NEUROSCIENCES La conscience <strong>des</strong> bébésÀ partir de quel âge les bébéssont-ils conscients ?À 5 mois, ils le sont déjà,répondent <strong>des</strong> scientifiquesdans <strong>la</strong> prestigieuse revueNature. Ghis<strong>la</strong>ine Lambertz-Dehaene et Stanis<strong>la</strong>sDehaene, deux chercheursde NeuroSpin, ont participé àcette passionnante étude.La conscience<strong>des</strong> bébésToute activité du cerveau produit <strong>des</strong>signaux électriques détectables. Unetechnique, l’électroencéphalographie(EEG) permet d’enregistrer et d’analyser cesinformations.Des recherches récentes ont ainsi montré que lecerveau de l’adulte répond à <strong>la</strong> perception d’unOutre l’électroencéphalographie,une autre technique est utilisée àNeurospin pour étudier le fonctionnementdu cerveau : l’imagerie par résonancemagnétique de diffusion. Ici, unecartographie de ses « autoroutes del’information », de grands faisceauxde fibres qui permettentaux neurones de différentesrégions cérébralesde communiquer.© J-F Mangin, V. El Kouby,M. Perrin, Y. Cointepas,C. Poupon.évènement extérieur en deux étapes. Pendantles premières 200 à 300 millisecon<strong>des</strong>, le traitementperceptif est totalement non-conscientet s’accompagne d’une activité neuronale quiaugmente de façon linéaire. L’amplitude croîtde manière constante en fonction de <strong>la</strong> duréede présentation <strong>des</strong> objets. Après 300 ms débuteune seconde étape et cette fois <strong>la</strong> réponse estnon-linéaire.Or pour qu’une perception soit consciente, <strong>la</strong>durée de présentation de l’objet doit être suffisammentlongue. C’est pourquoi les chercheursconsidèrent que <strong>la</strong> seconde étape, tardive etnon-linéaire, est un marqueur neuronal de <strong>la</strong>conscience.Qu’en est-il <strong>des</strong> bébés ?Pour mettre en évidence <strong>la</strong> capacité <strong>des</strong> bébésà percevoir consciemment, 80 nourrissons âgésde 5, 12 et 15 mois ont participé à l’étude. Desvisages leur étaient présentés plus ou moins longuement,tandis que les réponses électriques deleur cerveau étaient enregistrées.Pour tous les groupes d’âge, les chercheurs ontobservé les mêmes deux étapes qui caractérisent<strong>la</strong> conscience chez les adultes. La phase nonlinéaireet tardive confirme <strong>la</strong> présence d’une« signature neuronale de <strong>la</strong> conscience » chez lesbébés. Seule différence avec l’adulte : alors quechez ce dernier <strong>la</strong> seconde étape est enregistréeautour de 300 ms, elle est beaucoup plus tardivechez le bébé, ne s’établissant qu’après au moinsune seconde chez les plus jeunes.Être de re<strong>la</strong>tions, éveillé et conscient, le petithumain se présente déjà équipé pour investirle monde et débuter son aventure de vie. Décidément,les bébés ne cesseront pas de nousétonner !Annemarie Gendre-Peter12 CENTRE <strong>CEA</strong> DE SACLAY LE JOURNAL
Sous <strong>la</strong> coupole exactement FéLICITATIONSSous <strong>la</strong> coupoleexactementThibault Cantat, jeune chercheur à l’Iramis, a reçu le 5 juin2013 le Prix de <strong>la</strong> Fondation Louis D., un <strong>des</strong> prix scientifiquesparmi les mieux dotés. Ce Prix distingue ses travaux sur<strong>la</strong> valorisation du CO 2 . Retour sur une séance solennelleà l’Institut de France, consacrée aux actions et Grands Prixde ses Fondations.Thibault Cantat reçoit son Prix<strong>des</strong> mains de Marc Fontecave, membrede l’Institut, Académie <strong>des</strong> sciences.