03_Cannard.fm Page 382 Mardi, 10. octobre 2006 4:33 16382 Christine Cannard • Françoise Bonthoux • Agnès Blaye •Nelly Scheuner • Anne-Caroline Schreiber • Jacques Trinquartreconnu récemment comme le déterminant principal <strong>de</strong> la dénominationcorrecte <strong>et</strong> <strong>de</strong> la rapidité <strong>de</strong>s réponses chez l’adulte, plutôt que sa fréquenceou sa familiarité (Barry, Hirsh, Johnston, & Williams, 2001; Bonin,Fayol, & Chalard, 2001; Caroll & White, 1973; Gilhooly & Hay, 1977; Morrison& Ellis, 1995; Morrison, Ellis, & Quinlan, 1992; Vitkovitch & Tyrrell,1995). La majorité <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s évalue subjectivement ce paramètre en<strong>de</strong>mandant aux adultes d’estimer, <strong>sur</strong> une échelle en 5 ou 7 points, l’âgeauquel ils ont acquis tel ou tel mot associé aux <strong>images</strong> (Barry <strong>et</strong> al., 1997;Bonin, Chalard, Méot, & Fayol, 2001, 2002; Bonin, Fayol <strong>et</strong> al., 2001; Brysbaert,Van Wijnendaele, & De Deyne, 2000; Caroll & White, 1973;Cycowicz <strong>et</strong> al., 1997; Ellis & Morrison, 1998; Gerhand & Barry, 1999; Gilhooly& Gilhooly, 1980; Gilhooly & Hay, 1977; Kremin, Hamerel,Dordain, De Wil<strong>de</strong>, & Perrier, 2000; Morrison, Chappell, & Ellis, 1997;Morrison <strong>et</strong> al., 1992). Peu d’étu<strong>de</strong>s ont recueilli l’âge d’acquisition directement<strong>sur</strong> <strong>de</strong>s enfants. Celles qui l’ont fait ont cherché à comparer lesme<strong>sur</strong>es objectives recueillies chez l’enfant <strong>et</strong> les me<strong>sur</strong>es subjectives estiméespar l’adulte. Les résultats révèlent <strong>de</strong> fortes corrélations entre les<strong>de</strong>ux me<strong>sur</strong>es, soulignant ainsi le caractère vali<strong>de</strong> <strong>de</strong> la me<strong>sur</strong>e estimée parl’adulte. Cependant, ils montrent aussi quelques divergences. L’âged’acquisition objectif est moins corrélé avec la fréquence du mot ou safamiliarité que l’âge d’acquisition estimé par l’adulte. Les auteurs suggèrentdonc qu’il est toujours préférable d’utiliser les me<strong>sur</strong>es objectivesquand elles sont disponibles, pour éviter l’impact trop fort <strong>de</strong> la fréquencedu mot ou <strong>de</strong> sa familiarité (Barry <strong>et</strong> al., 1997; Bonin, Chalard <strong>et</strong> al., 2001;Chalard <strong>et</strong> al., 2003; Ellis & Morrison, 1998; Morrison <strong>et</strong> al., 1997; Morrison& Ellis, 1995; Morrison <strong>et</strong> al., 1992; Pind <strong>et</strong> al., 2000). Généralement,l’âge d’acquisition du mot est défini par l’âge auquel 75 % <strong>de</strong>s enfants ontpu dénommer correctement l’obj<strong>et</strong>. L’originalité <strong>de</strong> notre travail est <strong>de</strong>donner une me<strong>sur</strong>e objective <strong>de</strong> l’âge d’acquisition à partir <strong>de</strong> 3 ans,évaluée <strong>sur</strong> un grand échantillon d’enfants français.Participants Quatre vingt enfants <strong>de</strong> chaque tranche d’âge ont dénommé chaqueitem, mais pour limiter la lour<strong>de</strong>ur du recueil <strong>de</strong> données, nous avons considéréque les <strong>images</strong> correctement dénommées par au moins 80 % <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong>gran<strong>de</strong> section <strong>de</strong> maternelle l’étaient aussi par les enfants plus âgés. En conséquence,seules 135 <strong>images</strong> <strong>sur</strong> <strong>274</strong> ont été montrées aux enfants <strong>de</strong> l’écoleélémentaire. Au total, 1 440 enfants ont participé à c<strong>et</strong>te tâche, soit 960 <strong>de</strong> 3 à5 ans (4 listes – voir procédure – * 80 enfants * 3 tranches d’âges) <strong>et</strong> 480 <strong>de</strong> 6 à8 ans (2 listes – voir procédure – * 80 enfants * 3 tranches d’âges).Matériel À partir <strong>de</strong>s stimuli sélectionnés, 34 planches <strong>de</strong> 8 <strong>de</strong>ssins d’obj<strong>et</strong>sont été constituées (plus une planche <strong>de</strong> 2 <strong>de</strong>ssins seulement). Quatre listesont ensuite été créées dans lesquelles apparaissent soit 8, soit 9 planches <strong>de</strong>8 <strong>de</strong>ssins.L’année psychologique, 2006, 106, 375-396
