PUB
La Commission des droits de l’homme des Nations Unies ouvre sa session annuelle lundi à Genève. L’ambassadeur François Nordmann, qui dirige la délégation suisse, s’attend à six semaines difficiles et à des discussions serrées sur des thèmes très controversés. Eclairage ONU-Genève: <strong>du</strong>re session en perspective La Commission des droits de l’homme est l’un des piliers de l’ONU. La centaine de résolutions qu’elle vote chaque printemps sont loin d’être toutes suivies d’effets. Mais pendant six semaines les 53 Etats qui la composent n’échappent pas à la multitude de regards qui suivent leurs prises de position. «L’an passé, se souvient l’ambassadeur Nordmann, le climat était déten<strong>du</strong>. La session de cette année s’annonce plus <strong>du</strong>re.» Le chef de la délégation suisse pense, bien sûr, à la brève session spéciale d’octobre dernier convoquée à la hâte pour réagir aux événements qui agitaient Israël et les territoires palestiniens. A l’époque, son intervention n’était d’ailleurs pas passée inaperçue. L’idée de la Suisse était de rappeler les principes <strong>du</strong> droit humanitaire, en particulier le respect des personnes civiles dans les territoires occupés. «Notre position n’a pas changé, dit François Nordmann. Si cette déclaration a été remarquée, c’est parce qu’elle contrastait avec celle de gouvernements qui nous sont proches mais qui ne se prononçaient pas sur le fond.» Cette fois-ci, la délégation suisse prendra certainement position sur des questions comme le racisme, la torture, la peine de mort, le droit des enfants et autres. Elle sera également attentive aux débats sur des cas concrets, de l’Afghanistan à la Tchétchénie, sans parler <strong>du</strong> dossier chinois qui revient comme un rituel à chaque session. Bernard Weissbrodt SAMEDI <strong>17</strong> MARS <strong>2001</strong> MONDE <strong>17</strong> Arabie saoudite Les pirates mis hors d’état de nuire Les forces spéciales saoudiennes ont mis fin hier au détournement d’un avion russe sur Médine. L’assaut a fait trois morts, dont un pirate de l’air tchétchène. Les pirates réclamaient notamment la fin de l’intervention russe en Tchétchénie. «L’opération a été menée en un temps record», a indiqué le Ministère saoudien de l’intérieur à Ryad. L’assaut a été décidé «en accord avec les autorités russes», après que les pirates de l’air «eurent menacé de faire sauter l’avion», a ajouté le porte-parole. L’assaut Selon un responsable à l’aéroport de Médine, «des membres des forces spéciales se sont déguisés en agents d’entretien et en techniciens aéronautiques pour s’approcher de l’avion sans éveiller les soupçons des pirates de l’air». Certains d’entre eux ont même pu pénétrer à bord, sous prétexte de nettoyer l’appareil. L’attaque s’est soldée par la mort d’un pirate et deux otages. Il s’agit d’une hôtesse de l’air et d’un passager turc «tués à coups de couteau par les pirates de l’air», a indiqué à Moscou le bureau <strong>du</strong> conseiller <strong>du</strong> Kremlin pour le conflit tchétchène, Sergueï Iastrjembskiocu. Selon un haut responsable saoudien, «un des pirates a tué l’hôtesse de l’air au moment où les forces spéciales donnaient l’assaut à l’avion, les poussant à riposter et à l’abattre». Au moins deux passagers ont été blessés. Du côté des forces Proche-Orient Bouclage allégé Après un semblant d’accalmie, la tension est remontée d’un cran au Proche-Orient: alors qu’Israël a décidé hier d’alléger le bouclage des territoires, un Palestinien a été tué dans la bande de Gaza. Plusieurs autres Palestiniens ont été blessés. Le gouvernement d’Ariel Sharon a annoncé qu’il avait entrepris de lever les mesures de bouclage partout où le retour au calme était constaté. Mais elles seraient rétablies ponctuellement chaque fois que l’ordre serait de nouveau troublé. Le Ministère de la défense a ainsi annoncé que le pont Allenby, reliant la Cisjordanie à la Jordanie, serait rouvert à la circulation./afp-reuter Sur cette photo diffusée par la télévision saoudienne, on voit les passagers évacués à la hâte par les forces spéciales. photo epa spéciales, l’attaque n’a pas fait de victime. Une centaine de personnes étaient retenues dans l’appareil au moment de l’assaut. Les Russes ont proposé d’envoyer deux avions en Arabie saoudite. Le premier devra ramener les otages, atten<strong>du</strong>s aujourd’hui à Moscou. Le second devra récupérer les pirates de l’air, dont Moscou va demander l’extradition. Responsables tchétchènes L’ancien ministre de la sécurité <strong>du</strong> gouvernement indépendantiste tchétchène Aslanbek Arsaïev aurait participé au détournement, selon une Jordanienne qui se présentait comme une émissaire de la république autonome. Les deux Bagdad Attentat meurtrier Deux Irakiens ont été tués et plusieurs blessés dans l’explosion d’une bombe à Bagdad dans la nuit de jeudi à hier. L’engin a explosé peu après minuit dans une gare routière <strong>du</strong> centre de la ville, selon un porte-parole des services de sécurité irakiens. Toujours selon cette source, l’attentat n’était