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Les noms de lieux signalant des bois, des landes, des haies et des ...

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Samuel PERICHONle Mail est un toponyme qui alimente quelques débats. Deux thèses s’affrontent: l’une validée dans la plupart <strong>de</strong>s ouvrages, rapproche mail dulatin malleus « marteau, maill<strong>et</strong> »; <strong>de</strong> sorte que le mail serait « une promena<strong>de</strong>publique où l’on jouait au mail » (Larousse); l’autre 12 , moins convaincante,l’associerait au Mai, pratique consistant à planter le jour du 1 er maiun arbre vert <strong>et</strong> enrubanné en l’honneur <strong>de</strong> quelqu’un. Le hêtre a été, il estvrai, mais au même titre que le peuplier, le chêne ou le platane – <strong>et</strong> c’est làl’une <strong>de</strong>s lacunes dans l’argumentaire en faveur d’un lien entre la plante <strong>et</strong>le toponyme – un arbre apprécié pour ces célébrations populaires. De touteévi<strong>de</strong>nce, il est excessif d’apparenter le Mail Lance (Noyal-Châtillon-sur-Seiche) ou Maille (Acigné) au hêtre.Au regard <strong>de</strong> son importance dans le paysage, la rar<strong>et</strong>é du châtaigniera <strong>de</strong> quoi surprendre (Annexe, tableau 5). Elle surprend beaucoup moinsquand on connaît son aire endémique : Europe méditerranéenne, Asiemineure <strong>et</strong> Caucase. Dans le département, la plante a quatre <strong>noms</strong> : Chatain(Saint-Sulpice-<strong>de</strong>s-Lan<strong>de</strong>s), Chanay (Tremblay), (le) Chatenay [Cornillé,Corps-Nuds (2), Orgères, Paimpont] <strong>et</strong> Châtaignier (La Bouëxière, Saint-Just) ou Châtaigneraie [Sixt-sur-Aff (3)]. La localisation <strong>de</strong>s formes récentesatteste la préférence méridionale <strong>de</strong> l’arbre, zone plus propice à son acclimation(ensoleillement <strong>et</strong> qualité <strong>de</strong>s sols).•L’examen <strong>de</strong> la toponymie <strong>de</strong>s plantes ligneuses <strong>de</strong>vait nous perm<strong>et</strong>tre<strong>de</strong> mieux connaître le paysage végétal à <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s fort anciennes. Pource faire, il faut se gar<strong>de</strong>r <strong>de</strong> tomber dans les pièges <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te science; l’origined’un lieu-dit est une chose, dater son installation en est une autre bienplus périlleuse, car quantité <strong>de</strong> <strong>noms</strong> issus <strong>de</strong> langues mortes ont été établisdurant le Moyen Âge.Au vu <strong>de</strong>s données exploitées, l’Ille-<strong>et</strong>-Vilaine était alors abondammentpeuplée <strong>de</strong> bosqu<strong>et</strong>s : près <strong>de</strong> la moitié <strong>de</strong>s phytotoponymes y font référence.La zone se caractérisait aussi par l’étendue <strong>de</strong>s terres <strong>de</strong> lan<strong>de</strong> <strong>et</strong>l’installation <strong>de</strong>s premières <strong>haies</strong> bocagères. En bordure <strong>de</strong> Manche, toutefois,le territoire s’ouvrait sur <strong>de</strong>s espaces maritimes ne laissant que peu<strong>de</strong> prise aux végétaux ligneux. <strong>Les</strong> recherches étymologiques ont égalementapporté <strong>de</strong> précieux enseignements. Dans bien <strong>de</strong>s cas, en datant, dumoins grossièrement, l’installation <strong>de</strong>s <strong>noms</strong>, nous avons confirmé la thèsed’Alain Roger sur la subjectivité du regard; la cartographie n’a fait que lapréciser en dégageant <strong>de</strong>s faits territoriaux. L’analyse <strong>de</strong>s associationsd’idées a mis en lumière une lente évolution dans la manière dont les populationsappréhendaient les plantes, se les appropriaient ou non. Le tout apermis d’isoler <strong>de</strong>ux paramètres dans la désignation <strong>de</strong>s <strong>lieux</strong> <strong>de</strong> sociabilité: le premier relève du déterminisme physique, le second <strong>de</strong> l’intensitédu lien social entr<strong>et</strong>enu avec les végétaux, l’un <strong>et</strong> l’autre intervenant à <strong>de</strong>s<strong>de</strong>grés variables selon les essences <strong>et</strong> les régions.12. DOMONT, Philippe, MONTELLE, Édith, Histoire d’arbres, <strong>de</strong>s sciences aux contes,Delachaux <strong>et</strong> Niestlé/Office Nationale <strong>de</strong>s Forêts.18

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