disquaire, mais tous les nouveaux groupes sonnentcomme si je les avais déjà entendus”. Antiquoi, déjà ?La vérité, c'est que la ligne claire sur laquelle se tientHERMAN DUNE renvoie straight to Buddy Holly (ici,“Monument Park” et “The Rock”) et au Velvet (“YourLove Is Gold”), et que les disques des frangins (toutcomme ceux d'Adam Green et Jeffrey Lewis, cf. ici“The Long Long Run”) permettent aux fans meurtrisde Jojo (Jonathan Richman) de tenir entre deux livraisons(forcément décevantes) de ce dernier (ici, “AhHears Strange Moosic”, “Lay Your Head On MyChest”, “My Joy” et “Just Like Summer”) - et c'estdéjà pas si mal, je vous assure... Conclusion : ça y ena bon disque, si toi pas aimer, retourne donc chezHuman League et lâche moi les tongs...Patrick DALLONGEVILLEJANE'S ADDICTIONThe Great Escape Artist Capitol RecordsToujours en avance sur leur temps, et bien plus enayant su créer leur propre son, les Californiens ontinspiré une pléthore d’artistes comme NIN, TooL,VAST ou RATM. A l’instar de The Cult (autre formationmajeure ayant toujours eu un train d’avance maissans jamais réellement connaître le succès), l’entitéJANE’S ADDICTION a su rester en marge des codesdu mainstream US depuis maintenant 24 ans decarrière. Tout ce qui a fait la carrière de ce combomythique (cette voix si particulière à fleur de peau,ces arrangements de guitares aériennes et schizophrènes,cet ensemble de batterie/percussions prochedu tribal, cette basse éternellement présente etsoignée, et cette sensibilité qui leur est propre) ,toutse retrouve sur les dix titres que forme The GreatEscape Artist, nous offrant alors des instants degloire retrouvée, comme “Underground”, le magnifiqueet prenant “Irresistible Force”, “Twisted Tales”,“Splash…” et le final “Words Right Out…”. Comme àson habitude, l’œuvre ornant la pochette est une toilede Perry Farrel en personne. Le genre d’album quis’écoute en boucle… Ça veut tout dire.DJ NEUROTICHANNIEL KHATIBWill The Guns Come OutBecauseAlors voici donc lasupposée nouvelle 7èmem e r veille du rock.Passons sur son pédigréeatypique (depuis quand lerock demande-t-il ses papiers à quiconque ?). DeHanni El KHATIB, on a déjà presque tout dit, etsouvent n'importe quoi. Le format guitare-batterierenvoyant avec facilité aux White Stripes et aux BlackKeys, une nuée d'apprentis rock-critics se sont mis àbrandir les étiquettes : depuis le MC5 jusqu'à BlackSabbath (rien moins), c'est le grand déballage... Alorsqu'avec un minimum de cérumen dans les esgourdes,le diagnostic s'avère évident : comme son homologuecontemporain King Khan, ce garçon s'inscrit dans laligne des premiers Who (“Loved One”, “Build,Destroy, Rebuild”), Stones (“Dead Wrong”) et MitchRyder. Tu me crois pas ? Alors, écoute sa versionitalo-balkanique du “Heartbreak Hotel” de l'autrebranque, là, ou encore celle (passée au papier deverre brisé) de cette vieille scie, “You, Rascal, You”.Quand il se pique de verser dans le folk (c'est pas lesWhite Stripes qui auraient fait ça, hein ?), plane aussil'ombre de grands disparus comme Fred Neil ou TimHardin. Moralité, méfiez-vous des étiquettes, un jour,on pourrait finir par vous en coller une, à vous aussi...À part ça, pochette rock de l'année, certes, et hautla main !Patrick DALLONGEVILLELIMP BIZKITGold CobraFLIP/InterscopeRecordsGold Cobra est un vrairetour en arrière qui n’estpas pour me déplaire.“Bring It Back” et “SharkAttack” auraient pu êtredatés de 1999, tant lechant hyper reconnaissable de Fred Durst sautille etvogue sur les courants d’un neo rap metal daté maishyper prenant ! Certains pourrait dire que ça nemène à rien, mais je trouve qu’eux au moins ne secache pas derrière du rock FM (Linkin Park), ni nerenie leurs bases hip hop (Papa Roach). LIMB BIZKITy va à fond et ça fait du bien ! Nous avons même droità la fausse ballade mélancolique et vénère en fin decourse (“Walking Away”). Les guitares sont trèsprésentes (signalons le second retour du six cordisteoriginal Wes Borland) partagées entre les fameux FXqui ont fait le succès de Chocolate Starfish And… audébut du millénaire et un son bien plus roots (commele Korn 2010). DJ Lethal est moins présent dans sesscratchs et autres samples, ce qui allège considérablementune prod bien trop surchargé par le passé(mais qui était la marque de fabrique de cette génération).Gold Cobra réserve quelques pépites dugenre tel “Get A Life” et son refrain à la Filter, un“Why Try” à l’esprit Cypress Hill, ou le final “Killer InYou” qui sonne comme du vieux Kid Rock. On ne s’ennuiejamais sur ce sixième album, beaucoup de titresnous donne le sourire sur des instants nostalgiquesd’une époque bien révolue (“Douche Bag”). Çagroove, ça rap sec (“Shotgun”) et ça s’écoute audixième degré à fond dans la bagnole en se prenantpour un real gangsta du ch’nord. “I’m Fuck You Up !Fuck You ! Fuck You Up !”DJ NEUROTIC42 • <strong>156</strong> DECEMBRE 2011
