Edition du 17 mars 2001

HORIZONS
SUISSE – MONDE ÉCONOMIE - SOCIÉTÉ
SAirGroup Un nouveau pilote,
Mario Corti, aux commandes
Le ciel de SAirGroup s’éclaircit.
Mario Corti a été
nommé avec effet immédiat
président et délégué du
conseil d’administration.
L’annonce a été saluée de
manière unanime, mais les
problèmes du groupe demeurent.
Comme le cumul
des fonctions de direction.
Mario Corti, directeur général
et directeur financier de
Nestlé, succédera à Eric Honegger
qui se retirera à l’occasion
de l’assemblée générale du 25
avril, a indiqué le groupe hier.
Les marchés, les analystes, les
spécialistes, les syndicats et l’association
de défense des petits
actionnaires (constitué la semaine
passée) approuvent.
«Enfin une bonne nouvelle
qui vient de SAirGroup», a lancé
Pierre Condom, directeur de la
revue «Interavia». Propos corroborés
par Regina Anhorn, analyste
auprès de la banque Lombard
Odier & Cie. «On a fait tabula
rasa», a-t-elle indiqué à
l’ats.
Le bon profil
Les qualités du nouvel
homme fort de SAirGroup sont
mises en exergue. Pour Stéphane
Garelli, professeur de
l’IMD (Institute for Manage-
ment Development) à Lausanne,
Mario Corti possède le
profil «idéal» pour remettre
SAirGroup sur orbite. Le professeur
souhaite qu’il devienne
«le Nicolas Hayek de l’aviation».
Petits actionnaires vigilants
L’Association de défense
des intérêts des petits actionnaires
salue la nomination
de Mario Corti à la tête du
SAirGroup. Elle maintient
que le travail de l’ancien
conseil d’administration devrait
faire l’objet d’un examen
approfondi. «M. Corti
redonnera un peu de sécurité
à une entreprise malmenée»,
a expliqué hier à
l’ATS son représentant
Hans-Jacob Heitz, un avocat
Pétrole L’Opep
va réduire
sa production
La réduction de la production
de pétrole de l’Opep
sera de l’ordre d’un million
de barils par jour. Elle sera
annoncée officiellement
aujourd’hui, a déclaré à
Vienne le président de
l’Organisation des pays
exportateurs de pétrole
(Opep), l’Algérien Chakib
Khelil.
Le secrétaire général de
l’Opep, Ali Rodriguez, a de
son côté affirmé que la réduction
de production conjointe
des pays de l’Opep et des pays
non membres de l’organisation
se situerait autour de 1,5
mbj.
Chakib Khelil a précisé que
cette réduction autour d’un
million de b/j pourrait être accompagnée
d’une réduction de
production de pays non-Opep.
Il faisait allusion par exemple
au Mexique qui assiste en observateur
à la conférence.
Le ministre saoudien du Pétrole
Ali al-Nouaimi a déclaré
de son côté qu’un «consensus»
avait été trouvé. Enfin, le ministre
iranien Bijan Namdar
Zangeneh a expliqué que
l’Opep prenait son temps pour
finaliser une décision en raison
entre autres des inquiétudes
européennes sur l’impact
d’une réduction de la production
sur la croissance mondiale./afp
L’action SAirGroup a redécollé hier à la Bourse suisse, alors que la plupart des titres
subissaient de fortes baisses. photo Keystone
de Winterthour. La décision
est positive autant pour les
collaborateurs que pour les
clients et les actionnaires.
L’association espère trouver
en Mario Corti un partenaire.
Hans-Jacob Heitz espère
que le nouveau patron, qui a
l’avantage de ne pas supporter
le poids du passé, mettra
sur pied une nouvelle stratégie
et recrutera une nouvelle
équipe./ats
Stéphane Garelli estime que
cet homme de consensus sera
capable de mettre un terme
«aux sensibilités exacerbées qui
prévalent actuellement dans le
groupe». Même son de cloche
chez Pierre Condom:
Mario Corti saura insuffler la
confiance qui fait défaut ces derniers
mois.
Aeropers (l’association du
personnel de cockpit de Swissair)
accueille lui aussi cette
nouvelle de manière positive.
Plus critique, le Parti socialiste
a indiqué dans un communiqué
que le retrait d’Eric Honegger
est à lui seul insuffisant
et que c’est le conseil d’administration
dans son ensemble
qui «doit être tenu pour responsable
des dommages». Le
Syndicat suisse des services
publics (SSP/VPOD) attend de
la direction de SAirGroup
qu’elle donne prochainement
un signe clair de sa nouvelle
stratégie.
