Solidarité> FocusRevaison, école accessibleDes marches d’escaliers par dizaines, des sanitaires et des lavabostrop hauts, une absence de marquage au sol : comme beaucoup debâtiments construits il y a une quarantaine d’années, le groupescolaire Revaison était jusqu’à récemment difficile d’accès pourles personnes en situation de handicap, qu’elles soient élèvesou enseignants. Une réalité qui a changé cet été : « D’importantstravaux ont été réalisés pour rendre l’école primaire accessibleaux personnes handicapées », explique Corinne Dubos, ajointedéléguée aux travaux et au développement durable. « C’est uneaction qui fait suite au diagnostic réalisé en 2009 : Revaison est lapremière école entièrement aménagée, et d’autres vont suivre dansles années à venir. La prochaine sera sûrement Jules Ferry, et nousintégrons systématiquement la notion d’accessibilité dans les écolesqui vont être reconstruites, comme Édouard Herriot ou Mi-Plaine.Au final, c’est l’ensemble des groupes scolaires qui sera mis auxnormes petit à petit. ».Le choix de Revaison comme première école accessible n’est pasun hasard : une petite fille, Romane, âgée de 5 ans et demi, y afait sa rentrée en CP en septembre. Atteinte d’amyotrophie spinaleinfantile, une sorte de myopathie, Romane a peu de force dans lesmuscles et se déplace en fauteuil roulant électrique. Impossibledonc pour elle d’atteindre les étages sans ascenseur, d’utiliserles sanitaires inadaptés de ses camarades ou de prendre place àun bureau ordinaire. En contact avec les parents de Romane, laVille décide alors de prioriser cet établissement pour les travauxde mise aux normes. Après plusieurs semaines d’aménagements,l’école est rendue accessible : les interrupteurs sont rabaissés, lesquelques marches menant à la cantine sont remplacées par unerampe, des sanitaires adaptés sont construits et un bureau spécialest installé dans la salle de classe de la petite. Dernière étape encours, la mise en place d’un ascenseur menant à l’étage où se trouventla salle informatique et la BCD. En plus de ces aménagementsspécifiques aux personnes à mobilité réduite, un marquage au sola été réalisé à l’attention des malvoyants, pour rendre plus visiblesles déclinaisons de niveau. Un exemple à suivre pour les autresgroupes scolaires de <strong>Saint</strong>-<strong>Priest</strong>, afin que, comme Romane, tousles enfants puissent accéder dans les mêmes conditions à l’écolepublique.> Ce qu'ils en pensent« Romane a sa place dans cette école »Angélique Armenet, maman de Romane« Le groupe scolaire Revaison est notreécole de secteur, notre fille aînée y est déjàscolarisée, et il était normal que Romanes’y rende aussi. C’est certes une petitefille handicapée, mais elle est très vive,sociable, et elle aime apprendre. Elle avaiten plus déjà des copines là-bas, qu’elleavait rencontrées à la maternelle… Quandon a appris qu’un budget était alloué pourdes travaux d’amélioration de l’accessibilité,on a pris contact avec la Ville pour êtresûrs que les aménagements seraient compatiblesavec la situation de Romane. Lestravaux ont été réalisés en collaborationavec l’ergothérapeute qui suit notre fille,et avec Romane elle-même, qui a pu choisirla couleur des murs de ses sanitaires ! Ona senti la volonté et la chaleur humainederrière cette initiative, ce n’était pas justeune question de budget et de travaux. C’estun combat de scolariser Romane avec lesautres enfants, ça nécessite des aménagementset des démarches (elle est accompagnéed’une auxiliaire de vie scolaire toutela journée), mais elle y a droit comme tousles enfants. Et elle y est bien, tout le mondela connaît et l’accepte comme elle est… enremarquant qu’elle a toujours le sourire ! »Romane suit la classe accompagnée de sonauxiliaire de vie scolaire Sandrine.Dans la cour de l’école, Romane est une petitefille comme les autres qui joue avec ses copines.Une rampe a été installée pour permettrel’accès à la cantine.22
