12dossierTARNOSla sidérurgieà la mortà la vie...an<strong>des</strong> magazine N°01 NOVEMBRE . DÉCEMBRE 2008 - www.lan<strong>des</strong>.org
dossier 13Pourquoiune aciérieà Tarnos ?La Compagnie <strong>des</strong> forgeset aciéries de la Marineet <strong>des</strong> chemins de fer possédaitune grande propriété forestièretoute proche et <strong>le</strong> terrain(300 hectares) sur <strong>le</strong>quel <strong>le</strong>s Forgesde l’Adour seront construites.D’autres atouts fontla différence : <strong>le</strong> terrain,près de l’embouchure de l’Adour,jouxte <strong>le</strong> port ; <strong>le</strong> chemin de fer,notamment la ligne Hendaye-Paris,arrive jusqu’à l’usine ; <strong>des</strong> carrièresde charbon et de grands gisementsde minerais se trouvent à proximité.Et on peut faire venir faci<strong>le</strong>mentpar bateaux <strong>le</strong> charbon anglais,de meil<strong>le</strong>ure qualité.Certains de ces élémentsgéographiques et <strong>le</strong>s infrastructuresont attiré <strong>le</strong>s industrielscontemporains.◆ ELLA CONTIPour la plupart <strong>des</strong> vacanciers, Tarnoset Boucau sont synonymes de plagessans fin, de sab<strong>le</strong> blond et de pinè<strong>des</strong>verdoyantes. Depuis plus d’un sièc<strong>le</strong>,<strong>le</strong>s Landais et en particulier ceux du sudconnaissent l’autre revers de la carteposta<strong>le</strong>, peut-être moins reluisante enterme touristique mais vita<strong>le</strong> pour cesvil<strong>le</strong>s et au-delà pour <strong>le</strong> port de Bayonneet <strong>le</strong>s communes a<strong>le</strong>ntours. Il s’agit dupô<strong>le</strong> sidérurgique installé sur <strong>le</strong>s bergesde l’Adour : une aciérie à cheval surTarnos et Boucau, crachant, depuis 1996,près d’un million de tonnes de bil<strong>le</strong>ttesd’acier par an, « forgées » par 230ouvriers.Ce poumon industriel, dont la légitimitéest parfois critiquée par <strong>des</strong> défenseursde l’écologie, respire à nouveau aprèsun long coma de 40 ans : <strong>le</strong> site, quiemployait plus de 1100 personnes àl’époque, a fermé en 1965. Et sur ce pô<strong>le</strong>en p<strong>le</strong>ine renaissance, vont se grefferbientôt d’autres usines sidérurgiques :un laminoir à chaud prévu fin 2009,financé par <strong>le</strong> groupe italien Beltrame,et deux autres laminoirs, à plus longterme, du groupe espagnol Celsa, déjàpropriétaire de l’usine baptisée l’Aciériede l’Atlantique (ADA).Un patrimoine industrielC’est une drô<strong>le</strong> d’histoire industriel<strong>le</strong>qui se répète : durant près d’un sièc<strong>le</strong>,une première aciérie appelée <strong>le</strong>s Forgesde l’Adour, a fait travail<strong>le</strong>r <strong>des</strong> milliersd’hommes et de femmes, a marquél’urbanisme et <strong>le</strong>s mémoires, a ancré<strong>le</strong> syndicalisme ouvrier et donnéune cou<strong>le</strong>ur politique particulière etconstante à <strong>le</strong>urs mairies : depuis 1919,à Boucau et Tarnos, date <strong>des</strong> premiersmaires-ouvriers, <strong>le</strong>s édi<strong>le</strong>s ont toujoursaccroché la faucil<strong>le</strong> et <strong>le</strong> marteau à <strong>le</strong>urveste ou chemisier, sauf pendant decourtes parenthèses.André Maye, ancien technicien <strong>des</strong>Forges, ex-maire PC de Tarnos et conseil<strong>le</strong>r<strong>général</strong>, connaît bien l’histoire de ceLe pô<strong>le</strong> sidérurgiquede Tarnos-Boucausur <strong>le</strong>s bergesde l’Adour, renaîtde ses cendres.Beaucoup <strong>le</strong> pensaitdéfinitivement mortdepuis <strong>le</strong>s années60. De nouveauxprojets et <strong>des</strong>diversificationssont mêmesur <strong>le</strong>s rails.lieu, qui a vu s’échiner trois générationsde Maye (lire <strong>le</strong> portrait). Dans son livre« Le Combat <strong>des</strong> travail<strong>le</strong>urs. Forges del’Adour », il en explique la genèse mêléeà l’Histoire avec majuscu<strong>le</strong> : la guerrede 1870 perdue, l’Alsace et la Lorrainereviennnent aux Al<strong>le</strong>mands, avec el<strong>le</strong>sune grande partie <strong>des</strong> mines de fer etde charbon, la forêt <strong>des</strong> Ardennes et <strong>le</strong>sgran<strong>des</strong> aciéries.Pour <strong>le</strong>s « maîtres de forges », il devenaiturgent de trouver <strong>des</strong> endroits plus sûrs.La Côte Atlantique <strong>le</strong>ur tend <strong>le</strong>s bras,avec la bénédiction de l’État.La Compagnie <strong>des</strong> forges et aciéries dela Marine et <strong>des</strong> chemins de fer, ungrand groupe industriel du Nord, obtientainsi <strong>le</strong> feu vert de Napoléon III pourdévelopper deux usines en Aquitaine :un laminoir à Floirac qui fabrique <strong>des</strong>tô<strong>le</strong>s fines étamées pour la confectionde boîtes de conserve de légumes et depoissons. La seconde usine, une aciérieà Tarnos, est « mise à feu » en 1883. Ledébut d’une grande aventure industriel<strong>le</strong>et humaine...an<strong>des</strong> magazine N°01 NOVEMBRE . DÉCEMBRE 2008 - www.lan<strong>des</strong>.org