10 Le journalRENCONTREGuillaume Brun, université de Bourgogne, cinquième année de pharmacieÀ la rencontre<strong>des</strong> pharmaciens du mondeGuillaume Brun est porteur du projet « Ma pharmacie du bout du monde ».Le 2 septembre prochain, il prendra <strong>le</strong> départ d’un tour du monde, seul età moto, pour découvrir <strong>le</strong> métier de pharmacien aux quatre coins de la Terre.1. Vous êtes étudiant enpharmacie et porteur duprojet « Ma pharmacie dubout du monde ». Pourriezvousnous <strong>le</strong> présenter ?Avec ce tour du monde seul età moto durant un an et huit mois,je souhaite al<strong>le</strong>r à la rencontre <strong>des</strong>pharmaciens d’une quarantainede pays. Mon objectif est dedécouvrir <strong>le</strong>s différentespratiques du métier, la relationau patient, la formation <strong>des</strong>professionnels, ou encore<strong>le</strong>s différences culturel<strong>le</strong>s et<strong>le</strong>urs impacts sur l’exercice.Cette expérience servira à nourrirma thèse consacrée à la placedu pharmacien dans <strong>le</strong> monde.Durant ce périp<strong>le</strong>, je communiquerairégulièrement <strong>des</strong>informations pour partagerregards et analyses, notammentà travers mon site Mapharmacieduboutdumonde.com et la pageFacebook consacrée au projet*.J’envisage aussi de publierun ouvrage retraçant cetteexpérience inédite.2. Quel<strong>le</strong>s motivations sontà l’origine de « Ma pharmaciedu bout du monde » ?« Ma pharmacie du boutdu monde » est née de deuxpassions : découvrir <strong>le</strong> mondetout en menant un projet scientifiqueet culturel d’envergure.Au départ, j’avais surtout enviede découverte et de voyage.Une participation au 4L Trophy,un rallye étudiant à vocationhumanitaire, a confortémon goût pour l’aventure.Puis, en quatrième année depharmacie, j’ai effectué un stagedans une officine londonienne.J’y ai découvert un systèmede santé différent du nôtre.Se confronter aux autres façonsde pratiquer la pharmacie estune source d’enrichissementincomparab<strong>le</strong>. Mon projet estsans doute né de ce constat.3. Dans quel<strong>le</strong> mesurevos pairs ont-ils été oupourront-ils être associésà votre projet ?J’ai présenté mon initiative audoyen de la faculté de pharmaciede mon université ainsi qu’àAlain Delgutte, président duconseil central de la section A etdu conseil régional de Bourgognede l’<strong>Ordre</strong>, qui la soutient. Il metenait à cœur de <strong>le</strong>s associer àma démarche et je <strong>le</strong>s remerciede <strong>le</strong>ur appui. Sur <strong>le</strong> terrain, jecompte sur la Fédération internationa<strong>le</strong><strong>des</strong> étudiants en pharmacie(IPSF) et sur la Fédérationinternationa<strong>le</strong> pharmaceutique(FIP), qui participent aussi à monprojet. Leurs membres devraientêtre <strong>des</strong> intermédiaires sur place.4. Appréhendez-vous departir seul et comment vouspréparez-vous à ce voyage ?Par souci de liberté, j’ai choiside partir seul. Faire <strong>le</strong> tourdu monde implique de mettretoute appréhension de côté.Pour me préparer à cette aventure,j’ai échangé avec de nombreuxglobe-trotteurs sur <strong>des</strong> aspectspratiques et logistiques.J’ai éga<strong>le</strong>ment suivi <strong>des</strong> coursde mécanique, afin de pouvoireffectuer certaines réparationsde façon autonome.« Ma pharmacie du boutdu monde » en chiffres• Un an et huit mois de voyage.• Quatre transferts en avion.• 40 pays traversés sur quatrecontinents (Europe, Afriquedu Nord, Asie, Amérique du Nordet du Sud) avec la rencontreprévue d’un pharmacien par pays.• Un budget global estiméà 35 000 €.SE CONFRONTER AUX AUTRESFAÇONS DE PRATIQUER LA PHARMACIEEST UNE SOURCE D’ENRICHISSE-MENT INCOMPARABLE5. Votre thèse aura poursujet la place du pharmaciendans <strong>le</strong> monde. Qu’attendezvousde ce projet ?J’espère que mon travail issude cette approche comparéede la pharmacie intéresserames pairs et m’ouvrira certainesportes. Ma thèse, même si el<strong>le</strong>est plutôt orientée officine,m’aidera à acquérir une ouvertured’esprit indispensab<strong>le</strong> àmon futur métier et à connaître<strong>le</strong>s spécificités du marchédu médicament. Enfin, menerà bien un projet aussi richeen expériences et en relationshumaines constitueune satisfaction en soi.À partir de septembre 2013,vous pourrez suivreGuillaume Brun sur <strong>le</strong> sitewww.mapharmacieduboutdumonde.com* www.facebook.com/MaPharmacieduboutduMondeGuillaume Brun en 5 dates2009-2011Vice-président Partenariatsde l’Association bourguignonne<strong>des</strong> étudiantsen pharmacie.Février 2011Participation au rallyehumanitaire étudiant4L Trophy.Avril 2012Stagiaire dans unepharmacie à Londres.Mai 2012Lancement du projet« Ma pharmacie du boutdu monde ».2 septembre 2013Début du tour du monde.#26•Juin 2013 • <strong>Ordre</strong> national <strong>des</strong> pharmaciens