03_Cannard.fm Page 383 Mardi, 10. octobre 2006 4:33 16<strong>BD2I</strong> : normes d’<strong>images</strong> chez l’enfant 383Procédure En fonction <strong>de</strong> l’âge, la passation individuelle a duré <strong>de</strong> 10 à20 minutes <strong>et</strong> s’est faite en une ou <strong>de</strong>ux sessions. L’ordre <strong>de</strong>s planches à l’intérieur<strong>de</strong> chaque liste est aléatoirement défini par l’expérimentateur ainsi quel’ordre <strong>de</strong>s <strong>images</strong> pointées.La consigne est i<strong>de</strong>ntique à celle donnée par Cycowicz <strong>et</strong> al. (1997). Après que lapremière image soit pointée par l’expérimentateur, il est <strong>de</strong>mandé à l’enfantd’i<strong>de</strong>ntifier c<strong>et</strong> obj<strong>et</strong> (« peux-tu me dire quel est ce <strong>de</strong>ssin ? ») ou <strong>de</strong> signalerdirectement s’il ne le connaît pas. En cas d’absence <strong>de</strong> réponse <strong>et</strong> dans le but <strong>de</strong>savoir si, en dépit <strong>de</strong> toute dénomination, l’enfant parvient malgré tout à i<strong>de</strong>ntifierl’obj<strong>et</strong>, <strong>de</strong>s précisions <strong>sur</strong> la fonction <strong>de</strong> l’obj<strong>et</strong> ou encore ses rencontreséventuelles sont <strong>de</strong>mandées par l’expérimentateur. Toutes les réponses brutes <strong>de</strong>senfants étaient saisies telles quelles.Critère d’analysea) Pourcentage <strong>de</strong> dénominationIl s’agit du pourcentage d’enfants dénommant correctement l’image.Ainsi, pour éviter toute erreur d’interprétation dans le cas où la dénomination<strong>de</strong>s enfants diverge <strong>de</strong> celle <strong>de</strong>s adultes, <strong>de</strong>ux juges ont dépouilléséparément une trentaine <strong>de</strong> protocoles. Dans les cas ambigus, les décisionsont respecté strictement les critères énumérés ci–<strong>de</strong>ssous :• La dénomination <strong>de</strong>s obj<strong>et</strong>s se fait généralement au niveau <strong>de</strong> base(Rosch <strong>et</strong> al., 1976), ce niveau variant selon les taxonomies. Parexemple, dans la catégorie <strong>de</strong>s animaux, le niveau <strong>de</strong> base correspondgénéralement au niveau <strong>de</strong> l’espèce pour les mammifères (chien,cheval) mais à celui <strong>de</strong> la classe englobante pour les poissons ou lesoiseaux. De ce fait dans certains cas, plusieurs réponses ont été acceptéescomme <strong>de</strong>s dénominations correctes : par exemple, moineau <strong>et</strong>oiseau, voilier <strong>et</strong> bateau ou encore sapin <strong>et</strong> arbre.• Certaines abréviations, étant <strong>de</strong>venues très courantes dans le langageoral <strong>de</strong> l’enfant mais aussi <strong>de</strong> l’adulte, ont été acceptées comme, parexemple, télé pour télévision, frigo pour réfrigérateur, vélo pourbicycl<strong>et</strong>te.• Certaines <strong>images</strong> renvoyant à plusieurs noms possibles, les synonymesont été acceptés : par exemple bus <strong>et</strong> car, ou pot d’eau, broc àeau, pich<strong>et</strong>, <strong>et</strong> carafe.Ces critères <strong>de</strong> dépouillement sont toujours indiqués dans la base lors <strong>de</strong>l’énoncé <strong>de</strong>s pourcentages <strong>de</strong> dénomination.b) Pourcentage d’i<strong>de</strong>ntificationDans la me<strong>sur</strong>e où <strong>de</strong> nombreuses <strong>images</strong> ont été décrites par les enfantstrès jeunes par <strong>de</strong>s périphrases, le pourcentage d’i<strong>de</strong>ntification du conceptn’impliquant pas sa dénomination a également été calculé. Lorsqu’uneréponse autre que le nom était donnée (périphrase), nous avons doncL’année psychologique, 2006, 106, 375-396
- Page 1 and 2: 03_Cannard.fm Page 375 Mardi, 10. o
- Page 3: 03_Cannard.fm Page 377 Mardi, 10. o
- Page 6 and 7: 03_Cannard.fm Page 380 Mardi, 10. o
- Page 10 and 11: 03_Cannard.fm Page 384 Mardi, 10. o
- Page 12 and 13: 03_Cannard.fm Page 386 Mardi, 10. o
- Page 14 and 15: 03_Cannard.fm Page 388 Mardi, 10. o
- Page 16 and 17: 03_Cannard.fm Page 390 Mardi, 10. o
- Page 18 and 19: 03_Cannard.fm Page 392 Mardi, 10. o
- Page 20 and 21: 03_Cannard.fm Page 394 Mardi, 10. o
- Page 22: 03_Cannard.fm Page 396 Mardi, 10. o