pourquoi j’avais choisi l’optique carj’ai rarement vu une lentille tomberen panne sauf si elle tombe toutcourt), et vu à contrario mon penchantnettement plus prononcépour tout ce qui est purement intellectuel,le choix est vite fait, à lagrande surprise de tous ceux quisuivent mon aventure : je serai profde maths.Deuxième question :capes ou agrégation ?Là encore, le choix est vite fait. Jen’ai que deux années d’ASSEDIC,dont six mois déjà derrière moi, etje n’ai pas droit à l’échec suite à lapréparation que je vais suivre durantl’année scolaire 2005 – 2006.Donc ce sera le CAPES, moins difficile.J’aurai certes nettement plusde difficultés à avoir à terme uneplace en lycée, mais bon, je préfèreassurer. Et puis la prépa CAPESpeut se suivre à Versailles, tout prèsde chez moi, alors que pour l’Agregje dois me déplacer à Paris ou àOrsay, moins pratique.Tout le monde me le dit : ça va êtretrès dur (l’enseignement, pas lecapes).Les gamins sont épouvantables,n’en ont rien à faire de ce que racontentles profs, mènent le chahut,etc, etc, etc … même dans les zonesdites faciles où ils n’agressent pasles profs au couteau.Certes, mais quand ça marche, carsouvent quand même çà marche,c’est sûrement un plaisir !Et puis le temps qui me reste à travaillerest à peu près égal au tempsau bout duquel un enseignant en amarre. Donc ça devrait le faire.Et puis y a les vacances (oh zut, çay est, je l’ai dit …), même si pendantles vacances on prépare ses cours,on corrige les copies, …Mais le salaire alors ?La question ne se pose pas lorsquel’envie est suffisamment présente.Comme nous l’ont dit de vive voixles inspecteurs lors d’une réunionrassemblant les nouveaux titulaires: « enseigner, c’est avant toutêtre bénévole ! ».Merci, on avait remarqué !S’il existait une situation qui necomporte que des avantages, ça sesaurait.Si j’accepte de diviser mon anciensalaire par deux et demi, c’est quequand même j’espère dans ce nouveaumétier trouver quelques satisfactions.Les avantages de monancien métier seront remplacéspar d’autres avantages, et de mêmepour les inconvénients. L’importantréside dans le changement.Mars 2005 : prise de contact avecles diverses universités potentielles,entretiens, décision, inscription.De mars à août inclus : travailpersonnel, six heures par jour enmoyenne, cinq à six jours par semaine,un peu moins l’été. Il s’agitde revoir vite fait le programme determinale S pour commencer, puissurtout le programme de prépa, supet spé. Quand on est motivé, celan’est pas très difficile, c’est mêmeagréable, tout revient très vite.De septembre 2005 à mars 2006 :préparation à la fac de Versailles.Considérant qu’il y a 4000 inscritsau CAPES et moins de 1000 reçus, ilvaut mieux être bien préparé.Temps plein : journées, soirées,week-end, des souvenirs de préparevécus en direct ! Et des CAPESblanc certains samedis. Avec desmignonnettes de vingt deux ans surles bancs, tout n’est pas désagréable! Mais il y a aussi des seniors decinquante-cinq ans ! Mon cas estloin d’être unique.Analyse, géométrie, probabilités,tout y passe. J’y prends un réelplaisir.Mars 2006 : les écrits : deux épreuvesde 5 heures. Le super stress !De mars à juin 2006 : préparationspécifique aux oraux, pour ceux quisont admissibles (et j’en suis !).Juin 2006 : deux épreuves orales,difficiles et surtout stressantes caraléatoires, les sujets étant tirésau sort. C’est là que la préparationest réellement utile, et mêmeindispensable.Résultats en juillet … et c’est lafête ! Je suis dans les trois centspremiers.Année scolaire 2006 – 2007 : stagede validation finale (eh oui, toutn’est pas encore gagné …), comprenantdes cours à l’IUFM, ponctuésd’évaluations sur diverses restitutionsécrites et orales, et une classeen totale responsabilité sous lesconseils d’un tuteur, jalonnée dedeux inspections de validation. Pourmoi ce sera une classe de cinquièmeau collège de la Paix à Issy lesMoulineaux.L’IUFM : d’une inutilité déplorable… une lamentable perte de temps …j’insiste pas.L’apprentissage ne se fait efficacementet bien évidemment qu’ensituation réelle. Ils vont m’en fairevoir, les zigotos de cinquième !Imaginez-vous face à trente gaminsle premier jour de septembre, alorsque vous n’avez jamais fait ça avant !Un malaise innommable ! Un stressastronomique, que surtout il ne fautpas montrer !Je passe …J’ai donc vécu mon année de stagedurant laquelle j’ai énormément appris(normal, c’est fait pour ça). J’aiété validé. Mon premier poste seraau collège Rameau à Versailles, oùdurant les deux premières années(2007 – 2008 puis 2008 – 2009) j’aienseigné sur les quatre niveaux ducollège.Alors maintenant je vais tenter defaire bref car je pourrais sans difficultéen écrire un livre.Le constat principal est la diversitéOPTO 164Septembre 200920