Le journal 11Évolutions rég<strong>le</strong>mentaires et législatives,jurisprudence <strong>des</strong> tribunaux administratifs et judiciaires,conséquences sur <strong>le</strong>s pratiques professionnel<strong>le</strong>s.Tour d’horizon.EN PRATIQUEL’officine n’est pas un bazar !Cigarettes é<strong>le</strong>ctroniques,appareils auditifs, colliersd’ambre et autres bijouxprésentés comme ayant<strong>des</strong> propriétés thérapeutiques, toutne peut pas être vendu en officine !La protection de la santé et de la sécurité<strong>des</strong> patients doit être une prioritépour tous <strong>le</strong>s pharmaciens. Certainssemb<strong>le</strong>nt avoir oublié <strong>le</strong>ur mission <strong>des</strong>ervice public ! Et <strong>le</strong>urs comportementsjettent <strong>le</strong> discrédit sur toute la profession,qui se doit de respecter <strong>le</strong>s textes en vigueur.L’image donnée par certains produitsvendus en officine est désastreuse !ILS SE SONTEXPRIMÉSANSMAppareilsauditifsCigarettesé<strong>le</strong>ctroniquesMinistère de la SantéColliers d’ambreLa vente <strong>des</strong> produits dans une pharmacie,faut-il <strong>le</strong> rappe<strong>le</strong>r, est strictementencadrée.Les pharmaciens ne peuventconseil<strong>le</strong>r, dispenser et vendre dans <strong>le</strong>urofficine que <strong>le</strong>s produits, artic<strong>le</strong>s, objetset appareils qui correspondent à<strong>le</strong>ur champ d’activité professionnel<strong>le</strong>, etqui figurent sur une liste établie par arrêtéministériel, en application de l’artic<strong>le</strong>L. 5125-24 du code de la santé publique(CSP) 1 . Aujourd’hui, 24 catégories deproduits – clairement définies – sontautorisées à la vente. Pas plus…Les cigarettes é<strong>le</strong>ctroniquesFace aux récents constats, l’Agence nationa<strong>le</strong>de sécurité du médicament et <strong>des</strong>produits de santé (ANSM) et la Directiongénéra<strong>le</strong> de la santé (DGS) ont diffusé plusieursa<strong>le</strong>rtes ces dernières semaines, notammentau sujet de la commercialisationde cigarettes é<strong>le</strong>ctroniques en officine. Laministre de la Santé a par ail<strong>le</strong>urs demandéune étude concernant ces cigarettes.Charlatanisme et confusionAutre exemp<strong>le</strong> : la vente de colliersd’ambre et autres bijoux présentéscomme ayant <strong>des</strong> propriétés thérapeutiquesn’est pas permise en pharmacie,ces produits ne figurant pas dans la liste<strong>des</strong> marchandises autorisées. L’absencede preuve scienti fi que de <strong>le</strong>ur efficacitéet <strong>le</strong>ur dangerosité liée aux risquesd’étrang<strong>le</strong>ment et d’étouffement justifientaussi cette interdiction 2 . Ledirecteur général de la Santé l’a récemmentrappelé.Le code de déontologie est limpide :vous devez « contribuer à la luttecontre <strong>le</strong> charlatanisme, notammenten [vous] abstenant de fabriquer,distribuer ou vendre tous objets ouproduits ayant ce caractère » 3 .Parfois, <strong>le</strong>s choses sont moins évidentes.En effet, <strong>le</strong> statut de certainsappareils correctifs de l’audition peutprêter à confusion 4 . Dans <strong>le</strong>s faits, lacorrection d’une déficience auditivereste une finalité médica<strong>le</strong>. Tous <strong>le</strong>s appareilsqui revendiquent ce type de finalitérelèvent de la catégorie <strong>des</strong> dispositifsmédicaux qui doivent disposerd’un marquage CE, à ce titre. « Les dispositifsmédicaux à usage individuel, àl’exception <strong>des</strong> dispositifs médicauximplantab<strong>le</strong>s », figurent sur la liste <strong>des</strong>marchandises dont <strong>le</strong>s pharmacienspeuvent faire <strong>le</strong> commerce dans <strong>le</strong>urofficine. Ainsi, ce type de produitspeut être vendu en pharmacie,sous réserve de disposer du diplômenécessaire 5 .