Double casquette
Malgré les nombreux éloges,
une ombre apparaît. Le nouveau
patron porte deux casquettes:
la direction du groupe
et celle du conseil d’administration,
comme son prédécesseur.
Le cumul de différentes fonctions
avaient pourtant déjà été
largement décrié. Ce changement
s’inscrit donc dans la
continuité. Il n’a pas été possible
d’interroger SAirGroup à
ce propos. Le groupe a en outre
précisé dans son communiqué
qu’il ne ferait aucun commentaire
sur cette nomination.
Une tâche ardue
Outre cet aspect, la tâche de
Mario Corti s’annonce très ardue.
Remettre à flot l’ensemble
du groupe, assainir les compa-
Avortement Le PDC suisse lance
un référendum «constructif»
Après une large discussion
avec les délégués des
sections, le PDC suisse a
décidé hier de lancer le
référendum contre la «solution
du délai» en matière
d’avortement, telle qu’elle
est sortie des débats parlementaires.
Mais il dépose
simultanément une
initiative parlementaire
qui reprend son modèle de
la consultation obligatoire.
Un référendum
constructif, en quelque
sorte.
De Berne:
François Nussbaum
C’est par 44 voix contre 7 et
8 abstentions que le comité du
PDC a pris sa décision, à l’issue
d’un débat d’un «haut niveau»,
a annoncé hier soir le
président (sortant) Adalbert
Durrer. Le vote a porté sur les
deux volets, présentés comme
indissociables: non à la solution
du Parlement, avec
contre-proposition en faveur
du modèle de protection et de
consultation.
Mieux protéger la vie
Ce modèle, qui a le soutien
du Conseil fédéral, consiste en
une consultation obligatoire
de la femme souhaitant interrompre
sa grossesse dans un
centre agréé par l’Etat. Le
droit à l’autodétermination de
la femme enceinte est ainsi limité,
mais de manière «acceptable»,
selon le PDC, dans la
mesure où il améliore la protection
de la vie à naître, inscrite
dans la Constitution.
La solution du Parlement,
elle, abandonne totalement les
femmes à leur sort, affirme le
PDC. La discussion imposée
avec le gynécologue n’est
qu’un alibi, poursuit-il, et la situation
de détresse que doit invoquer
la femme n’a aucun caractère
contraignant sur le
plan légal: «C’est un subterfuge
destiné à rendre l’avortement
éthiquement correct».
Les femmes se rallient
Brigitte Hauser, présidente
(également sortante) du
groupe des femmes PDC, a
soutenu la position définie
hier. Ce groupe, qui s’était majoritairement
opposé au référendum,
peut aujourd’hui s’y
rallier du fait qu’il est accompagné
d’une initiative parlementaire
qui relance le
modèle de la consultation. A
noter que les sections du Jura,
de Vaud et de Genève avaient
fait part de leur opposition au
référendum.
Adalbert Durrer a tenu à
préciser que le référendum décidé
hier était assumé par le
PDC comme tel, qui ne s’associerait
pas avec d’autres opposants.
Allusion à l’UDC, qui a
également annoncé un référendum
mais sans contre-proposition:
c’est toute dépénalisation
de l’avortement qui,
dans ce parti, est combattue
par principe.
Vote incertain vendredi
Dans l’immédiat, il faut attendre
le vote final des
Chambres fédérales sur la solution
du délai, vendredi prochain
à Lugano. Au Conseil
des Etats, une surprise n’est
pas à exclure, le projet n’ayant
gnies aériennes déficitaires, clarifier
la stratégie et préparer
l’avenir sont quelques-uns des
défis qu’il devra relever.
D’autres responsabilités attendent
également le nouveau
chef du groupe: nommer un directeur
du secteur aérien (SAir-
Lines) – poste toujours vacant à
l’heure actuelle – constitue une
des premières priorités. Le journal
belge «L’Echo», dans son
édition de vendredi, indique
que tout porte à croire que
Christoph Müller, actuel patron
de Sabena, occupera cette fonction.
Décider si SAirGroup doit
poursuivre sur sa voie indépendante
ou rallier une grande alliance
internationale fait aussi
partie des urgences. Dans ce cas
de figure, OneWorld, sous la
houlette de Britsh Airways et
American Airlines, semble la
mieux placée.
Mario Corti (55 ans), au
conseil de SAirGroup depuis
avril 2000, est Tessinois d’origine,
né à Lausanne et Alémanique
par sa jeunesse. Diplômé
de Harvard, il a commencé sa
carrière au sein de la Banque
nationale suisse, puis à l’Office
fédéral des affaires économiques
extérieures (OFAEE),
dont il a été directeur-suppléant.
