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Avril 2005 - Orsay

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6D’HIER & D’AUJOURD’HUITémoignage d’un rescapé des«Voilà 60 ans, l’Europe découvrait l’horreur descamps d’extermination nazis. Nous avons demandé àun Orcéen, bien connu dans notre cité, de nous écrireces lignes, pour ne jamais oublier.Dernier rescapé des camps de la mort, il a tenu àrester anonyme en hommage aux millions de mortsanonymes de la Shoah.Il y a soixante ans, les premierssurvivants des camps de la mortétaient de retour. L’état squelettiquede ces êtres, au visage hagard, auxquelsla mort avait accordé un sursis,était la preuve vivante des sévicessubis par 6 millions d’hommes, defemmes et d’enfants innocents.Durant mille jours et mille nuits, lesconvois de toute l’Europe occupéepar l’Allemagne hitlérienne drainèrentvers les chambres à gaz et les crématoiresd’Auschwitz les victimes dugénocide, arrachées aux ghettos etaux camps de transit.Soixante-seize mille juifs –dont onzemille enfants- furent déportés deFrance. Deux mille cinq cents revinrent,orphelins de père et mère, defrères, de sœurs, orphelins de tout.C’était surtout des jeunes qui avaientle mieux résisté aux privations et à larigueur du froid de la Haute Silésie.Aujourd’hui, environ cinq cents sontencore vivants pour témoigner de labarbarie nazie.Au delà des mots qui ne peuventexprimer l’innommable et des formulesà l’emporte pièce des négationnistescontre toutes les preuves matériellesauthentiques, je voudraisapporter un témoignage personnel demon vécu dans les camps de la mort.Alors que nous étions parqués aucamp de Drancy, le 7 décembre 1943l’ordre fut donné de constituer leconvoi n°64. Nous étions mille entasséscomme du bétail dans deswagons à bestiaux, sans nourriture niboisson. Un seau dans un coin duwagon, pour tout sanitaire, pour unecentaine de personnes pendant les 3jours et 3 nuits que dura le voyage.Arrivés à Auschwitz,exténués et affamés,le train s’arrêta dansune voie de garageen rase campagne.Nous devions évacuerrapidement lewagon à l’aide derampe, sous les hurlementsdes chienset nous mettre enrangs par deux. UnSS et un interprèteprocédaient à unepremière sélection.Mon père qui était àma droite fut dirigé vers un groupe àdestination des chambres à gaz. Etmoi vers un autre groupe devantconstituer une main d’œuvre bon marchépour le complexe chimique IGFarben.Après la sélection, on nous transféra aucamp de Buna-Monowitz situé àquelques kilomètres. On nous dirigeavers un bâtiment où des détenus entenue de pyjama étaient chargés derécupérer nos vêtements civils et toutce que nous possédions (argent,montre, lunette etc.). Nus comme unver, nous étions tondus de la tête auxpieds, puis nous devions attendredehors par –20°C, que les premierstondus soient passés à la désinfection.Cela consistait à nous immerger complètementdans un bassin rempli d’un© Élisa Rakliquide désinfectant nauséabond quidonnait envie de vomir. Mais nousavions l’estomac vide et rien ne passait.En quelques heures nous avions basculédans un autre monde, un mondede l’horreur. Puis vint la séance detatouage. C’est un détenu qui futchargé de l’opération qui consistait àtatouer un numéro sur l’avant-brasgauche. En décembre 1943, nous enétions, pour les hommes, à un numéroà 6 chiffres. Là, nous avions le sentimentde perdre notre propre identitépuisque nous étions marqués commedu bétail. Enfin, on nous transféradans une grande baraque en bois quiétait le bloc de quarantaine avantd’être affecté à un bloc définitif. Nousdormions sur des paillasses posées àmême le bois de lits superposés àtrois niveaux.Quel fut le quotidien d’un détenu àBuna-Monowitz ?Réveil à environ 5 heures du matin.Distribution d’une ration de pain noiraccompagné d’un carré de margarine(je ne voudrais pas oublier de mentionnerque le soir, à notre retour, onnous servait une gamelle de soupe oùsurnageaient des herbes et quelquesdébris de pommes de terre). Puis rassemblement,en rang par cinq, sur la

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