Une pile de 1 kW.Grosse commeun annuaireSimulation d’uneunité de 3 MWDoc : FuelCell EnergyPhoto : H PowerLes applications des piles à combustibleElles vont toucher tous les domaines de notre viedans l’avenir : l’automobile, la production d’énergiedécentralisée de chaleur et d’électricité pour les sitesisolés ou les habitations. Les avions pourront utiliserl’hydrogène en remplacement du kérosène afin dene plus polluer l’environnement; les batteries serontremplacées par de petites piles à combustible pourles téléphones portables. Les ordinateurs, lesbateaux et les sous-marins pourront également l’utilisercomme propulsion (cela remplacera avantageusementle réacteur nucléaire dans ces derniers !),etc. Bref, dans un avenir relativement proche, la pileà combustible sera un élément central de notre viequotidienne. Cette véritable révolution de notre façonde concevoir l’énergie devrait aller relativement viteen raison des investissements dans ce domaine, enparticulier aux Etas-Unis, au Canada, en Allemagneet au Japon. L’enthousiasme est grand outre-atlantique,comme le remarque Alan Guggenheim, deNorthwest Power Systems : “L’impact des piles àcombustible sera bien plus important qu’Internet etplus important également pour l’environnement et leséconomies mondiales qu’aucune autre technologieen cours de développement. Dans 25 ans, nosgrands enfants regarderont en arrière et se demanderontqui, d’internet ou de la pile à combustible,était là en premier ? Toutefois, ils ne douteront pasun seul instant quelle fut la plus importante de cesdeux technologies”.La recherche américaine a bénéficié de plus de 1,5milliards de dollars ( plus de 10 milliards de francs)l’année dernière, uniquement sur l’aide au développementdes piles à combustible.L’automobileL’industrie automobile américaine parie sur la pile àcombustible. Le constructeur Daimler-Chrysler envisagede commercialiser un véhicule équipé de cettetechnologie dès 2004. 1,4 Milliards de dollars ontdéjà été investis en 5 ans sur ce projet. Un prototypeexiste qui a déjà une autonomie de 450 km avec unevitesse maxi de 145 Km/h. L’hydrogène liquéfié eststocké dans un réservoir cryogénique installé sous leplancher arrière. Le véhicule utilise une pile à échangede protons (PEMFC). Par rapport au véhiculeélectrique il présente de nombreux avantages : remplissagerapide du réservoir et possibilité de faire soitdu chauffage ou de la climatisation à partir de la chaleurproduite par la pile.Les deux piles utilisées pour l’automobile sont laPEMFC dite “acide” ou la pile “alcaline” utilisant de lapotasse en électrolyte.La CogénérationC’est dans ce domaine que les piles auront aussi unimpact important. Les piles en démonstration depuisseptembre 1999 à Chelles ou depuis plus de 15 ansau CERN de Genève ont pour but de démontrer leurimpact favorable sur l’environnement :- pas de nuisances sonores,- très faible niveau de pollution de l’air (plus de SOx,de particules imbrûlées, très peu de Nox et de CO2).Dans ce domaine d’application, le rendement estplus élevé qu’aucune autre technique de ce genre.Les Etats-Unis misent beaucoup sur le développementde la pile pour la maison individuelle. Cela sera“ma-pile-at-home”, bien plus intéressante pour tout lemonde que notre actuelle pile atomique !Les problèmes techniquesrestants :On sait déjà fabriquer toutes les piles qui ont été évoquées,le seul obstacle est, bien entendu, le coûtencore élevé de ce matériel que la production demasse ne saurait régler. Les problèmes qui demeurenttouchent à :- la membrane électrolytiqueSon coût actuel est encore prohibitif, mais de nombreuseséquipes de par le monde y travaillent. EnFrance, le CEA et le CNRS s’y penchent ainsi quel’Air Liquide. Ce problème devrait être résolu d’ici 2 à4 ans.- la plaque bipolaire qui sépare les cellulesDeux types de solution sont en cours, métallique oucomposite. Le coût de la solution de référence estencore 200 fois supérieur au coût d’objectif.n°4 août-septembre 2001 25Photo : Ntaional Hydrogen Ass.