VIE DE L’ASSOCIATIONdes niveaux et des comportements.De tous temps il y a eu des élèvesprésentant de grandes difficultésd’apprentissage, ou au contrairede grandes facilités. Ou bien, siles facultés étaient là, une grandevolonté de travailler, ou une simplevolonté d’en faire le minimum.De tous temps, il y a eu des élèvespassionnés et curieux, et d’autresinsouciants de vouloir connaître ceque l’éducation nationale a jugé bonde mette à leur programme. Il n’ ya aucun jugement de valeur dansces propos, mais un simple constatde différences entre des situationsinnées ou acquises, chacun étantbiologiquement et psychiquementdifférent de l’autre, avec ses qualitéset ses défauts, ses facilités danscertains domaines et ses difficultésdans d’autres, l’éducation nationalene permettant pas toujours de faireémerger les qualités de certainsenfants dans des domaines qu’ellen’a pas jugé bon d’inclure dans lavie collégiale (et là par contre c’estun jugement personnel).De tous temps il y a eu des parentsattentionnés au bien être et à l’apprentissagede leurs enfants, et jene parle pas forcément de l’aide purementscolaire, mais aussi et surtoutdu soutien psychologique, etdes parents laissant leurs gaminsen totale roue libre dans les affresdes racines carrées et de l’imparfaitdu subjonctif.L’époque actuelle diffère essentiellementde l’époque anciennepar l’amenuisement colossal dela notion de respect : manque derespect envers les adultes, et enversles camarades qui souhaitenttravailler dans un climat adéquat.Blocage contre un système qui certesest très largement perfectible,contre une société qui ne prometque chômage, crise économique,écologique et sociale, d’où descomportements nuisibles dans celieu où l’on enferme de force toutenfant en âge scolaire : la salle declasse. Le prof devient la cible parfaited’un ressentiment mal défini,et le cours de maths ou d’histoiredevient un combat de tous les instantspour gérer une discipline donton souhaiterait tant qu’elle s’installenaturellement.Il semble donc qu’actuellementnos chers bambins semblent avoirdans la vie d’autres priorités quel’apprentissage scolaire et adoptentainsi en classe et au collège en généralune attitude non compatibleavec cet apprentissage tel qu’il leurest proposé.Bien sûr je globalise. Il y avait trenteans auparavant des gamins détestableset il y a aujourd’hui bon nombred’enfants sérieux et agréables (toutceci indépendamment des capacitéset des volontés intellectuelles).Alors que s’est-il passé ?Il est à mon sens évident que l’avènementdes nouvelles technologiesa sa part de responsabilité danscette désagrégation d’une personnalitéadolescente soi-disant enconstruction.Loin de moi l’idée de critiquer cesdéveloppements techniques issusd’une science toujours aussi passionnante,et dont les avantages indéniablesaméliorent grandementbon nombre d’aspects de nos viesquotidiennes.Mais que penser des jeunes qui nesavent pas se séparer de leur portable(personnellement je n’en aipas), et qui passent jour et nuit leurtemps scotchés à leur ordinateur,jouant à des jeux psychiquementdestructeurs ou dialoguant avec desoi disant amis sur des sujets videsde tout sens.Un monde totalement virtuel a prisle pas sur la nature qui nous entoure,sur ce qui forme la réalité del’existence, bousculant dramatiquementles priorités que l’on se donneà un âge où l’on est sensé construireson avenir.Une immense portion du tempspassée à des futilités insenséesprive nos jeunes de la possibilité desatisfaire aux exigences de l’éducationnationale, qui, malgré les critiquesque j’en ai déjà faites, présentetout de même l’avantage de pouvoirnous instruire et nous forger un certainavenir (ou bien un avenir certesincertain, mais qui vaut toujoursmieux que pas d’avenir du tout),et satisfaire une certaine curiositédont on se demande bien si elle faitencore partie du bagage naturel desjeunes générations.Pour ces jeunes qui par ce fait netravaillent pas, les lacunes s’accumulentrapidement, jusqu’à devenirtrès vite impossibles à rattraper. Leprof de maths parlerait en chinoisque ce serait du pareil au même.Les heures deviennent ennuyeuseset inutiles, et l’on s’occupe enbavardant, souvent à haute voix, enadoptant un comportement perturbateurfrisant souvent l’insolence.Et comme quasiment aucune structuren’existe pour satisfaire des jeunesqui pourraient tout de mêmetrouver un intérêt à s’engager trèstôt dans une voie professionnelle,quitte à revenir plus tard vers desdomaines plus intellectuels, ehbien ceux-là n’ont d’autre choix quede subir un système éducatif quasicarcéral, jusqu’à la libération en finde troisième.Et les profs qui se plaignent que l’onn’a pas assez d’heures pour bouclerun programme se trompentde problème. Un élève naturellementéquilibré est tout à fait capabled’acquérir les notions requisesdans quelque matière que ce soiten y passant moins de temps quece que prévoit le calendrier actuel.Il suffit juste qu’il en ait envie ! ! !Bien sûr il y a toujours des enfantsprésentant des difficultésd’apprentissage inhérentes à uneconstitution psychique particulière,et auxquels il serait nécessaire dedispenser un enseignement adapté.Mais pour une large majorité de lapopulation collégiale, la simple motivationsuffit à l’acquisition d’une21 OPTO 164Septembre 2009