LOFOFORAMonstre OrdinaireAt(h)ome Records /WagramBien plus proche deMudweiser (projet stonerde Reuno) que du crossovervindicatif desdébuts, LOFOFORA n’enreste pas moins très encolère et aura toujours un mot à dire sur la sociétéactuelle. Témoin (ou transition, à vous de choisir) dustyle qui à fait leur succès, le titre “Les Evadés” nousaidera à mieux appréhender le reste de ce nouvelalbum. Nous retrouvons sur “Elixir” et “Les Conqué -rants” toute la gouaille et l’énergie que ce combomajeur propage sur scène. Quand au bien nommé“La Merde En Tube” elle sera sans conteste l’unedes nouvelles missives attendues du publique (lesfans du Bal apprécieront!). Mais dans sa teneur,Monstre Ordinaire ne délivre pas assez de niaquepour nous donner l’envie de foncer au pogo, et setermine sur trois titres sombres et metal qui tranchenet avec le passé. Le mix de stoner hardcore à lamoulinette Motörhead de ce LOFOFORA fin 2011 estfranchement bien exécuté, voir nerveux (“Un MecSans Histoire”), mais pourra en laisser quelques unsur leur faim.DJ NEUROTICMEGATONSHydrogen BombGHOST HIGHWAYGhost HighwayRock ParadiseDu rockabilly ? Ce truc depéquenot dégénéré ?Une anomalie qui auraitdû rester confiné à quelquesjuke-joints vendeurs de rêves white-trash. EntreBBQ et “do-si-do”… Avec les meetings de la NRA pours’amuser le dimanche. Seulement voilà, les hillbilliesseront toujours plus nombreux que les cadres duMédef… Et c’est comme ça que l’histoire dérape.Comme au CBGB en fait… On dit que le rockabillyrevient. Il avait donc disparu ? Certainement paspour une poignée de passionnés parisiens (mais passeulement, il faut avoir vu les béthunois de HotChickens pour comprendre). MEGATONS et GHOSTHIGHWAY se moquent du revival. Et de la hype. Ilssuent pour racheter nos electro-fautes et bénir noscreepers. Suffit de regarder les pochettes de cesdeux disques pour saisir : Gretch, Martins, DanElectro et même une improbable Goya, c’est sûr, onn’a pas affaire à des fans de Radiohead ! Autant direque l’amateur de digressions sous Lexomil© risque des’ennuyer ferme. Tout ici n’est que big beat, reverb,trémolo et guitares ciselées (en Mi, en La et commeColargol, parfois en Sol). Des reprises le plus souventparce qu’il ne reste plus grand-chose à dire : RickyNelson, The Champs, Allen Page (waouh ! ) ,Tennessee Ernie Ford… Anachronique mais jouissif !Raphaël LOUVIAUOLD GROWTHOut Of The Sand AndInto The StreetsBakery Outlet RecordsFormé d’ex-Telwe HourTurn et Science Of Yabra,OLD GROWTH sort ici unnouvel album qui dépasseles précédents. Le mondechange, mais pas pourtout le monde. Le rock'n'roll fait partie d'un mode devie qui se moque de ces conneries de moralisations,de valeurs stupides et la liste est longue ! OLDGROWTH transpire ce mode de vie d’un punk sur fondde blues bien gras. On se lâche sur “The Deep End”qui commence avec un son bien gras, un chant subtilet tout le reste suit. On retrouve “Hey Young” sur lesplit 45 tours avec 12XU. Une perle ! Suit “SevenDays Gone”, “Edge Of The Sea” qui découle d’unpunk rock'n'roll et ajoute une finesse brute, intense etavec cet état d'esprit cool, “Everything You WakeUp”, “The Monkey's Gone”, “Sandy”. Après l’écoutede cet album le répit nous semble comme une revendicationd’héritage particulier et faible. Ici, on estjuste en train d’écouter un disque superbe d’unemusique faite avec passion.Grégory SMETSTHE PANTHERPARTYLeave A TraceRed Plane RecordsCela faisait un bonmoment qu'on n’avait plusde nouvelles de nos amisde THE PANTHER PARTY! La surprise est de taille.Le groupe sort un vinyl 25cm le retour de l'indie rockbonne école. On n’est pas là pour faire moisir lesinstruments. Il y a cet amour de cette musique trèsressentie. On retrouve un son de guitares aiguisés,une basse vrombissante très présente sur toutl'album. Autant dire que cela commence très fortavec le premier titre “You Wanna Try” mélodies stridentes,tendues et l'accroche se fait immédiate, puis“Leave No Trace”, “Media” qui traîne la patte et s'ensuitcomme un déclic... . “Anything But Fair”, “I DidTry To Cure You” figure pour moi le meilleur condensédu groupe qui nous offre vraiment cette sincéritédans cette scène indé rock et se termine par “Asian<strong>156</strong> DECEMBRE 2011 • 43