12 / L’Écho du Pas-de-Calais n o 70 – décembre 2005Anciens combattants amérindiensDes Poilus et des plumesPour Yann Castelnot, la passion des Amérindiens s’est transforméeen mission.PEINTURES de guerre et tomahawk, l’image du guerrier« indien » est à des milliers de kilomètres de celledu Poilu de la Grande Guerre. Ils seraient pourtantplusieurs milliers, venus du Canada et des États-Unis,à s’être battus dans les rangs alliés lors des deux guerresmondiales. L’Araca (Association de recherche des ancienscombattants amérindiens), basée à Loos-en-Gohelle,recherche depuis trois ans la trace de ces soldatsdu Nouve<strong>au</strong> Monde.Photo Ph. Vincent-ChaissacInitiative soutenueLa réception organisée en mairie de Lillers a permis de constater que lamusique et la danse tiennent toujours une place importante dans laculture amérindienne.Photo Ph. Vincent-ChaissacSioux, Inuits, Mikmaks ouAlgonquins, les populationsamérindiennes n’ont plus desecret pour Yann Castelnot.Une passion qu’il cultive depuisl’enfance et qui n’a cessé d’attisersa soif de connaissance.Après avoir découvert dans unmagazine une photographie dumaréchal Foch décorant unsoldat amérindien, et ne trouvant<strong>au</strong>cune documentation <strong>au</strong>sujet de ces combattants, ildécide en 2000 de réaliser luimêmeune enquête historique.Ses premières recherches serévèlent difficiles à mener. Leslistes officielles sont très incomplèteset peu accessibles. Au filde ses errances dans les cimetièresmilitaires et à force d’éplucherleurs registres, il fait sapremière trouvaille : la tombede Standing Buffalo, petit-filsdu chef sioux Sitting Bull, mortpendant la Première Guerremondiale et enterré à Ficheux.Une découverte décisive carelle attire l’attention duCommonwealth sur son travailet lui permet de pousser plusavant ses investigations. « Çam’a ouvert des portes, les gensont commencé à me prendre <strong>au</strong>sérieux » explique-t-il.Une affairede passionnésPour structurer ses rechercheset y associer d’<strong>au</strong>tres passionnés,Yann Castelnot créel’Araca en octobre 2002. « Enme basant sur les noms, les liensde parenté ou les lieux de naissance,j’ai découvert de plus enplus de cas. » Gagnant en crédibilité<strong>au</strong> fur et à mesure que sestrav<strong>au</strong>x avancent, il recueille lesoutien de nombreuses personnalités,notamment d’élus canadiensqui l’aident à obtenir unaccès <strong>au</strong>x archives.Désireux de récolter ses informationsà la source, Yann partà la rencontre des Amérindiens.« J’ai participé à un pow-wowen Oklahoma et le bouche-àoreillea commencé. Un peu plusLes Indiens en ArtoisGohelletard j’étais contacté par desInuits du Grand Nord canadien.» Malgré une certaineméfiance de la part des commun<strong>au</strong>tésaborigènes, les sollicitationsviennent vite de partout :« les clans me demandent deretrouver la trace de certains deleurs membres, venus combattreen Europe ». De ces contacts, ilretient surtout ses entretiensavec des vétérans, « j’ai rencontréun vieil Amérindien qui avaitparticipé à la libération descamps de concentration, sonrécit était bouleversant. »L’Araca regroupe <strong>au</strong>jourd’huiprès de 120 personnes, partouten France. « Nous ne couronspas après les cotisations, nousvoulons des passionnés capablesde faire progresser les recherches.» L’association a d’ores etdéjà recensé 5 200 cas. Pourchacun, un dossier contenant lafeuille d’enrôlement, l’emplacementde la sépulture, deséléments biographiques et desphotos – quand elles existent –,a été constitué. Un site internetqui proposerait une base dedonnées sur les combattantsamérindiens en libre accès est enprojet.Yann Castelnot, lui, parttravailler dans un parc naturelquébécois. L’occasion de vivretout près de sa passion.Araca : 2, rue Kléber – 62750 Loos-en-GohelleTél. 