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ces - Archives du MRAP

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IIINl CHAUFaussesréformes,vraiesvictimes:le régimede Pretoriaaledosau mur,ce qui le rendencore plusdangereux.Johannesburg,août 84,jourd'électionsvorables au maintien de cette interdiction.(Le Monde, 22-08-84).Sans présenter l'ex-nazi Bothacomme un libéral, on ne peutcomprendre la situation en Afrique<strong>du</strong> Sud sans admettre quepour une bonne partie de lapopulation blanche, il est allé aubout des con<strong>ces</strong>sions possibles.Echec <strong>du</strong> simulacre d'ouverture,poussée de la population noire,exacerbation des résistan<strong>ces</strong> dansla population blanche, la RSA estune cocotte minute dont la soupapede sécurité vient de se boucher.Reste à ouvrir le couvercle.Depuis quelques années, le Gouvernementde la RSA a comprisque son salut est à l'extérieur. Il apartiellement réussi à se débarrasserde la pression des pays dela ligne de front, surtout <strong>du</strong>Mozambique, en profitant deleur faiblesse économique pourarracher des con<strong>ces</strong>sions. Enmême temps, le Premier ministrea entrepris une opération desé<strong>du</strong>ction envers les pays occidentaux,avec une longue tournéeen Europe au mois de juin.Le Gouvernement français n'apas réagi avec la fermeté qu'onattendait de lui, puisqu'au bout<strong>du</strong> compte, le secrétaire d'Etataux Anciens combattants, JeanLaurain, s'est retrouvé côte-àcôteavec M. Botha pour inaugurerun monument aux morts sudafricainsde la dernière guerre(voir encadré). Après les émeutes<strong>du</strong> début septembre, Lionel Jospina déclaré à Nairobi que leParti socialiste « continuerait defaire pression sur les entreprisespour qu'elles diminuent leursinvertissements en RSA, et, sipossible, qu'elles <strong>ces</strong>sent d'enfaire ». L'affaire récente dessous-marins laisse toutefois planerun doute sur la validité d'unetelle affirmation (voir encadré).Il convient aux pays in<strong>du</strong>strialisésde couper le feu sous la cocotte.En n'apportant aucun soutienextérieur au Gouvernement dePretoria. Toute considérationhumanitaire mise à part, le problèmede l'apartheid, c'est quec'est un régime qui n'est pas viable,qui ne peut s'acheminer quevers sa propre destruction, saufsurvie artificielle de l'extérieur.Reste à éviter la destruction sanglante.Seules l'ANC et les organisationsde l'UDF souhaitentl'établissement d'une sociétémultiraciale à égalité des droits.C'est là qu'il faut chercher lesfor<strong>ces</strong> de paix de l'Afrique australe.Jean ROCCIA(1) United Democratie Front.(2) République sud-africaine.(3) Beaucoup d'enfants noirs, enretard scolaire, doivent quitter l'écoleà cause d'elle. Rappelons que l'Etatdépense huit fois plus pour un écolierblanc que pour un noir.(4) Banlieues noires.(5) Le 21 mars 1960, la répressiond'une manifestation à Sharpevillefaisait 69 morts. La date a depuis étéchoisie par l'ONU comme celle de lajournée internationale de lutte contrele racisme.Sharpeville, banlieue <strong>du</strong> Cap,3 septembre: des enfantsnoirs dispersés à coup defouet, le macadam qui brûle, descadavres, noirs, daris les rues.Le plus symbolique de tout ça,c'est sans doute les coups defouet. Les brigades anti-émeutes<strong>du</strong> gouvernement de Pretoriasont sur-entraînées, on ne peutattribuer l'utilisation de cet instrumentà l'impéritie de for<strong>ces</strong> del'ordre prises au dépourvu. Lemessage est très clair, esclavesvous êtes, esclaves vous resterez,et si vous protestez, c'est le fouet,en attendant les balles. Esclaves.vous resterez: la nouvelle constitutionde la République sudafricaine,votée, par les Blancs,en novembre 1983, vient confirmercelle de 1910, qui avait institutionnalisél'apartheid. LesNoirs, 73 % de la population,restent à l'écart de tout. Pretoriaa simplement tenté de séparerd'eux les Métis et les.Indiens, respectivement2,8 millions et900 000 personnes, en leuroctroyant deux Chambres.Bien sûr séparées <strong>du</strong> parlementblanc, les deux Chambres,indienne et métisse statueraientsur les affaires concernant lesdeux communautés. A charge,simplement, pour le Président dela République, en l'occurencePieter Botha, naguère Premierministre, et plus anciennementpro-nazi, de décider ce qui lesconcerne ou pas.Les grandsmoyensUne stratégie vieille comme lemonde, isoler les Noirs pourmieux les contenir. « Partager lepouvoir, dit un universitaireblanc, pour ne pas perdre lecontrôle ».L'échec est total, d'ailleursreconnu par M. Botha. L'UDF(1), organisation récente quiregroupe désormais plus de 700organisations anti-apartheid,avait appelé Indiens et Métis auboycott. Pour son président, ondevait considérer qu'une participationsupérieure à 25 % seraitun succès pour le Gouvernement.Celui-ci n'a pas lésiné sur lesmoyens: emprisonnement desleaders pendant la campagnepour le boycott, pressions sur lesélecteurs à qui on a fait croirequ'ils perdraient leur pension,voire leur maison, s'ils nevotaient pas.En pure perte. 