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Document - protocoles meta

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Sophie WahnichDans le mouvement indiciaire de la forêt des corps…Congrès à géométrie inverseCompte renduDans le mouvement indiciaire de la forêt des corps, Sophie Wahnich propose trois clairières de débroussaillage pourmieux rencontrer les <strong>protocoles</strong> de déplacement et d’agora qu’elle a expérimentés.1. Clairière « foule »Mais comment la foule est-elle devenue cet objet haïssable ? Se demanda Alice. (A moins que ce ne soit cet autre personnagebritannique, Robert Catesby ou Guy Fawkes. Non c’est « V » je crois, qui se posa cette question).Alice aimait l’ivresse de la foule, elle aimait sentir cette anomie qui la laissait s’évanouir dans la tranquillité de l’anonymecirculation des corps. Elle aimait sentir cette présence mutuelle et pourtant si lointaine. Ce n’était pas encore unélan d’amour, mais cela y ressemblait déjà. Une douce dissolution.Hyppolite détestait cette ivresse. Elle annonçait ce qu’il redoutait le plus, le désordre des corps, des gestes, des mœurs,peut-être même la dissolution de toutes les classes... « Comme sur un radeau de naufragés sans vivres, l’homme perddans la foule le mince tissu d’habitudes et d’idées raisonnables dans lequel la civilisation l’enveloppait. » Désormaisce qui règne en lui c’est le besoin animal, l’instinct alarmé. Il se souvenait des hommes révolutionnaires et un effroirétrospectif lui glaçait les neurones. « Prenez des femmes qui ont faim et des hommes qui ont bu, mettez en milleensemble, laissez les s’échauffer par leurs cris, par l’attente, par la contagion mutuelle de leurs émotions croissantes,au bout de quelques heures, vous n’aurez plus qu’une cohue de quelques fous dangereux ! »Hyppolite était fort écouté par Gustave. Il fit une théorie psychologique des foules qui prenait appui sur lessensations et les jugements moraux de son ami. Sigmund plus tard, lut très attentivement Gustave. Il retrouvaAlice et ses élans amoureux.Alors que Gustave compare la foule à un être primitif et sauvage, capable des pires cruautés et férocités,Sigmund, souligne plutôt son ambivalence. « Alors que l’activité intellectuelle de la foule se situe toujours très au-dessousde celle de l’individu isolé, son comportement éthique peut tout aussi bien s’élever très au-dessus de ce niveau,que descendre très au-dessous. »Pour Sigmund, la foule est dans un état amoureux, les uns et les autres s’identifient aux uns et aux autres, y trouventune force qui les débordent, sont capables de se constituer en groupe politique soudé par cet amour qu’ils se portent.Mais l’état amoureux des processus d’identification peut être dangereux, verticalisé il peut créer un criminelsans remord.Alice se demanda si la qualité de l’objet aimé ne pourrait introduire des contraintes fortes sur les amoureux... Elle étaitd’humeur rêveuse.2. Clairière : « Farandoles au champ de mars »21 juin 1791 : fuite du roi. Pour les Français une trahison qui mérite jugement . L’Assemblée nationale refuse de laissers’écrouler l’édifice constitutionnel. Elle tient dur comme fer à cette constitution censitaire et invente le 15 juillet 1791la fiction de l’enlèvement du roi.Des pétitions sont portées à l’Assemblée pour réclamer justice. Un appel à pétitionner au champ de mars est lancé. Lerendez-vous du dimanche 17 juillet 1791 est accompagné de recommandations : venir sans bâtons et sans armes. LesParisiens pétitionnaires sont dans l’espérance d’une fête politique, d’une résolution démocratique sans affrontementdes corps, grâce à la puissance du seul langage pétitionnaire. Ils croient pouvoir obtenir le jugement du roi par intimidationsymbolique, parce qu’ils se savent être « le souverain peuple » .Ce champ de mars, lieu de ralliement populaire, lieu de mémoire de la Fédération et des espoirs qu’elle a suscités, lieude promenade du dimanche, pour pique-niquer, se reposer, se rencontrer, s’amuser, danser, devient le lieu de la guerrepolitique. Ici la garde nationale a tiré sur le peuple. Loi martiale.Pourtant.L’imaginaire de la violence n’envahit pas d’emblée l’action militante.Chacun souhaite continuer à faire de la politique dans le mouvement même de la vie.Le 15 avril 1792, Paris côté gauche fête la liberté. L’esprit de la fête se nourrit de l’image des morts pour la causede la République du 17 juillet 1791. Elle se nourrit aussi d’une conviction forte, l’événement endeuillé était une fêterassemblant hommes, femmes et enfants dansants. Il ne faut pas renoncer à cette manière de faire de la politique.« Au milieu d’une foule immense, pas une chiquenaude donnée, pas une épingle volée, pas un mot d’injure articulé.Il est vrai que pas un seul alguazil à cheval, pas un seul satellite à pieds, pas un seul pousse-cul stipendié n’ont parupour mettre le désordre, sous prétexte de mettre le holà. L’union fraternelle des citoyens amis de la liberté a tenu lieude tout frein et a très bien fait voir la parfaite inutilité de ces moyens répressifs, imaginés par la police pour étouffertout mouvement populaire et tenir la nation sous le joug. Les voilà donc ces citoyens paisibles que les ennemis de la21

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