant confié àla Compagnie générale dese<strong>au</strong>x. « Mais le Smael fixe lesprix de l’e<strong>au</strong>, les volumes »précise R. Huguet. Il estsurtout décidé à « affiner tousazimuts » cette productiond’e<strong>au</strong> potable. Affiner sesconnaissances quant à laressource en e<strong>au</strong>, quant <strong>au</strong>« fonctionnement de tout ça ».Car c’est une sacrée affairePhoto Ph. Vincent-ChaissacRoland Huguet.Les habitants de la métropole lilloise imaginent-ils qu’une grande partie de leur e<strong>au</strong> potable vient de là… de la sourcede la Lys à Lisbourg (nos photos).cette e<strong>au</strong> qui court de la Lys àLille : 45 kilomètres de tuy<strong>au</strong>xd’Aire à Prémesques, puis 22dans la métropole, 178 ouvrages,13 vannes de sectionnement.Doté désormais d’uneadministration, le Smael a dupain sur la planche… Pas questionde percer des tuy<strong>au</strong>x lorsde trav<strong>au</strong>x par exemple !Affiner tous azimuts, pourreprendre l’expression duprésident, c’est <strong>au</strong>ssi répondre<strong>au</strong>x inquiétudes, <strong>au</strong>xinterrogations des élus, deshabitants concernés. Enseptembre dernier, le Smaela ainsi pu rassurer lesmaires de Verchin etFruges. Des maires perturbéspar les cinq forages équipésà Verchin de 1985 à 1990 etdestinés à soutenir le débit de larivière en période d’étiage (leplus bas nive<strong>au</strong> des e<strong>au</strong>x).Forages puisant dans l’énormechamp captant de Verchin. LeSmael et un hydrogéologue ontconvaincu les élus que cespompages « n’étaient pasméchants » ! Toutefois, unvariateur de débit a été installésur l’une des pompes; et affinertous azimuts c’est <strong>au</strong>ssi à l’avenirdans l’esprit du Smael« épargner les forages deVerchin ». Ce ne sont pas lespompes non plus qui ont asséchéla source naturelle duChanquille à Fruges… maisdeux années très sèches.Toujours pour rassurer etsensibiliser, le fonctionnementdu champ captant de Verchinsera étudié à la loupe, dans lecadre du schéma départementalde la ressource en e<strong>au</strong> initiépar le conseil général du Pasde-Calais.Le Smael fait doncparler de lui, de son usine et deces seize millions de mètrescubes d’e<strong>au</strong> de rivière dont nepourraient plus se passer lesLillois! « Finalement l’idée dedépart était bonne : transformerl’e<strong>au</strong> de la Lys en e<strong>au</strong>potable plutôt que de la laisserfiler à la mer » sourit RolandHuguet.Christian DefranceÀ Moulin-le-Comte, hame<strong>au</strong> d’Aire-sur-la-LysUne usine qui « fabrique »de l’e<strong>au</strong> potableDEPUIS qu’elle a été créée,l’usine de production d’e<strong>au</strong>potable de Moulin-le-Comte n’apas souvent ouvert ses portes<strong>au</strong> public. D’où une réputation desecret entretenue par la rumeur.Pourtant, l’usine n’a vraiment riend’extraordinaire et si les mesures desécurité paraissent draconiennes,c’est que sont stockés là des produitsdangereux comme l’ozone ou lechlore, indispensables à la désinfectionet à la potabilisation de l’e<strong>au</strong>.Pour le reste : rien que des pompes,des instruments de mesures, desécrans de contrôles, des table<strong>au</strong>xlumineux, des commandes de vannesà distance, outils indispensablespour garantir <strong>au</strong> consommateurlillois une e<strong>au</strong> potable de qualité.L’e<strong>au</strong> prise dans la Lys, stockéedans un bassin d’e<strong>au</strong> brute d’unecapacité de 100000 m 3 , passe par undécanteur, bientôt un débourbeur,des filtres sur sable et subit uncertain nombre de traitements quiont pour noms ozonation, chloration…,ou encore, depuis quelquesmois, adjonction de charbon actif enpoudre qui permettent de mieuxlutter contre les odeurs, les pesticidesou les bactéries.Dans le laboratoire de l’usine qui areçu la certification Iso 14 000,coulent en permanence, cinq robinetspour cinq e<strong>au</strong>x différentes (cellede la Lys, celle du bassin, l’e<strong>au</strong>décantée, l’e<strong>au</strong> filtrée, l’e<strong>au</strong> traitée)et cinq nive<strong>au</strong>x de contrôles effectuéssur place, ou à l’institut Pasteurpour ce qui est de la bactériologie.