Doc : Atelier d’Architecture et d’EnvironnementPlan du RdCLe souci majeur d’insertion dans le site entraîne lacréation d’une toiture en forme de S qui suit la pentede la colline, ainsi que d’une toiture végétalisée surles parties en rez-de-chaussée.L’idée naît d’une structure mixte, brique monomurtype Gélis de 37 cm d’épaisseur pour les murs Nordet Est et ossature bois en façade Sud et Ouest. Cechoix permet d’intégrer le bois dans la construction etde fixer du CO2. Un concept bio-climatique est étudié,les pièces servantes sont en façade Nord, les piècesservies en façade Sud. Sur la serre viennent toutnaturellement se placer des capteurs solaires pour laproduction d’eau chaude sanitaire. Des brise-soleilfixes et des débords de toiture permettent de régulerles apports solaires, une protection solaire de typepergola, végétalisée, adaptable suivant les saisonsprend place. Au fond de la serre un mur accumulateurrecouvert d’enduit terre est construit.L’accoustiqueLa disposition des espaces intérieurs de la maisonassure en elle-même une bonne isolation accoustiqueentre les différentes zones. Cependant, il fautpouvoir au sein même de ces zones faire en sorteque les pièces soient isolées les unes des autres.Nous utilisons pour ce faire des cloisons compositesaccoustiques en séparatif avec plaques de Fermacellet laine de mouton de 60 mm à l’intérieur.L’évolutivitéUn minimum de refends, mur maître ou poteau, sontmis en place pour permettre une évolutivité future.L’espace adolescent de 41 m2 n’a pas de refend oupoteau. L’espace buanderie-cuisine-salon-salle àmanger n’a que deux poteaux pour 60 m2. A l’étage,il n’y a qu’un poteau pour 60 m2. Tout ceci nousdonne donc une flexibilité future.Les matériauxAu stade du permis de construire, nous nous décidonsà consulter le bureau d’études GEFOSAT àMèze pour faire une étude et une analyse thermiquespar simulation dynamique du projet. La rencontreavec ce bureau d’études nous permet non seulementde maximiser les apports solaires pour l’hiver maisaussi de travailler sur le confort d’été. Ainsi, nous pouvonsfaire différentes simulations pour le choix desmatériaux et en repérer l’influence sur le confort d’étéou celui d’hiver.Nous avons testé les briques monomur de 30 et de37. Celle de 37 entraîne une économie d’énergie de8,5 % par rapport à la brique de 30. Les tests effectuésavec le bureau d’études nous apportent aussil’assurance d’utiliser du vitrage à faible émissivité deSt-Gobain qui nous permet de faire une économie de7,2 % sur nos consommation de chauffage.De même, nous choisissons de créer un plancherd’étage bois mixte (bois, béton) de manière à garderde l’inertie thermique pour assurer un bon confortd’été, et nous maximisons les apports solaires parl’orientation de la maison qui se trouve placée à 25°du Sud vers l’Est.Les apports solaires représentent 52 % des apportsgratuits de chauffage du fait de la conception et del’orientation de la maison. Ce très bon résultat estobtenu grâce à l’association d’une forte proportion devitrage au Sud et d’une importante inertie thermique àl’intérieur.Pour résoudre les différents problèmes liés à la miseen œuvre du bois, nous rencontrons Mickaël Flach dubureau d’études Arborescence à La Vacquerie. Noustravaillons ensemble sur des principes de ferme detoiture en lamellé cloué pour éviter la présence decolles, nocives dans leur dégagement de composésorganiques volatils (COV). Nous travaillons égalementle détail des auvents de toiture ainsi que lesdétails de la toiture végétalisée et du plancher bois.Les poteaux, supports de poutres lamellés cloués etde plancher, sont faits de troncs bruts tout juste écorcés.Les bois mis en œuvre dans la maison ne reçoiventqu’un seul type de traitement : les bois de charpentesont