Action en hausse
Mario Corti quittera Nestlé
lors de son assemblée générale
le 5 avril. C’est Wolfgang Reichenberger,
47 ans, qui prendra
sa succession en tant que directeur
financier du numéro un
mondial de l’alimentaire.
Mario Corti donnera des informations
détaillées sur ses
projets lors de la conférence annuelle
de bilan de SAirGroup
agendée le 2 avril. En attendant,
l’annonce de sa nomination a redonné
des couleurs à l’action
SAirGroup. A la clôture, le titre
s’était apprécié de 7,66% à
193,25 francs dans un marché
en baisse de 2,3%./ats
passé que de justesse jusqu’ici.
Un rejet pourrait tenter
quelques hésitants, du fait
même de la contre-proposition
annoncée par le PDC.
Concernant la succession
d’Adalbert Durrer, démissionnaire
depuis jeudi, la présidence
du PDC a désigné en début
d’après-midi un groupe de
travail chargé de sonder les
candidats potentiels à l’élection.
Celle-ci aura lieu le 12
mai, lors d’une assemblée qui
se tiendra à Wil (Saint-Gall).
Le groupe est présidé par Peter
Hess, président du Conseil
national. FNU
Brigitte Hauser, présidente sortante du groupe des
femmes PDC, au côté d’Adalbert Durrer. photo Keystone
SAMEDI 17 MARS 2001
Elle démarre mal, la
campagne du 10 juin sur
l’armement des soldats
suisses à l’étranger. Christoph
Blocher et ses amis
combattent un projet qui
n’est pas celui du 10 juin.
A aucun endroit, il n’est
question d’adhésion à
l’Otan. Ce dont on parle,
c’est de mandats de l’ONU
ou de l’Organisation pour
la sécurité et la coopération
en Europe. Blocher et
les siens mentent.
Commentaire
Refus
d’entendre
Un article-clé exige: «La
participation à des actions
de combat destinées à imposer
la paix est exclue».
Christoph Blocher et les
siens l’ignorent, répètent
que les soldats suisses en
mission de paix seront fatalement
entraînées dans
la guerre. En fait, cet armement
– comme on l’a dit
cent fois – servira d’abord
à l’autodéfense des soldats.
Ce refus d’entendre
est consternant.
Quant aux massacres
que le projet promet aux
soldats suisses, ils sont absurdes.
Certes, les soldats
suisses courront, çà et là,
des risques. Mais ils seront
du même type que ceux des
collaborateurs du Comité
international de la Croix-
Rouge. Et puis, la participation
sera volontaire.
Le reproche adressé au
projet de bafouer la Constitution
ne vaut pas mieux.
«L’armée – proclame l’article
58 – contribue à prévenir
la guerre et à maintenir
la paix». En participant
à des missions de
paix dans des régions en
crise, l’armée suisse apportera
sa pierre. Et la
Suisse en sera, directement
ou indirectement, la
bénéficiaire. C’est si
simple.
En 1994, le projet de
corps suisse de casques
bleus était écarté par
57,2% du peuple. Le 10
juin, ce sera donc très
serré. Mais on peut demander
aux acteurs de
s’en tenir au vrai projet.
Ce serait la moindre des
choses. Georges Plomb
La Liberté
Lire page Suisse
Cannabis
Un kilo chez
les Mitterrand
Un kilo de résine de cannabis
et une importante somme
d’argent ont été saisis dans une
maison située à l’intérieur de
l’enceinte de l’ex-propriété de
l’ancien président François
Mitterrand, à Latche dans les
Landes, a-t-on appris hier
après-midi auprès de la gendarmerie
de Dax.
L’occupant de la maison, un
jeune homme de 21 ans, a été
interpellé, mis en examen et
placé sous mandat de dépôt
dans la nuit de mercredi à jeudi.
Ce jeune homme, explique-ton
de source judiciaire, est un
proche de la famille Mitterrand
qui est hors de cause. Le prévenu
a introduit la drogue dans
la propriété à l’insu des militaires
qui gardent toujours les
lieux.
Les gendarmes agissaient
dans le cadre d’une enquête
pour trafic de stupéfiants
concernant cinq autres personnes,
également placées sous
mandat de dépôt. Au domicile
de l’une d’elles, une infirmière
libérale de 48 ans, les enquêteurs
avaient trouvé dimanche
dernier 74 kilos de cannabis./ap