descriptif à son égard. Les Kinks chantaient en 66“I'm Not Like Everybody Else”. 45 ans plus tad, SallieFORD éructe avec “I Swear” sa propre profession defoi : “Quand j'allume la radio, tout sonne pareil, c'estquoi cette merde qui sonne comme des robots ?Pour ma part, je jure bien de toujours me montrerinconvenante, même s'ils doivent ne jamais meprogrammer”. Raté : ce titre (comme le clip qui l'accompagne)fait déjà l'objet d'une heavy rotation sur lesmédia ! Originaire de Caroline du Nord, la môme s'estbâti une réputation en agrégeant son band parmi lestraîne-savates de Portland, Oregon (repéré de longuedate pour sa haute teneur créative). Leur instrumentationminimaliste (grattes et amplis vintage, contrebasseet drum kit restreint) sert à merveille le timbrecanaille et haut perché de la donzelle (lequel n'est passans rappeler celui de la jeune Cindy Lauper). Leurrépertoire original évoque tour à tour les débuts durockabilly, une sorte de blues balloche ou de gospeldéluré, voire même les tout débuts de Sparks (“WriteMe A Letter”, “Miles”). Fille d'un marrionettistecélèbre, Sallie FORD pourrait bien sans tarder tirerles ficelles de son époque... C'est en tout cas tout lemal que l'on se souhaite !Patrick DALLONGEVILLEen concert 06/12/2011 Bruxelles [B] BOTANIQUEFURYKANEFakeMVS/AnticraftJ’apprécie beaucoup lespromenades entre chantmélo, passages hurlés,sursauts rappés etchœurs façon cheerleaders(la demoiselle a unéventail vocale suffisammentlarge pour surprendre l’auditeur), par contre, jene suis pas très fan des voix superposées biensouvent casse gueule harmoniquement. Tout de blancvêtus et plutôt bien présentés (traduisez par bienpropre sur eux), les Parisiens nous proposent unpremier LP assez fourni et varié pour nous tenir enhaleine tout au long des quinze titres (dont un trèsbon remix). La base instrumentale sonne comme duDeftones où l’énergie se mêle à la mélancolie, voir àdu Limp Bizkit sur “STFU”. Pour résumer, FURYKANEjoue une fusion neo metal aujourd’hui un peu datée,mais très bien exécutée pour qui en était fan durantla décennie passée (“Boogie” aurait fait un parfaitsingle en pleine suprématie Korn), sans éviter pourautant certains clichés (“Soft”). Pour être honnête,dix titres auraient largement suffit, mais a t-on vu unpremier album exempt de défaut ? FURYKANE faitdonc office de chaînon manquant entre Eths et SkunkAnansie.DJ NEUROTICGALLHAMMERThe EndPeacevilleRecords/Season ofMistÉcouter un mélange dedoom punk et de crustprimitif n’est pas déroutanten soit, mais le plusdélirant dans tout çareste que cette musique est assénée par trois jeuneset frêles japonaises déjantées, là où on s’attendrait àvoir débarquer de fiers guerriers démoniaques! Lechant en japonais qu’on entend plus distinctement sur“Sober” est un pur death rock à la Superheroines /Shaddow Project, voir carrément Christian Death sur“Rubbish CG202” et “Aberration”, autrement dit onne peut éviter l’influence indéniable du couple EvaO/Rozz Williams sur la musique de GALLHAMMER.Du punk cradingue sur “Entropy G35” au black metalhypnotique et glauque du titre éponyme, The End,troisième missive enregistrée à Tokyo et masteriséentre autre par Maniac (ex hurleur de Mayhem), estune lente et terrifiante lame de fond prête à vousengloutir dans les profondeurs abyssales d’un océanputride.DJ NEUROTICGALVIN MILTEAUROBINSONSMYTHConsiderationColumbia / SonyJean-Jacques MILT E A Uest sans doute notreharmoniciste