Palaiseau Mag n°150 - Ville de Palaiseau

D o s s i e rEn juin dernier, le journalLa Tribune faisait état duparadoxe suivant : «Sur leplateau de Saclay, premier pôlescientifique et technologique français,[…] les ingénieurs quitravaillent dans des entreprisesperformantes de l’endroit disposentd’une connexion de 2 ou 3 Mbsur leur lieu de travail. Dès qu’ilsrentrent dans leur domicile, pourpeu que celui-ci ne soit pas biendesservi, ils rament à moins de 512Kb.» Moins de 512 Kb parseconde alors que dans les territoiresdensément peuplés, lesopérateurs proposent des offresADSL à destination des parti-culiers à 20 Mb et plus, et quepour profiter au maximum d’unabonnement comprenant internet,télévision et téléphone illimité(dite offre triple-play), ilfaudrait pouvoir bénéficier d’aumoins 10 Mb.Pourquoi ces problèmesde connexion ?Actuellement, la technologie laplus répandue pour le réseauinternet est l’ADSL ; elle consisteà faire passer des données numériquessur les fils de cuivre installésà l’origine pour le téléphonepar France Télécom. Sur ces fils,le débit chute au fur et à mesuredu trajet. Les fournisseurs d’accèsà internet (FAI) exploitent ceréseau historique à partir denœuds de raccordement desabonnés (NRA).Il existe deux NRA implantés aucœur du territoire de la communautéd’agglomération du plateaude Saclay (Caps) et six en bordure.La plupart des habitants de laCaps étant éloignés des NRA (etdonc le trajet effectué par lesdonnées plus long), leurs débitsinternet sont très faibles.Technologie plus moderne, lafibre optique permet de transporterdes données numériques(internet, téléphone, télévision)plus conséquentes et plus rapidement(haut et très haut débit).Seulement, l’installation de tellesfibres coûte cher en travaux. Enzone densément peuplée,comme à Paris, les opérateursinvestissent dans de tels travaux.En revanche, dans une villecomme Palaiseau, où l’habitat estpavillonnaire et étalé, les opérateurshésitaient jusqu’à présentà investir, considérant que cesopérations n’étaient pas économiquementintéressantes.L’expérimentationd’Orange pour lesparticuliersPour pallier ces inégalités territoriales,l’Autorité de régulationdes communications électroniqueset des postes (Arcep) aadopté, fin 2009, un cadre réglementairepermettant aux opérateursde mutualiser les coûts del’installation de la fibre optiquedans les immeubles des zonesdenses.Trois fournisseurs d’accès à internetont donc annoncé au débutde l’année qu’ils expérimentaientce co-investissement dans troisvilles de taille et d’urbanisationcomparables en zones moinsdensément peuplées afin desavoir si une telle méthode étaitrentable et exportable dans de telsterritoires : Free à Meaux, SFRà Bondy et Orange à Palaiseau.Ainsi, Orange va installer à Palai-seau la fibre optique jusque chezles habitants, SFR et Free cofinancerontles travaux. En concertationavec les services techniquesde la Ville, l’entreprise installe 52points de mutualisation (ouarmoires) à Palaiseau. À partir deces points, les trois opérateursutilisent le même réseau. Pourinstaller les fibres en minimisantles coûts, «l’entreprise utilisera aumaximum les réseaux existants,c'est-à-dire les fourreaux vides»,explique Patrick Chenevarin,directeur à Orange des relationsavec les collectivités territorialesde l’Essonne.Les travaux commenceront àPalaiseau à la fin de l’année 2010afin que la totalité des particulierssoient câblés en deux ans.Le quartier du Pileu et le centrevilleseront câblés les premiers aucours du premier semestre 2011 ;le sud de la ville, où la connexionest meilleure étant donné quela zone est plus proche du nœudde raccordement de Villebon, lesera en dernier, soit au cours dudeuxième semestre de l’année2012. «Les habitants pourronts’abonner au fur et à mesure, dèsla livraison chez eux», précisePatrick Chenevarin. «Nous négocionsd’ores et déjà avec les syndicsde copropriété afin qu’ils autorisentles travaux en vue d’acheminerla fibre jusque dans chaquelogement.» À chaque étage, unautre point de mutualisation estinstallé, ce qui permet à l’habitantd’opter à son tour pour lefournisseur d’accès à internet deson choix. Ainsi, la concurrencesera respectée et les Palaisienspourront disposer de 100 Mb3 QUESTIONS ÀFrançois Lambert,conseiller municipal délégué à l’aménagementnumérique, aux nouvelles technologies del’information et à la communicationinformatique.Pourquoi Palaiseau, ville implantéeau cœur d’un pôle scientifique,souffre-t-elle de problèmes deconnexion ?Dans notre ville, l’habitat est bas etétalé. L’installation de fibres optiquescoûte donc plus cher en génie civilque dans les villes plus densémentpeuplées et où l’urbanisation estverticale. Les grandes entreprisesn’ont pas ces soucis de connexions :elles représentent un marché juteuxpour les opérateurs qui leurprévoient installations etabonnements spéciaux.La Caps prévoit un plan dedéploiement du très haut débitsur l’ensemble du territoire.Pouvez-vous nous en dire plus ?Nous avons l’ambition de relier dansles deux ans le plus grand nombrepossible d’usagers en très hautdébit sur l’ensemble des dixcommunes de la Caps. Ce plan seraréalisé au bénéfice des particuliers,mais aussi des entreprises et deschercheurs présents sur le plateau.Les modalités pratiques de mise enœuvre seront quant à elles connuesdès le début de l’année 2011.Avec l’expérimentation menéepar Orange, les particuliers àPalaiseau bénéficieront tousdu très haut débit d’ici la finde l’année 2012. Cela peutsembler encore long…Effectivement. Rappelons que cetteexpérimentation est une chancepour les habitants qui vont pouvoirlibrement choisir leur fournisseurd’accès à internet. Les premierscâblés seront les habitants du Pileuet du Plateau, des quartiers où lesconnexions sont les plus difficiles.Enfin, les opérateurs estiment quel’ensemble du territoire national nesera entièrement raccordé à la fibreoptique que d’ici 15 à 20 ans.22P a l a i s e a u m a g ’ - N o v e m b r e 2 0 1 0P a l a i s e a u m a g ’ - N o v e m b r e 2 0 1 0 23