Murs en bottes de pailleNébraskaSablière oulisse hauteTige filetéeMaçonnéRupturede pontthermiqueOssature boisDoubleossatureMortierEcrouLes différentes techniquesIl existe trois types de constructions : «Nebraska», «Ballotsmaçonnés» et «Ossature bois», cependant, chacune d’entreellespeut avoir plusieurs variantes.Voici cinq techniques représentant les pratiques françaises lesplus courantes. En général, les préférences se portent surl’ossature bois ou les ballots maçonnés.Toutes ces techniques ont en commun un soubassementen dur avec une rupture de remontée capillaire pour éviterà l’eau de s’infiltrer par le bas et bien sûr un enduit intérieuret extérieur.Nébraska (mur porteur monté à sec)Chronologiquement c’est la première technique mise enoeuvre. Les paysans américains disposaient les bottes depaille en quinconce puis y enfonçaient des piquets de bois oude métal pour rigidifier la structure. Le toit était ensuite posésur les murs qui étaient auto-porteurs.Aujourd’hui, on utilise des tiges filetées qui sont fixées dansles fondations et sur lesquelles on empâle les bottes. En hautdu mur sont disposées deux lisses (planches de 15 x 5 cm).La tension se fait par un serrage d’écrou.C’est la technique la plus rapide et la plus économique maisavec laquelle on ne peut pas faire d’étage.Ballots maçonnésCette technique vient aussi d’Amérique du Nord, mais duCanada cette fois-ci. C’est Louis Gagné qui l’a mise au pointdans les années 80.Les bottes de paille sont empilées les unes sur les autres etjointoyées de toutes parts. Les bottes de paille sont espacéesd’une dizaine de centimètres pour y mettre le mortier qui servirade joint ainsi que de colonne. En effet les bottes ne sontpas montées en quinconce comme un mur de briques ou d’agglos,mais les unes sur les autres. Le joint vertical assure ainsila rigidité de la structure. La botte de paille étant un matériausouple, les mettre en quinconce aurait pour résultat de casserle joint horizontal.La rupture de pont thermique se fait en disposant un bastaingau milieu de la botte de paille (il sert également pour diminuerle volume de mortier, donc le coût).La mise en oeuvre de cette technique est plus longue et pluscoûteuse que la précédente. On peut réaliser un étage et fairedes formes arrondies (voir la photo de couverture).Planches1GrillageLiteauxEnduitEnduit definitionOssature boisEn France, comme vu précédemment, c’est la première techniquequi a été mise en oeuvre. Le dessin 1 montre celle utiliséepour la maison Feuillette et pour le Cun (à quelque choseprès). C’est le système de la double ossature bois remplie deballots de paille. Un grillage a été disposé sous l’enduit, suivantles cas, il sert d’accroche pour l’enduit, de barrière pourles rongeurs ou de maintien des ballots.Les techniques 2 et 3, qui sont détaillées plus loin (pages 19et 20), consitent à rentrer en force les bottes de paille entredeux planches. Sur le dessin 3 on remarque la présence d’unliteau qui vient diminuer le cumul de poids des bottes superposées.Les techniques à ossature bois sont appréciées car elles utilisentdes techniques de constructions traditionnelles et reconnues,la paille ne servant que de matériau de remplissage.Les coûts varient suivant l’importance de l’ossature bois.2 3n°4 août-septembre 2001 15
Photo : Nicolas KnappDOSSIERConstruire enpailleÇa vous botte ?La pailleQu’est-ce que c’est ?De manière générale, la céréale se caractérisepar un fort développement de sa partie supérieure,c’est-à-dire des grains (de blé, d’avoine, deseigle...). Au cours de sa croissance, elle cherchela silice dans l’air pour les développer et fortifiersa tige. A maturité, sa partie haute est fauchéepour récupérer les grains. Reste, non fauchée,une tige appelée la paille. Considérée comme unsous-produit de l’agriculture, elle finit brûlée, enlitière, ou elle enrichit comme engrais la terre duchamp. Coupée de ses grains, la plante n’a plus decroissance. Sa fibre est alors un composé stabilisé,fortement siliceux dont la composition s’approche duminéral. Il y a donc mutation de la phase végétale àla phase minérale.Il est bien sûr préférable d’utiliser de la paille issued’agriculture biologique plus respectueuse de l’environnement.Un très bon isolantLe ballot de paille a une