Photos : Nicolas KnappA gauche : on égaliseles irrégularités avecune débroussailleuse.A droite : premièrecouche d’enduit avecun compresseurMélanges diversifiésPar contre les mélanges et les proportions sont trèsdiversifiés. Voici quelques uns des enduits à base dechaux qu’Arnaud Cauwel.NHL (Natural Hydraulic Lime) : Chaux hydrauliquenaturelle (anciennement XHN)CL (Chaux Calcique): Chaux aérienne (anciennementCAEB)Les données correspondent à des valeurs unitaires :François Tanguay :- joint : 3 sable / 1 chaux + ciment + paille- enduit : 2 ciment / 1 chaux blanche hydratée / sable+ pailleJean-Marie Haquette :- gobetis : 2 NHL / 2 CL / 5 sable calibre 0,4 / chanvre- 2ème et 3ème couches : 3 CL / 1 NHL / 4 sable +chanvreChantal Gay-Raffier :- 1ère couche : 1 chaux / 1 ciment (projeté)2ème et 3ème couches : 2 chaux / 1 ciment- 3ème couche : 2 chaux / 1 cimentElsa Leguern :- 1ère couche : 1/2 NHL / 1/2 CL / 3 sable- 2ème et 3ème couches : 1 CL / 3 sableLa mise en œuvre des enduitsLa mise en œuvre, elle aussi, est très diversifiée suivantl’état de la surface des murs constitués de paille.Les ballots bruts peuvent être enduits avec un projeteurmécanisé (tyrolienne ou compresseur) de manièreà ce que l’enduit adhère à 90 % et régulièrement.L’avantage de cette technique est l’incrustation profondede la paille. Par contre, elle pose le problèmedu taux d’humidité de la paille, l’enduit projeté étanttrès liquide.On peut également enduire à la main pour obtenirune qualité de surface impeccable. Il est aussi possiblede coffrer les murs (quelque soit le type destructure). On obtient ainsi une surface plane desdeux côté, prête à recevoir la fine couche de finition.Dans tous les cas l’enduit doit permettre au mur derespirer.Les points faiblesFissure de l’enduitLa principale “pathologie” constatée sur les constructionsest le problème de la fissuration au contactenduit / bois. Il s’avère que celle-ci peut s’éviter facilementen prenant certaines précautions :- en ne mettant pas en contact le bois et l’enduit (intégrationdu bois dans le ballot),- en provoquant la fissure, en la dirigeant (notammenten travaillant en “joint creux” car la fissure, au fond dece joint, sera invisible), ou en la calfeutrant,- en faisant appel à des professionnels compétents :architectes, entrepreneurs ou tâcherons...Epaisseur des mursL’épaisseur moyenne d’un ballot de paille avoisine les50 centimètres. En site très urbain, cet aspect est unvéritable handicap en regard du coefficient d’occupationdes sols.Il est possible de réduire l’épaisseur du complexe deplusieurs façons :- en posant les ballots sur leur tranche latérale,- en sectionnant les ballots en deux,- en réduisant l’épaisseur de l’enduit (environ 8 cmdans le cas du ballot brut).On obtient alors un complexe d’une épaisseur de 35à 40 centimètres.Incendie durant le chantierIl est important de prendre en compte les risques d’incendiespendant le chantier, à cause de l’importantequantité de paille qui jonche le sol.Manque d’inertieLa paille a très peu d’inertie thermique (mise à part leballot maçonné). On peut y remédier, par exemple,en montant un mur intérieur en terre crue ou maçonnerielourde.Mauvaise isolation phoniqueLa botte de paille n’est pas un très bon isolant phonique,néanmoins elle n’a aucun effet de caisse derésonance.n°4 août-septembre 2001 17
Photo : Pascal ThépautDOSSIERConstruire enpailleÇa vous botte ?Difficulté d’accroche au murIl n’est pas possible de fixer des étagères sur lesmurs de paille.Construction enterréeLa construction enterrée ou mitoyenne est problématiquecar le choix de ce matériau “naturel”induit l’obligation d’un échange d’air permanent.Absence d’avis techniquesLa construction en paille ne bénéficie pas d’avistechniques qui réglementent les conditions demise en oeuvre des produits ou des techniquesqui ne sont pas dans les DTU (DocumentsTechniques Unifiés : soit disant “garde-fous” du bâtiment).Les assurancesLa plupart des personnes vivant dans des maisonsen bottes de paille, ne parlent pas de la compositiondes murs. Cependant, certaines maisons sont assuréesalors que le matériau est connu, c’est le cas dela maison Feuillette.chaque ballot crée une protection incombustible évitantla propagation des flammes.Un autre “essai” de résistance au feu, totalementinvolontaire, a eu lieu dans la première maisonen bottes de paille du Cun du Larzac. Dans lelivret de présentation des deux maisons du Cun onpeut lire : “Deux poêles à bois, installés symétriquementde part et d’autre d’un même mur, ont chauffétrop fort et en même temps. La paille s’est alorsconsumée et les pièces ont été envahies de fumée.