Paroles de spécialisteEnfants en difficulté :l’alternative SiteppRepli sur soi, problèmes de concentration,agressivité, difficulté à respecter lecadre… Les troubles psychologiques susceptiblesde toucher les enfants et adolescentssont variés. Quand ils atteignentune intensité qui entrave l’intégrationscolaire et sociale du jeune, l’orientationvers un établissement médico-socialpermet une prise en charge scolaire, éducativeet thérapeutique adaptée. Depuisla rentrée <strong>2010</strong>, deux établissementsspécialisés accueillent dans l’enceinte dugroupe scolaire Jules Ferry les élèves endifficulté de <strong>Saint</strong>-<strong>Priest</strong> et des communesvoisines. Le Sessad et l’Itep sont réunisdans une même structure, le Sitepp (serviced’interventions thérapeutiques éducativeset pédagogiques de proximité),que nous présente son directeur DenisPedrocchi. Qu’est-ce qui a motivé l’ouverture deces structures d’enseignement spécialiséà <strong>Saint</strong>-<strong>Priest</strong> ?Le Sessad de Vénissieux recevait de plus en plusde demandes pour des enfants habitant <strong>Saint</strong>-<strong>Priest</strong>, Mionsou Corbas.La nécessitéd’une nouvellestructure deproximité sefaisait sentir.L’Associationdépartementale pour la sauvegarde de l’enfanceet de l’adolescence (ADSEA) du Rhône abénéficié du soutien de la Ville de <strong>Saint</strong>-<strong>Priest</strong>,qui a mis à sa disposition des locaux rénovéspour ouvrir un Sessad accueillant 10 enfantsde 6 à 14 ans, et un Itep accueillant 10 enfantsde 8 à 12 ans.Le directeur Denis Pedrocchi (en beige,à droite) entouré de l’équipe du Sitepp. Comment se prend la décision d’orienterun jeune vers le Sessad ou l’Itep ?Les enfants sont repérés dans le milieu scolaire,souvent à cause des troubles du comportementqu’ils expriment et qui sont les symptômes dedifficultés psychologiques plus profondes. Aprèsun entretien avec le médecin ou psychologuescolaire, leur dossier est orienté avec l’accord desparents vers la Maison départementale des personneshandicapées. C’est ensuite la Commissiondes droits et de l’autonomie des personnes handicapéesqui prononce l’orientation vers un établissementspécialisé, de type Sessad, Itep ou autre. Quelle est la composition de l’équipequi suit les jeunes du Sessad et de l’Itep de<strong>Saint</strong>-<strong>Priest</strong> ?Les enfants sont encadrés exclusivement par desprofessionnels diplômés : des éducateurs spécialisés,une psychologue, une psychomotricienne,une assistante sociale et un enseignant. L’équipeest soutenue par une chef de service, une secrétaireet moi-même, qui assure la direction duSessad de Vénissieux et du Sitepp de <strong>Saint</strong>-<strong>Priest</strong>.Nous travaillons aussi en forte relation avec lafamille des enfants : des échanges réguliers avecles parents sont nécessaires pour assurer lacontinuité du travail et des progrès des élèves.Des ateliers manuels permettent de travailler sur les compétences et lesdifficultés des enfants. Ici, Kenny, 10 ans, avec son éducateur David.> Pour mieux comprendreLe Sessad : une aideà l’intégration scolaireLe Sessad (service d’éducation spécialeet de soins à domicile) propose unaccompagnement de l’enfant dans sonenvironnement. « Les enfants inscrits auSessad sont scolarisés dans un établissementclassique mais ont des difficultés.L’équipe du Sessad suit l’enfant dansson environnement personnel et scolaireet, en parallèle, les élèves se rendentdeux ou trois fois par semaine dans noslocaux pour rencontrer les médecins oupour des ateliers médiatisés », expliquela chef de service du Sitepp SophieLavaud. Suivi psychologique, aide auxdevoirs ou à l’organisation, ateliers pratiquespour exprimer les difficultés etles compétences de l’enfant, relais avecles parents… l’équipe du Sessad intervientde manière adaptée aux besoinsde chaque élève, pour lui permettre desuivre au mieux sa scolarité.L’Itep : un enseignementspécialiséL’Itep (institut thérapeutique éducatif etpédagogique) prend en charge les enfantsqui ne peuvent pas rester dans un circuitscolaire ordinaire. En plus du suivi thérapeutiqueet pédagogique, les élèves del’Itep bénéficient d’un programme scolaireadapté dispensé par un enseignant spécialisé.Si l’objectif à terme est de réintégrerles élèves dans un milieu scolaireordinaire (par exemple en classe SEGPAou à mi-temps avec un suivi en Sessad),le chemin est difficile : « Pour ces enfantsqui vivent mal leur situation d’échec, lefait de se sentir écoutés et entourés estdéjà source de progrès, confie SophieLavaud. Le retour à la scolarité classiquen’est pas toujours possible, mais il restenotre but. Et avec le Sessad situé dans lemême établissement, des passerelles vontpouvoir se construire pour accompagner laréintégration des élèves ».23