conductivité thermique de0,067 W/m°C. Cette donnée est établie par H.Denonain, architecte de “La Chassagne”, à partir desréférences canadiennes déterminées par la SCHL.Pour comparer, on peut dire qu’un mur depaille de 40 cm d’épaisseur correspond à 24 cm delaine minérale.Des murs qui respirent et un air plus sainUne des principales qualités de la construction enbottes de paille réside dans sa capacité à faire desmurs “respirants” (avec des enduits qui sont perméablesà la vapeur d’eau bien entendu) parce quela paille qui est constituée d’une cavité va permettreà l’air de circuler d’un bout à l’autre de sa tige. Mêmecompressée en ballot, elle continuera à garder cettepropriété. Par conséquent, le mur enduit à base dechaux est capable d’absorber et de dégager de l’humiditénaturellement, régularisant ainsi l’humiditéintérieure. Plutôt que d’avoir un air sec encourageantla création et le mouvement des poussières oud’avoir un air saturé d’humidité permettant le développementdes moisissures, il y a un environnementbien tempéré, réduisant les effets des éventuels polluantsà l’intérieur.Un architecte a fait part à Arnaud Cauwel (cité dansson mémoire de fin d’étude d’architecte, cf p.22)d’une de ses expériences : “Des clients, vivant agréablementdans une maison en paille, ont décidé unjour de peindre les murs du séjour. Mais ils ont commisdes erreurs concernant le type de peinture à utiliser.L’état hygrométrique de l’air s’est rapidementdégradé : en effet l’échange d’air, chargé d’humidité,ne s’opérait plus ; des problèmes de condensationsont apparus”.Chantier ossature bois16Les différentes paillesL’orge : est une céréale “irritante” et ce défaut de texturerend sa mise en œuvre désagréable et difficile.L’orge est donc inutilisable sur les chantiers.Le seigle : offre des résistances plus élevées que leblé (et que l’orge aussi, d’ailleurs).L’épeautre : est proche du blé.Le triticale : est un hybride de blé et de seigle qui adeux avantages :- il permet de conserver les qualités du blé en lui ajoutantles caractères de rusticité du seigle,- il offre une paille plus longue (intéressant dans ledomaine agricole, pour la constitution de litière).Toutes ces pailles présentent des caractéristiquesidentiques en ce qui concerne la rétention d’eau.Cependant, des essais en laboratoire sur chaquetype de paille seraient tout de même extrêmementintéressants à effectuer pour travailler, au cas parcas, avec le produit parfaitement approprié.La lavande : cette paille peut trouver une place dansla construction. Elle a plusieurs caractéristiquespropres :- elle est imputrescible (on ne peut donc pas en fairede l’engrais),- le stock est important et la récolte est concentréegéographiquement (tout est en général détruit rapidementfaute de “débouché”),- son parfum permet d’éloigner les éventuels rongeurset insectes (l’essence de lavande est à ce titreutilisée dans l’industrie insecticide),- ce produit étant considéré comme un “déchet”, il n’apas de prix d’achat.n°4 août-septembre 2001Un matériau de construction àl’éco-bilan parfaitPeu de matériau peuvent prétendre avoir des qualitésenvironnementales aussi élevées. Tout d’abord parsa renouvelabilité due à son cycle de productionannuel. Ensuite par son aspect “matériau local” : onpeut en trouver quasiment partout. Et lorsqu’elle n’estpas disponible, on peut aisément faire pousser descéréales pour s’en procurer. De ce fait les coûts écologiquesdu transport sont réduits à l’extrême. Deplus, sa mise en œuvre n’a aucune conséquence surles applicateurs. Et bien sûr, en fin de vie, le matériauest entièrement recyclable. Enfin les “déchets dechantier” ne sont plus un problème, ils trouveront différentesapplications (intégrés au mortier, en mulchdans le jardin, en paillage pour les animaux...).Les enduitsOn ne peut concevoir une construction en paille quesi celle-ci est protégée des intempéries, des rongeurset du risque de feu. Le mur en bottes de paille estdonc enduit aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur.Les enduits sont souvent à base de chaux, sable,pouzzolane pour l’extérieur et argile-sable, chauxsableou plâtre naturel pour l’intérieur. Il est préférablede supprimer définitivement le plâtre du commerce,car il ne permet pas une bonne respiration dumur.