Photo : FuelCell EnergyCe problème devrait trouver une solution viable dansl’année à venir.- la source d’hydrogèneC’est le combustible de l’avenir tout en étant le plusrépandu dans l’univers pour ces piles « H », mais samaîtrise n’est pas encore parfaite. La réglementationn’est pas non plus adaptée à l’usage en tant que vecteurénergétique. C’est dans ce domaine que le travailde recherche est le plus long à prévoir (de 10 à15 ans). Des solutions de stockage de l’hydrogènesont envisagées à l’avenir tel le stockage dans desmicrobilles ou dans des sortes de « micro-usines chimiques» ou encore l’utilisation de supraconducteursà l’aide des basses températures comme chez BMW,pour permettre la sustentation magnétique du réservoir.Comme il n’y a pas de contact avec le mondeextérieur, celui-ci n’échange pas de chaleur.Dans les esprits, l’hydrogène est encore associé auballon dirigeable Hindenbourg qui avait brûlé avant ladernière guerre. Il ne faudrait pas que cet accidenthistorique fasse penser que l’hydrogène est plusdangereux que l’essence : il n’en est rien, bien auc o n t r a i r e .L’hydrogène présenteun gros avantage, ilse disperse très rapidementdans l’air plusque n’importe quelautre combustible etne reste pas dangereuxcomme l’essencerépandue.L’hydrogène ne brûleque lorsqu’il est confiné.alcalin (AFC), puisque toutes les recherches d’envergure(notamment au niveau industriel) ont étéabandonnées au début des années 1980 (contrairementà ce qui s’est passé aux USA et au Japon).Cela résulte essentiellement du manque de marchéintérieur pour les piles de puissance, puisque le seulclient potentiel, EDF, a une politique très nette enfaveur des aménagements de réseaux publics plutôtque des générateurs décentralisés. Cela prive enparticulier les systèmes de puissance (PAFC, MCFC)de tout débouché national. Il apparaît donc fastidieuxde relancer des recherches sur ces filières en France». Pour conclure le professeur Lamy préconise d’inciterles recherches sur les autres filières où le retardnational est moindre. Pour donner une idée desengagements de recherche en 1988, lorsquel’Europe investit 3 MECU (maintenant Euro !) pour larecherche et le développement sur les piles à combustible,le Japon investissait 50 MECU et les USA100 MECU (document : Commission of EuropeanCommunities).Il est bien évident que notre retard en cedomaine s’est creusé, malgré l’engouement récentde certains politiques sur ce sujet qui risque d’êtrebien tard en raison des choix énergétiques du “toutnucléaire” des années 70. Cela explique pourquoi lediscours tenu en France est que cette technologie neva pas être au point avant 10 ans et qu’elle n’a pasd’intérêt dans le secteur résidentiel. De plus, germedans la tête de certains nucléocrates l’idée qu’ilserait peut-être intéressant de produire l’hydrogène àl’aide des centrales nucléaires ! Il est vrai que le rendementactuel des centrales est faible (30% à peine),le reste de l’énergie servant à chauffer l’atmosphèreou la mer suivant les cas...Montage d’une pile d’unepuissance de 3MW26La solution d’attenteexiste en utilisant unalcool quelconque(méthanol, éthanol)ou un gaz (Naturel, biogaz) ou même un hydrocarburetraditionnel qui permettrait l’usage des actuellesstations services, en attendant la distribution de l’hydrogène.Le véhicule à pile serait alors équipé d’unreformeur qui a l’inconvénient d’être une masse et unvolume supplémentaire embarqué.Où en sommes-nous en France ?Là encore notre choix énergétique massif pour lasolution nucléaire a eu des conséquences néfastessur le développement de ce type de recherche. Eneffet, l’interconnexion des centrales nucléaires adéveloppé chez nous une culture du réseau “à toutprix”, le but louable étant que tout citoyen devait disposerdu réseau EDF à sa porte. Cela a parfoisentraîné des coûts de raccordements déraisonnablespour certains sites isolés. Maintenant EDF,avec l’aide de l’Ademe, fait le choix d’utiliser desrenouvelables dans le cas de ces sites isolés. Maiscette culture dominante a fait que tout ce qui pouvait« casser » la logique des réseaux était mal venu.De nos jours EDF, contrairement aux américains, nevoit pas l’utilité économique d’une maison autonomeavec pile à combustible. Un rapport de 1988 rédigépar Claude Lamy de l’Université de Poitiers l’évoquedéjà : « La France avait une certaine avance, aucours des années 1960-1970, dans le domaine despiles à combustible. Mais elle a accumulé un retardconsidérable, notamment sur les filières en milieuphosphorique (PAFC), carbonate fondu (MCFC) etn°4 août-septembre 2001Etats-Unis, en 2002 c’est parti !Lors d’une visite aux Etats-Unis, j’ai eu la chance derencontrer Eric L. Simpkins de FuelCell Energy quia participé à la mise en place d’une association,Fuell Cell Commercilization Group à Washington,pour le développement commercial des piles à combustible.Il pense que le développement commercialva se faire dès 2002 pour les piles concernant lacogénération et l’automobile. De nombreuses compagniesaméricaines sont en train de passer dustade préindustriel à celui de la production, desusines sont en construction (H Power, NorthwestPower System, Avista Laboratories, Ball Aerospace,etc.). J’ai pu visiter certaines de ces installations encours de construction : il est certain que les pilesseront bientôt disponibles et qu’il est illusoire de vouloircombler notre retard en France, même si desrecherches doivent êtres entreprises dans ce sens(en particulier sur les matériaux nouveaux pour lesdiélectriques, soit pour de nouveaux combustibles).Le CNRS travaille depuis longtemps dans cesdomaines ! D’autre pays Européens, commel’Allemagne, l’Italie, la Suisse travaillent égalementsur ces projets depuis longtemps, souvent en collaborationavec les américains ou les canadiens (enparticulier dans l’automobile comme DaimlerChrisler).Préparez-vous donc à voir arriver ces pilesà combustible dans les proches années à venir... quenous devrons sans doute payer en dollars...Michel FrémontAssociation « les 7 Vents du Cotentin »