Samuel PERICHONun patronyme ou un lieu, chose inédite dans les formes anciennes. <strong>Les</strong> épithètessont révélatrices <strong>de</strong> l’attention portée à c<strong>et</strong> arbre; elles insistent sursa longévité <strong>et</strong> son port majestueux : le Gros Chêne (Amanlis, Bazouges-la-Pérouse, Cornillé), le Beau Chêne (Bain-<strong>de</strong>-Br<strong>et</strong>agne, Corps-Nuds, Crevin),le Chêne droit (Melesse), le Chêne rond (Lalleu). La mort <strong>de</strong> l’arbre estconsacrée dans : le Chêne sec (Iffendic), le Chêne mort (Langon).Figure 4 – La toponymie <strong>de</strong>s plantes <strong>de</strong> haieLe mot nois<strong>et</strong>ier a longtemps été précédé par coudre ou coudrier quin’est autre que la déformation du latin corylus 9 . En Ille-<strong>et</strong>-Vilaine, les toponymesprivilégient uniquement les dénominations anciennes, c’est-à-dire9. BROSSE, Jacques, <strong>Les</strong> Arbres <strong>de</strong> France, De Bartillat éd., 1995, 223 p.16
<strong>Les</strong> <strong>noms</strong> <strong>de</strong> <strong>lieux</strong> d’origine végétale en Ille-<strong>et</strong>-Vilainecelles antérieures au début du XVI e siècle 10 , ce qui fournit peut-être un élément<strong>de</strong> repère. L’arbrisseau est nommé Coudray en Bain <strong>de</strong> Br<strong>et</strong>agne, Bainsur-Oust,Bais, <strong>et</strong>c. <strong>et</strong> Coudre en Chauvigné, Feins, Guignen, <strong>et</strong>c.; la plupart<strong>de</strong>s <strong>noms</strong> prennent position autour <strong>de</strong> Baulon, Bruz <strong>et</strong> Moulins (Figure 4).L’aubépine pose <strong>de</strong>ux sérieux problèmes : premièrement il est certainque son influence est bien supérieure au chiffre avancé car celui-ci ne prendpas toujours en compte les <strong>bois</strong>ements linéaires qu’elle compose, en particulierles Plessi(s/x); <strong>de</strong>uxièmement la plante n’est pas l’unique épineux<strong>de</strong>s campagnes <strong>de</strong> haute Br<strong>et</strong>agne. Dans notre étu<strong>de</strong>, nous avons décidéd’en faire un terme générique. Deux formes ont été confondues : (l’)Épinay<strong>et</strong> l’Épine. La plus ancienne compte sept toponymes dont cinq localisésdans le nord-est : Bazouges-la-Pérouse, Billé, La Bazouge-du-Désert,Montreuil-sur-Ille, Saint-Broladre (Figure 4). La secon<strong>de</strong>, plus variée, fixel’Épine (Ercé-près-Liffré, Plerguer, Saint-Armel, Saint-Marc-sur-Couesnon),la Haute Épine (Goven, Janzé), Bourg l’Épine (Louvigné-du-Désert), l’Épinerouge (La Bouexière), <strong>et</strong>c. Leur diffusion profite une nouvelle fois au nor<strong>de</strong>st.les Épin<strong>et</strong>tes (Domalain, Ercé-en-Lamée), Épineu (Bourg-<strong>de</strong>s-Comptes),les Épiniaux (Pancé), Épiniac <strong>et</strong> Fleurigné « haie d’aubépines » confortentla bonne place <strong>de</strong> l’arbuste.La Houssais (Bain-<strong>de</strong>-Br<strong>et</strong>agne, Domloup, Landavran, <strong>et</strong>c.), La Houssaie(Saint-Pierre-<strong>de</strong>-Plesguen, Tremblay, Ven<strong>de</strong>l), la Houssaye (Iffendic, Redon),le Houssay (Livré-sur-Changeon), les Houssais (Muel) témoignent <strong>de</strong> l’existencepassée du houx aux sites mentionnés. D’autres comme les Houssines(Ercé-en-Lamée) peut-être la Houssinais (Guichen) se réfèrent à une activité<strong>de</strong> production <strong>de</strong> balais. Le nom actuel est inhabituel mais fréquemmentcombiné avec une information religieuse la Croix du Houx(Paimpont), botanique le Houx vert (Châteaubourg) ou géographique leBois le Houx (Luitré). La répartition spatiale <strong>de</strong>s <strong>noms</strong> <strong>de</strong> houx dégage unezone d’une vingtaine <strong>de</strong> kilomètres autour <strong>de</strong> Livré-sur-Changeon (Figure 4).Le mot hêtre vient du germanique heister, lequel serait à rapprocher d’unmo<strong>de</strong> <strong>de</strong> gestion particulier <strong>de</strong> l’arbre 11 . Ce qui explique pourquoi, avantle XIII e siècle, il est anormal <strong>de</strong> le rencontrer sous c<strong>et</strong>te forme. Orthographiéhaistre en ancien français, le mot a eu peine à se détacher <strong>de</strong> son sens leplus ancien : un <strong>bois</strong>ement en taillis. L’étymologie latine en a longtemps tiréprofit, les fou, fouteau ou fousteau désignaient alors les hêtres <strong>et</strong> les hêtraies.Nous en r<strong>et</strong>rouvons la trace en Val d’Izé, Pipriac, Guignen <strong>et</strong> dans Thorigné-Fouillard. Selon les époques <strong>et</strong> les régions, ces dénominations se sont modifiées,produisant un grand nombre <strong>de</strong> variantes, telles (le) Fay<strong>et</strong> (Andouille-Neuville, Ercé-en-Lamée, La Couyère), Fayelle (Bourgbarré, Châteaubourg),le Fail (Romillé), le Faux (Sixt-sur-Aff), le Champ du Feu (Saint-Gilles), le Bois<strong>de</strong> Beaufeu (Val-d’Izé), la Ville au Feu (Baguer-Morvan), le Moulin du Feu(Balazé), la Lan<strong>de</strong> du Feu (Corps-Nuds) ou le Feugérard (Sens-<strong>de</strong>-Br<strong>et</strong>agne).10. BROSSE, Jacques, Larousse <strong>de</strong>s arbres <strong>et</strong> <strong>de</strong>s arbustes, op. cit.11. BROSSE, Jacques, <strong>Les</strong> Arbres <strong>de</strong> France, op. cit.17