VOS DROITS— Enfin lesamendementsattendus pour lacopie privéeLe Gouvernement a enfin décidéen 2009 d’adopter les nouve<strong>aux</strong> tarifsde copie privée, après cinq années deguerre quasi mortelle menée par l’industriecontre les dispositifs de rémunérationdes <strong>auteurs</strong> et autres ayantsdroit, tant en Belgique qu’au niveaueuropéen.La loi du 22 mai 2005 avait revisité defond en comble le concept de copie privée,prévoyant l’introduction d’une redevancesur les disques durs, clés USB, lecteursMP3, cartes mémoire, smartphones… (etautres matériels informatiques permettantla reproduction d’œuvres protégées).Cette nouvelle définition a provoqué alorsdes débats animés dans l’industrie et auParlement. Quatre ans auront finalementété nécessaires pour que les arrêtés d’applicationde cette loi paraissent au Moniteur(23 décembre 2009). Ces mesures etles tarifs qui lui sont associés sont entrésen vigueur le 1 er février 2010.Les nouve<strong>aux</strong> tarifsCabinet et de l’Administration du Servicepublic fédéral de l’Économie, entre les représentantsdu secteur de la distribution,de l’industrie technologique, des PME, desconsommateurs et des ayants droit. L’arrêtéroyal prévoit aussi des évaluations etdes études qui seront utiles, notammentpour suivre les développements techniquesdes catégories de supports et descapacités de stockage, ainsi que le statutdes équipements pour lesquels une solutionest encore à trouver.Précisons qu’en dépit des dispositionsprévues par la loi du 22 mai 2005,la rémunération pour la copie privéed’œuvres n’est à ce jour perçue que par lestitulaires de droits sur les œuvres audiovisuelleset sonores. En effet, cette modificationlégislative prévue par la loi du 22mai 2005 n’a pas été mise en vigueur parl’arrêté royal du 17 décembre 2009. Cet arrêtéroyal a uniquement modifié les tarifset maintenu le bénéfice de cette rémunération<strong>aux</strong> ayants droit des catégoriesd’œuvres précitées.RésistancesLa publication de ces nouve<strong>aux</strong> tarifs,attendue depuis des années par lesayants droit, a soulevé des réactions chezles industriels ainsi qu’auprès de quelquesélus. La presse a relayé certains de leursdiscours « anti-rémunération », mais defaçon moins vive que dans les années ‘90.C’est pourtant d’une juste rétribution qu’ils’agit pour les <strong>auteurs</strong> et autres ayantsdroit dont les œuvres sont reproduites, parmillions, dans les foyers. Ces rentrées leurpermettent aussi de continuer à créer. Enparallèle, les particuliers sont maintenantcouverts d’un point de vue juridique pourles copies qu’ils entreprennent dans lecadre familial et dans les limites fixées parla loi.Les nouve<strong>aux</strong> tarifs fixés par le Gouvernementse basent sur des années denégociations, menées au sein d’une commissionprévue par la loi sous l’égide duPar conséquent, les <strong>auteurs</strong> d’œuvreslittéraires et graphiques ne peuvent à ce jourpas encore bénéficier d’une rémunérationpour la copie privée.<strong>Lettre</strong> <strong>aux</strong> <strong>auteurs</strong> <strong>21</strong> – 6
VOS DROITS— La nouvelleloi de contrôledes sociétés degestionAu cours de la dernière décennie,plusieurs projets de loi ont été déposés,visant à mieux encadrer les sociétés degestion, mais aucun n’a été approuvé.C’est le 1 er février 2008 qu’un groupe detravail du Conseil de la Propriété Intellectuelles’est enfin penché sur le projetdu 11 mai 2006. Ce projet a ainsi fait l’objetd’une série d’améliorations notableset a pu être finalisé, avant vote final duParlement, lors d’une négociation entrele Cabinet du Ministre Vincent VanQuickenborne et les représentants dessociétés de gestion. La nouvelle loi estentrée en application le 1 er avril 2010.Cette nouvelle règlementation entraînerainévitablement des changementsdans la manière de travailler des sociétésde gestion. Pas question malheureusementd’une simplification des procédures :les contraintes administratives et comptablessont au contraire sensiblementalourdies. En ce qui concerne la SACD etla SCAM, l’alignement sur ces mesuresse fera de façon naturelle, la plupart desexigences légales étant déjà appliquéesdepuis plusieurs années.Soulignons que cette loi aura des effetsimportants sur les méthodes de travaildes sociétés de gestion, notamment dansla mesure où elles ont désormais l’obligationd’établir des tarifs (soumis au contrôlesuivi du SPF Économie), et de les appliquersans discrimination et dans l’intérêt desayants droit. Ceci changera certainement lecadre de nombreuses négociations avec lesgrands usagers de leurs répertoires.En ce qui concernela SACD et la SCAM,l’alignement sur cesmesures se fera defaçon naturelle, laplupart des exigenceslégales étant déjàappliquées depuisplusieurs années.Les prescriptions dela nouvelle loi— L’obligation pour les sociétés degestion étrangères (c’est le cas de la SACDet de la SCAM) de se constituer sous formede succursale.— L’obligation d’accepter pour membrestous les créateurs dont le profil correspondà celui défini dans leurs statuts et de gérerles intérêts de tout ayant droit qui leur enfait la demande.— Une présentation spécifique et harmoniséedes comptes annuels (plus détailléequ’un plan comptable simplifié).— Une gestion financière et comptabledistinctes des avoirs propres des sociétéset des sommes perçues au nom deleurs membres.— L’interdiction de procéder à des placementsspéculatifs.— La publication sur le site Internetdes tarifs, procédures de perception etbarèmes de répartition pratiqués.— Le versement des sommes perçues<strong>aux</strong> ayants droit dans les 24 mois aprèsleur encaissement.— La déclaration des conflits d’intérêtspotentiels.— La mise en évidence auprès desayants droit des coûts réels pris en comptepour la perception, la gestion et la répartitiondes droits, par catégorie d’œuvres(illustration, film, droits de câble, reprographie,etc.).— La validation, par le Service deContrôle des Sociétés de Gestion du Ministèrede l’Économie, de toutes les modificationsapportées <strong>aux</strong> tarifs, et ce deuxmois avant leur approbation officielle.— Un accès <strong>aux</strong> répertoires pourtoutes les personnes légalement concernées,sur place ou par demande écrite.— L’affectation de 10% maximumdes sommes perçues à des programmesde soutien social, culturel ou éducatif, àcondition que ces projets soient gérés ausein même des sociétés (et non par desorganismes tiers, plus difficiles à contrôler,comme ce fut parfois le cas dans le passé).— Des compétences d’enquête étenduespour le Service de Contrôle des Sociétésde Gestion du Ministère de l’Économie,pouvant donner lieu à des sanctionsofficielles.— L’extension des tâches du commissaire-réviseur.— Le financement du Service deContrôle par les sociétés de gestion ellesmêmes(prélèvement prévu de max. 0,4%des droits perçus).— Et la publication annuelle, par leService de Contrôle, d’un rapport d’activitédétaillant les résultats financiers pourle secteur et l’ensemble des informations,plaintes et interventions des fonctionnairesresponsables.<strong>Lettre</strong> <strong>aux</strong> <strong>auteurs</strong> <strong>21</strong> – 7