© Didier Plowy / Institut de FranceQuinze heures précises, roulement detambour. Lauréats, mécènes et invitésse lèvent, les Académiciens entrent sous<strong>la</strong> coupole elliptique superbement éc<strong>la</strong>irée. Lerituel servi par les huissiers à chaîne est impeccable,et l’émotion palpable. « La séance estouverte ! » Phi<strong>la</strong>nthropie, bienfaisance, ces motsqui émaillent les discours instillent une douceurrevigorante. Contre <strong>la</strong> misère du monde – ma<strong>la</strong>dies,exclusions sociales, dégradations environnementales,etc. – <strong>des</strong> hommes et <strong>des</strong> femmesde bonne volonté agissent. Lutte contre <strong>la</strong> tuberculoseen Afrique ou adductions d’eau en Inde,aide à l’orientation professionnelle en ZEP ou aulogement de personnes handicapées à Rungis...La liste <strong>des</strong> actions est longue et foisonnante. LesAcadémies sont bien « ancrées dans le monde etdans l’humain », selon les mots du président del’Institut de France, Jean-Marie Dentzer. Vientensuite <strong>la</strong> remise <strong>des</strong> huit Grands Prix.Substituer le CO 2 aux dérivéspétroliersThibault Cantat est l’un <strong>des</strong> cinq <strong>la</strong>uréats choisispar l’Académie <strong>des</strong> sciences, sur délégation <strong>des</strong>Fondations. D’un montant de 450 000 euros, lePrix lui est attribué pour encourager ses travauxinnovants sur le recyc<strong>la</strong>ge chimique du CO 2 . Sonambition est de substituer le CO 2 aux produitspétroliers comme source de carbone pour synthétiser<strong>des</strong> molécules de base utilisables dansl’industrie <strong>des</strong> p<strong>la</strong>stiques, et pour <strong>la</strong> fabricationd’engrais ou de médicaments. La molécule deCO 2 étant très stable, il faut lui apporter del’énergie pour <strong>la</strong> transformer. L’équipe de ThibaultCantat a montré que <strong>des</strong> déchets issus del’industrie <strong>des</strong> silicones peuvent remplir cettefonction. En mettant au point <strong>des</strong> catalyseursfavorisant l’activation et <strong>la</strong> réduction du CO 2 ,elle est parvenue à produire <strong>des</strong> molécules debase de l’industrie chimique, telles que <strong>des</strong>formami<strong>des</strong>, <strong>des</strong> benzimidazoles, <strong>des</strong> formamidineset <strong>des</strong> méthy<strong>la</strong>mines. « Ce Prix est pournous une chance formidable qui va nous permettred’explorer d’autres voies », s’enthousiasme ThibaultCantat. « Nous allons maintenant tenter deremp<strong>la</strong>cer les rebuts de l’industrie <strong>des</strong> silicones parde l’hydrogène qui serait produit par <strong>des</strong> éoliennesou <strong>des</strong> panneaux photovoltaïques, ou encore par<strong>des</strong> molécules extraites de <strong>la</strong> biomasse. »Comment ne pas y voir un motif d’espérance ?Unité de lieu...Un peu plus tard, <strong>la</strong> Fondation Louis D. décerneson Prix humanitaire au Réseau Cocagne, distinguantun autre projet imp<strong>la</strong>nté sur le P<strong>la</strong>teau deSac<strong>la</strong>y. Cette association offre à <strong>des</strong> personnesen gran<strong>des</strong> difficultés un parcours de réinsertionsocio-professionnelle dans <strong>des</strong> exploitationsmaraîchères biologiques. Le projet d’unsite national, le Jardin de Cocagne du Limon,prévoit <strong>la</strong> réhabilitation d’une ferme à Vauhal<strong>la</strong>net <strong>la</strong> construction sur ce site d’un bâtimentd’accueil, d’un hangar et de serres.Sous <strong>la</strong> coupole, un autre mot revient, merci.« La séance est levée ! »Sophie MartinPour en savoir plushttp://grands-prix-2013.institut-de-france.fr/thibault-cantathttp://grands-prix-2013.institut-de-france.fr/reseau-cocagneC’est au sein du Service interdisciplinaire surles systèmes molécu<strong>la</strong>ires et les matériaux que sedéroulent les activités de recherche fondamentalepour le cycle du combustible nucléaire etles énergies alternatives de l’Iramis. Ici, unemanipu<strong>la</strong>tion sur une rampe vide-argon.© C. Dupont / <strong>CEA</strong>CENTRE <strong>CEA</strong> DE SACLAY LE JOURNAL13