(...) il a fallu intervenir par la toiture en arrosant lesbottes de paille concernées. Le déblaiement a permisde constater, au grand étonnement des pompiers,que la paille emprisonnée dans le crépi avait très bienrésisté au feu.”Humidité et condensationLes essais sur la maison de Louis Gagné ont montréun taux de 13% d’humidité au sein des murs avec untaux d’humidité à l’intérieur de la maison de 35%.Trois ans plus tard, les essais de la SCHL effectuésen hiver ont indiqué la présence d’un taux d’humiditéde 9,5%. Les lectures ont été réalisées dans la partiebasse des murs. Ces résultats suggèrent que l’humiditécontenue dans la paille a tendance à s’assécheravec le temps.Compte rendu d’un entretienavec Pascal ThépautPascal Thépaut, concepteur et bâtisseur de maisonsen bottes de paille depuis une douzaine d’années, aessayé toutes les techniques. Il nous livre iciquelques «recettes» et suggestions, fruits de sonexpérience.18Montage de murs enballots maçonnésUne maison canadienne en testRésistance au feuUn essai de résistance au feu a été mené par leCentre National de Recherche du Canada sur uneportion de mur en bottes de paille maçonnées, dansle cadre de la recherche de Louis Gagné : Maisonsde ballots de paille et de mortier (projet de démonstrationpréparé par Louis Gagné pour la SociétéCanadienne d’Hypotèques et de Logement (SCHL),en avril 1986).“ Le mur de ballots de paille et mortier résiste à unesimulation d’incendie où la température est élevéejusqu’à 43,4°C durant quatre heures au lieu des deuxheures normalement requises. Le revêtement demortier a résisté deux heures à des températuresatteignant 1010°C avant qu’une minuscule lézarden’apparaisse. Dans des conditions similaires, la résistanced’un mur à parement de briques (briques de 10cm, contreplaqué de 1 cm et revêtement intérieur enplaco-plâtre) est de deux heures trente environ.”Le Centre a établi que les ballots de paille sont composésde suffisamment d’air pour constituer une trèsbonne isolation thermique, mais sont tout de mêmesuffisamment compacts pour éviter que l’air soit unagent de diffusion de combustion.En fait, les joints de mortier, grâce à leur faible résistancethermique, permettent des échanges thermiquesentre les ballots. Le cloisonnement den°4 août-septembre 2001Technique maçonnée«Après avoir réalisé le soubassement en maçonnerieet la rupture de remontées capillaires en feutrebitumeux,» explique Pascal, «on dispose une premièrerangée de bottes de paille. Le joint horizontalest alors réalisé à l’aide d’un coffrage tenu par deuxserre-joints (photo 1).»Le mortier utilisé ici est un mélange de chaux, desable, de paille et d’eau. «Le mélange que je pratiqueici» poursuit Pascal «a la consistance d’un fumier, ilse manie d’ailleurs à la fourche plus facilement qu’àla pelle (photo 2). La chaux est d’abord mélangée àl’eau pour obtenir un beau lait de chaux. Ensuite on yajoute la paille pour que tous les brins soient bienimprégnés par le lait de chaux, et pour finir le sable.Ce mélange ne contient qu’un volume de sable pourun volume de chaux, le reste de la bétonnière estsaturé de paille.Une fois le mortier disposé à l’intérieur du coffrage ettassé avec les pieds, on peut enlever le bastaing eton obtient ainsi une grande rainure : la rupture depont thermique. Cette dernière peut être laissée tellequelle, ou bien remplie de paille ou d’un isolant envrac. Le mortier-paille se solidifie assez vite ce qui esttrès avantageux car on peut décoffrer très rapidement.Ainsi, on ne monopolise pas les planches decoffrage ni les serre-joints.L’avantage majeur de cette technique réside dans lefait que les murs sont auto-porteurs, on peut doncposer dessus la charpente du toit ainsi qu’un étage.Par contre elle demande beaucoup plus de maind’oeuvre car il faut préparer le mortier.De surcroît il est nécessaire d’avoir des engins pourmonter le mortier lorsque l’on arrive à un étage.