l' opportunite de la realisation d - Stop-THT

L’opportunité de la réalisation d’une ligne à très haute tension : l’exemple du projet COTENTIN-MAINE.MARIE GIRARDChapitre I.La réalisation du démonstrateur de type EPR : héritage du paradigme énergétique françaisLa question de la dépendance énergétique n’est pas nouvelle. Nombreux se sont attachés àétudier la déplétion du pétrole à plus ou moins long terme (Section I.) pour justifier le lancement oule maintien du programme électronucléaire (Section II.).Section I. Le déclin des énergies pétrolifères et le maintien de l’option nucléaireLes autorités politiques lèvent l’étendard du nucléaire à chaque crise énergétique. Le déclinde l’ère du pétrole (§I.) ainsi que l’emballement de la machine climatique (§II.) sont deuxarguments naturels pour justifier le maintien de l’option nucléaire ouverte.§ I. La réponse nucléaire à la volatilité des prix du pétroleNous sommes en plein milieu de l’ère du pétrole. Il est aujourd’hui possible d’anticiper ladate du pic de la production totale du pétrole. En effet, le « Peak Oil » a été dépassé en 2005 pourle pétrole conventionnel -principale ressource en hydrocarbures- et le sera en 2010 pour les autres-notamment les pétroles lourds et en eaux profondes, le pétrole polaire 27 . Malgré une pléthore denouvelles énergies (solaire, éolien, géothermie, énergie marémotrice, par exemple), la demande enpétrole n’a cessé d’augmenter, dépassant l’offre. Cette dissymétrie entre l’offre et la demande estdirectement à l’origine du déclin des énergies pétrolifères. La problématique de la déplétion dupétrole est au cœur de la gouvernance environnementale notamment en matière de politiqueénergétique. A cet égard, il est constant que l’enjeu économique du pétrole n’a nullement embrasséles grands enjeux environnementaux. En effet, ces derniers ont, au contraire, subi le contrecoup del’option unilatérale défendue par les différents gouvernements français : l’option du nucléaire. Eneffet, le 21 octobre 2004, Electricité de France (EDF) annonçait son intention de construire unréacteur nucléaire tête de série EPR (European Pressurized Reactor), à Flamanville dans la Manche.Il s’agit d’un réacteur de troisième génération conformément à la technologie de l’eau pressurisée.Ce troisième groupe de production d’électricité d’une puissance de 1600 MW vient s’ajouter à deuxgroupes déjà existants sur le site. En effet deux tranches nucléaires de 1300 MW ont été implantéeset raccordées au réseau en 1985 et 1986 28 . Etant précisé que malgré l’ensemble des critiquesformulées à l’encontre de ce nouveau réacteur, un second réacteur de ce type (ou deuxième, afinde laisser ouverte l’hypothèse d’une troisième installation) est en projet. En effet, pour répondre àla flambée des prix du carburant le Premier ministre FRANÇOIS FILLON annoncé le projet deconstruction d’un deuxième réacteur nucléaire de même type 29 . Cette annonce a été confortée parle Président de la République NICOLAS SARKOZY en juillet 2008 qui a affirmé à ce propos « L’ère dupétrole bon marché, c’est fini. Le nucléaire est plus que jamais une industrie d’avenir et une énergieindispensable » 30 . Le soutien à l’énergie nucléaire s’accroît donc. Certes, le lien entre le déclin desénergies pétrolifères et le maintien accru de l’option nucléaire peut sembler quelque peu absurde27 Le Monde Diplomatique, Atlas Environnement, Hors série Octobre 2007, page 18.28 Nouvel Observateur, « EPR : un réacteur pour rien ? », MICHEL DE PRACONTAL, 23 juin 2004.29 Journal Télévisé, FRANCE 2, 12 juin 2008.30 Article du Journal Libération, 13 juin 2008.14