« Chaque fois qu’un produit estajouté on mesure derrière », soulignentMM. Defives et Chareyre,respectivement directeurs du Smaelet de l’agence de la Compagnie généraledes e<strong>au</strong>x de Saint-Omer, deuxentités qui ont pris le parti de ne riense cacher : « tous les résultats decontrôles sont transmis quotidiennement<strong>au</strong> Smael ».Philippe Vincent-ChaissacPompée dans la Lys, l’e<strong>au</strong> est stockée dans ce bassin d’un diamètre de 200 mètres. Avant depasser dans le décanteur, elle fait l’objet d’une adjonction de charbon actif, puis elle estfiltrée et traitée avant d’être transportée vers l’agglomération lilloise.Photo Ph. Vincent-ChaissacInvestissementsimportantsLorsqu’elle a été construite en 1971, l’usine a coûtéentre 120 et 130 millions de francs. Un investissementimportant pour une unité installée sur unesuperficie de 19 ha qui font maintenant l’objetd’un plan de gestion des espaces verts. À l’origine,elle devait alimenter les agglomérations lilloise etdunkerquoise. 30 ans plus tard, toute l’agglomérationlilloise est bien concernée grâce à deux réservoirssitués à Mouv<strong>au</strong>x et Lille - Saint-S<strong>au</strong>veur mais<strong>au</strong>ssi les communes de Laventie et Lestrem.Depuis qu’elle a obtenu le contrat d’afermagepour une période de douze ans, la Compagniegénérale des e<strong>au</strong>x a investi dans l’implantationd’une unité d’adjonction de charbon actif, tandisque le Smael finançait l’installation d’un variateurde vitesse pour contrôler le débit d’e<strong>au</strong> en fonctionde la demande, le bâchage des décanteurs…en attendant la construction du débourbeur et lamodernisation de la station d’alerte à la pollutionsituée en amont, à Mametz. Un coût d’investissementsqui n’a pas été répercuté sur le prix du m 3d’e<strong>au</strong> facturé.Photo Ph. Vincent-Chaissac
Ternois-LysRobert Desmaretz d’Aire-sur-la-LysBien dans sa pe<strong>au</strong>de 5 e danL’Écho du Pas-de-Calais n o 70 – décembre 2005 / 9Des logements soci<strong>au</strong>x :« c’est bonpour le village »Photo Ph. Vincent-ChaissacNé avec une main g<strong>au</strong>che privée de quatre doigts, Robert Desmaretz passe sonenfance – airoise – sans sport… « Le médecin de famille l’avaitdéconseillé. » Alors c’est en cachette, en 1967, à seize ans et demi,qu’il accompagne un copain, <strong>au</strong> judo, à Saint-Omer. « J’<strong>au</strong>rais pu tombersur le football… » Il s’est retrouvé sur le tatami. Et ne l’a presque plusjamais quitté ! S<strong>au</strong>f pour aller bosser à la Caisse d’Épargne où il a gravitous les échelons, de simple employé à chef de projet. Ascension similaire dans sa disciplinefavorite. À 54 ans, il vient « d’accrocher » un 5 e dan à sa ceinture noire.Ils ne sont que douze dans le Pas-de-Calais à avoir atteint ce grade.Robert Desmaretz, ceinture noire 5 e dan, professeur et animateur, toujours sous le signe de la volonté.Kimono sur le dos, parentsdans la poche (ils ont vite admisles escapades du jeudi), Robertarrive en 1968 <strong>au</strong> Judo-clubairois qui vient de voir le jour.Première ceinture noire duclub en février 1972, il obtientson 2 e dan trois ans plus tard.Au dojo comme <strong>au</strong> boulot où iljongle avec les chiffres, il sedonne à fond. Volontaire etpédagogue. Dès 1979, il apporteson aide <strong>au</strong> professeur du clubet s’occupe des petits. Diplôméd’État en 1986, il peut enfinpasser franchement à l’enseignement: « j’ai toujours eu dixans de retard par rapport à magénération ». La fameusedispense de sport ! RobertDesmaretz se sent davantage àl’aise avec les jeunes élèvesqu’avec les adultes. Un vraiprof, qui passe son 3 e dan en1987, le 4 e en 1996. Toujours« relativement en forme », etPour contrecarrer les effets néfastes du métro boulot dodo, RobertDesmaretz a imaginé les « trois D » : dépense, défense, détente ! Unpeu de jujitsu pour « savoir se défendre », le tai chi pour « la pacificationinterne », le taïso « pour bien préparer son corps, se protégeret améliorer son potentiel physique ». Lancée en septembre dernierpour des adultes – parents de jeunes élèves par exemple – pas prêtsà se lancer dans le judo, la séance des « trois D » a très vite faitmouche. « Vingt-trois licenciés rien qu’avec le bouche-à-oreille. »Indéniablement, Robert Desmaretz a répondu <strong>au</strong>x attentes. Il espèremême que quelques-uns des adeptes des « trois D » reviendront surles tapis. Le Judo-club airois compte 110 licenciés, de 6 à 68 ans. Ilssont environ 10 000 dans le Pas-de-Calais ; un département pouvantse targuer de posséder quatre judokas 6 e dan !Renseignements <strong>au</strong>près du Judo-club airois,tél. 03 21 39 03 09 (Jean-Louis Lévêque)ou 03 21 39 18 09 (Robert Desmaretz).préretraité de la Caisse d’Épargne,il décide en 2004 de releverun défi : le 5 e dan. Quatre à cinqentraînements par semaineavec son partenaire, GuyCapelle, be<strong>au</strong>coup de sueur etde volonté. Le 29 mai 2005, ilest à l’Institut national du judoà Paris : il a une petite demiheurepour prouver « la qualitéet la sincérité » de son judo. Lejury lui accorde deux des troisparties de l’examen. Il f<strong>au</strong>tremettre ça le 30 juillet lorsd’un stage national près deSaint-Raphaël, avec cette foisune partenaire québécoise.Tremblements et délivrance. Ilobtient ce 5 e dan tant espéré,homologué en octobre dernier.Imaginez la fierté du Judo-clubairois : deux h<strong>au</strong>ts gradés enson sein (Robert, Jean-LouisLévêque). Et le 6 e ? « Il f<strong>au</strong>tattendre dix ans pour passerce grade! » soupire Robert.Encore ces dix années deretard à c<strong>au</strong>se d’une maing<strong>au</strong>che privée de quatredoigts.Christian DefrancePhoto L’Écho du Pas-de-CalaisL’ancien café de Bomy, <strong>au</strong>jourd’hui transformé en appartements.PEINTURE, finitions, bricolage en tout genre… Georges Huart adu pain sur la planche. Après une ancienne menuiserie, ilrénove un café de Bomy, fermé depuis des années, pour le transformeren logements soci<strong>au</strong>x. Une réalisation qui n’<strong>au</strong>rait pas étépossible sans l’appui du CDHR (Comité départemental d’habitatet d’aménagement rural), qui a subventionné une partie destrav<strong>au</strong>x. Le choix de créer du logement social en milieu rural s’estimposé comme une évidence à Georges Huart, pour qui cela« permet d’offrir un toit à des locataires à faibles revenus tout enréalisant une bonne opération financière ». Il insiste égalementsur le caractère positif d’une telle implantation pour lacommune : « c’est bon pour les commerces, pour l’école, et çadonne du travail <strong>au</strong>x entreprises locales ».Deux appartements de 110 m 2 sont déjà loués depuis septembre etun <strong>au</strong>tre devrait suivre dans le courant du mois de décembre. Lessubventions du CDHR, qui représentent environ 35 % de l’investissementtotal (achat et trav<strong>au</strong>x), ont permis d’offrir une qualitéde finition peu habituelle pour des logements à loyer maîtrisé. Deplus, en confiant la gestion locative <strong>au</strong> Sires – Service immobiliersocial et rural –, M. Huart bénéficie de frais d’agence réduits.Une opération dont tout le monde sort donc gagnant : locataires,propriétaire et institutions.Antoine Vaast