À l’inverse, si aucune finalité médica<strong>le</strong>n’est revendiquée, il s’agit alors <strong>des</strong>imp<strong>le</strong>s amplificateurs de son, et <strong>le</strong>urvente en officine n’est pas prévue par laliste <strong>des</strong> marchandises dont la vente estpermise en officine.Des sanctions légitimesDès lors que <strong>des</strong> plaintes sont déposéesà l’<strong>Ordre</strong>, y compris depuis quelques annéespar <strong>le</strong>s patients, <strong>le</strong>s pharmaciensdoivent être conscients que <strong>le</strong>s infractionsaux règ<strong>le</strong>s déontologiques etprofessionnel<strong>le</strong>s sont passib<strong>le</strong>s d’unesanction disciplinaire : avertissement,blâme, interdiction d’exercice temporaireou définitive. L’<strong>Ordre</strong> sera intransigeant :« Il appartient à notre institution d’êtrevigilante quant au respect <strong>des</strong> obligationsdu pharmacien, rappel<strong>le</strong> Alain Delgutte,président du conseil central de lasection A. Cette exigence renforce notrelégitimité en tant que véritab<strong>le</strong>s professionnelsde santé, au service exclusif <strong>des</strong>patients et de la santé publique. »1Arrêté du 15 février 2002 modifié fixant la liste<strong>des</strong> marchandises dont <strong>le</strong>s pharmaciens peuventfaire <strong>le</strong> commerce dans <strong>le</strong>ur officine.2Voir : « Colliers de dentition pour nourrissons :nouvel<strong>le</strong> mise en garde de la DGS », p. 2 duJournal de l’<strong>Ordre</strong> n° 23.3Artic<strong>le</strong> R. 4235-10 du CSP.4« Appareils auditifs : mise au point del’ANSM », p. 11 du Journal de l’<strong>Ordre</strong> n° 23.5Artic<strong>le</strong>s L. 4361-1 et -2 du CSP.En savoir plus : Cahier thématique Codede déontologie commenté, sur www.ordre.pharmacien.fr > Communications> Rapports/publications ordina<strong>le</strong>sCOMMERCE ÉLECTRONIQUE DE MÉDICAMENTSLe projet d’arrêté trop restrictif selon l’Autorité de la concurrenceL’Autorité dela concurrence a été saisiepar <strong>le</strong> ministère de la Santésur <strong>le</strong> fondement de l’artic<strong>le</strong>L. 462-2 du code de commerce,<strong>le</strong>quel dispose que « l’Autoritéde la concurrence estobligatoirement consultéepar <strong>le</strong> gouvernement sur toutprojet de texte rég<strong>le</strong>mentaireinstituant un régime nouveauayant directement pour effet :[…] 3° d’imposer <strong>des</strong> pratiquesuniformes en matière de prixou de conditions de vente ».L’avis qu’el<strong>le</strong> rend est un avisconsultatif.El<strong>le</strong> a plus particulièrementexaminé <strong>le</strong>s dispositionsayant un impact direct surl’exercice de la concurrencedans <strong>le</strong> secteur de la ventede médicaments et portant sur :l’organisation et <strong>le</strong> contenu<strong>des</strong> sites de vente en lignede médicaments ;<strong>le</strong>s prix ;<strong>le</strong> champ <strong>des</strong> médicamentspouvant faire l’objet ducommerce é<strong>le</strong>ctronique ;<strong>le</strong> stockage ;la sous-traitance ;l’équipe officina<strong>le</strong> ;<strong>le</strong> conseil pharmaceutique ;<strong>le</strong>s quantités maxima<strong>le</strong>spouvant être délivrées ;la livraison ;<strong>le</strong> droit de rétraction.Pour l’Autorité de laconcurrence, <strong>le</strong> projet d’arrêté« contient un ensemb<strong>le</strong> dedispositions particulièrementrestrictives, dont l’accumulationconduit à créer un cadreextrêmement contraignantet limitatif, qui a pour conséquencede brider toute initiativecommercia<strong>le</strong> en termes de prix,de gammes de produits,de services nouveaux ».El<strong>le</strong> a donc émis un avisdéfavorab<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> projetd’arrêté, en précisantque cet avis défavorab<strong>le</strong>ne pourrait être <strong>le</strong>vé quesi <strong>le</strong>s modifications qu’el<strong>le</strong>propose étaient adoptées.En savoir plus• www.autoritedelaconcurrence.fr• Avis de l’Autorité de la concurrence n° 13-A-12 du 10 avril 2013relatif à un projet d’arrêté de la ministre <strong>des</strong> Affaires socia<strong>le</strong>set de la Santé relatif aux bonnes pratiques de dispensation<strong>des</strong> médicaments par voie é<strong>le</strong>ctronique#26•Juin 2013 • <strong>Ordre</strong> national <strong>des</strong> pharmaciens