le pluscélèbre : il a accompagné les plus grandes vedettesfrançaises sur disque comme sur scène, initié uneméthode d'apprentissage de l'instrument, etaccouché à ce jour d'une quinzaine d'albums sous sonnom. Il n'est donc pas anodin qu'il le présenteaujourd'hui (son patronyme) accolé au même plan quecelui de ses trois comparses de longue date. GALVINMILTEAU ROBINSON SMYTH, c'est en effet une collaborationstable depuis cinq ans et quelques (que l'onput notamment goûter lors de l'édition 2009 deWazemmes l'Accordéon). Quand les vieux complicesque sont MILTEAU et son guitariste Manu GALVINcroisent la route des chanteurs Michael ROBINSONet Ron SMYTH, les Français comprennent qu'ils onttrouvé la formule alchimique de l'idéal musical qu'ilstraquaient depuis des décennies. Ceux qui voudraientenfermer MILTEAU dans le blues stricto-sensu serontforcés d'admettre que son spectre s'étend, bien pluslargement, à l'ensemble des musiques afro-américaines,comme en témoignent ici le gospel “Will The40 • <strong>156</strong> DECEMBRE 2011
Circle Be Unbroken” (hymne du mouvement pour lesdroits civiques, que la bande à MILTEAU entonnerégulièrement sur scène), ou le reggæ “Higher AndHigher”. Outre ses originaux bien troussés, le gangdélivre ici une version franco-amerloque du “Fever” deLittle Willlie John (tel que revisité par Nougaro), etpour le reste, comme l'énonce le titre de l'émissionde MILTEAU sur TSF, “laissez le bon temps rouler”...Patrick DALLONGEVILLEHENRY’S FUNERAL SHOEDonkey Jacket Alive RecordsLe blues, comme le soleil, me fait suer. Des guitaresen bois et des mots bleus… L’ennui quoi. Descentaines de “Wake up this mornin’” qui donnent irrémédiablementenvie de se recoucher. Il en va autrementde la vie des bluesmen. Le blues se lit plus qu’ilne s’écoute. Il y a bien sûr les exceptions( H o w l i n ’ Wolf, Slim Harpo, gigantesques) et lesdescendants, des Stones aux Black Keys. Des blancsbecs le plus souvent. Des punks qui s’y retrouvent parcommunauté d’esprit plus que par mimétisme. Pourça y’a Clapton… HENRY’S FUNERAL SHOE est un duoGallois, guitare/batterie, la formule gagnante depuisque les White Stripes ont tracé la voie. “Be Your OwnInvention”, le morceau d’ouverture donne le ton :pas de bidouillages branchés ici mais une science duboogie rugueux héritée de Creedence, en versionheavy. Qui a dit AC/DC ? Le reste navigue entreblues tendus et excitants avec tout l’attirail (dobro,harmonica) et ballades Folk (“Heart On Fire”) countryou pop (la merveilleuse “Across The Sky”), intermèdesbienvenus qui démontrent la capacité du duoà transgresser l’idiome et évitent l’enfermementstérile. C’est toujours bon signe.Raphaël LOUVIAUHERMAN DUNEStrange MoosicGreen UnitedDouze ans après leursdébuts, les franginsd'HERMAN DUNEpeuvent enfin se débarrasserde l'embarrassantsticker antifolk qui leurcollait aux sandalettes. Ilsassument désormais ouvertement leur ancrage popminimaliste (pas le moins du monde déshonorant), etleurs textes faussement candides continueront deréjouir ceux parmi nos lecteurs qui n'ont pas commisl'erreur d'apprendre le russe pour première langue,et l'espagnol pour seconde... Peu importe dès lorsque la mélodie de “Be A Doll And Take My Heart”soit platement calquée sur celle du “Learning To Fly”de Tom Petty ! De toute façon, comme le chanteDavid-Ivar sur “Tell Me Someting I Don't Know” : “Tume demandes pourquoi je ne vais plus chez le<strong>156</strong> DECEMBRE 2011 • 41