DOSSIERTrois rencontres de travailont réuni les <strong>auteurs</strong> de BDet les illustrateurs, soucieuxde voir se fragiliser lesacteurs de la chaîne du livre.Trente participants, trente© Maison des Auteursréalités différentes… maisconcordantes sur bon nombrede constats préoccupants.à nos sociétés de gestion. Sans compterqu’il permet aussi l’édition en ligned’œuvres inédites (courtes) ou épuisées(en partenariat avec l’éditeur original), àtitre payant ou à titre gratuit. Plus d’informationsur ce service en plein développement: info@bela.be – Tél. 02 551 03 48.Tarif des prestations secondairesDévelopper la solidarité entre les <strong>auteurs</strong>Les sociétés d’<strong>auteurs</strong> comme laSACD, la SCAM et la SOFAM peuvent jouerun rôle important dans l’accompagnementdes <strong>auteurs</strong> de BD et des illustrateurs, essentiellementparce qu’elles développentla solidarité au sein de ce secteur, traditionnellementindividualiste.La Maison des Auteurs propose <strong>aux</strong><strong>auteurs</strong> de BD et <strong>aux</strong> illustrateurs, fréquemmentsollicités pour des séancesde dédicaces, des conférences, des animationsou la réalisation d’affiches, de sefaire rémunérer de façon décente pour cesprestations trop souvent « gracieuses », ense fondant sur les tarifs suivants, inspirésde ceux de la SOFAM et de la Charte desAuteurs et des Illustrateurs jeunesse(www.la-charte.fr ):— Tarif horaire : 100€/heure HTVA— Prix forfaitaire à la journée : 600€ HTVA— Prix forfaitaire à la journée (en déplacement): 800€ HTVA + frais de déplacement,repas et logement si prestationtardive (ne permettant pas de retour)— Exposition : 40€ par œuvre par moisHTVA— Abattements : 20% pour le secteurculturel ou les œuvres multiplesCes sommes sembleront élevées àcertains des organisateurs d’événements,mais il s’agit de tarifs raisonnables pourdes prestations professionnelles d’indépendantspécialisé (qui seront taxéesen proportion, puisqu’il ne s’agit pas dedroits d’<strong>auteurs</strong> au sens propre). Plus lesdessinateurs/scénaristes se référerontà ces tarifs (validés par une importantecommunauté d’<strong>auteurs</strong>), moins ce droit àrémunération sera difficile de faire reconnaître.Des réductions peuvent toujoursêtre accordées à des écoles ou à des associations.Prochaines étapes : mise à plat desconditions de la création dans le secteur(état du marché, chiffres clés, balises,statistiques belges, usages courants, effetspervers…) pour objectiver la situation,puis identification d’une série de pratiques« saines » et solidaires, constructives,de tarifs de référence acceptables pourtoutes les parties concernées (Livreblanc ? Vademecum ?).L’intérêt est de pouvoir instaurer unmode de fonctionnement professionneldans le secteur, un cadre collectif, d’éliminerles pratiques floues. Et de le faireensemble, pour éviter le rapport de forceinégal « individu isolé – société d’édition(internationale) », surtout préjudiciable<strong>aux</strong> jeunes <strong>auteurs</strong>.Il est possible de faire évoluer le système,en synergie avec les acteurs économiqueset les pouvoirs publics, avec pourobjectif la diversification des sources derémunération pour les <strong>auteurs</strong>. Plusieursavancées significatives sont d’ores et déjàdiscutées en Flandre. Une concertationavec les <strong>auteurs</strong> français de BD est aussienvisageable, puisque la SACD et la SCAMsont franco-belges.<strong>Lettre</strong> <strong>aux</strong> <strong>auteurs</strong> <strong>21</strong> – 12
TRIBUNE© Alice Piemme / AML— Quellesconditions decréation pourles <strong>auteurs</strong>dramatiques,demain ?Interview de Thierry DebrouxL’annonce de votre désignation àla succession d’Yves Larec au Théâtredu Parc (en 2011) a fait l’objet de nombreuxarticles, mettant en avant votrebeau parcours dans le spectacle vivantet vos futurs projets de directeur, demetteur en scène et d’auteur. Nous souhaiterionsconnaître aujourd’hui votrepoint de vue sur quelques défis <strong>aux</strong>quelssont confrontés les professionnelsde la scène.