traités au sel de bore. Tous les autres boissont simplement purgés d’aubier. Nous mettons duplancher en châtaignier dans la plupart des pièces dela maison. Les terrasses extérieures sont en accacia,ceci pour maximiser l’usage de bois locaux.Le cèdre rouge de la façade est un bois européen.Tout le travail sur le bois est possible grâce à MrDenys de Bois de France à Martignargues. Nous préféronsdes panneaux OSB en sous-face de toiturepour leur faible émission de COV.La gestion de l’eauNous filtrons avec un adoucisseur et avons installé unélectro-osmoseur qui nous permettra d’assurer àl’eau une potabilité équivalente à celle du MontRoucoux et de Volvic. Pour économiser l’eau, nousmettons en place des réservoirs d’eau de WC avecbouton poussoir double-action 3-6 litres. La mise enplace d’embouts pousseurs sur les robinets permetégalement des économies d’eau pouvant aller jusqu’à50 %.Enfin,nous récupérons les eaux pluviales de toituredans un tonneau pour l’arrosage des plantes de lamaison.n°4 août-septembre 2001 11
La gestion de l’énergieGrâce à la ventilation transversale (des ouvertures àl’Est et à l’Ouest pour faire des courants d’air), la climatisationn’est pas nécessaire, le confort d’été estassuré. Pour l’éclairage de la maison, nous n’utilisonsque des lampes basse consommation de 7 à 11 Wattsde type fluo-compacte. Ce choix amène 700 F d’économiepar rapport à une ampoule à incandescence.Nous achetons des appareils électro-ménagers declasse A pour ceux que nous renouvelons et faisonsle choix d’un chauffe-eau solaire. Nous mettons enplace des interrupteurs sur toutes les prises desappareils qui peuvent rester en veille : télévision,magnétoscope, chaîne hi-fi. Nous avons une cuisinièreà gaz pour la table de cuisson. En terme de champélectro-magnétique, nous mettons à la terre avec unevaleur de 5 Ohms maximum tous les ferraillages desfondations, des chaînages et raidisseurs et les railsmétalliques des cloisons composites. Les réseauxélectriques des chambres à coucher sont équipés debio-rupteursL’isolation, l’étanchéité etlespeinturesNous employons, lors de la construction, un certainnombre de matériaux recyclables : ainsi en sous-facede toiture végétalisée, sous l’étanchéité, nous avonsdu Foamglass de 4 cm d’épaisseur fait à base deverre et qui est recyclable. En isolant thermique, nousposons de la laine de mouton sur une épaisseur de20 cm en rouleau déroulable et des rouleaux de linpour assurer l’isolation au bruit d’impact entre le plancheret les lambourdes. Toutes les cloisons et tous lesmurs à ossature bois sont habillés de Fermacell.Sous la toiture végétale, l’étanchéité est assurée parune membrane sans chlore de Sarnafil qui est poséemécaniquement. Les peintures sont des peinturesHolsweg : à la caséïne, laques ou peintures à lachaux Vixalit. Nous utilisons pour traiter les bois deplancher des huiles dures et du lait naturel.Le chauffageL’insert de cheminée va chauffer la chambre, la sallede bain en R +1, l’atelier, le salon et la salle à mangeren rez-de-chaussée. Le complément de chauffageest assuré par une chaudière gaz propane à hautrendement et radiateurs fontes.Cette maison a été une grande expérience.L’aventure de la Haute Qualité Environnementale estbel et bien commencée. C’est un plaisir et un apprentissagerenouvelés à tous les instants. Dès maintenantje pense, en tant qu’architecte, aux nouvellesexpérimentations pour nos futures constructions :récupération de l’eau pluviale pour arrosage, toilettes,eaux ménagères; traitement des eaux vannes parlagunage; toilettes sèches; utilisation de panneauxphotovoltaïques pour la production d’électricité;chauffage d’une maison par chaudière bois...L’aventure ne fait que commencer ! Philippe Gilbert(article et photo)12n°4 août-septembre 2001