Palaiseau Mag n°150 - Ville de Palaiseau

S t y l e s d e v i enait d’Algérie où il assistait à uncolloque international sur PaulRobert : le fondateur du dictionnaireaurait eu 100 ans cette année.Pour l’amour (et l’humour) desmotsBaigné dans les mots par des parentsenseignant la sténodactylographie etparlant l’esperanto*, le jeune Jean a joué avec desenfants du monde entier lors de congrès d’espérantistes.Plus que cette langue créée à la fin duXIX e siècle, c’est le vieil anglais qu’il aimait. «Mais,après le bac, le baby-foot m’a fait choisir le français,a priori plus facile.» Sa passion a été forgée puislargement guidée par son admiration pour de grandslexicographes comme Bernard Quemada, lequeldirigea le Trésor de la langue française (TLF,dictionnaire du CNRS consultable en ligne viaatilf.atilf.fr/tlf.htm )… et la thèse du jeunehomme.En plus de ses tâches universitaires et de ses chroniquesradiophoniques sur Canal Académie**,le sexagénaire Jean Pruvost est directeur deséditions Honoré Champion. Estimant que «l’éruditionn’est pas uniquement réservée aux spécialistes»,il a créé la collection «Champion les mots»,qui retrace l’histoire de mots aussi courants queL’auteure etcomédienne féministealgérienne Rayhanarencontrera ennovembre des femmesdu Pileu lors d’unerépétition, à la salledes fêtes, du spectacleChez Mimi (lire p.29)dans lequel elleinterprète le rôleprincipal.Militante dans l’âme, Rayhanaa un passé tourmenté.Rappelez-vous. Mardi 12janvier 2010, Paris XI e . Elle sefait agresser et aspergerd’essence. Indignationgénérale face à la gravité desfaits. D’autant que l’origine enétait le sujet même de sonspectacle, À mon âge, je mecache encore pour fumer, quitraite de la place de la«Des motsmal nuancéspeuvent êtresources deconflits»Rayhana rencontre les femmes du Pileu«vin» ou «loup» au travers de leursoccurrences dans les dictionnaires. Lamère, écrit avec Samuel Soufi, vientde paraître. Préfacé par ÉlisabethBadinter, le livre renvoie aux mèresmythologiques ou populaires, passeen revue les adjectifs habituellementattachés au nom commun et démontrecombien la figure maternelle aévolué au fil des siècles.«Des mots mal nuancés ou un langage trop peu châtiépeuvent être sources de conflits», explique le professeurqui par ailleurs loue la «poésie» des dictionnaires: «Le savoir doit être drôle, le savant ne doitpas éloigner l’autre par son impudence.» La dent delion, la semeuse et le Petit Larousse (Éd. Larousse),La mère ou un ouvrage au titre plus aride, Lesdictionnaires, outils d’une langue et d’une culture(Éd. Ophrys, prix de l’Académie française 2007),se boivent comme du petit lait. La dégustationpeut être prolongée, la bibliographie de Jean Pruvostétant constituée de plus de 340 ouvrages.* Esperanto : langue créée en vue de faciliter lacommunication entre personnes d’origines diverses.** Sa récente chronique évoquant Palaiseau est à lire et à écoutersur canalacademie.com Rubrique : Les Émissions/ Le sens des mots / Mot pour motfemme en Algérie. «Commedans ma pièce, le personnagecentral, Mimi, estextraordinaire et porte en ellela sagesse populaire : elle n’apas peur des mots, déclarel’artiste. J’aime ces femmesqui se battent pour exister etavancent dans la vie sansavoir peur des conséquencescar elles n’ont rien à perdre.»Persuadée du bien-fondé dela vérité et de la nécessitédes mots, de dire les chosestout haut «pour avancersereinement», elle militeaussi pour que cesse«l’amnésie» autour de laguerre d’Algérie, «que l’on nenomme guerre que depuispeu».Son actualité est riche :sa pièce repart en tournéedès janvier 2011 ; un livredédié à des destins defemmes paraîtra chezFlammarion à la mêmepériode ; enfin, elle adapteactuellement sa pièce pour lecinéma : elle le co-réaliseraavec un jeune metteur enscène algérien, YanisKoussim, et la co-productionsera assurée par MichelleRay-Gavras, la femme duréalisateur.C u l t u r e e t a n i m a t i o nL’histoire prend place en 1961, lors des préparatifsdu bal du samedi soir dans un bistrot-guinguettedu Sud de la France, tenu par Mimi, personnageau verbe haut mais toujours avec le cœur sur lamain. Alors que tout le monde s’affaire à la fête,en fond sourd la guerre d’Algérie… Mimi justement,bien qu’elle s’en cache, est d’origine algérienne,bannie de son pays pour s’être amourachéed’un Français…«Je m’intéresse depuis plusieurs années à l’histoireproche, celle des années 60 et 70, car je suis fascinéepar le bond réalisé entre les deux décennies, expliqueCo-produite par Palaiseau, Grigny et Ris-Orangis,la création Chez Mimi sera jouée au XX e Théâtre à Parisen 2011.> C r é a t i o n t h é â t r a l eChez Mimi soulèveavec humour des questionsd’identitéÉvoquer sous la forme humoristique les thèmes de l’identité, de l’immigration, del’intégration, tout cela sur fond de guerre d’Algérie : c’est le défi que la compagniepalaisienne en résidence, Minuit Zéro Une, relève avec brio à travers sa toute nouvellecréation théâtrale, Chez Mimi, une comédie (en)chantée réalisée avec le soutienactif de la Ville de Palaiseau. À voir les 26 et 27 novembre.la metteuse en scène Frédérique Lazarini. J’avaisla volonté de travailler autour de la guerre d’Algériemais sans fond dramatique. Ici, elle surgit dans l’histoireen toile de fond, à travers la radio qui diffuseles informations. Notre parti pris est de proposerune comédie chantée, comme un clin d’œil aux paysdu soleil, comme l’évoque l’auteur. Le tragique sefait d’autant plus entendre qu’il est pris dans uncontexte comique, plus léger.»Née d’une commande à l’auteur franco-algérienAziz Chouaki, cette pièce pose un regard tendreet sensible sur la question de l’identité et de sa singu-28P a l a i s e a u m a g ’ - N o v e m b r e 2 0 1 0P a l a i s e a u m a g ’ - N o v e m b r e 2 0 1 0 29