06 75 60 10 18 ou 06 14 84 47 96Courriel : araca62@aol.comSite : http://membres.lycos.fr/araca62Antoine VaastLe club sociétaire initiative de la Banque Populaire(secteur Béthune-Lillers) a pour vocation de récompenserdes projets d’initiative locale, ayant valeurd’exemple, <strong>au</strong> profit des <strong>au</strong>tres et dans un but nonlucratif. L’action menée par Yann Castelnot etl’Araca entrant complètement dans ce cadre, leclub a décidé de leur octroyer une aide financièred’un montant de 1 500 euros qui permettra definancer quelques recherches supplémentaires. Laremise de chèque a eu lieu lors d’une réceptionorganisée en mairie de Lillers, ville où dix habitants<strong>au</strong>raient été s<strong>au</strong>vés par des Amérindiens.En marge des célébrations du 11 novembre, une délégation de l’État-Major de l’armée indienne (celle de l’Inde)est venue in<strong>au</strong>gurer l’exposition Les Indiens, 1914-1918 ou le sacrifice d’un peuple dans la boue d’Artois, le10 novembre dernier, salle Birgy à Saint-Venant. Après la visite de l’exposition, elle s’est rendue <strong>au</strong> mémorialde Neuve-Chapelle pour une cérémonie à la mémoire des soldats indiens morts pendant la Grande Guerre.Photo J. Pouille
ArtoisMonchy-<strong>au</strong>-BoisJANVIER 1871. Depuis deux mois, l’Armée du Nord du général Faidherbes’oppose <strong>au</strong>x troupes prussiennes dans notre région. Après la bataille<strong>au</strong>tour de Bap<strong>au</strong>me, les 2 et 3 janvier, Faidherbe – pourtant victorieux –se replie sur Arras, et les Prussiens en direction de Péronne.Mais des patrouilles des deux camps continuent d’explorer la région…Emmanuel Riche, historien local deMonchy-<strong>au</strong>-Bois, s’est ainsi intéressé à« l’affaire du cabaret Boiry ». Le8 janvier 1871, 43 cavaliers prussiensdînent <strong>au</strong> « cabaret », à la sortie deMonchy-<strong>au</strong>-Bois. Ils sont encerclés parune vingtaine de tirailleurs volontairesL’affaire du « cabaret Boiry »du Nord et des dragons arrivés en facede l’établissement à la faveur d’unebourrasque de neige. Sommés de serendre, les Prussiens tentent de prendrela fuite en enfourchant leurs chev<strong>au</strong>xsellés dans la cour. Des coups de fusilmettent à terre hommes et montures.Leur chef est blessé <strong>au</strong> bras droit, troissoldats tués sur le coup, un <strong>au</strong>tremortellement blessé. Le reste des cavaliersse constitue prisonnier avec armes,bagages et chev<strong>au</strong>x. D’abord conduits<strong>au</strong> quartier général de l’Armée du Nord,ils sont ensuite écroués à la maison d’arrêtd’Arras. Le lendemain, vers cinqheures du matin, un millier de fantassinsprussiens déboulent à Monchy-<strong>au</strong>-Bois. Leur commandant oblige le maireà l’accompagner <strong>au</strong> « cabaret Boiry » oùsont restés les corps des cavaliers tués laveille. L’officier prussien fait <strong>au</strong>ssitôtmettre le feu à l’habitation, retourne <strong>au</strong>village qu’il menace de réduire en cendres…Il réclame mille francs en argentet tous les chev<strong>au</strong>x de la commune,amenés <strong>au</strong> jeu de p<strong>au</strong>me. Cependantgrâce à la fermeté du maire, du curé etde l’instituteur – Augustin Delambre,François Drocourt, Jules Deraine – lesPrussiens se « contentent » finalementde 500 francs et des 56 plus be<strong>au</strong>xchev<strong>au</strong>x du village. Ils quittent les lieuxvers midi. On ne les reverra plus.La guerre terminée, le cabaret Boiry,incendié, fut reconstruit et le propriétairechoisit une nouvelle enseignevengeresse : « À la prise des 43Uhlans »! Et encore rebaptisé par lesL’Écho du Pas-de-Calais n o 70 – décembre 2005 / 13Allemands durant la Première Guerremondiale. « La Bellevue » devint unobservatoire de la ligne de front.Le mois de janvier 2006 marquera le135 e anniversaire de la bataillede Bap<strong>au</strong>me, et des escarmouches– Monchy-<strong>au</strong>-Bois, affaire des« Capituleux » de Souchez – peuconnues du grand public.Des bus entreArras-Bap<strong>au</strong>me :quelques précisionsL’article paru dans L’Écho du Pas-de-Calaisdu mois de novembre 2005, consacré à laligne de transports en commun entreArras et Bap<strong>au</strong>me, appelle quelquesprécisions. En effet l’entreprise detransports privée qui était <strong>au</strong>paravantchargée de cette ligne, souligne queseules dix-huit communes du sud bapalmoisne disposaient que d’un aller-retourquotidien pour Arras. Et celles-ci étaientdéjà desservies par la RDT62 (Régie départementalede transport). Elles n’entraientdonc pas dans le contrat souscrit entrel’entrepreneur privé et le département.