pas imputé à un groupe particulier. «Ces actes criminels et hors la loi, qui sont planifiés par des cercles bien connus liés aux sionistes et aux Américains, tentent désespérément de saper la constance de notre peuple», at-elle toutefois déclaré. C’est la deuxième explosion en un mois dans le même quartier de Bagdad./afp-reuter BRÈVES autres pirates seraient Soupiane Arsaïev, un frère de l’exministre, et son fils. La télévision saoudienne avait auparavant diffusé hier en fin de matinée des images de deux pirates de l’air en haut de la passerelle, sans les identifier. Le correspondant de l’AFP en Tchétchénie a reconnu Soupiane Arsaïev et son fils. Selon le Kremlin, c’est «le plus jeune» des trois pirates qui a été abattu. Les pirates de l’air avaient détourné un Tupolev 154 de la compagnie Vnoukovo jeudi matin après son départ d’Istanbul à destination de Moscou, avec 162 passagers et 12 membres d’équipage à son bord. Une quarantaine d’otages avaient ensuite été relâchés ou étaient Madrid Goussinski maintenu en prison L’Audience nationale, principale instance pénale espagnole, a décidé hier de maintenir en prison le patron de presse russe Vladimir Goussinski. Celui-ci y attendra une décision sur la demande d’extradition déposée à son encontre par la Russie. Arrêté en Espagne le 12 décembre sur ordre des autorités russes, Vladimir Goussinski avait d’abord passé dix jours en détention préventive. Il avait ensuite été libéré par le juge d’instruction Baltasar Garzon contre une caution de 6 millions d’euros et un strict contrôle judiciaire dans sa villa de la Costa del Sol. Il a été incarcéré à nouveau lundi à Madrid./afp parvenus à s’échapper par l’arrière de l’avion peu après son atterrissage. Revendication Les pirates de l’air, qui avaient placé un drapeau aux couleurs tchétchènes sur la porte de l’avion, exigeaient que Moscou entame des négociations avec les rebelles tchétchènes et retire ses troupes de Tchétchénie. Selon un responsable de l’aéroport, ils réclamaient aussi <strong>du</strong> carburant pour un trajet de 5000 km, sans indiquer clairement où ils comptaient se rendre. La présidence indépendantiste et la faction radicale des rebelles ont cependant nié toute implication dans le détournement./afp-reuter Macédoine La zone des combats s’étend La rébellion albanaise de Macédoine semble déterminée à porter les combats dans les principales villes <strong>du</strong> pays, bien que l’armée ait sorti l’artillerie lourde hier pour repousser les insurgés vers les régions frontalières <strong>du</strong> Kosovo. Une violence croissante qui fait craindre l’éruption d’une nouvelle guerre dans les Balkans. L’Otan soutient la Macédoine mais refuse d’intervenir, estimant qu’il s’agit d’affaires intérieures. «Je ne crois pas que le gouvernement de Skopje demande l’implication de l’Alliance», a déclaré le secrétaire général de l’Otan, George Robertson, en fustigeant toutefois l’action des extrémistes./ap France Une vingtaine de villes en balance Le second tour demain des élections municipales françaises sera le théâtre d’un nouvel affrontement droite-gauche. Une vingtaine de villes pourraient basculer, dont trois font figure d’enjeu national: Paris, Lyon et Toulouse. Dans les deux camps, la semaine a été consacrée au rassemblement des forces. Requinquée par sa bonne résistance et par des accords conclus in extremis, la droite espère conserver ses bastions. Après une série d’échecs, ce serait un bon signe pour elle, à un an de la présidentielle, qui doit opposer Jacques Chirac et Lionel Jospin. Ultime sondage L’enjeu principal est Paris, fief de Jacques Chirac de 1977 à 1995. Selon un sondage CSA publié par la «Tribune de Genève» (les sondages sont interdits en France à la veille d’un scrutin), la gauche plurielle gagnerait à Paris avec 49% des voix, mais en obtenant la majorité des sièges de conseillers de Paris. A Lyon, la droite est aussi entrée en résistance pour faire barrage au socialiste Gérard Collomb. Diabolisé en 1998 pour son accord avec le Front national, Charles Millon a imposé son retour au sein de l’opposition classique en concluant des accords de fusion avec le RPR Jean-Michel Dubernard. A Toulouse, la tâche est en revanche compliquée pour le centriste Philippe Douste-Blazy (UDF). L’ancien ministre de la Culture affronte le socialiste François Simon allié aux Verts et à des représentants de la gauche alternative. Ministres en difficulté Le premier tour a été riche en enseignements pour Lionel Jospin, dans la perspective des échéances de 2002. Les résultats de la gauche n’ont pas été à la hauteur de ses espérances. Plusieurs ministres ont été éjectés dès le premier tour. A Avignon, la socialiste Elisabeth Guigou a évité de justesse le KO, tout comme son collègue Pierre Moscovici à Montbéliard. Et Jack Lang est menacé à Blois par l’union de la droite. Quant à l’extrême droite, elle est sortie affaiblie mais pas laminée. Le FN a ainsi conservé Orange dès le premier tour. Demain, le Mouvement national républicain (MNR) de Bruno Mégret pourrait sauver ses deux mairies de Vitrolles et Marignane./afp-reuter