≥ Les statistiques récentes, notammentfrançaises, tendent à montrer quela crise économique développe l’envie defréquenter des lieux de culture. Confirmez-vousce constat ?Il me serait bien difficile de le confirmeren tant que directeur de théâtre carje ne prends officiellement mes fonctionsque le 1 er juillet 2011. D’après les confidencesde certains responsables d’institutionsculturelles, j’avais l’impression, aucontraire, que la crise ne faisait guère bonménage avec la fréquentation des salles.La culture n’est utileque si elle parvientà surprendre et àtoucher des hommeset des femmes quisont au bord debasculer dans lesidéologies faciles etintolérantes.Cependant j’ai pu constater avec LeCapitaine Fracasse en septembre 2009que, malgré la crise et la paranoïa grippale,les spectateurs étaient au rendez-vous(10.700). Sans doute, la dimension divertissantede ce spectacle explique en partiecette affluence. En temps de crise, les citoyensont besoin d’oublier la morosité ambiante.Le théâtre le plus révolutionnaire, leplus audacieux, le plus provocant s’est développédans les années ‘60 qui furent desannées de grande prospérité économiques.≥ Toujours selon des chiffres français,les recettes semblent profiter essentiellement<strong>aux</strong> plus grosses « entreprises » despectacle. Les petites compagnies théâtralesseraient, à l’inverse, de plus en plusfragilisées.Comme je le disais dans ma réponseprécédente, les spectateurs, en temps decrise et de déprime, cherchent le divertissement.Je suis personnellement très respectueuxà l’égard de ce besoin. Mon pèreétait ouvrier et rentrait usé de son travail…Je pense toujours à lui quand j’imagine unspectacle. L’aurait-il apprécié après unelaborieuse journée de travail ?En temps de crise donc, les lieux, lescompagnies qui proposent des projets plus« difficiles » d’accès, souffrent bien évidemmentplus. J’ai pourtant pu constater avecle texte de Joël Pommerat, Cet Enfant, (quej’ai monté au Public) que, malgré un sujetcoup de poing, les spectateurs étaient aurendez-vous. La force d’un texte commecelui-là qui parle, dans une langue simple,de sujets qui touchent, qui bouleversentle cœur expliquent ce succès. Par contre,le théâtre qui se regarde le nombril, quirejette la simplicité sous prétexte qu’êtrecompris c’est être has been… Ce théâtrequi s’adresse avant tout <strong>aux</strong> théâtres, cethéâtre-là souffre beaucoup en temps decrise et ce n’est que justice. Veillons cependantà ne pas succomber au divertissementfacile et vulgaire sous prétexte de remplirles salles. Le divertissement n’empêchepas la réflexion, la remise en question…≥ Est-il possible d’élargir le schématraditionnel de rémunération des <strong>auteurs</strong>dans le spectacle vivant, menacé par laréduction des subsides publics ? Vousavez exploré vous-même d’autres typesd’écritures (mises en scène, adaptationsTV…). Il existe sûrement d’autres scénariosde décloisonnement ?Parlons franchement. Je ne gagneréellement bien ma vie que depuis trois ans,en écrivant pour la télévision. Évidemmentles enjeux sont tout autres… J’ai la chancede travailler pour une série (Petis meurtresd’Agatha Christie) dont chaque épisode estvu sur France 2 par cinq millions de spectateursen moyenne. Cela change la donne.Un auteur de théâtre, ici en Belgique, estcondamné à rester un amateur, dans lesens où la façon dont il est rémunéré estdérisoire par rapport au temps consacréà l’écriture. Les spectacles en Belgique sejouent très peu… Oserais-je avancer unemoyenne de douze représentations devantune centaine de spectateurs… ? Je ne croispas être loin de la réalité. Comment voulezvousvivre avec des droits d’auteur aussidérisoires… ? Certains théâtres, heureusement,tentent des séries plus longues…Mais encore faut-il que nos <strong>auteurs</strong> aientl’ambition et le talent d’écrire des textes quipourront se jouer devant des salles de 500spectateurs… L’écriture contemporaine,par réalisme économique, s’est écartée duthéâtre épique… pour produire des œuvresintimistes, à deux ou trois personnages…Malgré un talent certain et un nombre importantd’<strong>auteurs</strong> dans notre communauté,je suis forcé de constater que les textesdestinés à de grandes salles pour un largepublic, dans la lignée du théâtre populairede qualité, ne sont pas légion. Mais jem’écarte du sujet…≥ Pour pouvoir affirmer l’importanceculturelle (et économique) du spectaclevivant, il est crucial de disposer d’indicateursfiables sur l’évolution du >>><strong>Lettre</strong> <strong>aux</strong> <strong>auteurs</strong> <strong>21</strong> – 13