17 % de participationpour les Indiens, 18 % pourles Métis. Les élus représentent5 % de la population. Deuxdéputés <strong>du</strong> Cap ont été respectivementélus avec 118 et 115 voix.L'analyse même <strong>du</strong> calcul <strong>du</strong>taux de participation est significative: on peut dire, sans exagération,que la minorité blancheen RSA (2) refuse de regarder laréalité de son pays en face. Pource faire, elle est obligée de sementir à elle-même. Pour obtenirun taux de participation officielde 28 %, on s'est basé sur leschiffres <strong>du</strong> recensement de ... 1980,alors qu'on reconnaît par ailleurstout aussi officiellement, que lapopulation métisse a augmentédepuis de près de 300 000 personnes,ce qui, au total, donne 10 %d'écart au score final de participation.Autre tentative, celle-là plusancienne, autre échec de l'apartheid: de façon tout à fait cynique,on pourrait imaginer que leseul régime au monde à avoir institutionnaliséle racisme depuis1945 pourrait se maintenir, eneffectuant une percée économiquetelle qu'elle émousse lesdésirs d'indépendance des populationsmaintenues dans l'esclavage.C'est ce que tente de fairePretoria depuis quelques annéesen s'appuyant sur une infimebourgeoisie noire qui collaboreavec elle.A coups de fouetsMais cette minorité est complètementisolée <strong>du</strong> reste de la population.Quand le maire noir deSoweto, M. Tshabalala, millionnaireélu en 1983 avec 10 % dessuffrages, invite l'épouse de M.Botha a visiter une crèche entredeux haies de chiens po~iciers, il ya moins de cent personnes à lacérémonie. Pendant les dernièresémeutes, le maire-adjoint deSharpeville a payé de sa vie sacollaboration. Quand au progrèséconomique, la RSA vit une tellecrise que les autorités ont dû augmenterles loyers des ghettosnoirs de la banlieue, en sachantparfaitement à quelles protestationselles s'exposaient.Troisième échec, la tentatived'isolement de l'ANC. « Sil'UDF organisation légale, n'apas de rapports avec elle, l'ANCne jouit pas moins d'un prestigegrandissant dans la populationnoire» nous disait récemment JoGele, un de ses dirigeants.La stratégie de la porte étroite acomplètement échoué. Pretoria aentrouvert la porte à certains,mais bien peu veulent la franchirà <strong>ces</strong> conditions. Face à cela, il ya les for<strong>ces</strong> qui poussent. On a vule succès de la campagne pour leboycott. On a vu le succès de lagrève des cours par les lycéens,qui ré~lamaient des conseilsreprésentatifs, la fin des châtimentscorporels, et la suppressiondes limties d'âge (3). Lemouvement a affecté plus de 30écoles secondaires noires, puishuit universités, 40 000 personnes.Aux défilés ont succédé lesarrestations, les dispersions àcoup de fouet. Sept morts enquelques jours, suivis par lesmassacres <strong>du</strong> début septembre,quand les populations des townships,(4) dont Sharpeville (5) sontdescen<strong>du</strong>es dans la rue pour protestercontre la hausse des loyers.Une trentaine de morts en tout,les hélicoptères, les blindés, lesballes de caoutchouc puis les ballesréelles. La répression la plussanglante depuis Soweto, en1976. 73 % de Sud-Africains quivotent avec leur sang, seul moyenqui leur est laissé.Face à <strong>ces</strong> for<strong>ces</strong> qui poussent,des for<strong>ces</strong> qui résistent: l'opinionblanche d'Afrique <strong>du</strong> Sudest constamment maintenue parles medias en état de siège,d'hystérie permanente. Il en faut,<strong>du</strong> travail idéologique, pour faireconsidérer comme normal le faitde ne pas poser ses fesses sur lemême banc qu'un Noir. Sur lechapitre hautement symboliquedes relations sexuelles, un sondagerécent montrait que 80 %des Afrikaners sont favorables aumaintien de l'interdiction desrelations sexuelles interraciales.Sans compter les dissensions àl'intérieur même de cette minoritéblanche, puisque seulement40 % des Anglophones sont fa-LAMÉMOIRECOURTEJuin 1984 dans la Somme. Pieter Botha, membre d'un mouvementpro-hitlérien en 1940, vient s'incliner devant un monumentaux morts sud-africains pendant la deuxième guerre mondiale.Sur la stèle sont gravés les noms et prénoms des combattantstués. Quand il y a seulement inscrit «soldatsud-africain », c'est que la victime était noire. Donc n'avait pasde nom.En juillet le <strong>MRAP</strong> demande « s'il est vrai que les négociationssont en cours pour la livraison de quatre sous-marins nucléairesà l'Afrique <strong>du</strong> Sud ».Claude Cheysson, ministre des Relations extérieures, et leschantiers Dubigeon démentent catégoriquement. D'après <strong>ces</strong>derniers, le matériel militaire ne peut être construit que par lesarsenaux militaires. C'est oublier que les mêmes chantiers ontdéjà construit des sous-marins, bâtiments rarement civils, pourl'Afrique <strong>du</strong> Sud. D'autre part, des informations complémentairesindiquent qu'il s'agit non d'en construire, mais d'en faireréparer quatre non-nucléaires il est vrai, réparations que leschantiers navals espagnols de Cartagena ont refusé d'effectuer,aunom de la lutte contre l'apartheid. On attend encore des précisionsdes chantiers Dubigeon.6DUféren<strong>ces</strong> - N ° 38 - Oelobre 19847

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